Encapuchonné

Petite remarque : les coureurs près des portes n'étaient pas encapuchonnés. Ceux qui sont sortis des maisons non plus...

Afriz écoute patiemment et attentivement. Puis il répond :

"Sois prudent, Grage.

Les flèches-signal peuvent s'acheter aisément à Tradisgantia. Mais cela indique un groupe qui a plus de moyens que de simples écorcheurs, et qui a un certain sens de l'organisation.

Enfin, ne fais pas de conclusions hâtives. Les alchimistes ne sont pas rares en ville et n'importe qui peut acheter leurs décoctions."

" Mouais..."

grommelle mentalement le Léodra dont l'attitude change du tout au tout. Les gestes du noiraud deviennent rapides et précis. Tandis qu'il reprend sa foulée quasiment à l'identique en direction de fort Braise pour ne pas que l'on soupçonne un arrêt, le trotteur se rapproche de la rivière.

" Fait chier, j'avais pas prévu de prendre un bain. Je vais voir si je peux utiliser le cours de la rivière en allié. Espérons qu'ils ne possèdent pas de moyens extraordinaires ou de piaf pour me localiser. Sinon, je suis foutu. Et un minou dans l'eau, ça sait plus s'battre. Mouah ah ah !"

ricane mentalement le voyageur en terminant sa tirade à son ami.

" Et tu fais chier avec tes conseils avisés et réfléchis. Quand vais-je pouvoir exprimer toute la puissance de ma bêtise à grand coup de claymore ! Je te tiens au jus… au jus de minou mouillé. "

Toujours amusé mentalement, le massif guerrier ne traîne. Une fois proche de la rivière, le poursuivi en étudie tous les paramètres : les reliefs alliés sur les bords pour se dissimuler ou tendre un pièges, la rivière, sa profondeur, la force du courant…

Bien évidemment, le noiraud fait des panoramiques, les sens en alerte.

Afriz reste tout d'abord silencieux au sein de la communication mentale, mais Grage peut nettement sentir sa désapprobation. Puis il répond froidement :

"Grage Niark, tu n'es ni un Guerrier Flamboyant, ni un Danseur de Lame. Tu es un Eclaireur-Dragon. Alors comporte toi comme tel !

Tu as reconnu par toi-même que ton plan comportait des failles fatales. Et tu comptes tout de même l'appliquer ? Alors que tes potentiels adversaires peuvent tout aussi bien repérer ton pelage noir au milieu de la rivière en plein jour avec leurs simples yeux ?

Tu sembles faire peu de cas de ta vie, pour la jouer ainsi sur la simple chance que tes potentiels adversaires soient incompétents.

Il est temps que tu deviennes adulte. La chance ne sera pas toujours en ta faveur."

Poursuivant sa progression tel qu'il l'a décidé, le noiraud ricane de façon grondante, cherchant à masquer la gène qu'il éprouve suite aux derniers propos de son ami. Le ricanement est suivi d'un silence réflexif pendant que les pas s'enchainent. Le fait de marcher calme le gros minou qui se met à réfléchir à pensées hautes et partagées, ponctuant ses pensée par une enjambée.

" Ils ont attendu que mon nom soit prononcé
 - Pas -
avant de se montrer
- Pas -
probablement par un garde soudoyé
 - Pas -
Ils me cherchent sans réellement me connaitre
- Pas -
 Des étrangers ??
- Pas -
 Ils sont nombreux
- Pas -
ils possèdent de gros moyens
- Pas -
3 maisons 
- Pas -
 des flèches alchimiques
- Pas -
S'ils voulaient ma mort
- Pas -
d'autres moyens auraient été plus simple
- Pas -
 plus efficace 
- Pas -
 à leur portée financière
- Pas -
Il me veulent vivant
- Pas -
ou, en état de parler.
- Pas -
Tant de moyens...
- Pas -
pour une fille de caravanier..
- Pas -
c'est envisageable non ? 
- Pas -
Mon seul rempart physique
- Pas -
 la rivière. 
- Pas -
La traverser
- Pas -
c'est  une distance de sécurité 
- Pas -
 Ensuite, j'ai le choix
- Pas -
 retourner à la cité 
- Pas -
 poursuivre ma route..."
- Pas -
- Pas -

Le silence fait suite et d'autres pensées se bousculent dans l'esprit de celui qui, pas après pas, regrette son emportement à rentrer chez lui, regrette de ne pas avoir attendu et accosté les inconnus aux portes de la cités tant il était préoccupé par l'envie de rejoindre ses femelles.

Néanmoins, le guerrier se prépare à sauter dans la rivière et traverser le fleuve d'une façon rapide.

Afriz laisse le silence mental s'installer dans la communication. Puis il répond au bout de quelques instants :

"Tu n'as qu'un moyen de vérifier si c'est toi qui les intéressent même si cela parait des plus probables, Grage, et ensuite de savoir ce qu'ils te veulent.

Pour devenir adulte, il faut aussi apprendre à gérer ses priorités."

" Mouais "

Grommèle à nouveau mentalement le Léodra les yeux portés sur le cours d'eau afin de l'observer à nouveau.

" Je te contacte si besoin. bonne journée. "

Grage ne coupe pas la conversation et laissera à Afriz le soin de le faire. Pendant son observation, le guerrier spirituel estime la distance qui le sépare du pont, la possibilité de sauter le cours d'eau en faisant appel aux pouvoirs du dragon, la force du courant s'il traverse à la nage, l'endroit ou il y a des cailloux, s'il y en a...

Avant de prendre sa décision, le voyageur solitaire observe derrière lui, l'endroit du point de départ de la flèche, avant de refaire un panoramique complet, ciel, terre et horizon..

Grage ressent l'assentiment et les vœux de chance dans le silence d'Afriz qui suit. Puis le maitre coupe la communication.

Le jeune homme-félin a beau surveiller en tout sens, il ne remarque rien de changé. Il est toujours seul sur la route. Sans aucune présence jusqu'à l'horizon de tout côté. Le ciel des environs est vide : le flash lumineux a du faire fuir les rares volatiles. Par contre, Grage finit par remarquer trois petits points haut dans le ciel, très éloignés, dans la direction de Tradisgantia. Ils se rapprochent. Lentement. Ou alors, ils sont vraiment très très éloignés... provenant de la cité.

" j'm'en doutais "

gronde le Léodra verbalement en soufflant fortement par ses naseaux. Le massif guerrier ne se laisse pas démonter par les lâchent chevaucheurs de piaf.

Poursuivant sa progression comme si de rien était, restant proche du fleuve, le noiraud calcul le temps qu'il lui faudrait en faisant appel aux pouvoirs du Dragon pour retourner à la cité, et dans quel il sera à l'arrivée.

Il observe aussi les abords du fleuve à la recherche de projectile comme des cailloux, gros ou petits, ou autres types de projectiles. La seule chose qu'espère réellement le voyageur, c'est qu'il ne s'agit pas de sorcier ou des chevaliers de l'entropie.

Par défaut, sans pouvoir actif, la vitesse de croisière de Grage est de 8 m/s. Ce qui signifie qu'il peut sauter 8 mètres en longueur avec de l'élan.
S'il booste sa Force et sa Rapidité, sa vitesse de croisière devient 150 m/s. Ce qui lui permet de sauter par dessus la rivière sans soucis (s'il a de l'élan).
La plus grosse difficulté est la durée de maintien des pouvoirs : Grage sait qu'il arrive à encaisser sans trop de soucis une minute d'activation. Rappel : la difficulté pour encaisser est égale à nombre de rounds d'activation x5 + nombre de pouvoirs activés x5. Même quand le drain est encaissé, Grage subit un -1 de Fatigue.
Grage estime qu'il est à une quinzaine de kilomètres de Tradisgantia. Donc plus d'une minute et demie de course à vitesse de croisière. Bien sûr, Grage peut tenter de sprinter...
Un autre risque quand il court à cette vitesse est de réussir à bien visualiser son environnement (son jet de vigilance doit être au moins égal à son indice de vitesse, qui vaut 68 une fois boosté).

La large rivière est bordée par de nombreux ajoncs et roseaux à l'aspect caoutchouteux. Grage sait que les bords de leurs feuilles sont coupants comme des rasoirs. De plus, parfois des serpents venimeux aiment à s'y dissimuler.

Les débris minéraux et les cailloux ne manquent pas sur la berge. Mais si le Shaloar souhaitent trouver de bons projectiles bien lourds, il se rabattra plutôt sur les éclats de dalles brisées aisément trouvables sur la route.

L’ex-lieutenant sait qu’il n’est pas le roi de la dissimulation. Un combat rapproché avec des créatures volantes n’est pas idéal pour le bipède sans ailes. Aussi, il se remémore son vécu avec un archer de légende qui était capable de viser une cible dans les yeux de très très loin.

Souhaitant que ses poursuivants ne soient pas des êtres dotés de pouvoir, pour rattraper le noiraud, les poursuivants vont suivre la route et la rivière. Le guerrier spirituel étudie la possibilité de sprinter loin de l’endroit ou il se trouve, après avoir fait appel au pouvoirs du dragon, en sautant par-dessus la rivière et en se rapprochant la cité le tout en triangle équilatéral. La base du triangle étant formée par la route depuis la porte de la cité jusqu’à l’endroit ou se trouve le Shaloar, la pointe étant de l’autre coté du cours d’eau, plus proche de la cité et hors de portée d’une vue normale pour des êtres en l’air qui surplomberaient la route.

Si par chance, là ou veut se rendre l’homme lion, le terrain est ne serait-ce que légèrement vallonné, le poursuivi se servira de cet atout. Pendant qu’il réfléchit rapidement à cette possibilité, le Léodra ajuste sa cape pour dissimuler tout ce qui est brillant et visible de loin.

Se faisant, le noiraud se prépare et se positionne pour avoir assez d'élan et sauter le cours d'eau. Une fois positionné, et prêt au sprint, le poursuivi fait appel aux pouvoirs du dragon (Perception, Force, Rapidité) et commence par regarder dans la direction des trois petits points haut dans le ciel.

Fort de ses sens exacerbés par le Totem, Grage distingue nettement mieux les trois points lointains qui se rapprochent : ce sont trois Goshroks, armés chacun d'une lance et d'un arc long en bandoulière. Ils volent en triangle, dont le côté fait plus d'une vingtaine de mètres, pointe en avant. La découpe de leurs protections de cuir et de fourrures sont facilement reconnaissables : ce sont des gardes de Tradisgantia. Sans doute envoyés en reconnaissance suite au signal lumineux...

Grage pousse un grondement de rage tenue et sourd sans se laisser emporter par la colère. Il profite de ses sens exacerbés pour refaire une inspection minutieuse de tous ce qui l'entoure et ira même jusqu'à poser une oreille au sol.
Lancer une flèche qui coute chère dans les airs n'est pas sans signification, et si danger il y avait eu lors de son passage, le noiraud est convaincu qu'il s'en serait aperçu.

Il inspecte aussi avec grande attention à la recherche du moindre détail la route qu'il veut emprunter pour aller à Fort Braise au cas ou des voyageurs embusquer pourraient l'attendre, réfléchissant dans le même temps à un itinéraire bis avec un lieu d'escale presque tranquille.

Les yeux de l'homme-félin ne repère aucune menace supplémentaire dans les environs, ne détectant que la présence lointaine de chiens de prairie écailleux ainsi que de reptiles et d'insectes de bien trop petite taille pour oser s'attaquer à un Shaloar adulte.

Par contre, lorsqu'il colle son oreille au sol, son ouie surnaturellement amplifiée perçoit le martèlement feutré et lointain de multiples pattes sur la route. Des pattes aux extrêmités dotées de coussinets, typiques des félins. Le martèlement provient de l'est et se rapproche. Les félins sont en pleine course rapide et sont lourds, sans doute dans plus d'une demie-tonne chacun. Ils sont environ une dizaine. Et situés encore bien au-dela de l'horizon.

Pour percevoir les vibrations de la sorte, l'homme lion en déduit que les gros félins sont du même coté de la rive et vue leur masse, il leur sera difficile de franchir le cours d'eau.

Si les déductions de Grage sont exactes, alors il va franchir la rivière. Le noiraud étant un adepte de la survie et du pistage, il revient rapidement sur le chemin qu’il empruntais avant l’éclat lumineux dans le ciel. Avant de sauter, le solitaire avance en petite foulée dans la direction de Fort Braise et fait donc face au troupeau qui s’approche. La manœuvre dure  environ 6 secondes. Les enjambées sont les mêmes qu'avant, elles sont juste beaucoup plus rapide car les pouvoirs sont actifs, ce qui lui permet de parcourir environ un kilomètres par rapport à l’endroit ou il s’est arrêté.

Une fois cette distance parcourue, toujours parallèle à la rivière, Grage s’en approche légèrement pour la sauter, mais pas de trop car rien ne doit laisser paraître sa manœuvre. Il veille à ce que ses empreintes ne laisse paraître aucun changement de direction, comme si les traces du noiraud s’arrêtaient nettes à l’endroit ou il saute et il saute sur un appui rigide pour masquer au mieux sa prise de force. Le saut doit laisser le moins de traces possible. L'atterrissage doit être tout aussi discret en trace et se fera les pieds dans un bord d’eau acidifié mais de la rive voisine. Grace à sa perception améliorée, le lieu approximatif est choisi vide de tout danger perceptible (serpent venimeux ou autre) et sans être marécageux. Cela va couvrir les traces de son atterrissage.

Une fois de l’autre coté du fleuve, et hors de l’eau acide, si la manœuvre est réalisée sans encombre, le premier réflexe du Léodra est de poser son oreille au sol pour vérifier si d’autres galops sont perceptibles de ce côté de la rive.

Connaissant ses capacités athlétiques une fois renforcés par son Totem, Grage choisit un méandre de la rivière où elle est un peu moins large. Pour pouvoir la traverser d'un bond sans prendre d'élan.

Une fois boosté, Grage saute 150 mètres en longueur avec élan, moitié moins sans élan. Donc 75 mètres.

Ayant mesuré son impulsion, l'homme-félin atterrit les pieds dans l'eau avec un "Splash" retentissant. Il n'est qu'à un pas de la berge couverte de roseaux. Grage ne s'y attarde pas, ne souhaitant pas prolonger le contact avec l'acide. Puis il dépasse la bande de roseaux, marche sur la terre boueuse parsemée d'herbes folles. Aucun animal dangereux ne se trouve dans les environs.

Grage pose l'oreille au sol, malgré le déplaisir de la coller à la boue. Il distingue les mêmes martèlements feutrés. Situés de l'autre côté de la rivière, sans doute toujours sur la route.

Une fois le Léodra sur d’être d’un côté plus sécurisant, il profite de l’endroit pour couvrir rapidement son odeur en enduisant sa cape et ses bottes de cette espèce de boue dégueulasse, faisant bien attention à l’acide.

Ensuite, toujours boosté, il avance au plus vite de ses capacités en laissant le moins de traces possible derrière lui. La direction est maintenant perpendiculaire à la rivière. L’homme lion profite de ses sens sur aiguisés pour chercher un léger vallon ou creux qui lui permettrait de voir sans être vue, le plus loin possible mais à la distance de ses sens normaux.

Rapide et précis dans ses mouvements, le voyageur reste toujours prudent et à l’affût du moindre danger.

Toujours fortifié par son Totem, le jeune Léodra s'éloigne rapidement de la rivière. Pour ne pas laisser beaucoup de traces, il est obligé de conserver une vitesse très modérée. Mais la boue conserve des marques bien trop évidentes.

Heureusement, plus Grage va vers le sud, plus les herbes deviennent nombreuses, facilitant une foulée sans traces distinctives. Les collines et les vallées se font par contre désirer. Elles sont encore bien trop loin pour satisfaire le plan de l'homme-lion. Par contre, les herbes sauvages sont rapidement suffisamment hautes pour pouvoir s'y dissimuler efficacement. Il faut simplement veiller à éviter les herbes coupantes et vénéneuses.

Pour l'instant, ni les sens exacerbés ni l'instinct affûté du Léodra ne repèrent de danger.

Voyant que la boue laisse des traces bien trop évidentes, le léodra avance soit à reculons jusqu'à atteindre les herbes en prenant la précaution d'effacer ses empreintes de façon suffisante; soit avance par sauts, l’objectif étant que les voyageurs de l’autre côté de la rive ne puissent percevoir le passage de l’Homme lion facilement.

Une fois les herbes atteintes, Grage avance par grands sauts, ce qui évite de coucher les herbes. Les bonds ne se font pas en ligne droite pour éviter un pistage facile.

Quand les grandes herbes sont atteintes et que le voyageur estime qu’il peut voir sans être vue, le Léodra s’assure que les vents lui seront favorables ou le moins défavorable possible. Puis, il sort une claymore et fait un tourniquet à ras de terre pour trancher les herbes sur une zone suffisamment large pour sa stature mais invisible pour les passagers au sol. Une fois les herbes tranchées les vénéneuses sont balayées sur l’arrière (le sud) pour éviter de se faire piquer. Le guerrier fait un rapide panoramique (ciel inclus) pour s’assurer qu’il n’y a pas de danger visible et finira par poser son oreille au sol avant de s’y coucher, se rendant quasiment imperceptible pour des passants de l’autre berge.

Si il n’y a pas danger et que tout va pour le mieux, en cet endroit, le noiraud coupera ses pouvoirs et estimera son niveau de fatigue avant d'améliorer sa cachette improvisée.

Lorsqu'il stoppe l'assistance conférée par son Totem, Grage ressent aussitôt le contrecoup de la fatigue. Tant celle à long terme de ses pouvoirs que celle à court terme due à son sprint et à ses sauts de cabri parmi le sol boueux puis les herbes. Le jeune homme-lion prend sur lui et ne se laisse pas ralentir par le fardeau de l'épuisement.

Grage est en perte sérieuse d'Energie et subit en plus un -1 de Fatigue. Son niveau d'Endurci suffit à encaisser.

N'ayant toujours par repéré de danger proche, il a terminé ses préparatifs. Son écoute avec une ouïe accrue n'a rien donné de plus : le martèlement feutré est toujours présent loin à l'est, sans doute au niveau de la route. Sa vision accrue  a remarqué dans le ciel que les trois Goshroks ont fait demi-tour. Ils ne se sont manifestement pas beaucoup éloignés de la cité.

Le minou se couche ventre à terre sur sa paillasse improvisée parmi les herbes hautes. Il prend le temps de coucher son sac à dos à coté de lui de façon à pouvoir le récupérer facilement en cas de départ subit, ainsi que ses deux claymores. Les gestes sont maintenant lents, prompt à la récupération et le moins visible possible.

Une fois installé, il prend une bonne gorgée d’eau, étale un peu de l’herbe coupée sur son sac pour le rendre encore moins visible, ainsi que les épées, puis sur sa cape sous laquelle il se glisse. Les mouvements sont lents et contrôlés par une volonté de discrétion et de récupération.

Après quoi, il ajuste son champ de perception visuel pour voir le mieux possible en direction de la route sans être vue. Profitant de cette attente pour récupérer, les sens de l’homme lion sont aux aguets.

Même des connaissances basiques en survie permettent de savoir que celui qui peut voir peut fatalement être vu. La seule possibilité est de rendre le fait d'être vu plus difficile. Grage n'a plus qu'à espérer que ses précautions seront suffisantes.

Le temps passe. L'homme-lion reste allongé et récupère rapidement de son sprint, puis peu à peu de l'épuisement provoqué par ses pouvoirs. Il est donc en pleine possession de ses moyens quand il entend, au loin, venant du côté droit de la route, le bruit de multiples foulées feutrées. Le jeune Léodra peut alors distinguer l'approche, sur la route, en provenance de l'est, un groupe de sept smilodons, chacun chevauchés par un ou deux humanoides armés de longues lances et sans doute couverts de fourrures. La distance est encore trop grande pour pouvoir détailler leur équipement.

Satisfait de sa récupération et de ses perceptions, le Léodra se tapis un peu plus, quitte à ne rien voir pour augmenter les chances de ne pas être perçus. Seul les bruits seront perceptibles pour l'homme lion qui conserve une oreille près du sol afin de ressentir les vibrations. Les sens des smilodons sont aiguisés et rien ne doit attirer leur attention.

Si les foulées des montures ne changent pas, les vibrations vont s'amplifier puis diminuer en s'éloignant sur le même rythme. Cela voudra pourra signifier que le groupe de cavaliers ne fait que passer. Aussi, Grage focalise son attention sur les bruits et vibrations pour être certain que les arrivants ne font que passer sans ralentir, s'arrêter, ou qu'un ou deux d'entre eux s'arrêtent.

Si tout se déroule bien, alors les cavaliers vont prendre la direction de la citée. Une fois que les bruits de pas se seront suffisamment témoigneront d'un éloignement certains, alors le noiraud tentera une perception visuelle des plus discrète pour essayer d'en apprendre plus sur ses potentiels opposants en les observant par l'arrière.

Conformément aux prévisions de Grage, le martèlement feutré se rapproche. Se rapproche. Se rapproche. Se rapproche. Se rapproche...

Puis le martèlement s'éloigne. S'éloigne. Il n'a pas changé de rythme : celui de smilodons en pleine course. Ils sont passés sans ralentir.

Alors le jeune Shaloar se redresse légèrement et se risque à tenter un coup d'oeil. Ils lui tournent bien le dos. 7 smilodons montés. 8 humains mâles, 3 humains femelles. Tous armés de longues lances, avec arc long et carquois passés dans le dos. Ils sont revetus de cuir et de fourrures. Leur dégaine rappelle furieusement celle des archers qui sont sortis de Tradisgantia à la suite du massif Léodra au pelage noir.

Grage constate vite que ceux et celles qui sont montés en croupe passent leur temps à vérifier les alentours et leurs arrières.

Dès que le Léodra a perçu les cavaliers, il se tapis discrètement à nouveau et repose son oreille contre le sol jusqu'à ce que le martèlement se fasse diffus et que le groupe soit suffisamment loin pour que même l'homme lion ait du mal à les percevoir visuellement.

Pendant ce temps, le noiraud estime la distance parcouru par les bestiaux en charge depuis le temps ou la flèche a éclaté dans les nuages jusqu'à leur arrivée au méandre du cours d'eau. En parcourant la distance à l'inverse, le carnassier bien tapis est convaincu qu'il y trouvera un campement. Il en profite aussi pour ramasser, avec ses gantelets, des herbes vénéneuses qu'il place soigneusement dans son sac en faisant très attention de ne pas se couper et de ne pas être vue.

Grage tente un nouveau visuel discret pour bien s'assurer qu'il a du mal à percevoir le groupe de maraudeurs. Si les conditions sont favorables, alors le noiraud récupère son bardas le plus discrètement possible et, en restant dans les herbes hautes, reprend la direction de Fort Braise.

Les smilodons ne sont pas en charge mais en pleine course de fond. Ils pourraient aisément accélérer. Leur vitesse actuelle est déjà deux à trois fois plus élevée que celle de course du Shaloar quand il n'est pas soutenu par son Totem.

Vu le temps qu'ils ont mis avant de passer devant Grage, ils viennent de loin. Selon ses estimations, l’Éclaireur-Dragon pense qu'ils proviennent des environs du carrefour entre la route de l'est et la route du nord. Ce qui signifie deux heures de course sans amélioration pour rejoindre l'endroit. Etant donné que le jeune Léodra n'avait parcouru que le tiers du chemin jusqu'au carrefour... il n'a aucune chance d'arriver à un hypothétique campement qui y serait situé avant que les smilodons et les archers se croisent.