En toute fin de nuit, Grage atteint le fleuve par le sud.

"Tu triches pour le territoire des amazones !"

Réponds le Léodra amusé et taquin.

"T’es une femelle… enfin pardon, une femme. Elles me laissent rarement admirer le paysage et m'enfoncer profondément dans leur terres. Je vais me déguiser la prochaine fois."

Lache le noiraud sincèrement amusé à l'idée de se travestir.

"C’est joli chez les amazones ? "

La voix mentale de Kajira émet un bruit peu convaincu. Puis elle ajoute :

"Ouais, mais il n'y avait pas beaucoup de femmes dans nos convois. Principalement des hommes."

Puis la voix se fait plus triste :

"Sauf lors du dernier voyage. Mon père avait engagé des guerrières pour me protéger. Il m'a dit que comme ça, nous serions protégées par les Amazones..."

"Des guerrières ??? "

Répond le Léodra étonné, restant sur le ton de la surprise et cherchant à éviter l'empoigne d'un mauvais souvenirs chez la demoiselle.

" Pourtant, quand je t'ai croisé pour la première fois, tu étais qu'avec des hommes.??. Ou ma mémoire me fait défaut.."

Le massif guerrier est prêt a enchaîner si il ressent un tourment trop fort chez Kajira.

La voix mentale soupire puis conserve son ton triste.

"Eux, c'est ceux qui m'avaient capturée. Ils ont tué mon escorte, j'ai essayé de m'enfuir mais ils m'ont retrouvée. Comme j'avais déjà beaucoup utilisé mon pouvoir, je n'ai pas osé continuer. Mon père m'a prévenu que mon esprit risquait de fondre si j'allais trop loin. Et de devenir folle...

Et de toute façon, après ils m'ont droguée. Je n'arrivais plus à me concentrer..."

Et la joie revient d'un coup.

"Mais tu es arrivé et tu m'as sauvée !"

"J'ai eu la chance d'arriver à temps. La terre mère nous a aidé peut-être.?."

Répond le noiraud laissant paraître le satisfaction personnelle et la fierté éprouvées par le sauvetage de la demoiselle.

" Ils ont tué ton escorte tu dis. Ton père faisait un détour et vous êtes tombé dans un piège tendu par des hommes en territoire amazone ?"

Puis le noiraud coupe sa curiosité pour reprendre aussitôt.

" Désolé pour ses questions qui ravivent de mauvais souvenirs. Je cherche à comprendre comment cela a bien pu se dérouler pour mieux comprendre les moyens dont dispose tes ennemis. Il va falloir que je mette un terme à votre cavalcade, à ton père et à toi, que vous puissiez retrouver une liberté sereine."

La voix mentale de la jeune femme répond sur un ton de contrition :

"Non, c'est moi qui suis désolée, Grage. J'aurais du t'en parler plus tôt...

Mais au début, j'avais peur. Je croyais que tu voulais me garder pour me manger. On dit tellement de trucs atroces sur les Shaloars en ville..."

Un petit soupir.

"Bon. Ce qui s'est passé, c'est que nous nous sommes séparés, mon père et moi, au niveau du pont. Il m'a dit qu'il était recherché et que si je restais avec lui, j'allais mourir ou pire. Que les guerrières allaient m'emmener en territoire amazone. Mais je ne voulais pas. Alors une de mes gardes m'a assommée. Et elles m'ont sans doute portée. Quand je me suis réveillée en sursaut, elles étaient en train de se battre contre une bonne douzaine d'hommes. J'ai utilisé mes pouvoirs mais je n'ai pas réussi à les sauver. Alors j'ai essayé de m'échapper. Mais ils m'ont retrouvée. Les agresseurs n'étaient pas contents : ils avaient perdu beaucoup des leurs...

Ah ! J'ai vu aussi qu'ils avaient une sorte de petite créature de brume avec eux. Ils lui ont dit de signaler qu'ils m'avaient capturée comme prévu. Et il est parti à toute vitesse dans les airs."

Le Léodra écoute tout en restant attentif à son environnement pendant sa progression. Une fois certain que Kajira a terminé :

« Te manger ??? Toi… tu n’as que la peau sur les os. »

Reprend le noiraud d’un ton amusé, se gardant de faire vibrer son timbre carnassier.

« Une bestiole brumeuse… Intéressant… envoi l’image avec ton esprit que je puisse voir si j’en ai déjà rencontré.
A la place de ton père, pour te cacher aux yeux de vos ennemis, je crois que j’aurais fait le même choix. Cependant, je devais être en mesure de te retrouver et en territoire amazone, c’est compliqué pour moi. Je n’ai pas beaucoup d’alliés dans la gent féminine.

C’est quoi le dernier cadeau que t’a fait ton père ? »

Kajira envoie alors une image mentale.

Il s'agit d'une créature à la silhouette vaporeuse et grisâtre. Dotée d'une tête sans cou mais avec des volutes ressemblant à des cornes, de deux bras terminés par des doigts crochus, elle possède un torse étroit sans jambe surmontant une sorte de queue de brume sinueuse. A la place des yeux, deux flammèches vertes sont présentes. L'apparence de la créature lui donne un aspect vicieux et malsain.

"Ca faisait moins d'un demi-mètre de haut.", précise la jeune femme. Puis elle enchaine :

"Mon dernier cadeau ? C'était une flûte incrustée de pierreries. J'étais fâchée parce que je voulais une harpe..."

« Ah… Mouais… effectivement… Si on m’offrait une dague à la place d’une claymore, je serais quelque peu vexé. »

Répond le noiraud avec ton sérieux.

« Mais la harpe, c’est pas facile à transporter. Ton père a eu un raisonnement pratique pour que tu puisses te livrer à ton art y compris dans tes voyages. Non ?

Je ne veux pas prendre la défense de ton père. Mais quand même. C’étais y a longtemps que tu as reçu ta flûte ? Tu l'avais avec toi lors de ton dernier voyage ?»

Sur un ton compréhensif, la voix mentale répond :

"Oui, je comprends. Je sais bien que mon père voulait me faire quand même plaisir. Mais bon, je crois que j'ai eu l'habitude de faire mon enfant gâtée...

Je suis maintenant trop grande pour ça. Je suis censée penser à me marier... enfin, ça c'était avant toute cette embrouille !

Mon anniversaire c'était à l'automne dernier. J'avais ma flûte avec moi. Mais quand je me suis réveillée pendant le combat, je me suis rendu compte juste après que je ne l'avais plus sur moi..."

La tristesse revient lors de la fin de ses paroles.

"Ah ! "

Répond le Léodra compatissant avec sincérité.

"J'aimerais pas que l'on me pique Gark Hasn, surtout pendant que je suis dans les vap'."

Pendant qu'il s'exprime, le noiraud réfléchis sans l'afficher mentalement à l'endroit ou il a récupéré la demoiselle par rapport à l'endroit ou il est et combien de temps lui prendra le détour dans l'espoir secret d'y retrouver une flûte.

"Quand à te marier... Pfuuu... Oubli l'idée. C'est une source de tracas. Tu vas perdre en liberté. Sauf si tu en as vraiment envie et envie d'avoir une descendance.."

Il faudra à Grage faire demi-tour et progresser pendant quelques heures le long de la route pour retrouver l'endroit.

Kajira répond mentalement :

"Non, je n'en ai pas trop envie. Peut-être plus tard. Quand je serai plus vieille. Mais les hommes ont tous l'air d'être des porcs qui ne pensent qu' à coucher...

Bon d'accord, sauf mon père et les Maitres des Routes."

Connaissant les habitudes des nomades et des écorcheurs, le voyageurs estime la probabilité de retrouver une flûte trop infime pour prendre le risque de faire demi tour. En plus, des poursuivants sont probablement à ses trousses.

Et si après tout ce temps, l'instrument est toujours sur place, alors il y sera encore lorsque Grage repassera une prochaine fois. Et de mémoire, le solitaire n'a jamais croisé de chariot vide ou de corps mort non dépossédés de ses biens sur le bords des routes. Sans compter que les pluies acides ainsi que la récente tempêtes ont du faire leurs œuvres.

Après sa petite réflexion secrète, le Léodra reprend :

"Et les progrès que tu as fait ? Que sais-tu faire de nouveau maintenant ?"

Pendant que la demoiselle va répondre, le noiraud cherche un premier surplomb pour effectuer un panoramique complet de l'endroit ou il se trouve, surtout pour surveiller ses arrières.

La fierté vient se mêler aux paroles mentales de la jeune femme.

"J'ai appris à demander l'eau et le feu ! Et à mélanger aussi ! C'est comme ça que j'arrive à te parler dans la tête.

Et Petits-pas-dans-la-brume m'a dit que j'apprenais vite."

Grage se dirige vers le surplomb qui va lui assurer un panoramique sur ses arrières tout en répondant à la demoiselle.

" Es-tu prête à faire un essai ? Pendant que nous sommes en communication, es-tu capable de faire quelque chose à l’endroit où je suis ?

Ah ! Sois prudente avant de faire cette tentative. Je ne veux pas que ton esprit fonde. Tu peux poser la question à Petits pas dans la brume avant et nous ferons l’essai après. Petits pas dans la brume, c’est la marmotte au bâton ? Tu t’amuses bien avec eux ?"

Le doute transparaît au milieu de la communication mentale.

"Heuuu... je vais demander si c'est possible..."

Puis la voix mentale se fait précipitée :

"Et je sens que j'ai maintenu trop longtemps. Ça me pèse. Je vais arrêter.

A bientôt !"

" Bonne journée "

Répond le Léodra rapidement avant de mettre un terme à la communication si cela n'est pas déjà fait.

Puis, une fois que le voyageur aura atteins le lieu propice à son panoramique, il va se nicher dessus pour effectuer un visuel de ses arrières avec attention. Une fois positionné, le guerrier spirituel fait appel à ses capacités spéciales (Perception + Volonté) à la recherche de détails. Grage scrute avec grande attention, recherchant des signes de poursuivants humains sur monture ou non, et également des formes nuageuse comme celle que lui a montré Kajira par vision mentale, ou tout autre formes s'y rapprochant.

ensuite, c'est un panoramique complet qui est effectué et si aucun signe de danger n'est perçu, alors le guerrier reprends sa route en direction de fort Braise sans s'y rendre directement, mais en contournant légèrement par le sud.

Il faut au jeune Shaloar encore une bonne heure de progression à petites foulées avant d'arriver aux premiers pentes rocailleuses. Il peut alors s'élever jusqu'à une corniche et observer la plaine en contrebas. Il ne remarque aucun poursuivant, aucune altération de ses sens ni aucune créature ou phénomène étrange. Son intuition ne lui signale aucun danger autre que l'impression diffuse habituelle des espaces sauvages.

Grage subit une pénalité de -1 par la fatigue, qu'il arrive à ignorer grâce à son niveau en Endurci.

Après son détour par le sud, le périple au sein des montagnes fait arriver Grage aux abords de Fort-Braise peu avant le zénith de l'Œil du Gardien.

Le noiraud poursuit à son rythme de croisière pour arriver à Fort Braise par le versant sud sans vouloir passer par le village.

Si le Shaloar ne croise rien de particulier jusqu’aux abords de la forteresse souterraine, alors il emprunte un chemin d’accès qui fera comprendre aux sentinelles qu’elles doivent guetter les arrières du voyageur, voir s’il n’est pas suivi.

Une fois proche d’un des points d’accès, l’approchant teste sa pierre pour envoyer un message à Afriz sans établir un contact. Le message étant le suivant :

« J’arrive par le versant Sud Est. »

Une fois proche du point d’entrée, si aucun signe de danger ne pointe, le guerrier soulève sa capuche et retire son casque pour faciliter son identification.

Le Shaloar constate vite que sa tentative d'utilisation de la pierre ne fonctionne pas. Aucun écho ne se produit. Un contact mental direct semble nécessaire pour pouvoir communiquer.

Comme d'habitude, Grage ne repère aucun mouvement, aucune sentinelle lors de son approche. Il peut deviner où elles sont postées mais rien de plus. Ce n'est qu'une fois proche de l'entrée choisie qu'il peut détecter la présence des gardes.  Le massif Léodra s'infiltre par une anfractuosité qui vient de se dévoiler, aisément repérable au râclement rocheux signalant son ouverture. Dans la pièce où il entre, il est accueilli par des arbalétriers qui l'ont mis en joue, eux-même protégés derrière des parapets rocheux. Une voix provenant de derrière un pilier de roche le somme de s'identifier.

Le protocole habituel pour les arrivants solitaires.

Grage va devoir ensuite répondre à quelques questions de culture générale sur Fort-Braise dont seuls les habitants intérieurs peuvent connaitre la réponse. Il sera ensuite aspergé d'une poudre qui le fera éternuer puis conduit à un bain dans un petit lac intérieur chaud. Tout son équipement et paquetage sera vérifié pendant qu'il se nettoie.

Ensuite seulement, une fois que le Léodra sera rhabillé, l'officier de permanence lui souhaitera la bienvenue.

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