En ce début de matinée, Grage atteint l'Hostellerie du Havre Ronronnant.

Le solitaire se montre interrogatif quand il entend sur l'instant : ' la n'est pas tout '. Ce qui le fige sur place telle une noble et massive statue.

Curieux, le shaloar patiente sans bouger de sa place en décortiquant ce propos enfantin qui, dans son esprit, prête à question. Puis, l'évidence faisant loi, le sauveur croteux sourit quand il percute, puis attend ce qu'il manque.

Peu de temps après, les deux jeunes Mashras font leur réapparition. Ils entrent après avoir frappé et avoir entendu l'accord de Grage. Ils déposent en ordre près de la bassine diverses outres, savons, brosses et aussi des flacons contenant des liquides colorés depuis leurs bras lourdement chargés. Ils ne s'attardent pas et sortent de la chambre rapidement.

Pour revenir peu après en suivant la même méthode avant d'entrer. Ils déposent cette fois chacun deux grands seaux d'eau. La jeune Mashra portait manifestement de l'eau froide, et le jeune Mashra de l'eau chaude. Ils ressortent tout aussi rapidement que les fois précédentes. Pour ramener un deuxième convoi d'eau.

Après leur dernier départ, Grage se retrouve donc avec quatre seaux d'eau froide et autant d'eau chaude, déposés non loin de la bassine vide.

Le sauveur observe les va et vient des enfants sans mot dire, restant dignement les bras croisés sur le torse, sans changer de place.

Après le dépôt  du nécessaire de toilette et des quatre sceaux d'eau, le croteux patiente encore quelques sabliers sans bouger. Si personne ne vient frapper à nouveau, le massif guerrier affiche un sourire amusé tout en se parlant à lui même dans un haussement d'épaule :

" C'est pas faute d'avoir demandé. "

En premier lieu, la disposition des armes est ré-ajustée au cas ou. Puis, conscient qu'il n'y a ni draps, ni serviettes d'apportées, c'est dans une nudité totale que le Léodra verse l'eau chaude  pour s’asseoir dans le baquet. Ensuite, tous les  flacons et outres sont ouverts pour être reniflés, goûter du bout de la langue. Ce qui plait par l'odeur ou le goût est placé d'un côté, ce qui ne plait pas d'un autre.

Puis le décrottage au savon et à la brosse commence, sans oublier tout les bons conseils prodigués par ses femelles et les endroits à ne pas oublier. Le solitaire prend son temps sans exagération. Flacons et outres ne sont pas utilisés.

Après rinçage, et en guise de serviette, un drap du lit est pris et le guerrier s’enrôle à l'intérieur comme si il s'agissait d'un peignoir le temps de se sécher.

C'est donc une fois dévêtu, mais avant d'avoir pu vérifier le contenu des différents flacons, que le jeune Léodra est interrompu par des frappes plus décidées que précédemment à sa porte...

Assis dans l'eau chaude, c'est par réflexe plus que par volonté que le baigneur se tient prêt avec une main pendant proche d'une de ses armes, avant d'annoncer

" C'est ouvert. Je trempe. "

Et le curieux se fait observateur.

La porte s'ouvre et laisse entrer une femelle Mashra vêtue en tout et pour tout d'un bandeau blanc sur la poitrine et d'un pagne de même couleur. La Mashrani a un pelage ocre et tâcheté, elle porte une pile de serviettes.

En entrant, elle hausse les sourcils en constatant que Grage est déjà dans le bain. Elle sourit et commente aimablement :

"Messire, il semble que vous étiez pressé..."

Elle s'agenouille proche du bassin et commence à disposer des serviettes au sol, tout autour du récipient. Elle se déplace pour se trouver du côté opposé et termine son ouvrage. Elle se relève ensuite et dépose le petit reste de serviettes de façon plus éloignée sur le lit. Ceci fait, elle se tourne vers le jeune Léodra.

"Désirez-vous une assistance pour votre bien-être, messire ?"

Un peu surpris de voir une femelle en age plutôt que deux bambins, le massif baigneur regarde les mouvements de la porteuse de serviettes avec un sourire tant amusé par la situation que par la remarque.

Aucune gène n'est éprouvée aucune par la situation. Au contraire, l'entrée de la femelle provoque le désir inconscient de se montrer, ce qui provoque un changement de posture plus masculin au fur et à mesure que la Mashrani tourne et s'agenouille autour du sauveur.

" Uniquement si tu n'es pas mariée ou promise. Je ne veux aucune déconvenue pour conséquence de l'assistance à mon bien être.  "

Répond le Léodra qui se lève et se montre fièrement dans toute sa splendeur, et dont la queue commence à dodeliner d'intérêt. Par contre, il est clair qu'au ton de la voix, le champion de l'arène ne plaisante pas sur ces dires, malgré son jeune âge.

Le bref changement d'attitude de la Mashrani démontre de la surprise devant la réaction du Léodra. Dès qu'elle se reprend, elle recule de deux pas et penche la tête en diagonale tout en fixant le museau de Grage.

"Je crains que nous n'ayons pas été présentés en bonne et due forme, messire. Et votre attitude pourrait vous être reprochée.

Je gage que vous vous passerez de mes services."

Et la femme-panthère se détourne pour se diriger vers la porte de sortie.

La Mashrani n'a pas long pour constater une réaction spontanée : l'incompréhension dès les premiers propos entendus. Et plus elle s'exprime, plus sa stupéfaction accompagne cette incompréhension. Et le jeunot ne perds pas une seconde pour reprendre d'un ...

" Mais "

suivi d'un ravalement de salive

" J'voulais pas t'offenser. Explique moi. Fallait pas qu'j'me lève ? "

du coup, le sauveur se rassied, regarde ses pieds et ses mains plongée dans une amère réflexion.

Surprise, la Mashrani interrompt son mouvement et jette un regard en arrière. Elle fait alors une petite moue, et garde sa position, tout en se retournant. Elle déclare alors, avec une expression amicale et amusée :

"Non, il ne fallait pas.

Mon rôle n'est pas de vous éduquer, messire, d'autant que les manières sont enseignées aux enfants."

Elle marque une légère pause et reprend la parole, la mine vivement intéressée :

"Si je puis me permettre, d'où venez-vous, messire, pour ignorer ce genre de choses ?"

Au fur et à mesure que la femelle s'exprime, le baigneur semble prendre conscience de quelque chose. La comédie dont il est victime n'est la que pour le faire parler.

L'attitude à nouveau assurée, le regard du mâle pivote alors vers la porteuse d'un pelage ocre et tacheté avec les yeux plissés, tandis qu'un sourire agréable, aux pointes félines, orne son visage.

" Je n'ai pas voulu te manquer de respect, bien un contraire. Tu le sais et tu en joues.

Tu veux savoir d'ou je viens. Soit. Je sors de chez le haut patriarche. Nos pourparlers veulent que je sois encore en vie. Puis-je en conclure que mes manières franches et directes ne déplaisent pas à tout le monde. "

Le jeunot à un regard délicieusement taquin tout en laissant un brin de silence. Puis se montre plus sérieux :

" Je pourrais aussi me sentir offenser par ta question, et c'est certainement ce que tu cherches.... Sache que j'aimerais sincèrement pouvoir te dire d'ou je viens. Et ma réponse la plus sincère, sera la suivante. Les balafres de certaines blessures de guerre ne se voient pas.

Alors, à défaut d'assistance, es-tu au moins disposée à faire la paix ? "

Le sauveur observe alors les réactions de son interlocutrice.

A nouveau, la Mashrani a une expression tout d'abord étonnée. Puis offusquée. Ayant ensuite la mine grave, elle ne répond rien et s'incline légèrement avant de faire demi-tour et de sortir rapidement de la chambre.

Le Léodra ne fait que souffler face à la complexité que représente la gente féminine shaloar. La prochaine fois, si une prochaine occasion se présente, le refus sera direct.

Le décrottage au savon et à la brosse commence, avec une perte d'entrain. Les bons conseils prodigués par ses femelles et les endroits à ne pas oublier sont nettoyé par principe. Le solitaire prend son temps sans exagération. flacons et outres ne sont pas utilisés.

Une collation pour se remplir le ventre est prise avec une pensée pour Charina, préparatrice de cette viande séchée.

Si rien ne vient le déranger, le solitaire poursuivra par le nettoyage et l'entretien de ses armes et armures. Et la, l'ex lieutenant prend son temps, laissant la fatigue venir à lui.

Quand le moment du sommeil se fera sentir, armes sacs et armures seront disposées de façon stratégique avant de s'éclipser dans un sommeil réparateur.

Pendant son entretien d'armes et d'armure, le jeune Shaloar est dérangé par des petits coups sur la porte, qu'il reconnait comme ressemblant à ceux des jeunes Mashras.

Pour pas que cela soit mal perçu, et pour ne pas qu'il y ait d'affront perceptible, l'ex croteux prend le temps de ranger les lames dans leur fourreau, et les ustensiles utilisés pour le nettoyage. Le tout est fait aussi rapidement que sans bruit.

Une position assise, jambe en tailleur comme pour méditer, l'épée légendaire posée de son long sur ses cuisses, le sauveur répond d'un grondement tenue.

" C'est ouvert. "

Il est nettement visible pour toute personne que l'occupant de la chambre est empli d'une amertume poignante qui tranche avec sa bonne humeur précédente.

Le petit mâle et la petite femelle Mashras d'une dizaine d'années entrent. Ils s'inclinent cérémonieusement devant Grage, puis se pressent de récupérer l'eau du bain dans deux seaux vides chacun et sortent avec leur chargement. Ils reviennent peu après et recommencent jusqu'à ce que la bassine soit globalement vidée. Alors ils empoignent la dite bassine à deux et l'emportent. Et ils font encore deux allers-retours. Un pour les récipients et divers outillages du bain. L'autre pour les serviettes, récupérant au passage celles qui seraient restées sur le lit.

Lors du dernier passage, chargés de serviettes, ils s'arrêtent près de la porte, se retournent et s'inclinent vers le massif Léodra avant de partir pour de bon.

Les va et vient du jeune duo sont à nouveau observé avec détachement. Grage, amer et réflexif, conserve le silence. A la fin de leur labeur, le solitaire adressera un

" Merci "

respectueux au deux bambins. Le nettoyage des armes et armures reprend jusqu'à son terme ou l'arrivée massive du sommeil.Quand le moment de dormir se fera sentir, armes sacs et armures seront disposés de façon stratégique avant de s'éclipser dans un dodo que trop attendu.

Et le digne Léodra sommeille...

Jusqu'à son réveil calme. Il est au même endroit dans sa chambre. Ses possessions n'ont pas bougé.

Le sommeil réparateur a fait grand bien au massif éveillé. Le premier réflexe est d’attraper la pierre de communication pour contacter son maître.

Et, réponse ou pas réponse, le démêlage de la crinière commence.

Quasiment aussitôt, le jeune Shaloar ressent la présence de son maître au sein de ses pensées.

"Oui, Grage, je t'écoute", sont les simples mots qu'Afriz envoie, pleinement éveillé, bien que les traits fatigués.

" Salut Afriz "

pense le coiffeur de crinière d'un ton amical et énergique.

" Bon, je te passe les détails. Je l'ai vu, on a papoté longtemps, il a accepté de me montrer une de ses cartes, regarde. "

Grage montre la table carte avec ses beaux reliefs

" Les demeures luminescentes sont emplis de témoignage des temps anciens. C'est magnifique. "

Grage montre les fresques ou les Léodra sont mis à l'honneur, et aussi, la lumière qui émane des demeures, surtout de ce que l'on ne peut regarder directement.

" Mais je t'en parlerais après. Venons en aux faits :

Le haut Patriarche savait que Yasmina était une morte momifiée depuis son entrée sur son territoire. Mais un haussement de sourcil m'a fait comprendre que le vieil homme ne savait pas que l'origine du complot contre le roi du Karnazad a été susurré à l'oreille de Nicolo par cette morte momifiée, de nouveau morte maintenant. Nicolo a vomi sur les marches devant son oncle, sans classe, en voyant sa belle se décomposer, car il y a eu confrontation.

Les paroles du haut Patriarche sont les suivantes : C'est parfait. Nous sommes tous deux pleinement satisfait par l'issue de cette épineuse affaire..

Et je puis être assuré, tant qu'aucune des personnes citées ci après ne se mêlent des affaires de la famille : Jérémiah Parécos et sa fille, Kajira Parécos, ainsi que ma personne ne subiront plus l'espionnage ou la déconvenue par le biais des moyens directs ou indirects de la famille

Je présume qu'il a été plus chagriné par le fait que son nigaud de neveu a utilisé les moyens de la famille sans permission que tout le reste. Tu penses que c'est plausible ? Bref,

Alors ma présence n’était plus requise en ces lieux, j'ai pu disposer, et me voila libre et vivant pour le moment. Je n'ai pas encore contacté Jérémiah.

Tu as des questions ? "

Le maître sourit, la mine satisfaite, et il retrouve son sérieux pour répondre :

"Voilà qui me semble parfait, Grage. Mais je me dois de te poser quelques questions.

Penses-tu que le Patriarche a été sincère dans ses affirmations ?
Selon toi, quelles vont être les réactions de Nicolo ?
Et as-tu des éléments sur les possibles réactions des commanditaires de la morte ?

Enfin qu'as-tu prévu pour la suite vis-à-vis de Jérémiah et de Kajira ?"

Continuant à démêler sa tignasse, le massif coiffeur reprend

" Pour le patriarche, je n'ai aucun moyen de savoir de savoir s'il dit vrai ou faux. Seul son attitude et sont comportement me permette d'envisager à une issue favorable concernant nos vies. Et je reste un objet de curiosité pour lui, objet qui à au moins eu la pertinence de respecter ses volontés avant de les entendre, à savoir, ne pas me meler des affaires de sa famille. Pour l'espionnage, il n'en a que faire et s'il veut des informations sur mon compte, il cherchera à les obtenir.

Nicolo, ben il fait ce qu'on lui demande de faire. Cela nous remmène aux intentions du patriarche. Il peut aussi, par rancœur ou désir de passer l'affaire sous silence, me faire éliminer. Si tel est le cas, je vais bientôt le savoir.

Aucune piste sur les commanditaire de la morte. Ça ne devrait pas tarder, à moins que cela ne soit qu'un leurre. Pendant que la morte attire l'attention, et que les regards sont maintenant orientés sur moi, les commanditaires font autres choses.

Kajira reste en sécurité tant qu'on est dans le doute. Jérémiah va m'aider à lever ces points d'ombres.

Afriz écoute attentivement les réponses du jeune Shaloar. Il laisse passer quelques brefs instants puis indique :

"J'ai encore quelques questions.

Tu dis n'avoir aucun moyen de savoir si le Patriarche dit vrai ou faux. Qu'est-ce qui te pousse alors à croire qu'il n'a que faire de l'espionnage ?
Et puisque tu n'as aucune piste sur eux, qu'est-ce qui te pousse à croire que les commanditaires de la morte souhaitent t'utiliser comme paravent ?"

" Ah...

Je pense que le patriarche n'a que faire de ma demande concernant l'espionnage. S'il veut me faire espionner, se sera fait.

Et pour les commanditaires, j'ai bien dit, 'à moins que'. Comme j'aurais pu te dire que c'est un membre de la famille qui a organisé tout ça. Mon premier propos étant : aucune piste.

Pour faire simple, je suis sur de rien, et je dois être prêt à tout. Car quelque soit mes déductions, elles ne seront fondées que sur des hypothèses. Je n'ai rien de concret.

Pour les répercussions, de mon action, je dois rencontrer Jérémiah. Il y a des choses qu'il peut voir. Et je dois continuer de m'assurer que le truc invisible qui me file le poil ne me file plus le poil.

Au fait, il est quelle heure ?"