Grage arrive de nuit par une venelle aux abords du Quartier Sarzano.

L'homme au costume plus qu'imposant frappe alors dans ses mains au-dessus de sa tête puis les envoie conjointement en une vague vers l'avant avant de baisser les doigts en repliant le pouce, l'annulaire et l'auriculaire. Puis il fait mine que ses mains prennent appui sur l'auriculaire et fait tourner ses majeurs, avant de ranger ses mains au niveau de sa taille derrière son dos. Sans mot dire.

Aussitôt, les six hommes armés vont se placer autour de l'homme-lion. Deux derrière lui, un de chaque côté et deux devant. Ils se retournent d'eux-mêmes, pour se retrouver dans le même sens que le Léodra noir.

Et l'homme au costume fait lui-même demi-tour, avec un air détaché et supérieur. Pour avancer sans attendre, à grands pas maniérés. Il s'enfonce dans le couloir jusqu'à tourner à gauche une fois au bout des cinq mètres.

Là, Grage peut remarquer de nouvelles gravures le long du court couloir. Il y reconnait aisément les Shaloars des quatre types qui y sont représentés en compagnie d'humains plus nombreux. Les scènes représentées semblent plus reposantes et se dérouler au sein de lieux plus hospitaliers.

L'ex lieutenant conserve son allure digne et martiale. Le rythme imposé et le sillon tracé par l'imposant meneur sont respectés sauf contre ordre, l'ordre pouvant venir d'un signe de main. auquel cas, le solitaire observe l'attitude des gardes de devant et s'adapte au mieux. Les gestes du désarmés sont pacifique.

Sourire de façon amusée à l'air d'être le propre des hommes d'armes du territoire. Mais si ces guerriers faisaient mieux leur travail, le sauveur n'auraient pas besoin d'être présent en cet instant. Aussi, le côté sournoisement provocateur de ces regards glisse sur le sauveur avec pour seul effet celui de cette réflexion.

Les nouvelles gravures sont vues sans insistance, comme des éléments de décor. Le Léodra ne souhaitant pas, en cet instant, que son intérêt pour la représentation des siens de l'ancien temps soit perçu.

Dès qu'il peut tourner à gauche, le digne Shaloar peut distinguer un couloir moins chargé de décorations et qui tourne sur la droite au bout d'une quinzaine de mètres. Tous les dix mètres, deux double-portes se font face dans ce couloir avant le tournant.

Le digne déguisé marche à son rythme plus que mesuré jusqu'à la deuxième double-porte à droite. Il utilise ses deux mains après une gestuelle lente et enrobée afin d'ouvrir les deux portes qui lui font face. Elles révèlent un simple espace carré à peine plus grand que leur ouverture. Ce qui fait tout de même plus de trois mètres de côté.

Le guide maniéré prend place au fond de la petite pièce et se retourne. Les deux gardes qui précèdent Grage marchent jusqu'à le rejoindre contre le mur du fond et se retournent avec plus de naturel.

Le rythme imposé par le meneur a été respecté jusqu'à l'ouverture des portes.

Une fois le digne maniéré installé et entouré de ses deux gardes prêts, le Shaloar entre se placer au centre de la place, face à l'extravagante autorité et laissant soin aux autres gardes de se placer. Si contre ordre il y a, le futur interrogé s'adapte et se montre dignement coopératif.

A aucun moment le Léodra ne se retourne. La posture est celle d'un soldat au repos, digne, silencieux et prêt à écouter. Les regards directs sont, pour le moment évités. Le porteur de message se contente de fixer, de sa haute stature, le menton de l'homme au costume.

Le guide costumé et maniéré a joint ses mains devant son ventre, en signe d'attente. Les deux hommes armés ont accompagné le digne Shaloar et sont restés à ses côtés, ce qui les a obligés à se poster plus près. Ils font volte face et se retrouve donc du côté opposé à Grage. Qui peut entendre les deux derniers gardes entrer derrière lui et se retourner.

Sitôt que tous sont entrés et se tiennent immobiles, le jeune Léodra remarque une impression familière et plus faible que d'ordinaire... c'est le début de communication avec la pierre ! Mais Grage ne remarque aucun lien mental. Et en prêtant plus d'attention aux sensations, il décèle que c'est l'homme peinturluré qui a établi une communication. Dans le même temps, ce dernier fixe le Shaloar - seul individu tourné vers lui - avec une moue méprisante.

Peu de temps après, la sensation disparait. Et subitement, le sol descend lentement !

Méprisé du regard par le guide costumé, le solitaire reste martial dans son attitude, donc le plis digne au paraître en montrant le moins de réaction possible.

Les sensations ressenties surprennent le Léodra qui ne s'attendait pas à ce mode de transport. Tout en fait pour en faire paraître le moins possible et conserver sa contenance face à l’événement qui vient de se produire. Le visiteur découvre une façon pratique et confortable de se déplacer en groupe.

Néanmoins, sur l'amorce de la descente, l'homme félin a fléchis légèrement les genoux par réflexe.

Le sol descend progressivement d'environ une dizaine de mètres. Puis le mouvement se stoppe.

Peu après, l'homme rendu imposant par son déguisement lève la main devant le Shaloar proche qui lui fait face. Et il claque des doigts avant d'indiquer devant lui. Donc derrière Grage. Dans le même temps, les deux hommes derrière lui ont avancé et le bruit indique qu'ils ont ouvert chacun une porte.

Une fois à l’arrêt, comprenant qu'il est temps de sortir de l'endroit, le visiteur pivote sur lui même et observe la manœuvre des gardes pour suivre le mouvement tout en conservant sa place au sein du groupe, c'est à dire, centrale.

Si des consignes sont données, le shaloar les applique.

Au centre des six hommes d'armes, le massif Shaloar constate que le couloir à la sortie de la petite pièce est couvert de soieries décorées sur les murs et de longs tapis aux motifs complexes au sol. Les couleurs sont plutôt pastels et reposantes pour les yeux. La lumière est apportée par des angles au plafond, sans doute par des jeux de miroirs.

En sortant, un autre individu bigarré et maquillé - alors en attente - rejoint le groupe et en prend la tête. Egalement lourdement vêtu avec de nombreux éléments décoratifs, il parait bien plus imposant que la normale. Mais de taille également inférieure à celle du jeune Léodra.

A la suite du nouveau guide costumé, le groupe tourne aussitôt à droite, suit un long couloir en passant plusieurs double-portes et quelques couloirs, puis tourne à nouveau à droite. A nouveau, le prédécesseur lourdement vêtu prend son temps pour progresser, donnant l'occasion au groupe de combattants de croiser plusieurs serviteurs, parfois en petits comités ne dépassant pas quatre personnes. Plusieurs double-portes sur le passage sont gardées par un duo de gardes à la stature et à la tenue divergentes, mais à l'apparence disciplinée. Grage a néanmoins pu surprendre deux de ces gardes, à des portes différentes, reprendre une attitude martiale lors de son arrivée.

Et c'est vers une double-porte au centre à droite du couloir, gardée par deux Semi-Géants lourdement armurés et tenant chacun une hallebarde, que se dirige finalement le nouveau domestique déguisé.

Comme les soldats de son groupe, le visiteur emboîte le pas du nouveau guide costumé, suivant le sillon et respectant le rythme imposé par celui ci jusqu'à destination.

Le shaloar s'interroge juste sur le comment de la ventilation du lieu. Il est aisé de constater que la lumière peut-être facilement véhiculé par un système de miroir ou autre. Pour l'air, c'est différent et l'histoire de s'occuper l'esprit pendant son chemin, l'ex-lieutenant cherche à sentir, ressentir ou apercevoir des mouvements dans les soieries murales qui pourrait supposer l'existence d'un courant d'air.

Bien entendu, la priorité reste la convenance, l'aplomb martial, et en cet instant, le déplacement du groupe. Arrivé proche des semi géant, l'attention sur la suite des événements est totale.

En contemplant les trouées contenant sans doute des miroirs, Grage constate aux quelques mouvements des tentures proches que l'air passe par les mêmes conduits que la lumière.

Lorsque le guide costumé s'approche des deux Semi-Géants armurés, les deux gardes relèvent leur hallebarde de façon à permettre le passage entre eux. L'espace libéré ne laissera le passage aisé qu'à une seule personne de la stature du guide déguisé ou du Shaloar. Le guide s'avance entre les deux colosses en armure et frappe élégamment à la porte.

Peu de temps ensuite, les portes s'ouvrent. Ouvertes par deux jeunes éphèbes au torse nu, portant une sorte de jupe s'arrêtant en-dessous des genoux.

Le guide précieux s'avance de quelque pas tout en se retournant et en s'inclinant gracieusement vers Grage avec un élégant geste d'invitation. Les deux hommes d'armes devant lui s'écartent de chaque côté sans s'approcher des deux Semi-Géants. Les deux guerriers qui étaient à son niveau se stoppent, restant eux aussi dans le couloir.

La pièce qui s'est ouverte devant le digne Shaloar est plus large que longue. En plus d'une porte simple, mais richement décorée, en face de la double-porte d'entrée, elle contient quatre canapés disposés le long des murs entourant les portes. Deux de chaque côté contre les murs proches, deux de chaque côté contre les murs en face. Là encore, les tapis, les tentures murales et les canapés sont de couleurs pastels, reposantes. Si ce n'est les deux jeunes hommes des portes, quatre autres beaux garçons se tiennent dans la pièce, debout, assis ou allongé sur les canapés. Ils regardent tous les six Grage avec un grand intérêt et un mince sourire.

Le cérémonial d'ouverture des portes est observé à l’affût d'informations utiles pour adopter le bon comportement.

Après l'élégant geste d'invitation, l'ex lieutenant répond d'une salutation martiale de la tête à son avant de s'avancer au moment qui semble propice. L'invité pénètre dans la pièce plus large que longue pour aller se placer à distance égale entre les deux portes. Le même salut est adressé quatre hommes présent dans la pièce, toujours sans la moindre parole.

Le mince sourire perçu sur le visage des quatre garçons fait comprendre qu'il n'est pas l'apanage exclusif des gardes croisés auparavant. N'ayant aucune visibilité ou compréhension de ce que sera la suite des événements, l'invité conserve son regard sur la porte qui lui fait face et se prépare à patienter.

Sitôt que Grage l'a dépassé pour se placer au milieu de la pièce, le guide silencieux a quitté la pièce avec de grands airs. Dans le même mouvement, les deux éphèbes tenant les portes les ont fermées lentement derrière lui.

Puis les deux beaux jeunes gens sont aller s'asseoir, chacun sur un canapé différent proche de la porte qu'ils viennent de fermer.

L'un d'eux, celui de gauche, prend la parole, d'un ton joyeux :

"C'est la première fois que je vois un Léodra au pelage noir. C'est sans doute plus pratique pour ne pas se faire remarquer quand on est miteux..."

Quand les propos d'un des jeunes placés sur un des canapés situé dans son dos sont entendus, le massif invité se dit que c'est maintenant que se pose l'art du spécieux.

La première salve verbale fait hausser un œil au noiraud qui reste à contempler la porte qui lui fait face. Considérer comme miteux le guerrier reconnu par les grands de cette ville revient à considérer comme miteux le jugement et la valeur de leur parole, et donc, celle du haut patriarche.

Le parleur ne cherche qu'à se faire valoir comme un béotien des rues de cette façon et ne vaut, pour l'instant, même pas l'ombre d'un regard. D'ailleurs, l'homme lion se focalise sur sa respiration, fait le vide et tente d'entrer dans un état semi-méditatif ou seul le va et vient de sa respiration de plus en plus profonde se fait entendre en sont fort intérieur.

Peu de temps après, c'est manifestement celui s'étant assis à droite qui répond, la voix également joyeuse :

"Oui, sans doute... mais il est bien plus nocif à sa valeur pour un Léodra d'avoir une tenue mal entretenue, entachée de heurts et de poussière."

La seconde salve est entendue. Elle n'a que peu d'intérêt pour qui ne peut que jalouser le port d'un armure des temps anciens. Si tant es qu'il possède la force pour en porter une.

Mais l'homme félin ne fait que plisser les yeux face à la porte, et continu le travail débuter sur sa respiration.

Un troisième éphèbe, debout, s'approche des deux parleurs en passant tranquillement au côté du fier Léodra silencieux. Tandis qu'il est à la hauteur de l'homme-félin, il se permet de répondre :

"Vous faites fausse route, plaisants orateurs, le plus grand tort qui pourrait être reproché à un grand Léodra serait son mutisme. Son silence le rabaisserait plus bas qu'un ver de terre."

Le déplacement perçu par d'autres sens que la vue ne fait pas tourner la tête du massif Shaloar. Le regard focalisé sur la porte d'en face, les yeux plissés, la porte n'est plus qu'un détail.

Décidément, ces parleurs n'ont que peu de respect pour les leurs. Le sauveur de la cité aimerait répondre qu'il vient juste de descendre à la hauteur du nouveau parleur, et aussi du haut patriarche, mais préfère conserver son attention sur sa respiration et conserver le silence.

Les pas tranquilles du troisième éphèbe le mène jusqu'à la porte derrière le silencieux Shaloar. Il ouvre un battant et prend la parole à destination des Semi-Géants :

"Gardes ! Un ver de terre muet macule notre intérieur. Je vous saurai gré de le faire sortir."

L'invité conserve la même attitude, le regard dirigé sur la porte d'en face, les yeux plissés, l'esprit focalisé sur sa respiration.

Si un des gardes vient à le faire sortir, alors Grage se laissera sortir sans faire d'histoire, sans un regard sur les spécieux.

Grage entend bientôt des pas lourds s'approcher et sent une large main gantée se poser sur son épaule droite. Une saisie ferme s'opère, et une force légèrement supérieure s'exerce pour le mouvoir.

Comme aucune résistance n'y est opposée, le jeune Shaloar se fait reconduire tout d'abord hors de la pièce. Il constate que le même homme costumé qu'à l'aller l'attend dans le couloir, suivi par une ligne des six hommes d'armes bigarrés devant la porte d'en face.

L'un des guerriers, au look mêlant plusieurs styles vestimentaires, eurasien bronzé de la trentaine d'années et armé d'une longue lance en main et de divers couteaux de lancer en bandoulière, se permet une moue intriguée et une remarque à voix faible :

"Déjà ?"

L'homme rendu imposant par son accoutrement part en premier dans le sens inverse de l'aller. Les six hommes d'armes encadrent le jeune Shaloar de la même façon que le précédent trajet pour le mener jusqu'à la petite pièce d'où ils viennent.

Sans perdre de son aplomb martial, l'invité se laisse guider à l'extérieur de la pièce sans adresser le moindre regard aux spacieux. Une fois en dehors, le solitaire entends la surprise de l'homme d'arme, ce à quoi, il répond sur le ton du regret :

" Oui , et c'est regrettable. Mon message concerne la famille. "

L'ex lieutenant reprend sa position sans rechigner, l'attitude toujours pacifique et se laisse guider, sérieusement réflexif tout en marchant.

La mine surprise, le guerrier eurasien reprend aussitôt après l'intervention du Shaloar une expression neutre. Il fait mine d'ignorer délibérément la conversation en cours.

Une fois devant la petite pièce, l'homme silencieux et déguisé va se placer en se retournant contre le mur du fond. Il se fait rejoindre par les deux premiers hommes d'armes, qui se retournent également. Les deux combattants qui encadrent Grage se rapprochent et vont former une seconde ligne autour de lui. Ceux-ci se retournent aussi au terme de leur déplacement.

Le marcheur conserve son mode de marche, dignement pacifique dans l'attitude, avec une vitesse de progression mesurée pour conserver son positionnement dans le groupe.

Une fois dans la pièce, l'invité exécute la même manœuvre que les gardes.

A nouveau, Grage sent un début de communication mentale émanant de derrière lui. Très courte, elle précède le début de mouvement de la pièce vers le haut. Elle monte d'une dizaine de mètres puis se stoppe.

Là, les portes s'ouvrent et les deux gardes qui précèdent commencent à sortir. Les deux gardes à la hauteur du jeune Léodra noir se mettent en marche peu après.