En fin d'après-midi, Grage entre dans le quartier des indépendants.

" Mes salutations, Ssklekalac "

Répond martialement le sauveur, avec un digne levé de menton en direction de son interlocuteur. C'est avec un aplomb sérieux que le guerrier spirituel appui ses salutations, marque de respect qu'il n'a pas reçu.

" Il me semblait nécessaire de venir vous présenter les salutations d'une joueuse de flûte qui aurait préféré jouer de la harpe. Le reste se dira à hui clos ou restera sous silence. Ainsi s'en verra scellé le destin de mon compagnon, géniteur de cette enfant, qui pourrait vivre de nouvelles déconvenues si rien n'est fait.

J'aimerais également que mes armes ne restent pas sans surveillance. Ma confiance à ses limites, tout comme l'humiliation que vous me vous me faite subir présentement. "

Malgré son séant assis maladroitement sur le bord de la chaise, c'est avec une fière droiture que le l'homme lion se pose avec un regard égal à celui de don interlocuteur, appuyant ainsi son propos.

Le Kerlèksèss reste immobile et silencieux quelques instants, comme figé.

Puis il répond de sa voix aigüe :

"En ce cas, notre conversation est terminée.

Au revoir, Sauveur de la Cité."

Aussitôt, le Semi-Géant ouvre la porte, restant derrière l'issue.

L'homme lion opine du chef martialement, et sans perdre une seconde, utilise la pierre de contact pour appeler Kajira.

Pendant ce temps, le Léodra se lève sa chaise comme il s'est assis, et commence à attraper son casque pour l'enfiler, casque qui sera suivi des gants.

La réponse provient presque immédiatement, alors que Grage est en train de se lever.

"Grage !?!"

La voix et l'expression de la jeune fille se tempère aussitôt après. Et l'air de rien, elle demande :

"Salut ! Comment tu vas ?"

Grage a eu le temps de se lever et de mettre son casque. Il est en train d'enfiler ses gants.

Le massif Léodra continu d'enfiler ses gants, et s'exprime mentalement sans perdre de temps. Pendant l'échange mental, l'ex lieutenant se place droit et face au Kerlèksèss pour prendre le temps d'effectuer un salut martial complet avec dignité.

" Mal. Ce fier et méprisant me refuse une assistance bénigne. Que lui dirais-tu pour lui faire comprendre qu'il se trompe.   "

Kajira peut contempler mentalement l'image de son tonton qui s'offre à elle pendant le salut.

Ses yeux s'agrandissent de surprise et d'incompréhension.

"Hein ?!? Qu'est-ce que tu racontes ?"

" Pas le temps d'expliquer. Il s'méprend. Et j'dois sortir."

Le solitaire comprend qu'il n'est pas donné à tout le monde de percuter comme un homme d'arme en combat. Aussi, le sauveur n'en veut nullement à Kajira qui a du mal à saisir la situation, et le ton est calme, avec moins d'empressement.

" Ca va toi ? "

Le Semi-Géant patiente à côté de la porte ouverte. Le Kerlèksèss reste immobile, assis dans son fauteuil.

La jeune fille reste manifestement perplexe, se pinçant les lèvres. Elle finit néanmoins par répondre, avec un regard suspicieux :

"Oui, moi, ça va. Et toi ?"

Après son salut, le solitaire prend la direction de la sortie, comprenant que la situation avec le parfumeur est terminée. En sortant, le shaloar quitte la pièce en premier, sauf contre ordre, et reprend le même chemin qu'à l'aller, se laissant suivre par le semi géant en conservant les mains bien visible.

Sur ce, la conversation mentale se continue.

" Je viens de me faire jeter par ton tonton, mais pour le reste, ça va. Te concernant, la première étape semble solutionnée, reste à mesurer les conséquences.

J'ai rendez avec ton père ce soir. Tu connais l'Estaminet de la discrète ? "

Affichant un mélange de surprise et de perplexité :

"Non... ça me dit rien..."

Puis se reprenant subitement, elle déclare avec vivacité :

"Comment ça ? Jeté par mon tonton ?"

Grage vient de quitter la pièce, faisant son entrée dans le couloir.

Arrivé dans le couloir, les paumes de mains bien ouverte et avec des gestes lents et mesurable pour le semi géant, le sauveur effectue un demi tour et s'adresse à nouveau Kerlèksèss.

" Puis-je me permettre une dernière question ? "


Puis mentalement, à Kajira, en montrant son tonton

" J'ai lui ai transmis ton salut. J'ai besoin d'une info. Il me demande de sortir.  Il doit se méfier et ne doit pas me croire.  "


Grage temporisera l’énoncé mentale de son message de la façon suivante.

Si la réponse du parfumeur est positive, alors la langue du sauveur tournera à plusieurs reprises dans sa bouche, comme cherchant les mots avant de formuler sa question toujours dans une attitude pacifique.

Si la réponse du parfumeur est négative, alors le solitaire laisse paraître un ennui, accompagné de petits mouvements d'acquiescement de la tête pour laisser le temps à Kajira de répondre.

Kajira pouffe alors sans arrière-pensée.

"Hmmmpf... Bah, c'est normal. T'as vu ta dégaine ?"

Elle réfléchit ensuite un court instant, puis elle ajoute, amusée :

"Dis lui que tu lui parles de la part de sa petite larve en capuchon. Il devrait comprendre que tu viens de ma part !"

Le Kerlèksèss s'est levé de son fauteuil et a commencé à faire le tour de son bureau. Il se stoppe quand Grage lui parle. Il écoute attentivement puis répond de sa voix un peu trop aigüe, parcourue de faibles cliquètements :

"Certainement. Faites..."

Le Semi-Géant s'est pour l'instant seulement réorienté depuis sa position à l'intérieur de la pièce, sur le côté de la porte. Faisant face au jeune Léodra.

Suite à la première remarque mentale, le solitaire qui faisait tourner la langue dans sa bouche se la mord, histoire de faire passer la première vexation reçue mentalement par la peste en capuchon sur le compte d'une maladresse buccale.

La seconde réplique à, au moins, le mérite d'apaiser la vexation et la légère douleur de la morsure, tant le titre de noblesse conférée est reluisant à loisir. Sur ce quoi de plus normale quand on connait l'auteur de cette tendre appellation

Sur ce, l'expression sérieuse du massif guerrier revient vite après une très légère grimace de douleur.

" Votre petite larve en capuchon serait déçue si nous n'arrivions pas à nous entendre.

Je sais qu'à votre regard, je ne suis qu'un simple porteur d'arme aux apparats douteux. Mais c'est avec ses armes et cette tenue que je lui ai évité le viol avant une mort certaine.

Je vous le demande donc comme une faveur. Faite surveiller mes armes. Sans elles, je ne pourrais plus sauver qui que se soit. "

Le shaloar a conservé une attitude pacifique pendant tout le temps.


Puis, mentalement à la Kajira.

" On va bien voir si la petite larve fait son effet. Quand à mon look, on en reparlera de vive voix. Il est beau et pratique ! "

L'adolescente répond aussitôt :

"Pffff... beau ? Dans tes rêves, oui ! Avec une moitié d'armure au-dessus de la taille même pas assortie à tes jambières ?

Tu fais plutôt rapineur fauché !"

La mine joyeuse de Kajira lors de ses invectives indique trop clairement qu'elle ne fait que jouer.

Le Kerlèksèss reste stoppé par les dernières paroles de Grage. Il joint ensuite ses quatre mains devant lui, semblant réfléchir. Puis sa voix aigüe, envahie de faibles cliquètements, déclare :

"J'admets votre déduction de vos premières phrases. Mais, pour que j'y accorde quelques valeurs, pourriez-vous me préciser quand a eu lieu ce sauvetage ?"

Le Semi-Géant reste vigilant, surveillant les moindres gestes du Léodra noir.

" Mouais. Chuttt, ça devient sérieux la, on parle entre grand la. "

Ayant enfin compris que Kajira se moquait amicalement, le shaloar répond mentalement sur le ton de la moquerie;



Laissant paraître son embarras au parfumeur, le shaloar commence à compter sur ses doigts tout en disant

" Je suis moins bon que vous en calcul. Mais voyons... "

A chaque énoncé, Grage décompte avec ses doigts

" Une nuit avant la rencontre plus la rencontre, une nuit... La trouvaille, une autre.. Les soins de Jérémiah qui font 2 nuit de plus... La tempête qui a fait sortir des vers des sables anormalement grand.... Hum... plus une... La rencontre avec ce bougon de Jonsk... Hum..."

Dès que le compteur dépasse les doigts du main en nombre, le Léodra la secoue tout en répondant

" Une dizaine de jours environ. Elle était accompagnée d'Humaines et Jérémiah voulait la confier aux amazones pour la protéger de ses poursuivants, et aussi, parce qu'il y a des prophétesses chez les amazones. C'est une élue. "

La dernière phrase est annoncée avec un timbre de solennité dans la voix. L'homme lion se tait et observe.

La jeune fille rétorque aussitôt :

"Ok, j' dis plus rien."

Et elle fait la mimique de celle qui referme la fermeture à boutons devant sa bouche.

Le Kerlèksèss reste à nouveau totalement immobile quelques instants, avant de pousser un son faible et stridulent qui pourrait passer pour un soupir. Ensuite, il reprend la parole.

"Jjromsk, va donc surveiller les effets de Grage Niark, je te prie."

Le Semi-Géant acquiesce, s'incline faiblement et se dirige vers la porte. Il attend si nécessaire que le Léodra noir fasse place pour poursuivre dans le couloir sur sa gauche, et disparaître après le coin.

Sitôt l'armuré sorti, l'insectoïde retourne à son fauteuil à pas lents et majestueux, pour s'y rasseoir. Ce faisant, en chemin, il indique d'une main le fauteuil central en face.

Une fois assis, il indique simplement :

"Je vous écoute."

L'invité s'écarte pour laisser passer le semi géant avec un signe bref et respectueux de la tête. Puis, le temps d'écouter et de se placer dans la pièce comme il faut, en fermant la porte, le massif guerrier parle mentalement avec Kajira sur un ton amical et taquin pour la fin :

" Bon, la petite larve a fait son effet. Je m'incline devant ton pouvoir Kajira. A bientôt. Je ne voudrais pas que tu te fatigues de trop. "

Mais le temps est laissé à la demoiselle de répondre si elle le souhaite.



Pendant que le parfumeur s'installe, l'homme lion sort le papier d'invitation qu'il a reçu. Le sigle d'identification est déchiré pour être mâchouillé tandis que le reste du papier est tendu à l'insectoïde. Restant debout, le papier tendu, le shaloar s'exprime de façon plus décontractée :

" Jérémiah m'a donné rendez-vous ici. Mais peu connaisse ce lieu. Et ne me demandez pas pourquoi, je le sens mal ce rencard. Une intuition. Peut-être avons-nous ce point commun qu'est la méfiance. "

Que le parchemin soit pris ou simplement lu, l'ex lieutenant commence une observation de la pièce à la recherche de détails anormaux.

Kajira fait tout d'abord une moue chagrinée, puis se détend et répond :

"D'ac'... à plus alors."

Et elle coupe la communication.

Le Kerlèksèss se penche en avant et semble déchiffrer le message sans y toucher.

Grage en profite pour observer la pièce. Les murs sont recouverts de tentures vertes foncées. Des supports de torche dépassent des murs entre les pans d'épaisse étoffe. La pièce en elle-même est bien illuminée. Le seul point d'intérêt de la pièce semble être la bibliothèque derrière le fauteuil de l'insectoïde, le bureau ne portant qu'un buvard et un encrier orné d'une plume.

Le Kerlèksèss se recule pour reprendre sa position initiale dans son fauteuil.

"Il s'agit bien de l'écriture de Jérémiah. Elle ne montre aucune inquiétude dans sa forme.

Pour ce qui est du lieu, nous nous y sommes rendus quelques fois par le passé. Il s'agit d'un lieu ouvert à tous ceux qui ont assez de moyens pécuniaires pour s'y offrir la boisson. Et on y laisse ses armes à l'entrée."

" Ah... "

Répond le solitaire réflexif car toutes ses déductions viennent de tomber dans de l'eau bien acide.

" Pourtant, c'est évident que je ne suis pas un adepte des bonnes manières. Que je n'ai pas les poches emplie de couronnes et que laisser mes armes me pose problème pour l'instant. Alors pourquoi ce maître des route à t'il choisi ce lieu ?

Admettons que mes armes soient surveillées, ça passe encore. Mais pour le reste... Je suis perplexe.

Pouvez-vous m'indiquer ou se trouve ce lieu, et qui je risque de côtoyer en cet endroit ? Est-ce une zone neutre pour les grandes familles ? Est-ce ouvert aux étrangers et aux non-humains ? "

L'homme lion en profite pour ranger le bout de papier.

L'insectoide place ses quatre mains les unes sur autres, jointes deux par deux sur le bureau.

"Hsss... ne sauriez- vous pas utiliser vos griffes, une fois délesté de vos armes ?", demande-t-il comme préambule, sur un ton signalant qu'il ne s'agit là que d'une question rhétorique.

Donc sans attendre de réponse, il poursuit :

"Vu ce que vous me dites, il me semble évident que l'endroit a été choisi parce que vous n'en êtes pas coutumier. Et, vu que Jérémiah ne m'a pas fait prévenir de sa présence en ville, il aimerait que sa présence reste secrète. Quoi de mieux que choisir un lieu où vous ne vous rendez jamais et qui permet de cacher les occupants même vis-à-vis des autres occupants ?

Ce lieu se trouve dans le Quartier des Arènes. Si vous cherchez dans les rues qui ne sont pas immédiatement proches au nord-ouest de celles-ci, vous trouverez sans peine.

C'est un lieu indépendant, qui ne fait que payer la protection de la famille Tékélitt, comme la majorité des commerçants du Quartier des Arènes. C'est donc une zone neutre pour les Grandes Familles, comme pour tout client. Quiconque cherche à causer des troubles dans ce lieu est promis à une mort démonstrative.

Enfin ce lieu m'a laissé entrer. Je ne peux qu'en déduire que les propriétaires ne font preuve d'aucun racisme envers les miens. Et aucun écrit ou panneau ne signale une interdiction à certains types de clients. Mais je n'y suis jamais entré en compagnie d'un ou d'une Léodra."

Et le Kerlèksèss marque une pause silencieuse.

A la première question, le solitaire hausse les épaules répondant spontanément sur le ton de l'évidence d'un

" Bah Oui . "

Puis, les gantelets son à nouveau retirés, ainsi que le casque, pour être croché à la ceinture tout en écoutant son interlocuteur. De temps à autres, le sauveur opine du chef pur attester de son écoute.

" Vos propos font sens. Bon, admettons. J'irais.

Quelle est l'insigne de cette auberge ? Parce que vu le nombre de mes indésirables suivants et la maigreur de vos indications, va falloir que je trouve rapide car il ont comme un don pour me retrouver. La rue ayant des oreilles partout pour eux.

Au pire, j'irais arpenter les rues du quartier des arènes en tachant d'éviter les suicidaires qui me cherchent des puces quand j'en ai pas. "