La nuit commencée, Grage revient au sein du quartier...

Mrrâm'narshk sourit. Tandis que Nash'kresht et Shalaamnrirr ont retrouvé une silencieuse posture digne.

Après quelques brefs instants de silence, l'Ambassadeur des Vérités reprend la parole :

"Pour les premières questions, la réponse dépend de chacun des Clans. Le rôle des Mashras était de veiller sur les temples, d'assurer la tranquillité des Dieux. D'ailleurs... appelez-les comme vous le désirez, mais nous continuerons nous-mêmes à leur donner le titre qui leur convient. Et ne soyez guère étonnés si vous déclenchez une colère sanctifiée chez les nôtres en usant auprès d'eux de termes qui vous sont propres.

Pour en revenir à vos questions, le Conservateur des Lignées n'a pas vécu à l'époque qu'il relatait. Il ne peut que se fier aux souvenirs transmis par ses ancêtres. Nous pouvons donc subodorer que les seules créatures vivantes de l'époque sont celles qu'il décrit."

Il fait ensuite une gestuelle rapide mais complexe de sa main droite vers Shalaamnrirr. Ce dernier incline la tête respectueusement en réponse. Puis le Conservateur des Lignées indique vers Grage :

"Selon mes savoirs, les Tryatiss, les Kosruuzis et les mutants n'existaient pas à Tradisgantia. Et que nommez-vous les changes formes ?

Nous avons pris conscience de l'existence de nombreuses formes de vie après le Cataclysme. Quand elles sont venues dans notre cité. Et je ne peux répondre à la place de mes ancêtres, je ne sais ce qu'ils pensaient.

D'autres cités existaient mais aucune aussi grande que Tradisgantia. Elles ont toutes perdu leur nom d'origine pour être rebaptisée par leurs nouveaux occupants.

La faune, le fleuve et la mer ont peu changé depuis le Cataclysme, même si les espèces carnassières se sont propagées jusqu'aux murs des cités. Pour ce qui est de la flore, les plantes éclairantes ont disparu.

Le nuage toxique haut dans les cieux, les sorciers et les Seigneurs de Jais n'existaient pas avant le Cataclysme. Tout du moins, il n'y était fait aucune référence. Tout ce que je peux assurer est que le nuage toxique est apparu depuis l'ouest peu après le Cataclysme et s'est répandu au fil des ans au-dessus de toutes les terres connues.

Enfin... non, nous ne sommes jamais sorti en dehors des murailles. Tel n'est pas notre rôle. Les Mashras sont des gardiens. Les autres Clans sont plus voyageurs.

Et vos questions sont pertinentes, tel qu'il est demandé au Clan Léodra. Mais elles partent dans toutes les directions, signalant votre jeune âge. Vous ne pourrez ainsi qu'aborder la surface de chacun des sujets, sans pouvoir les traiter en profondeur."

Le jeune prend le temps de la réflexion, bien que la dernière réflexion ait provoqué un léger va et vient des naseaux sans produire de sons.

" Mouais...  Mouais...

Un changeforme est un truc qui pense et qui peut changer de forme. Mâle, femelle, animal... Même en flaque d'eau. C'est tout ce que je sais, j'en ai rencontré qu'un et il est mort par le feu. "

Un petit silence est marqué avant de reprendre.

" Mais la réponse est donnée. A vous entendre, vous, les gardiens, vous savez ce que vous gardez sans savoir contre qui vous devez préserver ce que vous gardez. Et je doute que les autres shaloars vous ai aidé dans la perception globale du monde de l'époque. Même au présent d'ailleurs. Mais la n'est pas le sujet. "

Le réprouvé marque à nouveau un temps mort.

" Mes questions ne partent pas dans toutes les directions. Elles font étalages des précisions dont j'ai besoin. Et en voila une dernière :

Vous est-il venu à l'esprit que les dieux pouvaient avoir des frères ? Des frères présents dans ce monde ou dans d'autres ? Dans ce cas, comment vais-je pouvoir nommer les frères des dieux puisque l'appelation de dieu limite le champ du possible ? "

Shalaamnrirr hausse un sourcil incrédule, tandis que les deux autres restent de marbre. Le Conservateur des Lignées répond ensuite, d'un ton un peu las :

"Vous pouvez nommer les 'frères des Dieux' comme vous le désirez, puisqu'il s'agit d'entités supposées. Et vous pouvez éviter de les nommer 'Dieux' puisqu'il ne s'agit pas des entités qui nous ont gouvernés. Éviter la confusion me parait plus qu'aisé."

Le retour laisse pensif le jeune Léodra. Réfléchissant quelques instants, une main vient gratouiller le menton avant qu'un grondement se fasse entendre.

" Donc, revenons sur notre sujet, soit la seule citée dont le nom n'a pas changé : Tradisgantia. Je vous écoute quand à sa reconstruction et, je souhaite comprendre pourquoi l'ordre n'a pas rétabli tel que précedemment.

Kentarrak n'est pas du genre à baisser les bras face à l'advsersité. Le savoir n'était pas entre les mains de la sous race. Va falloir m'expliquer. "

Sérieux, l'histoire qui devrait suivre doit se montrer convaincante pour l'homme lion

Shalaamnrirr hoche lentement la tête, tandis que les deux autres restent de marbre. Le Conservateur des Lignées dit alors :

"Lors du Cataclysme, la ville a subi d'énormes dégâts. Moins d'un centième des habitants de la cité a survécu à sa destruction. Et les quartiers de bois extérieurs à Tradisgantia ont subi moins de désastres que les quartiers intérieurs. Alors quand le calme est revenu, les jeunes humains supérieurs ont pris la tête de la révolte. Et tous les Léodras mâles adultes étaient morts. Tout comme la majorité des Shaloars de tous les Clans. Ceux qui ont tenté de résister ont donc été sauvagement tués ou torturés.

Kentarrak-le-Roux, en ces temps anciens, n'était qu'un jeune lionceau. Sa mère était morte, et c'est une autre lionne qui l'a retrouvé dans les décombres et qui l'a éduqué. Sans doute était-elle trop jeune. Mais une douzaine d'années plus tard, il était à la tête d'un soulèvement rassemblant un peu de toutes les races anciennes. Les humains supérieurs furent vaincus et chassés de la ville. Ils devinrent les Amazones, sans doute parce que leurs mâles survivants étaient alors bien peu nombreux et entachés de la défaite.

Kentarrak-le-Roux était alors le jeune chef incontesté de toute la cité. Mais quelques années passèrent et il se lassa de ce rôle. C'était un combattant pas un politicien. Alors il choisit peu à peu de ne plus remplir que le rôle de chef de la Garde. Il laissa les Grandes Familles prendre le pouvoir sur la cité, tandis qu'il conservait le contrôle des principales forces armées. Il a su rester une des forces indispensables de Tradisgantia, tout en subissant les moqueries voilées des simples humains qui se croient puissants."

Le Léodra écoute, à peine surpris par ce qu'il entend sur son grand frère. Le récit s'arrète alors qu'une suite est attendu. Les sourcils de l'homme lion se froncent, interrogatif, puis vient l'expression :

" C'est tout ? 200 ans se sont écoulés et rien de plus ?

Vous pourriez au moins m'expliquer pourquoi, vous autres mashra, n'avez pas élu domicile au sein des demeures luminescentes plutôt que dans ce fumoir ? "

Le ton est la tournure de phrase sont pure maladresse, certainement liée à la nature du prédateur, qui est plus curieux que méprisant.

Nash'kresht répond aussitôt en grondant :

"Parce que nous en avons été chassé !"

Mrrâm'narshk intervient aussitôt d'un ton plus apaisant :

"... par les humains supérieurs. Ensuite, Kentarrak-le-Roux n'a pas souhaité s'y établir. Alors la famille Sarzano, la seconde des Grandes Maisons, s'y est installé au cours de la deuxième décennie après le Cataclysme, juste après la victoire de Kentarrak-le-Roux. Et les humains, déjà bien plus nombreux, ont proliféré bien plus rapidement que nous. Alors nous n'avons jamais eu l'occasion de reprendre ce lieu sacré."

Shalaamnrirr poursuit de sa voix calme :

"Et les deux siècles qui se sont écoulés depuis le Cataclysme ne sont manifestement pas notre âge. Je puis vous raconter les divers événements qui ont traversé Tradisgantia, comme l'avènement des différentes Grandes Maisons. Mais ce ne sont que les fumeuses histoires de simples humains."

C'est une grimace d'étonnement qui habille le visage à la première remarque. La seconde tranforme l'étonnement en une expression plus sévère d'étonnement, accompagné d'un croisé de bras sur le torse. Avec les dents serrés, le réprouvé se décide à répondre.

" Allons pour l'avènement des famille, Shalaamnrirr. "

Shalamnrirr pousse un gros soupir, puis annonce :

"Soit !

Pour commencer, après trois ans de règne solitaire, Kentarrak-le-Roux a désigné trois familles humaines pour les charger de la gestion de différentes parties de la cité. Les Mercal devaient s'occuper du centre de la cité, les Sarzano des quartiers du sud et les Vispernui de ceux du nord. Le souverain Léodra se focalisa dès lors sur la gestion de la Garde. Certes, cela ne fut pas immédiatement apparent. Il délaissa peu à peu toutes les affaires politiques pour se consacrer uniquement à la défense et à la sécurité de la ville. Et c'est au bout de deux générations humaines, un peu plus d'une quarantaine d'années, qu'il fut plus connu comme capitaine que comme souverain.

Et c'est à cette époque qu'une organisation humaine fit grand bruit en rejetant la domination de la famille Mercal. Cette organisation était l'association des plus grands forgerons de la cité. Elle arma bon nombre d'humains et causa de nombreux conflits face aux troupes des Mercal. Kentarrak-le-Roux ramena le calme en faisant reconnaitre cette organisation comme une nouvelle Grande Maison, celle des Tékélitt. Pour fêter leur nomination, les Tékélitt firent construire quatre arènes au centre-ville, passé sous leur domination. Dès lors, la richesse et la puissance des Tékélitt n'a fait que grandir aux dépends de celles des Mercal. La faiblesse des Mercal sut augmenter également l'influence des Sarzano qui vinrent gagner des territoires vers le centre de la cité.

Mais dans le même temps, de nombreux immigrants venaient s'installer dans Tradisgantia qui comptait un grand nombre de maisons endommagées et vides. Lors de la nomination des Tékélitt, un bon quart de la cité était occupé par des descendants de nomades, l'actuel quartier des indépendants. C'est à cette époque que de nouveaux peuples ont fait leur apparition parmi les immigrants. C'est là que nos ancêtres ont pris connaissance des Kosruuzis, des Goshroks, des Triatys et des Vraghârs.

Au cours de la troisième génération suivante, ce qui fait cinq générations humaines depuis le Cataclysme, la famille Vispernui fut éliminée en quelques nuits. Celles qui allaient se faire connaître par la suite comme les Pesantes Matriarches revendiquèrent la partie nord de la ville, ancien territoire des Vispernui. Cela déclencha aussitôt une guerre de l'ombre contre toutes les familles établies, qui causa de nombreuses pertes dans chacun des camps. Quand les troubles devinrent trop sensibles, Kentarrak-le-Roux y mis fin en faisant des Pesantes Matriarches une nouvelle Grande Maison. Certains affirmèrent à l'époque que s'il n'était pas intervenu, les Pesantes Matriarches auraient fini par gagner mais à quel prix pour la cité ?

Toujours est-il dès lors qu'elles se contentèrent de leur pouvoir sur les beaux quartiers, qu'elles possèdent toujours de nos jours. La ville connut ensuite toute une génération de calme. Jusqu'à ce qu'elle soit agité par des troubles au sein de ses milieux de pègre. Rapidement, une organisation se fondait. Et une génération plus tard, elle se fit reconnaitre par les autres Grandes Maisons comme l'une d'entre elles, la famille Klogauer.

Dès lors, Tradisgantia a connu la paix. Même lorsque la famille Hirzaoui a fait son apparition deux générations plus tard. Elle fut accueillie après d'âpres négociations entre les Grandes Maisons. Et elle devint l'une d'entre elles, provoquant par la suite, donc de nos jours, un certain déclin de la famille Sarzano."

Shalamnrirr pousse de nouveau un profond soupir. Puis il indique en s'inclinant vers le jeune Léodra noir :

"Voilà, j'ai fait au plus vite. Cela vous satisfait-il, Grage Niark ?"

La première réponse qui vient au massif Shaloar est un petit gargouillement plaintif provenant de son estomac...

Le jeune, après toutes les informations reçues en peu de temps, ne manque pas de saisir l'aubaine en grondant d'une rapidité qui trahit son soulagement d'en rester la.

" Oui ! "

A nouveau l'apprenant se relève, et effectue quelques roulis de sa puissante musculature sans en éprouver la moindre gène.

" Sincérité oblige, je ne m'attendais pas à un accueil aussi dense d'informations. A force de transpirer, j'en ai le cerveau qui s'ébroue.

Bon, demain au programme, mes précepteurs pour le language des signes dès l'ouverture de l'oeil du gardien et, et, peut-être des questions sur ce que je viens d'entendre.

Savez-vous s'il reste des survivants chez les Vispernui ? "

Shalamnrirr hoche lentement et négativement la tête, tout en répondant :

"Hélas, non, Grage Niark.

Même s'il y en avait, je doute qu'ils se fassent connaitre."

Mrrâm'narshk intervient tranquillement à la suite :

"Par quel précepteur souhaitez-vous commencer, Grage Niark ? Mâle ou femelle ? Il est déconseillé de faire appel aux deux en même temps, car leur enseignement est privé. Et je me dois de vous prévenir qu'il est probable que la préceptrice femelle vous refuse la majorité des apprentissages."

Nash'kresht, quant à lui, reste silencieux, conservant sa mine sérieuse et critique.

Un peu déçu par le premier retour, c'est avec un sourire mi hautain, mi amusé que le jeune répond

" Alors je me passerais d'une préceptrice. Je finis toujours par découvrir ce que l'on me refuse, et je n'ai pas de temps à perdre en chichi."

S'en un ronronnement amusé tandis que le sac et la cape son attrappés pour être enfilés et ajusté.

" As-tu quelques choses a rajouter avant mon départ, Nash'kresht ? Je te vois renfrogné."

Même s'il est occupé, le ton est amicalement respectueux et les réactions sont observées.

Nash'kresht pousse un léger grondement, puis :

"Mouais...

Quels sont tes projets, Grage Niark ?"

Et il fixe attentivement le jeune Léodra noir droit dans les yeux.

Voyant que la question semble avoir son importance pour l'ancien qui s'exprime, le réprouvé stoppe ses préparatifs pour faire face et annonce avec conviction, d'une façon digne, avec l'assurance d'une autorité qui cherche à s'exprimer.

" Bien j'ai déjà répondu à cette question, je conscens à y apporter quelques précisions.Je passerais l'hiver au sein des murailles de cette cité s'il s'avère que la perfidie s'insinue au coeur des grandes familles..

Pour le reste, je ne suis pas jeunot à prétendre modifier en deux jours ce qui a prit forme en deux siècles. Cette rencontre à eut le mérite d'éveiller les curiosités du réprouvé que je suis. Je compte bien approfondir les sujets abordés.

En attendant, j'attends de vous le silence sur notre rencontre, ainsi qu'une collaboration au maintien de votre existence. Je sais de quoi l'ennemi est capable, j'ai vu comment il se joue de nous, j'ai affronté un de leur sbire et je n'oserai affronter un de leur maitre pour le moment. Puissiez vous ouvrir les yeux sur ce qui nous entoure.

L'heure de la rencontre avec les finyas est proche. Faite leur savoir. Je n'ai pas l'intention d'aller les débusquer. "

Tel une statue dignement figé, un pertit silence vient appuyer l'aplomb de ces certitudes. Cependant, le Léodra n'a pas besoin d'attendre après un éventuels retour des anciens, le cours de ses préparatifs se poursuit, toujours à l'affut des réactions.

Nash'kresht répond par un simple bruit de gorge sourd qu'il fait rouler quelques instants. Et il finit par acquiescer de la tête.

Mrrâm'narshk laisse le vieux combattant donner sa réponse avant de déclarer :

"Je ferai appel à un précepteur pour qu'il soit présent en ce lieu demain dès l'aube.

Je ferai également le nécessaire pour prévenir le Clan Finya de votre demande, il faudra s'attendre à plusieurs jours de délai à moins d'avoir de la chance."

Shalamnrirr reste discret et silencieux.

Terminant de se préparer, le shaloar sourit en coin, amusé par la denrière remarque avant de répondre.

" J'ai confiance. Ils sont bien plus subtils que tous les humains de cette cité réunis , et certeinement plus que je l'imagine. Je suis même convaincu qu'ils saisiront leur chance avant d'entendre me demande.

Pour les Skrakas, ce sera plus tendu car je suis un Léodra. J'espère ne pas avoir à briser des os pour me faire entendre. "

Une fois pret, le Léodra se place debout, dignement, face aux vieux Mashra.

" Je suis ravi d'avoir fait votre connaissance. Mon precepteur m'enseignera la façon de saluer qui vous est du. Dans l'attente. "

Le jeune effectue un salut martial sobre mais sincère. Et après un pivot de quart en direction des mashrani, le même salut est adressé à la gente féminine.

Les réactions sont observés avant le départ.

Les trois vieux Mashras inclinent la tête pour saluer le jeune Léodra. Même si Nash'kresht se baisse moins que les deux autres.

Du côté des cinq anciennes, le même phénomène se produit : deux d'entre elles se baissent moins bas que les trois autres.

D'un pas décidé, l'ex lieutenant prend la direction de la sortie en faisant tonner son pas, observant les autres mashras et mashranis au passage, si les rideaux sont ouverts. Les éventuels saluts reçus seront rendus brièvement.

La première porte de sortie sera ouverte avec une vigilance qui a refait surface dès l'ouverture.

De chaque côté, les Mashras et Mashranis adultes et d'un âge certain se sont déplacés, certains accroupis, d'autres inclinés, tandis que les derniers restaient debout. Et ils saluent tous le jeune Léodra d'une inclinaison de tête lors de son passage.

Quand Grage passe la porte de séparation, la porte donnant sur l'extérieur lui est ouverte. Il se retrouve bientôt dans la rue froide et déserte.

Dans la pièce d'accueil, le Léodra à récupéré ses armes qui seront ajustées. Une fois à l'extérieur, les sens à l'affut, le jeune guerrier se dirige vers son hotel d'un pas vif et décidé.

Le porteur de l'épée légendaire ne prend pas le chemin le plus court, histoire de se dégourdir les jambes. C'est donc les sens à l'affut que les rues désertes sont arpentées jusqu'à destination..

Le massif Shaloar constate vite après avoir quitté les petites rues que les rues plus importantes sont toujours parcourues par un nombre conséquent de quidams. Même si elles ne sont plus embouteillées par une foule débordante. Grage est salué par nombre de passants, disposant toujours d'un large espace libre de pérégrination.

Il finit par atteindre la rue de l'Hostellerie du Havre Ronronnant, qui est elle aussi moins remplie que la veille.

Les salutations des quidams sont rendus façon brève et martiale. Après cette promenade vivifiante à l'air froid, l'œil du gardien est observé pour estimer l'heure de la journée.

Après quoi, c'est de trois coups secs que la porte d'entrée de l'hostellerie du Havre Ronronnant est frappée. Vigilant, l'homme lion patiente.

D'après ses observations, Grage peut constater que l'Œil du Gardien a dépassé son zénith. Il commence à redescendre derrière les nuages.

Peu après les coups sur la porte, le judas s'ouvre. Sur les gros yeux du Semi-Géant. Et la porte d'entrée est ouverte peu après, sans temps mort.

" salut"

Gronde l'entrant toujours en facilitant le travail du portier. La vigilance de l'homme lion ne diminuera que quand la porte sera fermée.

A l'intérieur de l'établissement de luxe, après un rapide panoramique du lieu connu, le jeune shaloar dirige vers le comptoir.

Grage peut donc y voir, comme d'habitude, un Semi-Géant près de la porte d'entrée et une ravissante Mashrani au pelage noir derrière le comptoir. Le colossal gardien de porte se baisse pour saluer le Shaloar lors de son passage.

Quand la porte est enfin fermée derrière lui, il peut constater que la température est plus agréable en ces lieux qu'à l'extérieur. Une douce senteur de lavande égaie les narines. Un brouhaha étouffé se propage depuis la pièce derrière le rideau de perles : les clients semblent toujours profiter du repas du midi.

La femme-panthère au pelage noir accueille le Léodra d'une légère inclinaison de la tête, puis attend en le fixant posément.