Le massif Shaloar entre donc par le biais d'une poterne.

Il peut alors constater au sein du Marché Extérieur bon nombre de gens en train de déblayer et de nettoyer, tandis que des charpentiers réparent les murs et les toitures des auberges.

Le Léodra noir peut constater sans trop de peine que la luminosité ambiante semble caractéristique de l'après-midi. Mais il n'a aucune autre indication de l'horaire.

Après avoir remercier le garde courtoisement, le chasseur ne fait que traverser le Marché Extérieur en direction de fort braise.

L'allure du porteur est modérée pour faciliter les observations car tout est observé pendant le trajet. Si rien ne vient perturber la progression du prédateur, alors le trajet sera jusqu'à son domicile.

Grage passe donc entre les différents travailleurs en plein labeur de nettoyage et de rénovation.

Aux abords de la porte - maintenant grande ouverte - donnant sur le couloir creusé dans le flanc du volcan jusqu'au seuil de Fort-Braise, le massif Shaloar peut remarquer un trio de chasseurs chargés de multiples gibiers, mais chacun disposant d'un volume au moins deux fois moins important que celui des proies de Grage. Les trois chasseurs humains sont visiblement en train de discuter de leur chasse.

Le Léodra dispose d'un peu de temps avant la fermeture des portes de Fort Braise. Approcher le groupe de chasseur pour discuter et faire tenter de se sociabiliser ne semble pas opportun, les humains pouvant jalouser les prises du prédateur.

Pourtant, l'Homme Lion marque un arrêt pour saluer amicalement et sobrement le trio de chasseur, et mesurer les réactions du trio.

"Salut les gars. "

Deux des chasseurs sursautent dès qu'ils tournent leur regard méfiant vers le massif Shaloar. Le troisième se montre souriant et incline sobrement la tête vers Grage.

"S'lut ! Qu'est-c' que j' peux pou' toi ?", annonce-t-il aussitôt à la va-vite, toujours souriant. L'individu a le visage aureolé d'une épaisse barbe brune qui masque son âge. Difficile de dire s'il est plus près de la vingtaine ou de la quarantaine d'années.

Les deux autres reprennent rapidement contenance, surveillant les mouvements du Léodra noir. Tous deux mal rasés, le plus âgé - environ 25 ans - est de chevelure noire, moustachu et typé mongoloïde alors que le plus jeune - environ 20 ans - est caucasien et châtain.

Tous trois sont vêtus d'épais vêtements de cuir usés et réhaussés de fourrures diverses et non assorties.

A la formulation de la réponse, le massif parleur est estimé comme un humain qui dispose d'un rang et de connaissances. Avant de répondre, le Shaloar se rapproche tranquillement du trio, laissant un grands pas de distance. C'est de façon amicale que le prédateur questionne, toujours dans la mesure des réactions.

" P'etre que tu vas pouvoir me renseigner. J'ai entendu parler de la Confrérie de la Chasse. C'est quoi l'rôle d'la confrérie ? "

Souriant, le barbu répond d'une voix tranquille :

"Bah... c'est d' filer les limites des territoires d' chasse. Un territoire par chasseur..."

Son sourire s'agrandit tandis qu'il ajoute, un rien moqueur, en indiquant le gibier porté par le massif Shaloar :

"Et j' parie qu' t'as récupéré tout' ces proies su' l' territoire qui t'a été filé, pas vrai ?"

Le Léodra découvre une nouvelle règle qu'il n'a jamais connue auparavant. Reste à savoir si ce que dit l'humain est vrai. Dans l'attente, et plutôt que de répondre avec sa franchise frontale habituelle, le Shaloar tente un évitement sans mentir, se fiant à la règle du 'pas vu, pas pris'.

C'est avec une assurance décontractée que la réponse se fait entendre

" Pour sur que j'fais comme vous les gars.

Mais j'suis quand même embêté."

L'Homme lion laisse un léger blanc car à ce moment précis, regardant les chasseurs face à un sous entendu, avant de poursuivre.

" J'ai pas vue d'gros prédateur. Alors si y a une grosse bête qui vous ennui, j'peux vous en débarrasser. "

Le prédateur affiche un sourire carnassier qui en dit long sur son désir de traquer un gros gibier, tout en observant les réactions.

Le barbu répond d'une voix toujours aussi calme :

"Ha ? Et il est où, ton territoire ? Pask' il a l'air giboyeux !"

Les deux autres chasseurs sont sur la défensive, la mine méfiante, bien que désarmés, les armes aux fourreaux.

Les propos entendu génèrent une vexation et cela se voit. La Shaloar ne manque pas de répondre direct en fixant son interlocuteur droit dans les yeux avec un aplomb des plus ferme.

" Hé. Tes moqueries, tu t'les garde. J't'ai pas manqué de respect moi !

La dernière fois qu'suis revenu, c'était avec cinq bouquetins. Ca c'était une chasse. Et si tu prétends qu'c'est l'territoire qui fait l'chasseur, t'a tout faux. "

Le barbu réagit par un léger sursaut de surprise. Puis son visage se ferme et son regard se durcit. Rapidement, Grage se rend compte que son interlocuteur n'était pas moqueur, et que désormais il n'est plus amical. Et nullement intimidé par son massif interlocuteur.

Il reste silencieux quelques brefs instants puis rétorque, d'une voix dure :

"Au cas où tu l' saurais pas, ici, à Fort-Braise, t'es un chasseur qu' si t'as reçu un territoire.

Alors t'as intérêt à en avoir un..."

Une fois de plus, le Léodra constate que les tentatives de sociabilisation avec les gens de Fort Braise ne sont qu'une suite d'échecs à répétition. Chaque manque de franchise et de directivité frontale est vain. Conclusion, le massif guerrier conserve son attitude fermée dont la sincère courtoisie peut sembler froide.

" Bonne fin de journée. "

Le guerrier s'en retourne avec son baluchon de gibier en direction de sa tanière avec sa féline assurance.

En son fort intérieur, l'Homme Lion commence aussi à mieux comprendre pourquoi ses frères Léodras sont majoritairement des Seigneurs.

A nouveau, le barbu semble stupéfait. Moment que le jeune Léodra met à profit pour se détourner.

Et l'homme-lion peut se diriger vers son logement sans être interrompu.

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