En fin de nuit, Grage entre dans le quartier des indépendants...

... en provenance de la grande rue bordant le quartier Tékélitt.

Ses sens ne repèrent aucune filature. Les passants sont rares à cette heure.

L'ambiance naissante laisse présumer au massif promeneur que la maison close sera peut-être fermée. Cependant, la confiance placée en Jérémiah balaye le doute et soit la rencontre à lieu, soit un message sera laissé au solitaire.

Le shaloar reste vigilant à l'heure ou les premiers badauds sortent dans les rues, se dirigeant d'un pas décidé vers le 'doux soupir'.

Il est encore trop tôt pour les 'premiers badauds', qui ne sortent qu'une fois le jour levé. Le jeune Léodra ne rencontre donc que peu de gens dans les rues, et la plupart des passants évitent d'avoir à croiser le Shaloar dans des rues de largeurs diverses, mais la plupart à tendance trop étroite pour passer hors de l'allonge de Grage. Ils tournent donc au premier carrefour avant l'homme-lion ou font carrément demi-tour en courant.

Le shaloar reste vigilant en cette heure matinale, se dirigeant d'un pas décidé vers le 'doux soupir'. Ceux qui font demi-tour sont juste ignorés.

En chemin, le massif promeneur tente d'estimer la météo à venir.

Le jeune Shaloar a beau lever le regard, la nuit rend les nuages de couleur indistincte. Il peut seulement constater qu'ils bougent peu, ce qui est généralement bon signe. De plus, les coups de vent sont rares. Il s'agit là d'une météo propice de début d'automne... pour l'instant !

Le long de son chemin, le massif Léodra ne détecte aucune filature. Et il arrive bientôt proche de l'établissement "Au Doux Soupir", reconnaissable à ses lanternes rouges. Son entrée est encore éclairée.

Le massif marcheur ne traîne pas, même quand il est en vue de l'établissement souhaité. D'un pas décidé, la direction de la porte d'entrée est prise tandis que les sens font leur dernière inspection du dehors.

Arrivé devant l'entrée, la porte sera frappé de trois coups secs, et la bourse prête pour être montrée si besoin. La capuche est placée pour favorisé l'identification de l'homme lion par un judas.

Le judas s'ouvre, révélant une paire d'yeux humains. Il ne faut que peu de temps avant que le judas se referme...

Et peu de temps ensuite, les bruits de serrure et de madrier se font entendre. Enfin, la porte s'ouvre. Juste assez grand pour laisser passer le massif Shaloar.

Habitué a entrer avec des portes jamais ouverte en grand, le solitaire pénètre et se place de façon à favoriser la fermeture de porte en mode rapide.

Avant même d'entrer, le massif guerrier est prompt tant à la réaction qu'à l'observation. Les sens captent toutes les informations utiles avec un panoramique rapide.

Le panoramique de Grage ne révèle qu'une petite pièce de trois mètres de large sur quatre de long, contenant un ratelier d'armes contre le mur de droite et un rideau de perles au milieu du mur d'en face. L'humain qui a ouvert fait une taille moyenne pour une robustesse hors norme, sans atteindre la musculature du jeune Léodra. Resté derrière la porte entrouverte et armé d'un gourdin, il grogne à voix basse vers le Shaloar resté devant la porte :

"Donne tes armes ou passe ton chemin, Shaloar..."

Le massif guerrier pivote la tête vers le donneur d'ordre, l'air peu amène suite à ce qu'il vient d'entendre.

" Shaloar ?!? "

Le massif guerrier fait face à son interlocuteur, faisant un pas en avant pour être proche de celui ci, afin qu'il puisse bénéficier d'une haleine de carnassier pour la suite.

" C'est une façon d'accueillir le sauveur de la cité ?!?

Léodra je te prie ! Et avec les salutations ! "

Laissant exprimer son aplomb façon impérieuse, le grondement est plus imposant que menaçant.

L'humain reste un court instant surpris par la réaction du massif Shaloar. Mais il se reprend vite. Il pointe sa massue vers le museau de Grage et grogne, vindicatif :

"Ok... alors maintenant, la grande gueule, elle se casse !"

Le jeunot ne peut contenir un mouvement nerveux de la queue tandis que la sévérité vient remplacer l'impériosité quand la massue est pointée sur son nez. Si l'humain est entraîné au combat, il peut facilement s'apercevoir que le montagne de muscle et maintenant prompt à la réponse, et qu'une étrange lueur brille dans les yeux du prédateur. Le ton vient de gagner un cran en décibel

" Tu oses me menacer !? Moi qui ai sauvé la cité ! "

A la fin de sa tirade, la truffe de l'homme lion s'est rapprochée du gourdin, quitte à toucher cette arme insignifiante si elle est vraiment très proche.

Et aussitôt deux autres gardes armés de lances jaillissent à travers le rideau de perles, qui tinte sous le mouvement. Ils pointent leur lance vers le thorax de l'homme-lion. Dans le même temps, le vigile armé d'un gourdin se recule d'un pas de côté et fait passer son arme d'une main à l'autre, ramassé sur lui-même, prêt à se battre. Les trois hommes sont revêtus d'une cotte matelassée.

"Ouais, et maint'nant tu t' casses, l' sauveur !", rétorque méchamment le lancier de gauche. Les trois hommes ont l'air décidé à se battre au premier geste agressif du Shaloar.

Bien qu'il soit emporté, le jeunot n'est pas fou au point de se battre en ce lieu. Aussi, les deux gardes peuvent aisément venir se placer, et le vigile peut reculer sans qu'il n'y ai de suite.

Cependant, le solitaire répond avec énergie et détermination aux deux lanciers, sur le ton de l'évidence.

" Bah oui j'vais m'casser, maintenant qu'il ne bouche plus le passage. "

Le Léodra guette les réactions des deux hommes aux lances, prêt à toute éventualités de défense, mais n'aura aucun geste qui puisse être offensif. D'ailleurs, si combat il doit y avoir, le solitaire préférera l'esquive de telle sorte que les lanciers auront la possibilité de toucher leur petit camarade si cela est possible.

Si l'ex lieutenant n'est pas agressé, alors le chemin de la sortie est pris, toujours prompt à la réaction sans quitter les adversaires potentiels du regard.

La porte claque derrière le Shaloar quand il sort de l'établissement sans s'être pris un coup par les vigiles tendus.

Le massif Léodra remarque aussitôt un groupe de cinq hommes d'armes méfiants qui guettent vers lui à une quinzaine de mètres sur la droite, dans la rue. Les dits combattants ne portent pas le surcot des membres de la Garde, ni d'insignes d'une Grande Maison.

Le massif sortant, à la colère contenue,  prend la direction opposée du chemin par lequel il est arrivé, et peu importe si cela conduit dans la direction du groupe d'hommes armés.

Martelant le sol de sa mauvaiseté, la vigilance est de mise et le mode prompt à la réaction est bien visible. Pour le moment, peu importe ou cela le conduit tant que c'est vers la porte nord, à nouveau.

Les cinq hommes d'armes surveillent le Shaloar courroucé tant qu'il se trouve à portée de vue. Ils ne se déplacent pas. Et bientôt, Grage peut se rendre où il le désire...

Le massif ronchonchon se voit maintenant dans une impasse, une fois de plus. Et une fois de plus agacé par tous ces empêcheurs de tourner en rond. Impossible de laisser un message au crotal maintenant, il n'y a plus qu'à espérer que le crotal vienne à lui.

Ensuite, l'épée légendaire commence à devenir un fardeau plus qu'autre chose. Ne pas vouloir la confier en chaque occasion est une gène nuisible dans ses actions. Une épée tout aussi solide mais qui n'a rien de légendaire serait une meilleure remplaçante. L'armure elle aussi, qui n'est pas portée dans son entier pour cause de gène, fait un tantinet ridicule.

L'incompréhension des femelles est aussi pesante en cette instant. Et ne pas avoir connu le repos du guerrier après la visite au patriarche est quelque peut agaçant.

Au regard de ses dernières déconvenues, le guerrier spirituel à besoin de faire le point sur tout cela.Et son prochain retour dans sa tanière en sera l'occasion.

La marche, la réflexion font passer l'orage de la tourmente. Le solitaire cherche une taverne acceptant les shaloars en cette heure matinale.

Et l'Œil du Gardien en vient à se montrer au cours de la réflexion du jeune Léodra.

C'est donc dans le jour levant que le massif Shaloar se présente à une taverne, après avoir vérifié par le nombre d'entrées et sorties qu'il ne s'agissait pas d'un établissement qui fermait à l'aube. L'échoppe choisie vient plutôt d'ouvrir.
Elle porte le doux nom de la Taverne du Goinfre Matinal et porte comme enseigne un ventripotent gaillard debout, se grattant une fesse et mangeant un bout de tarte de l'autre main.

Grage constate en ouvrant la porte qu'il se retrouve parmi les premiers clients : seuls deux compères sont déjà présents. L'un d'eux s'est installé à une table de coin, l'autre discute avec le tenancier au bar. Quand le Léodra pénètre dans l'établissement, les trois humains présents le regardent surpris, voire peut-être inquiets, la parole coupée pour ceux qui devisaient.

Il faut bien dire que les trois personnes présentes ne semblent pas porter d'armement sur eux...

Une fois à l'intérieur, la fin du panoramique d'observation se termine l'expression du moue satisfaite. C'est en marchant d'un pas tranquille que la direction du comptoir est prise. Une fois arrivé proche du tenancier, le guerrier aux Claymores s'exprime d'un grondement calme :

" Salut, tu m'proposes quoi ? "

Le shaloar reste observateur, intrigué par ces hommes sans armes.

Le client proche du massif Shaloar n'ose pas bouger ni ouvrir la bouche. Le tenancier, un homme glabre et un peu rondouillard, d'une quarantaine d'années et commençant à manquer de cheveux, reste sans un mot un moment, la mine surprise. Il finit par répondre, toujours décontenancé, la mine peu à son aise :

"P... Pardon ?"

Le solitaire, observateur, affiche une mine dubitative, observe tour à tour les trois personnes présentes avant de revenir sur le tenancier

" Ben oui, quoi. A boire ou à manger. T'as bien ça ?  z'avez pas l'air bien. J'espère qu'c'est pas moi qui vous met d'ans c'état ? "

Le tenancier sursaute à la dernière question du massif Léodra. Il regarde ensuite de côté, tout en répondant un peu timidement :

"Non-non... Heu..."

Il se raffermit et regarde Grage en tentant un sourire commercial :

"En fait, j'ai bien à boire et à manger... mais je n'ai pas un grand choix.

Voulez-vous du lait de brebis et des tartines ? Si vous voulez un véritable repas, il faudra un peu de temps..."

Dans le même temps, le client proche - ayant dépassé la trentaine d'années, mal rasé et vêtu sommairement - a commencé à reculer lentement le long du comptoir. Même s'il n'émet aucun son, son visage exprime clairement la crainte.

Après avoir entendu le serveur, Le shaloar regarde l'homme qui recule, sans expression visuel, avant de revenir sur son interlocuteur.

" Z'avez rien à craindre, citoyens. J'suis Grage Niark, sauveur d'la cité. J'vais m'installer dans l'fond pour pas déranger. Tu veux bien m'apporter du lait et une tartine ?

J'veux être tranquille que'ques instants. Après, j'men vais."

L'homme lion reste observateur des réaction.

Dès que le massif Shaloar indique son nom, le tenancier écarquille les yeux de stupeur. Tout comme le client au bar, non loin. Et ensuite, ils expriment tous deux une mine soulagée et ravie.

Le quadragénaire s'exclame en souriant :

"Allez vous installer ! Je vous apporte tout ça. Et gardez votre monnaie, c'est la maison qui offre !"