Le Léodra progresse

Le Shaloar malodorant profite à nouveau des détours imposés par les ruelles pour se protéger des vents inlassables. Le seul passage difficile est la traversée de l'avenue : là, Grage n'a pas d'autre choix que de s'exposer totalement à la fureur éolienne. Bousculé à de multiples reprises, le jeune Léodra se protège les yeux derrière son bras entouré de métal. Puis il reprend plus sereinement sa route, une fois passé de l'autre côté.

Grage rejoint bientôt la dernière maison. Et constate aussitôt qu'elle est abandonnée : sa porte arrière vermoulue claque violemment sous les effets des vents. L'état déplorable de l'extérieur de la demeure atteste que personne ne l'a entretenue depuis des années. En s'approchant le long de la venelle, l'homme-lion détecte néanmoins de ses yeux perçants la présence de silhouettes assises ou accroupies dans l'ombre de la pièce donnant sur l'issue. Le guerrier spirituel se trouve encore à plus d'une dizaine de mètres de l'entrée claquante. Les silhouettes humanoïdes sont frêles et sont restées immobiles, sans réaction particulière. Elles n'ont sans doute pas remarqué l'approche du Léodra en armure crottée.

Une fois de plus, le massif guerrier pestouille en son fort intérieur. Deux scouats paraissent logiques, la seule interrogation étant la maison du Mashra. Comment se fait il que les poursuivants de Grage aient pu se réfugier à l'intérieur.

Le guerrier malodorant fait demi tour, prenant moult précautions pour aller se terrer à l'abri des vents, le long d'un mur, proche de la seconde maison pour faire appel à sa mémoire et s'assurer que c'est bien de cette maison qu'il s'agit.

Si il s'agit bien de celle la, le choix est offert entre frapper à la porte et s'annoncer, ou, entrer de force. Avant toute chose, le croteux va quand même s'assurer, par l'arrière de la maison, que l'habitant n'a laissé aucune odeur de sa personne sur son territoire. Si il y a un semblant de jardin, courette ou autre, la tempête n'a peut-être pas effacée toute les traces, empreintes ou autre. Même si la météo ne s'y prête pas, le noiraud cherche des informations complémentaires que les éléments déchainés n'auraient pas encore balayés.

Le guerrier crotté va donc devoir à nouveau affronter les grands vents en traversant à nouveau l'avenue. Après avoir subi les bousculades et les chocs de projectiles divers, il se retrouve à nouveau dans le relatif abri des ruelles.

Bientôt, il se retrouve derechef au côté de la seconde maison. Mais force est de constater qu'aucune cour, qu'aucun jardin ne l'attend. Que des murs mitoyens. Puisque le prédateur ne semble pas avoir confiance dans sa première investigation, il découvre à nouveau que la recherche d'odeur est vaine tout autour de la maison. Celles des déchets et des déjections portés par les vents hurlants couvrent tout. Les habitants vont d'ailleurs avoir un labeur conséquent pour nettoyer leurs murs, portes et volets. Heureusement aucun confrère Éclaireur-Dragon ne voit faire Grage, sinon il serait encore sujet de railleries.

N’ayant pas plus d’informations à se mettre sous les crocs, le massif fouineur d’indice va se placer près de la porte d’entrée. L’emplacement est choisi pour favoriser la meilleure écoute possible de ce qu’il se passe à l’intérieur. Le terrain est étudié pour une esquive rapide en cas de besoin. Juste avant de s'annoncer, le guerrier fait appel à ses sens pour savoir si au autre guerrier se trouve proche de l'endroit. S'il n'y en a pas alors trois coups secs et audible malgré la tempête sont donnés à la porte d’entrée.

En se plaquant l'oreille contre la porte, Grage parvient à entendre épisodiquement le même genre de feulements énervés que la fois précédente. C'est un Mashra, c'est certain ! Par contre, aucun Totem n'est ressenti dans les environs.

Ensuite, le Léodra doit utiliser toute sa force pour espérer se faire entendre parmi les hurlements perçants du vent. Les coups ébranlent la porte de bois. Tout d'abord, aucune réaction. Le guerrier spirituel doit patienter presque un demi-sablier avant que la porte soit entrouverte et retenue d'une main griffue face aux assauts du vent. Le Mashra porte une armure de cuir intégrale simple mais épaisse. Un calot de cuir lui sert de casque. Son pelage est fauve et tâcheté. Son autre main tient fermement un bec de corbin à manche court. Une arme qui sert aussi bien à perforer qu'à assommer.

Son expression est tout d'abord à la fois surprise et écœurée quand il contemple le Shaloar crotté.

Pendant qu’il observe le rouquin, faisant appel à sa mémoire pour savoir s’il le connaît, le noiraud tout crotté grande de façon à être entendu malgré la tempête :

« Besoin d’un abri, je t’expliquerais à l’intérieur c’qui s’passe. »

L’attitude du Léodra est celle de celui qui, sous la tempête, cherche un abri et n’a absolument rien d’offensif. Ce qui n’empêche pas le carnassier d’être prêt à l’esquive si besoin.

Grage a du hurler pour se faire entendre. Le Mashra hésite, visiblement dégouté par l'aspect du Léodra nauséabond. Puis il semble décider qu'un combat n'en vaut pas la chandelle. Il ouvre plus grand et s'écarte tout en retenant la porte.

"Reste dans le couloir !", il ordonne en rugissant pour être entendu malgré les vents.

Au-delà de l'entrée, un couloir droit traverse la maison. Il n'y a que deux portes, une de chaque côté, au milieu du dit couloir. Tout l'intérieur est fait de bois brut, seules les parois extérieures sont en pierre. Aucune décoration n'égaie le couloir. Aucun tapis au sol n'adoucit les pas sur le parquet. Une simple torche éclaire l'intérieur visible, qui se limite pour l'instant au couloir. Les seules odeurs perceptibles sont celle de la torche qui brûle et celle du Mashra. Mais ce sont de doux parfums suite à l'ambiance olfactive des féroces bourrasques.

Le croteux entre avec rapidité et assurance dans le couloir, toujours prêt à éviter un coup malencontreux, allant se placer directement entre les deux portes au milieu du dit couloir, sans sortir du couloir. Si les portes sont ouvertes, le noiraud jette rapidement un œil pour savoir si les deux Shaloar sont bien seuls avant de se retourner pour faire face à l'habitant des lieux.

A ne pas s'y méprendre, le guerrier spirituel est visiblement sur ses gardes et dès que la porte donnant sur l'extérieur est fermée, la voix du Léodra se fait entendre martialement.

" Nous sommes seuls ? "

Grage jauge son interlocuteur et ses réactions. Même sale, l'aplomb naturel du jeunot est imposant.

Grage constate dès son entrée que les portes sont fermées. Il ne peut rien distinguer de plus et les vents tonitruants empêchent de déceler d'autres présences par le biais du son. Une fois au centre du couloir, il n'apprend rien de plus.

Le Mashra a laissé passer le jeune Léodra, en l'évitant au maximum. Clairement, il ne souhaite pas être contaminé par l'odeur d’égout du nouvel arrivant. L'homme-panthère reste sur la défensive, surveillant les mouvements de l'autre Shaloar.

C'est sûr, l'homme-lion en imposerait s'il n'était pas tout crotté. Mais là, manifestement, dans ces conditions défavorables, son aplomb naturel ne semble pas suffisant pour impressionner son vis-à-vis. Le Mashra en armure de cuir penche légèrement la tête de côté, visiblement méfiant. Il conserve son arme bien en main.

"Pourquoi tu demandes ça, Léodra ? Tu cherches les ennuis ?"

Le regard du croteux fixe son interlocuteur tout d’abord sans répondre. Maintenant que la porte est fermée, l’ouie et les autres sens du noiraud continuent de poursuivre leur travail de perception.

Pendant ce temps qui passe, les yeux de l’homme lion vont lentement se poser sur le bec de corbin avec insistance, puis reviennent se river avec une assurance carnassière dans ceux du rouquin

"C’est un divertissement qu’tu proposes ou j’me s’coue ici ?!"

Le jeune noiraud est prêt à répondre à toute tentative de combat mais ne sera à l’initiative d’aucune. Les épaules commencent à faire des jeux de roulements l’une après l’autre et si le rouquin ne fait rien, Grage commencera à bouger sa masse imposante et croteuse à la façon d’un boxeur avant un combat, avec tout ce que cela peut entraîner comme salissure pour l’environnement.

Le Mashra écarquille les yeux devant le comportement de son interlocuteur. Il reste pétrifié un court instant, bouche bée.  Puis il se ressaisit et ré-ouvre la porte qu'il maintient fermement ouverte.

"Ok ! Tu dégages !"

Et il indique autoritairement la sortie venteuse avec son bec de corbin. Il est clair que le Mashra fait des efforts pour rester calme. Il fulmine intérieurement.

N’ayant pas entendu de bruits supplémentaires pouvant indiquer la présence d’autres personnes pendant que la porte était fermée, le Léodra comprend ce qu’il l’attend dès que le Mashra ré ouvre la porte.

Aussi, le rouquin énervé vient-il tout juste de terminer de placer son bec de corbin vers l’extérieur que le jeunot, qui se préparait au corps à corps, profite de l’agacement et se rue dessus à la façon d’un rugby man. L’objectif est de plaquer son adversaire en dehors de son domicile en ayant le dessus. Grage sait ce qu’il l’attend dehors, le rouquin n’a pas encore conscience de la réalité mais devrait vite s’en apercevoir.
Le guerrier utilise son ambidextrie naturelle et la faveur que lui offre le couloir pour effectuer sa manœuvre. L’allonge bec de Corbin plus bras de Shaloar rend la manœuvre de l’arme compliquée dans un couloir, tout du moins, moins aisée qu’une action corporelle. L’homme lion va donc favoriser sa charge pour plaquer son adversaire face contre sol, ou, tout du moins le maintenir tel qu’il se présente, c'est-à-dire de profil, et laisser le coté bec de corbin au sol, pour que l’utilisation de cette arme soit rendue la plus compliquée possible.

La manœuvre de l'homme-lion ne prend manifestement pas l'homme-panthère par surprise. La réaction du Mashra est d'ailleurs inattendue : il lâche vivement son arme, puis réceptionne la charge des deux mains tout en se décalant de côté avec un mouvement de pivot, tout en plaçant un pied pour faire trébucher son assaillant. Grage constate vite que son adversaire est bien plus adepte que lui au combat rapproché et sans armes. Et sans comprendre, le jeune Léodra noir termine son mouvement en ligne droite sans toucher le sol et va rouler, seul, dans la rue... aussitôt accueilli par les bourrasques nauséabondes.

Ni une ni deux, c'est maintenant Grage qui s'enrage. Sans hésitation roulant sur le sol, le guerrier spirituel fait appel aux pouvoirs du dragon. Perception, Force, adresse et rapidité se voit ainsi nettement améliorés.

L'homme lion roule au sol et fait demi tour en observant son adversaire qui devrait se sentir supérieur défaut majeur des Shaloars. Mais Grage n'est pas dupe, la tempête peut lui faire fermer sa porte rapidement et il ne faut pas la défoncer.

Alors dans un hurlement de colère qui doit être masqué par la force du vent, le croteux entame sa progression très rapide vers celui qui l'a projeté, Tout est fait pour ne pas lui laisser le temps de fermer la porte sans pour autant chercher à la fracturer. Dans sa progression très rapide, le noiraud observe l'attitude de son opposant avant d'agir à son encontre.

Soutenu par les pouvoirs de son Totem, l'Éclaireur-Dragon se remet sur pied en profitant de l'élan de ses roulades, puis d'une détente phénoménale, il bondit en avant et se retrouve sur le porche de la maison. Nez à nez avec son adversaire Mashra. Ce dernier est resté époustouflé par le rétablissement surfélin et le retour de Grage au seuil de la demeure. Puis il est tétanisé par le rugissement du jeune Léodra, rugissement amplifié par sa force plus que décuplée. Rugissement qui dépasse en fait en volume les hurlements du vent.

Après un bref instant de flottement, le Mashra en armure de cuir recule de quelques pas en s'inclinant et en présentant ses paumes en avant vers l'homme-lion. Son regard et sa tête sont baissés, en signe de soumission.

"Je me rends !", qu'il hurle pour se faire entendre malgré les vents.

Le noiraud prend garde de percevoir la sincérité de des propos avec sa perception améliorée.

Si la sincérité est présente, alors le Léodra entre dans le couloir en ramassant le bec de corbin au passage. Toujours rapide et décidé dans ses mouvements, le croteux ferme la porte après son entrée et toujours avec la même rapidité, va planter au sol sèchement le bec de corbin juste devant le rouquin pour lui faire comprendre ce qu'il vient d'éviter. La puissance du coup est mesurée pour avoir le même impact qu'une hache du capitaine de la garde en plein combat. Juste après le coup, et avec la même puissance vocale que celle du capitaine quand il donne un ordre, Grage gronde fermement :

" Pourquoi as tu voulu me faire tuer ce matin ! Répond !"

Observateur, les sens surdéveloppés scrute les réactions et la sincérité de l'homme panthère. et, en même temps, l'ouïe et l'odorat sont en quête d'autres présences si il y en a.

Réussir à percevoir ne signifiant pas réussir à interpréter, les sens surdéveloppés apportent au jeune Léodra une foule de nouvelles informations depuis le corps du Mashra. Hélas, cela ne l'aide pas à déterminer la sincérité. Et Grage n'a pas appris à améliorer son empathie grâce à son Totem. Il ne décèle donc aucune duplicité dans l'attitude de son adversaire.

Pour rappel, le jet utilisé pour évaluer la sincérité est Diplomatie + compétence psychologie

Les sens soutenus par le Dragon ne détectent aucune autre présence dans la demeure. Si quelqu'un d'autre attend dans la maison, il est aussi silencieux qu'une tombe.

Le Mashra sursaute, surpris par la violence du coup de bec de corbin dans le sol. Après une brève hésitation, il se met même vivement à genoux. Un tel comportement de la part d'un Shaloar indique une peur profonde, vu leur propension à l'orgueil.

Juste après la question tonnante de l'homme-lion, l'homme-panthère relève aussitôt la tête, les yeux écarquillés d'incompréhension :

"Quoi !?! Je ne te connais même pas !?!"

Puis il avise le pelage noir sous les atours maculés. La perplexité remplace l'incompréhension.

"Grage Niark ? C'est bien toi ? Pourquoi voudrais-je tuer le Sauveur de la Cité ?"

Les yeux du lion carnassier coléreux fixent sévèrement ceux de son interlocuteur. Les dents serrées, Grage retire la main de l'arme planté au sol.

" Relève toi Mashra ! Ramasse ton arme et conduis moi dans un lieu ou nous pourrons parler tout en m'débarrassant de cette crasse."

Le ton est ferme et martial. Le massif Léodra parle rapidement et affiche clairement qu'il n'attend rien d'autre que l'exécution de sa demande. Le rouquin peut sentir le regard pesant du noiraud prêt à le réduire en miette au moindre faux pas. Le Léodra observe la façon dont se comporte l'homme panthère avec grande attention.

Embarrassé, le Mashra se redresse et laisse pour l'instant son arme plantée dans le parquet. Une fois debout, il répond avec gêne, conservant les yeux baissés pour ne pas croiser le regard de l'homme-lion :

"Désolé, Grage. Il n'y a rien pour se nettoyer ici. Cette maison sert d'entrepôt pour les colis spéciaux."

Le Léodra sent que la pression occasionnée par ses pouvoirs totémiques reste pour l'instant supportable. Mais il ne pourra pas encore les maintenir que quelques instants s'il ne veut pas se retrouver épuisé.

Toujours rapide et ferme dans ses propos, le noiraud gonfle ses poumons en inspirant fortement par ses narines :

"M'en fout !. Ramasse ton arme ! Parlons ailleurs !"

L'homme lion au regard pesant fait tonner sa voix et son grondement atteste d'une impatience poignante à l'exécution de sa demande. L'invité scrute chaque mouvement du Mashra.

Le Mashra commence par bredouiller, en proie à la confusion. Rien dans son langage corporel n'indique la préparation à un affrontement. Bien au contraire, tout exprime la soumission. Puis il finit par répondre :

"D'accord ! Mais où ça ? Tu veux pas sortir dans la tempête, quand même ?"

L'homme-panthère est resté les mains en évidence, sans arme.

Grage crois comprendre pourquoi le Mashra ne ramasse pas son arme.

"Voila c'qui s'passe quand on m'énerve ! Grrrr "

Gronde le carnassier presque vociférant à l'encontre du rouquin. 

"T'as même pas un endroit ou poser son cul ! C'est pire qu'à la caserne. Ha ha ha ."

Rien n'est drôle, ni le ton, ni la comparaison, mais Grage profite cette rigolade nerveuse pour terme à l'activation de ses capacités et se détendre, sans pour autant mettre un terme à sa vigilance. Dans le même temps, il retire sa cape qu'il commence à secouer de côté pour ne pas asperger l'homme tigre.

" Comment t'appelles-tu ? Mashra !"

Le ton reste ferme, plus avenant et la puissance vocale à fortement diminuée. Le croteux scrute toujours les réactions du bredouillant.

Grage subit maintenant une pénalité de -3 à cause la fatigue. Son niveau d'Endurci fait qu'il subit au final que les effets d'une pénalité de -1.

Le Mashra ne rit pas à la mauvaise blague mais sa gueule se tord tout de même en une espèce de sourire nerveux. Puis il retrouve une attitude impassible. Il semble soulagé quand Grage ne lui hurle plus dessus, et il ne reprend toujours pas son arme. Il a néanmoins les yeux qui s'écarquillent quand il voit l'homme-lion secouer sa cape et asperger le couloir de tâches malodorantes. Il réprime son grondement agressif dès qu'il a commencé. Et il répond sur un ton rapide, un peu alarmé :

"Mon nom est Yarm'narsh ! Cet endroit appartient aux Sarzano, je ne suis qu'un vigile ici ! Pourquoi viens-tu dégueulasser le territoire d'un autre ? Tiens-tu tant que cela à te faire des ennemis ?"

Le jeune Léodra peut également constater que son secouage de cape est peu productif : il n'a pas fait partir le tiers des tâches fangeuses. Par contre, le sol, les murs et le plafond du couloir ont été redécorés de façon irrégulière.

« Mouais »

Marmonne le Léodra visiblement contrarié soit par la réflexion du rouquin, soit par l’inefficacité de son nettoyage de cape, ou les deux. Dans un grondement d’insatisfaction un tantinet cynique, accompagné d'une moue de désapprobation, le guerrier ré enfilé sa cape, stoppant sa tentative de nettoyage.

«  A c'niveau la, c'est encore un bain d'acide qui m'faut. Pfuuuuu ! Fais chier t »

Cape renfilée avec un dédain poignant, le croteux oriente son regard vers l’autre shaloar le toisant d’un regard sévère et interrogatif, les yeux mi-clos. Après un instant de silence, le noiraud reprend la parole d’un ton calme et imposant.

«  Au p’tit matin, alors que j’quittais la ville, des maraudeurs sont sortis d’cette maison, rapidement, pour m’filer l’train. Cape de peau ou cape écailleuse, arc long, babioles alchimiques avec eux… Ils ont tenté de m’tendre un piège ! Ah ! Ces baltringues d’la sous race deviennent de plus en plus inconscient. Que sais-tu sur eux, si t'es pas leur complice, Yarm'narsh. »

Yarm'narsh a un sourire en coin lors du commentaire désobligeant sur les races inférieures, semblant apprécier la tirade. Puis il a une brève grimace ennuyée et crache du nez avant de répondre :

"Que j'ai du en abriter deux dans mon entrepôt. C'est un émissaire de la famille Sarzano qui m'a enjoint de les protéger. On l'appelle Quat'-z'Yeux. Parce qu'il a des bésicles. Il m'a aussi conseillé de ne pas être trop curieux.

Sur tes maraudeurs, je ne sais rien de plus. A part qu'ils avaient un peu trop l'accent de Tradisgantia pour des vrais nomades."

Le Mashra réfléchit encore un court instant puis secoue la tête négativement.

"Rien de plus."

Il sursaute subitement lors d'un claquement de vent plus violent que les autres, et grogne son déplaisir. Puis il ajoute en fixant Grage, en penchant légèrement la tête de côté.

"C'est la faim qui te fait bouffer tes mots, Grage ?", avec un petit sourire narquois.