Le vol dure près de deux heures. [ Suite Parécos / sortie du borgne ]

La vitesse lente imposée par l'humain permet au noiraud de fixer des détails et mémoriser son trajets de passage en cas d'un besoin de retour en arrière.

Toujours prudent, la vigilance du poilu redouble à l'approche du carrefour, prompt à la réaction. Le félin fait plusieurs marque avec ses griffes et à des hauteurs différentes qui lui permettront de pouvoir s'orienter à cet endroit si aucun autre individu n'est présent.

Le noiraud joue la carte de la confiance et se prépare à suivre la trajectoire du guide.

Le duo est toujours seul au sein des tunnels. Grage ne répère aucune présence et la sensation de danger diffus éprouvé au sein des terres sauvages a disparu.

Jérémiah cesse sa progression environ deux mètres avant le carrefour. Il déclare alors à voix basse sans se retourner :

"Nous sommes sous le quartier des indépendants. A partir d'ici, plusieurs carrefours vont se suivre et chaque voie mènera à une sortie."

Il pointe alors le tunnel à droite du doigt.

"Pour ma part, je vais sortir par une décharge là-bas. Elle est suffisamment sale et malodorante pour écarter les curieux. Elle me permettra aussi de parfaire mon déguisement.

Comme j'imagine que tu n'es pas très tenté d'emprunter la même sortie, nous allons sans doute nous séparer ici.

Pourrais-tu me donner une touffe de tes poils, champion ?"

Le noiraud écoute l'humain avec attention avant d'acquiescer d'un hochement de tête ferme et silencieux.

Sans discuter, le poilu s'arrache une petite touffe de poil d'un de ses avant bras et la tend à Jeremiah.

" Je vais finir par croire que tu fais dans la sorcellerie."

Le guerrier fixe son interlocuteur affichant un sourire aux grandes dents un peu exagéré

" Tu me conseilles quelle sortie pour éviter les ennuis en prenant l'air ?"

Jérémiah se retourne pour faire face au massif Shaloar. Tout en prenant la touffe de poil, le borgne a un bref sourire de connivence avant de répondre à la première phrase sur un ton amusé.

"Pas mal de citadins nous accusent d'en faire. Mais plutôt dans notre dos."

Il retrouve vite son sérieux, se tourne de flanc par rapport à Grage et se recule contre le mur, avant d'ajouter, tout en désignant le couloir d'en face :

"Le tunnel à gauche au prochain carrefour donne sur les latrines d'une taverne enfumée : le Mâtin Difficile. Son enseigne est une tête de molosse grondant. Peut-être connais-tu déjà ? On y trouve facilement drogues et filles de joie. Le silence du patron est payé par des ristournes de la part des contrebandiers. Il ne fera pas preuve de curiosité."

Jérémiah ferme l’œil un moment avant de continuer, avec un sourire amusé :

"Des admirateurs voudront te payer un coup à boire si tu ne caches pas ton museau de Léodra. Et une ribaude voudra même t'offrir une passe gratuite."

A nouveau, sa gaieté ne dure pas. Il demande ensuite tout en fixant le puissant homme-lion d'un regard inquisiteur :

"Et quel sera ton plan à partir d'ici, champion ?"

Le noiraud a un sourire amusé quand le maître des routes fait volte face pour s’exprimer après la prise de poils. Un sourire qui s’élargit au fil des propos.

« Sortir par des latrines. Moi ! »

Des ronrons de rires se font entendre.

« T’as pas trouvé mieux pour te distraire. Et une passe avec une humaine. »

Les ronrons amusés se poursuivent pour se taire dans un soupir amical.

« Ah vous, les vieux. Il faut un rien pour vous amuser. »

Le ton redevient plus sérieux

« Mon plan ? Inviter 4 zyeux à la discussion. En espérant qu’il le veuille. Sinon, je peux toujours traîner en attendant les nouveaux sbires. Mais je doute de pouvoir passer aisément la seconde salve. Il ne sera pas du genre à essuyer un second échec si, pour une raison quelconque, il a mal vécu le premier.

Donc je sors et j’envoi un message au plus vite à Kryss. J’espère que ce message le surprendra s’il me croit à encore à l’extérieur de la cité.

Je prévois le lieu de rencontre soit dans le quartier des indépendants, soit en bordure du quartier des indépendants, chez un mashra.

Les porteurs de message sont loin de la taverne du matin difficile ? »

Code:

Est-ce que Grage connait la taverne appelée le Mâtin Difficile

Amusé, le borgne répond :

"Ne te plains pas, champion, j'aurais pu t'indiquer un chemin par les égoûts."

Le massif Shaloar a beau fouiller sa mémoire, il ne se souvient pas de la Taverne du Mâtin Difficile.

Puis Jérémiah ajoute, plus sérieux :

"Pour ce qui est des messagers, il te suffira d'arpenter les avenues du quartier des indépendants pour finir par en voir un passer. Les huiles dont ils se couvrent le corps leur donnent vitesse et endurance mais les poussent à rester en mouvement.

A part cela, nous donnons nous un point de rendez-vous, une date et un horaire pour nous retrouver ?"

Le gros minou hausse un sourcil à la dernière question, ne pouvant masquer son étonnement.

" Je pensais que tes talents te suffirait pour me retrouver, surtout vu mon niveau de discrétion et les poils que tu possèdes.

Je ne connais pas beaucoup de taverne ou l'on peut être tranquille. Quand à une date ou un horaire, ça va dépendre de
Kryss et la façon dont il va collaborer... ou pas.

Je vais donc te la faire à l'envers; Si grand besoin, je passe au vieux bourricot, ou ailleurs, comme tu préfères.

Si tu as besoin, tu sauras me faire livrer un message. Un message négatif si tout va bien, genre ne fait surtout pas ça ou ne va surtout pas la. Message positif si tu es dans les ennuis et encore vivant avec une aide souhaitée.

Si tu peux être devant le marchand de viande, en face de l'entrée nord des arènes à l'ouverture, le midi et le soir, quelque soit le jour, sans rien acheter, c'est que tu peux me donner un point de chute pour une rencontre.

Ca te va ? "

Pendant qu'il s'exprime, le guerrier est resté attentif aux réactions de Jérémiah.

Le borgne a une petite moue désolée :

"Mes talents n'apportent que des présages, pas des certitudes. Ceux-ci sont plus fiables quand ils se basent sur des actions planifiées. Et l'expérience m'a appris à ne pas me fier uniquement à mes talents."

Il enchaine avec un aplomb retrouvé.

"Le Vieux Bourricot, c'est bien. Je connais bien Bonifacio, le tenancier. C'est un allié sûr des Maîtres des Routes. C'est à lui que je transmettrai mes éventuels messages.

Sais-tu lire, champion ?

Et je n'ai pas compris la procédure que tu souhaites appliquer devant le marchand de viande.
Devons-nous nous y rencontrer directement ou est-ce que ce sera un signal pour nous retrouver ensuite à la Taverne du Vieux Bourricot ?"

" Je suis plus à l'aise seul. Je n'ai que rarement eu besoin d’enquêter de cette façon. Prendre des gants, certe. Mais les miens sont en métal. "

répond le guerrier un peu ennuyé par la teneur de son aveu mais préférant y faire face.

" Le marchand de viande, c'est seulement si j'ai un besoin de te faire savoir si je suis dans l'embarras. En gros, si je bouffe à cet endroit, c'est que je crois que tout va bien. Ce qui ne nous soustrait pas au principe de précaution. Si je m’arrête devant sans rien prendre, alors c'est que quelque chose cloche. On peut oublier cette idée. "

Le noiraud marque une petite pause, réflexif, avant de reprendre.

" La taverne du Bourricot, je ne souhaite pas l'exposer par une présence régulière. Je dois pas être le seul à savoir que c'est un endroit ou les maîtres des routes ont leur quartier. Et avec un peu de jugeote, ceux qui me suivent peuvent aisément deviner que je n'apprécie pas ce genre d'endroit. Rien ne dois me relier à toi avec facilité. Donc, donne moi un autre endroit ou tu seras sur de pouvoir décamper et ou je pourrais venir régulièrement sans qu'un observateur ne puisse faire se rapprochement. Et surtout, sans que cela ne t'expose plus que de raison.

Ah ! "

ponctue le gros chat alors qu'il commençait à attendre la réponse.

" Et oui, je sais lire et écrire. Pas aussi bien qu'un érudit. avec lenteur et quelque grimaces à l'occasion. Soit simple dans tes écrits. Et n'oublie pas que le négatif, je le prend en positif.

Par quel nom souhaites-tu que je t'appel si nous somme amenés à nous croiser ?"

Jérémiah hausse un sourcil intrigué :

"Le Vieux Bourricot, quartier des Maitres des Routes ? Qu'est-ce qui te fait croire ça, champion ? Ce n'est qu'une gargote où les miens ne se rendent jamais. La clientèle y est bien trop peu reluisante."

Il poursuit avec calme et sérieux.

"Oui, Bonifacio est l'allié de certains d'entre nous mais il n'a aucune relation ouverte avec notre organisation. Et nous nous rendons à sa taverne incognito uniquement quand il nous fait demander.

De plus, nous n'avons aucun besoin de maintenir le contact quotidiennement. Si tu sais lire et écrire, nous pouvons nous laisser des messages quand cela semble nécessaire. Mais, soit, si une taverne te parait peu opportune vu tes habitudes... alors dans quel genre de lieu as-tu l'habitude de te rendre ?

Et je me ferai appeler... Morovsk... Morovsk le Crotale !"

Il a un bref sourire, l'air satisfait de sa trouvaille.

" Mos.. Morok... Morovsk le crotale. "

Reprend le grand poilu cherchant à prononcer le nom d'un trait.

" C'est à chier mais je ferais avec..Et pour mes habitudes, je n'en ai pas."

Reprend le noiraud souriant à l’exagéré content de sa dernière réplique.

" Y a juste des endroits que je n'aime pas parce que ça empeste dans le sens enivrant du terme. C'est tout. Donne moi le nom d'un lieu neutre soit dans le quartier des arènes, soit chez les indépendants et je trouverais. "

Jérémiah reste fier de lui-même et répond sans se démonter :

"Un nom difficile à prononcer sera difficile à retenir et à répéter."

Puis il réfléchit un instant avant d'annoncer :

"Connais-tu la maison close 'Au Doux Soupir' dans le quartier des indépendants ? La tenancière, Églantine, est une vieille amie. Tu pourras lui laisser tes messages et lui demander les miens. C'est aussi un endroit où nous pourrons nous parler discrètement si nécessaire.

Revenons à ton plan, champion.

Supposons que Kryss accepte la rencontre pour discuter. Quel sera ton plan ensuite ?"

A la dernière question qui le dérange dans sa décontraction, le noiraud prend une mine sérieuse et un tantinet hautaine. Puis, la truffe du carnassier fait quelques va et vient avant de s'exprimer avec, tout d'abord, un certain détachement :

" Une maison close. Mouais. Tu peux me faciliter la tache ne me la situant plus précisément, je finirais par la trouver. Elle est huppée ? "

Un léger hochement de tête ponctue la question avant de laisser paraître un certain embarras. Le parler du champion est plus lent, véhiculant une forme d'assurance.

" Mon plan avec Kryss. C'est un gladiateur, il a plutôt l'habitude de terrasser ses ennemis. Lui demander pourquoi il j'ai l'impression qu'il me court après en me laissant une chance de m'en sortir. J'invoquerais mon titre de champion, dont il n'a que faire, en lui faisant comprendre que, si j'ai défendu les murailles, donc les grandes familles dont la sienne, ce n'est pas pour récolter des coups d'épées dans le dos.

Et je lui tendrais une perche sans faire de chichi. Soit il se sert de moi pour lever un gibier, c'est chose faite puisque tu es dans la cité... "

Le noiraud, qui n'a pas l'air de blaguer, guette les réactions du père de sa protégée.

" Soit il a besoin d'un coup de patte qui ne l'expose pas. Auquel cas, je serais ravi d'aider un vainqueur tel que lui, ce qui est vrai. Et une famille qui décline, par la même occasion, ce qui est regrettable car je ne sais à qui va profiter ce déclin, et cela peut engendrer une certaine forme de chaos dans la grande citée, territoire de Kentarrak. "

"'Au Doux Soupir' n'est pas un bouge mais n'est pas un palace non plus. Les seuls services proposés sont des filles et de l'alcool. Cela se trouve dans la Rue des Chiens Gris, près de la Fontaine des Deux Taureaux."

Puis le borgne ferme son œil avant de poursuivre :

"Kryss acceptera de négocier mais l'issue des négociations est incertaine. Je vais devoir faire confiance à tes talents, champion."

Jérémiah a un sourire amical vers Grage pour ponctuer sa dernière phrase.

Bien qu'il tente de ne rien laisser paraître, le poilu n'est pas très à l'aise suite à l'évocation de son plan. La seule chose palpable et certaine, c'est la volonté d'aller de l'avant.

Le massif guerrier se contente d'hocher la tête en direction du chemin a emprunter pour atteindre la sortie de Jérémiah. Et juste avant d’emboîter le pas, le guerrier indique le chemin de gauche du doigt.

" Et quand je reviens, je vais par la."

Puis, d'un grondement tenu et hésitant sur la fin, sans regarder l'humain dans les yeux

" Ah, et avant que j'oublie. Elle va bien, elle ne t'a pas reconnu, et... elle... t'embrasse."

En réponse, le borge désigne du doigt le couloir un peu plus loin.

"Au carrefour suivant, à gauche."

Puis, après la mention de sa fille, il a un sourire de gratitude suivi d'un bref hochement de tête.

" Allez, je te suis jusqu'à ta sortie."

Le massif poilu se tient prêt à emboîter le pas au borgne, le suivant restant le plus possible dans son ombre, cherchant à écraser les empreintes du petit homme pour masquer les empreintes.

Le borgne s'avance donc dans son tunnel et marche un bon moment avant d'atteindre un cul-de-sac. Une échelle de bois attend contre le mur du fond, menant à une trappe fermée. Un tas de sable traine à côté de l'échelle.

Jérémiah s'arrête et éclaire vers le haut pour vérifier. Puis il ramène la torche vers le sol et la plante dans le tas de sable. Il cherche de la botte et finit par déloger une petite boîte de bois. Il la ramasse, l'ouvre, en regarde l'intérieur et la referme. Tout en la recachant dans le tas de sable, il commente simplement :

"Rien à signaler."

Puis il éteind la torche en l'étouffant dans le sable puis la range dans son sac. Il monte ensuite l'échelle à tâtons, pousse doucement la trappe pour faire le moins de bruit possible. Puis il sa faufile à l'extérieur en rampant.

Dès que la trappe est entrouverte, les narines de Grage sont assaillies par la puanteur de diverses décompositions émanant de l'extérieur.

Un tantinet amusé par ce qu'il vient de voir, le noiraud retient le grimpeur par une épaule avant qu'il n'atteigne la trappe de sortie.

" Et je fais comment pour m'assurer qu'il n'y a rien à signaler au niveau de ma sortie. Les écrits sont tous les mêmes, placés aux mêmes endroits ? "

Dans le même temps, le grand félin s'assure que sa vision nocturne s'est bien habituée à son environnement après l'extinction de la torche.

Jérémiah cesse son ascension le temps de répondre :

"Je n'ai pas la latitude de dévoiler les secrets des contrebandiers, champion. A leur goût, tu en as sans doute déjà trop vu. Et je t'ai déjà fait une prophétie pour ta sortie des tunnels.

Alors je pense que tu vas devoir te fier à tes sens et ton instinct."

Et il salue le massif Léodra d'un hochement de tête. Puis il poursuit sa montée si Grage ne l'en empêche pas.

Dans le même temps, la vision nocturne de l'homme-lion s'est habituée à la nouvelle obscurité. Toujours grâce à la presque imperceptible luminescence provenant des parois.

Bien que ténu, 'homme filant peut entendre un grondement amical et amusé

" A bientôt, Crotale..."

Puis les grondements amusés se poursuivent tandis que le massif poilu marche adroitement à reculons dans ses empreintes. Vigilant, le poilu remonte ainsi jusqu'à l'intersection ou il a discuté avec Jérémiah. Il prend ensuite le couloir qui lui a été indiqué par le borgne avant de prendre à gauche à la prochaine intersection.

Les visions du vieil homme n'étant pas considérées comme acquises, la prudence reste de mise et le matou reste prompt à toute éventualité, continuant ainsi sa progression.

Le périple de sortie se déroule dans le silence. Grage ne repère aucune présence et ne sent aucun danger. Il finit par arriver dans un cul-de-sac également muni d'une échelle de bois et d'un tas de sable. Au fond du tunnel, le plafond est percé d'une trappe.

Même si Grage ne prend pas les visions du borgne pour acquises, un certain esprit de confiance est présent. Cependant, par curiosité, le guerrier va fouiner dans le tas de sable pour chercher une trouvaille similaire aux deux précédentes trouvées dans les autres tas de sable.

Si pas de danger, le grand chat ouvre et regarde à l'intérieur à la recherche d'un message.

Le massif homme-lion n'aura aucune peine à trouver une petite boîte de bois à l'intérieur du tas de sable. Il ne ressent toujours aucun danger. A l'intérieur de la boîte, il trouve un morceau de parchemin sur lequel est inscrit au fusain deux cercles concentriques.

Grage peut également entendre un brouhaha et d'épisodiques rires, étouffés par la distance et les parois, venant d'au-dessus.

Curiosité satisfaite, le gros chat range la boite et son parchemin comme il les a trouvé. Puis, après un profond soupir à l'idée de sortir des tunnels par des latrines, le guerrier se prépare, puis se décide à sortir quand son ouïe lui indiquera que personne ne se trouve au dessus ou très proche de la sortie. Les sens sens scrutent le tunnel avant l'évacuation.

La trappe est ouverte avec précaution pour éviter un éventuel piège ou seau de pisse d'un vieux plaisantin, ne sait-on jamais. Une fois certain qu'aucun danger est présent, alors le champion sort rapidement et tout est fait pour ne pas traîner dans le lieux de commodités. Bien sur, le shaloar est prompt à toute éventualité. Et pour éviter une identification rapide de l'ex-lieutenant, la cape est utilisée pour masquer tout signe distinctif.