Grage s'approche de l'Hostellerie du Havre Ronronnant en début d'après-midi.

Et donc, sans surprise, Grage sent son appel mental partir et ne jamais revenir...

Donc, après la tentative infructueuse de communication avec Jérémiah, c'est au tour d'Afriz.

Là, la réponse est presque immédiate :

"Oui, Grage. Ton appel est-il urgent ? Je suis en réunion."

Et l'expression d'Afriz exprime bel et bien qu'il attend une réponse rapide.

" Pas si tu me contactes une bonne heure avant le crépuscule, bonne réunion "

Et le solitaire laisse à son maître l'initiative de couper la communication.

"Ça devrait pouvoir se faire", répond Afriz avec un mince sourire.

Et le maitre coupe la communication.

Le 'ça devrait ' ne suffit pas au solitaire.

Aussi, le jeunot ajuste rapidement sa panoplie, glissant le courrier sous son plastron; puis sort de la chambre et descend aussi vivement que sans faire de bruit les escaliers pour retourner au comptoir voir la splendide mashrani.

Au passage, le garde qui n'avait pas été salué à l'aller le sera d'un bref signe de tête martialement respectueux.

Une fois au comptoir, le jeunot arbore un grand sourire de satisfaction et attend que le somptueuse féline au noir pelage soit disposée entendre sa requête.

Grage n'a pas à attendre : aussitôt arrivé, la ravissante Mashrani se tourne vers lui. Nul autre client n'accapare son attention, la belle Shaloar étant seule derrière son bureau.

Le jeunot, satisfait uniquement parce que son alibi sincère lui permet une dernière admiration de la belle féline avant d'aller se coucher, annonce d'une voix décontractée et amicale tel un frérot qui demande à sa frangine :

" Un réveil une bonne heure avant le crépuscule, c'est possible ? "

Avec un sourire non feint, le sauveur attend la réponse, la queue dodelinant.

La belle Mashrani écoute avec attention et répond avec un sourire complaisant, tout en penchant la tête en avant selon un signe respectueux :

"Bien entendu, messire."

" Merci "

Gronde le jeunot en retour. Et sans plus attendre, les marches sont remontées comme elles sont descendues. Une fois dans la chambre, l'équipement est retiré en mode prêt à partir, les armes en mode prêt à l'emploi rapide au cas ou, la pierre de contact est bloquée contre l’abdomen à l'aide d'un linge.

Vient le temps d'une méditation reposante avant un sommeil dans l'attente du réveil.

Grage s'endort donc après sa méditation...

Et se réveille subitement. Avant qu'il ait complètement repris ses esprits, il "entend" une voix mentale lui dire :

"Grage ? Me perçois-tu ?"

Cette fois, il reconnait le timbre d'Afriz.

Le félin bien tapis dans sa couche ouvre un œil et se prépare à la réaction physique tout en répondant mentalement mollement avec une pensée exagérément pâteuse pour bien faire comprendre qu'il ronronnait :

" Quoi..."

Afriz répond aussitôt, d'une voix où perce la surprise :

"Tu dormais ???"

" Oui. Et toi, tu as bien dormi pendant ta réunion. "

Répond le massif taquin sur le ton de la moquerie car, pour Grage, les réunion sont une véritable corvée presque pire qu'une séance de cachot.

" Semble que Jérémiah soit en vie. Il m'a donné rendez-vous mais son message parle de l'Estominet la discrète ou un truc du genre. Attend "

Silence mental le temps d’attraper le bout de papier sur lequel est inscrit le message.

" Voila, A l'Estaminet de la Discrète. Mais y a que Faris qui m’appelle minet. Et encore, c'est plutôt gros matou, ou gros chat. Et y a rien que je connaisse qui s’appelle ainsi dans la cité. "

Le shaloar, sérieux dans son propos, guette les réactions mentales de son interlocuteur.

Le maître répond sans se presser :

"Non... je n'ai pas dormi pendant ma réunion. Heureusement."

Puis il change de sujet, après avoir laissé passer quelques secondes.

"Je ne connais pas ce troquet. Mais ce type de nom semble indiquer la recherche d'une clientèle huppée.
Pourquoi me demandes-tu cela ?"

" Huppée..??.."

reprend la Léodra étonné.

" Jérémiah me donne rendez-vous la bas par courrier. Regarde. "

Le jeunot montre son écrit mentalement et insiste sur le petit cercle traversé en haut à droite d'un petit trait.

" C'est le sigle que Jérémiah a utilisé lors de son premier message. Message que j'ai détruit. Il est placé au même endroit sur le papier. C'est surprenant qu'il m'invite dans un lieu huppé avec une notion de discrétion.

Il connait mes manières et mon look. Va falloir que je me méfie à nouveau, ça sent l'embrouille tout ça. "

Le Léodra commence à accélérer le mouvement et se vêtir plus prestement.

" Quelle heure est-il ? As-tu conservé des possessions du maître des routes ? Si oui, apporte les au sorcier Tryatiss et demande lui si Jérémiah est mort. "

Afriz commence par soupirer puis commente d'une voix lente :

"Raisonnement typique d'un Shaloar habitué à vivre seul dans la nature..."

Il reprend ensuite de sa voix plus énergique.

"Il est à peine avant 5 heures de l'après-midi...

A part cela, t'es tu demandé quel était le milieu d'origine de Jérémiah ? Ses habitudes vis-à-vis de la discrétion ?
Penses-tu qu'il a les mêmes habitudes que toi ?

Et avant tout cela, que sais-tu du lieu que tu m'as cité ?"

Il laisse quelques secondes s'écouler, puis ajoute sur un ton amusé :

"Enfin, pour ta dernière demande, as-tu conscience de t'adresser à un de tes largement supérieurs ?"

Le dernière remarque suffit à calmer l'empressement du jeunot qui, pour le coup baisse les oreilles même si cela ne se voit pas pour son supérieur que ne peut sentir la consternation.

" Ah... euh... Désolé Afriz.

Non, je ne connais pas les habitudes du Jérémiah et son mode de vie d'avant son affaire avec la famille Sarzanno. J'ai simplement vu un crotal, un autre lui.

Pour le nom du lieu, c'est toi qui m'a dit qu'il semblait indiqué la recherche d'une clientèle huppée. Pourquoi ne devrais-je pas t'écouter, pour une fois. Ton instinct social est bien plus développé que le mien. "

Un bref silence avant que le shaloar se décide à partager sa méfiance.

" Son invitation, c'est comme une lame qui tranche pas nette pour un clairvoyant. "

Afriz se met la main au menton en disant simplement : "Hmm-Hmm..."

Puis il retire sa main et demande :

"Dis-moi donc ce qui te fait penser que cette lame ne tranche pas net pour un clairvoyant."

Le solitaire toujours en train de s'habiller répond :

" Parce que s'il m'envoie dans un endroit ou il faut encore donner ses armes avant d'entrer, ça va encore se terminer ..."

le shaloar stoppe son emportement, marque petit blanc avant de reprendre

" se terminer sur le seuil de la porte ! Voila ! Ça existe pourtant les tavernes ou on peut garder ses armes, non d'une peau mal tannée. Et avec des gens bien, sans chichi, franc du collier et tout s'qui faut. "

Afriz soupire et commente, blasé :

"Et voilà. Tout est dit."

Il secoue la tête, puis fixe Grage. Il reprend ensuite posément, mais d'une voix lasse :

"Et comment comptes-tu avoir une conversation secrète avec un individu qui ne veut pas se montrer dans ce genre de taverne ?

Ensuite il va te falloir prendre conscience que Jérémiah a acquis un statut conséquent à Tradisgantia, et qu'il ne se contentait pas des établissements dédiés aux maraudeurs et autres porteurs d'armes.

Mais si tu préfères agir sans réfléchir et sans avoir à te mêler à d'autres milieux sociaux, tu peux tout à fait quitter mon Ordre."

" Hein !?! Mais comment tu m'causes !?! Tu mélanges tout ..."

Le solitaire dubitatif se reprend sur sa lancée et poursuit en calmant sa montée d'orgueil, sauf si son interlocuteur coupe la conversation.

" Mouais, je te saoules plus qu'une bière et doit y avoir d'autres choses que tu ne me dis pas ou que je n'ai pas à savoir. On reprendra cette conversation à mon retour, maître. Une conversation à cœur et esprit ouvert, et j'y mettrais les formes, maître. Quelle qu’en soit l'issue, tu n'en resteras pas moins mon ami.

Mon maître veut que je me mêle à d'autres milieux sociaux. Il faudra que mon maître m'explique pourquoi il me cache des informations me concernant. Un manque d'informations qui porte préjudice au peu de relations sociales que je peux avoir pour le moment. Et il faudra que mon maître me définisses le terme relations sociales, car nous ne devons pas en voir la même vision. Et... Bref...

Avec votre permission, je vais me préparer et faire ce qui doit être fait. "

Afriz ne reçoit qu'une voix sans image, juste une voix de plus en plus martiale, vide d'émotion. Dans sa chambre, le solitaire continu de se vêtir, cherchant à comprendre les possibles motivations de son ami pour lui parler ainsi. Son maître aurait-il réellement besoin que le guerrier spirituel quitte l'ordre ? Pour quelles raisons ?

Afriz est resté silencieux pendant les paroles de son élève, conservant un regard neutre. Il attend que Grage en ait terminé, puis il répond de sa voix posée :

"Grage, tu dois comprendre que tu es encore un Éclaireur-Dragon uniquement parce que je t'ai choisi comme élève.

J'ai misé et je mise sur toi. Et ma progression ira dans le même sens que la tienne. Tu as sans doute remarqué que j'étais le plus jeune maître. Et donc, je suis faillible selon le regard des deux autres. J'ai parié mon avenir sur ta réussite.

Tu es maintenant d'un âge où tu te dois d'agir en adulte. Si tu es un Éclaireur-Dragon, tu dois te comporter tel un Éclaireur-Dragon.

Et un Éclaireur-Dragon ne se dissimule pas face à un de ses maitres."

Afriz ne reçoit qu'une voix sans image, une voix maîtrisée, assurée, qui n'a rien de naturelle.

" Me dissimuler !?! Face à un de mes maîtres !?!... Face à un ami !?! "

Après la mépris reçu en disant que Jérémiah  ne se contente pas des établissements dédiés aux maraudeurs et autres porteurs d'armes, le shaloar vient de se prendre un second coup d'estoc quand il entend qu'un Éclaireur-Dragon ne se dissimule pas face à un de ses maîtres.

" Je ne suis ni un finaud, ni un lâche. Encore moins quand il s'agit de toi !
Ou je ne comprends pas la façon dont tu me parles.

Je suis certes, à ce jour, qu'un porteur d'arme. Mais je ne suis pas responsable de ton pari. Pari que tu as gagné. Dragon lui même a validé ton choix. Il l'a prouvé en m'éveillant rapidement et il me l'a confirmé verbalement dans des propos que je te dirais. Tu n'as pas a douter de ton choix quand Dragon le valide ! Je ne te le permets pas, ni à toi, ni aux autres Maîtres de remettre en cause ce que Dragon décide !

Et c'est Dragon qui décidera quand je vais devoir gagner en rang ! Comme pour mon éveil. Le mérite ou la nécessité. Pas une décision humaine !

Enfin, c'est toi qui m'a demandé de conserver l'épée légendaire quand je voulais la laisser à Fort Braise. Tu as donc validé mon statut de porteur d'arme. Ne t'étonne pas si j'ai du mal à la placer entre des mains inconnues à chaque fois que c'est usage. Quand on sait ce qu'elle représente, il serait idiot de la perdre dérobée par un nigaud d'arriviste.

Quand aux deux autres maîtres, ils te jalousent. Nul ne peut renier ce que tu es devenu avant mon arrivée. Ce mérite t'appartient.

Nous aurons cette discussion nécessaire. J'ai le droit d'être moi-même et je me dois d'être moi-même."

Marquant une légère pause, le ton est plus amical, mais la décision de mettre un terme à la conversation est bien présente.

" Âpre ta réunion a due être. Je ne vois pas d'autres explications au sens de tes propos sur l'instant. Ne doute plus de tes choix, mon ami. Dragon m'a choisi au travers de personne, Dragon je servirais avec ou sans l'Ordre que tu représentes !

Autre chose ? J'ai un lieu à trouver. "

Afriz soupire brièvement. Il garde un instant le silence en fermant les yeux, puis se lance.

"Bon.

Je souhaite avoir une conversation avec toi, Grage. Pas avec une voix dématérialisée et dénuée d'émotions.
Quoi que tu en penses, communiquer ainsi est une fuite. Une fuite dont je ne peux établir la raison.

Sache que si tu continues de te comporter sans respecter la hiérarchie de l'Ordre, tu en seras chassé. Et c'est en ami que je te préviens, un véritable maître serait beaucoup plus dur."