La nuit commencée, Grage revient au sein du quartier...

Silencieux, l'homme lion laisse le Finya s'en aller. Seul un regard accompagne le sortant jusqu'à la porte. Pendant la sortie de l'homme fouine, le guerrier spirituel fait appel à son sens des totems.

Utilisation de capacité spéciale : sens des totems

Après quoi, la position assise est reprise, les yeux braqués en direction de la porte d'entrée, dans l'attente de son précepteur.

Et aussitôt, Grage ressent la présence de Dragon en lui-même et la présence d'un nouveau Totem au sein du Finya... qu'il identifierait comme : Air !

Le Finya passe la porte et la referme derrière lui.

Ensuite le jeune Léodra patiente. Peu de temps après, les trois anciens et les cinq anciennes du Clan Mashra font leur entrée par une porte - sans doute camouflée - devant se trouver non loin du comptoir de vente de la Mashrani.

Le Léodra, avec un sourire en coin, observe l'arrivée des anciens sans bouger. Ce n'est qu'une fois que la moitié du couloir sera parcouru par les arrivants que le jeune se lèvera. Une fois en position verticale, un salut martial de la tête est adressé aux arrivants. Il est peut-être surprenant d'entendre le jeune gronder, de façon respectueuse, peu après son salut :

" Bienvene. Je vous en prie, installez-vous. "

Cette remarque n'est pas seulement une pointe d'humour déplacée, mais aussi un test de réaction pour le jeune sans arme.

A la suite des anciens, par la même issue dissimulée, arrivent à leur tour une douzaine de Mashras des deux genres : six mâles et six femelles. Moins vieux, ce sont des adultes entre deux âges.

L'ensemble des Mashras s'avance et traverse la pièce.

La remarque de Grage provoque un moment d'arrêt, et la surprise est visible sur la plupart des gueules de panthères. Nash'kresht laisse échapper un grondement à voix basse. Vite interrompu par l'intervention de Mrrâm'narshk :

"Bien le bonjour, Grage Niark. Que signifie cette entrée en matière, selon vous ?"

Le jeune regarde le parleur sans mot dire pendant quelques instants, les yeux plissés. Bien entendu, le sourire un peu amusé par la situation s'amoindri avant que le grondement de l'homme lion se fasse entendre.

" Sa signification... Pour vous ou pour moi ? "

Le guerrier sans armes reste courtoisement observateur des réactions qu'ils cherchent à comprendre.

Les deux groupes de Mashras des deux genres sont stoppés au milieu de la salle, les anciens et les anciennes précédant les vétérans.

Mrrâm'narshk précise alors, conservant son calme et son amabilité :

"Ne vous privez pas d'indiquer les deux, si elles sont différentes selon vous, Grage Niark. Ou encore la seule, si une telle signification est unique."

Avec un sourire courtois et amical, le jeune regarde le mashra qui parle et se laisse un court instant avant de répondre avec franchise

" Pour vous, cette malscéance est une provocation.

Pour moi, en premier lieu, j'ai voulu vous souhaitez la bienvenue chez vous. Cependant, au dernier moment, ma curiosité m'a fait changé mon discours. Vous êtes incroyablement dans la maitrise de vos émotions, même en cet instant.

Je suis pourtant chasseur. Je peut-être patient quand j'attends ma proie, je peux subir l'humiliation quand j'y suis préparé, mais vous.... C'est.... un état permanent.

Alors, je vous prie d'accepter mes regrets. Cette plaisanterie à pour seul mérite de renforcer l'image que je me fais de vos personnes. "

Droit comme un I, le Léodra retire son casque, incline la tête profondemment avec les oreilles couchées pour marquer la sincérité de ces regrets.

Aussitôt après le jeune Léodra, Mrrâm'narshk et Shalaamnrirr s'inclinent à leur tour. Nash'kresht gronde faiblement et termine par une sorte de crachat purement félin. Les vieilles Mashrani observent Grage avec curiosité, sans mot dire.

"Allons prendre place", invite l'Ambassadeur des Vérités, en tournant le regard vers les deux autres anciens.

Observateur silencieux, le massif solitaire attend que les anciens se placent. Sans changer de place, les mouvements dans le couloir sont aussi observés.

Mrrâm'narshk, Shalaamnrirr et Nash'kresht vont sur leur gauche. Puis ils se retournent et s'assoient en tailleur peu avant le mur de côté. Les vieilles Mashranis vont sur leur droite. Nash'kresht défait son ceinturon contenant son cimeterre et le dépose derrière lui. Puis les trois Mashras attendent. De l'autre côté, les cinq Mashranis se sont également installées, assises au sol.

Grage a pu voir les deux autres groupes de Mashras moins âgés prendre place dans les deux alcôves précédentes, échappant à sa vue.

Une fois les anciens installés, la Mashrani vendeuse commence des allers-retours pour installer chacun des narguilés. Tout d'abord, celui des anciens mâles, puis celui des anciennes, ensuite celui des mâles âgés, enfin celui des femelles âgées.

Le Léodra va s'installer dos au mur et s'appui dessus pour soulager le poids de son sac, comme il en a l'habitude. L'observation se poursuit en silence. La tête de l'homme pivote de temps à autre, sur son centre d'intérêt du moment. Les oreilles bougent aussi en fonction des bruits captés.

Tel une statue, le jeune devient un élément de décor silence, dans une économie total de mouvement et laisse passer le temps, attendant l'arrivée de son précepteur qui semble en retard.

Tandis que les anciens Mashras des deux genres s’équipent de pipes et commencent à fumer, Mrrâm'narshk reste avec sa pipe en main et déclare vers Grage :

"Veuillez ne pas en prendre ombrage, mais votre statut de réprouvé est inférieur à chacun des Mashras venant se détendre en ces lieux. Votre précepteur viendra donc vous rencontrer sans changer ses habitudes de vie. Et vous devrez lui faire preuve de respect dans vos échanges, tout du moins si vous escomptez que ceux-ci durent."

Avec une expression aussi décontractée qu'avenante, l'adossé au mur reprend.

" Pourquoi prendrais-je ombrage d'une sincérité bien formulée ? "

conservant la même expression, le regard du jeune ne porte pas plus haut que le menton de son interlocuteur. Après un court silence qui vient appuyer la réponse, le grondement se poursuit.

" Puis-je connaitre la devise des Mashra avant de vous répondre ?

Ah, et je serai ravi de connaitre celles des autres clans.

D'ailleurs, ces devises sont-elles respéctées par ceux qui se sont écartés des traditions ? Sont-elles les mêmes pour les entre shaloars et shaloaranis ? "

Mrrâm'narshk a un bref sourire puis répond tranquillement aux paroles de Grage.

"Vous seul pouvez répondre totalement sincèrement à votre première question.

Ensuite, la devise des Mashras est 'Honneur et Persévérance'. Celle des Skrakas est 'Force et Détermination'. Celle des Finyas était 'Honneur et Discrétion'.

Comme vous pouvez vous en douter malgré votre question, ces devises ne sont gardées que par ceux qui ont conservé les traditions. Et je peux vous confirmer qu'elles sont identiques entre Shaloars et Shaloaranis."

Tandis que les deux autres anciens fument en semblant ne pas prêter garde à la conversation, l'Ambassadeur des Vérités continue de fixer le jeune Léodra, conservant sa pipe en main.

Le jeune apprécie les réponses de son interlocuteur, et ne s'en cache pas. Cependant, à la fin des propos, le regard de l'apprenant reste susupendu aux lèvres de Mrrâm'narshk, attendant une suite. Et comme rien ne vient en complément, c'est avec un le grondement de la curiosité  que la question suivante est annoncée :

" Surprenant. Je n'ai rien entendu pour les Léodras. Le présent est utilisé pour les Mashras et Skrakas, pas pour les Finyas.

Pouvez-vous approfondir, préciser, raconter avec des éléments de notre histoire... ? "

L'homme Lion, qui se préparait à une réponse plus percutante et déplaisante pour les anciens, bascule petit à petit dans l'intérêt de la conversation.

Mrrâm'narshk sourit puis répond tranquillement :

"Le présent pour les Mashras et les Skrakas, parce que ces deux peuples conservent leurs valeurs et honorent leur histoire. Ce n'est malheureusement pas le cas pour les Finyas.

Je n'ai rien dit pour les Léodras, car en tant que Mashra, je n'ai pas connaissance de leur devise. Et il est possible que le peuple des Léodras en ai deux : une pour les Léodranis, une pour les Léodras. Puisque contrairement aux autres Clans, les mâles et les femelles n'y partagent pas les mêmes devoirs.

Cela n'est guère surprenant. Etant donné que le peuple Léodra est placé au-dessus des autres peuples Shaloars, ses valeurs, son idéologie sont inconnus des peuples qu'il dirige.

J'entends votre question mais elle manque de clarté et de précision. Quelle partie de notre histoire désirez-vous écouter ?"

Le réprouvé plisse la bouche façon sérieuse pendant sa réflexion. Puis, d'un mouvement d'épaule, le dos est décollé du mur et le jeune vient s'installer face aux anciens. Les gants sont retirés, le sac aussi et, avec le casque, tout est posé de côté. Une fois installé, le grondement du massif curieux se fait entendre de façon agréable :

" Je vais commencer par reformuler pour être certains de mes compréhensions. Les skrakas et les Mashras suivent-ils leur devise même quand ils se sont éloignés des traditions ? Ceux qui suivent une idole par exemple ?
Et..
Etes-vous aller à la rencontre des nouvelles générations de Mashras dits éloignés des traditions pour vous assurer qu'ils connaissent le chemin des traditions ?

Les Finyas se sont-ils définitivement - le mot est prononcé de façon insistante - éloignés de cette devise ?
Si tel est le cas, est-ce un mode d'adaptation aux évolutions de ce monde depuis le cataclysme ? Ou une nécessité pour leur survie ? Car, à n'en point douter, ils sont certainement les plus redoutables d'entre nous et nos ennemis auraient tout intérêt à les décimer. "

Après ces premières questions, l'homme Lion cherche ses mots avant de poursuivre. Pris par le sujet de conversation, et sans s'en rendre compte, la gestuelle du parleur accompagne les propos. Des gestes qui ne sont là que pour donner de la consistance et sans aucune signification particulière.

" C'est sur l'après cataclysme que l'histoire a du mal à prendre forme dans mon esprit. Et vous me voyez navré si je ravive les douleurs d'une plaie.

Comment nous, le peuple fort, avons été expulsés de notre tanière ?...  

Dans les situations d'urgence, on improvise. Chaque clan doit avoir son leader et doit être en mesure d'organiser une résistance. Les Skrakas auraient pu vous prêter main forte.  Sans oublier l'assistance des Finyas.

Mon esprit jeune et encore trop vierge reste convaincu que, témoin d’une résistance farouche des shaloar, vous auriez eu le soutien inconditionnel de Kentarrak.

Pour parler de Kentarrak. N'a t'il subit d'inavouables pressions pour s'éloigner d'un poste qui lui revenait de droit ?

Bref, j’ai besoin de détail sur cette partie de notre histoire ? "

Enfin, l'invité fait silence et se fait observateur des réactions.

Lorsque Grage commence à exposer ses interrogations, l'intérêt de Nash'kresht et de Shalaamnrirr pour ses propos semble augmenter. Néanmoins, ils ne disent rien.

Mrrâm'narshk a suivi attentivement et reprend la parole avec aisance et le calme qui le caractérise :

"J'en suis grandement désolé mais nous, anciens du Clan Mashra, représentons le savoir de notre peuple et de notre tradition. Nous ne nous sommes pas dispersés à tenter d'apprendre les croyances de nos membres déçus par le Cataclysme. Ces derniers se sont écartés de nous et ont décidé d'évoluer hors de notre présence. Depuis lors, leur sort ne nous regardent pas.

Les Finyas que nous connaissons se sont tous écartés de la tradition. Ils semblent vivre désormais du commerce d'informations. Nous ne pouvons guère déterminer quelle est leur devise actuelle, ni même leur nombre. Tout ce que nous pouvons constater est leur rejet des anciens modes de prises de contact entre nos Clans. Nous sommes donc de bien piètres informateurs en ce qui concerne leur nouveau mode de vie. Et leurs activités. Et leurs éventuels tracas. La seule chose certaine est qu'ils ont décidé que nous ne serions pas ceux qui cultiveraient leurs mémoires.

Voilà ce que je puis en dire. Et pour ce qui concerne notre passé, je laisse la parole à notre Conservateur des Lignées."

Et l'Ambassadeur des Vérités incline la tête tout en faisant un geste de la main empli de circonvolutions.

L'auditeur sans arme écoute attentivement jusqu'au signe de la main qui attire vivement le regard. Sans laisser paraître son incompréhension, et après une inclinaison de tête respectueuse, l'homme lion se prépare à entendre le Conservateur des Lignées.

Shalaamnrirr retire son tube de sa bouche, toussote et se prépare à parler.

Et Grage perçoit des pas feutrés qui s'approchent doucement, traversant la salle. Un simple regard lui permet d'en remarquer la source : un Mashra entre deux âge, enveloppé de linges de laine ocre, à la couleur proche de son pelage.

C'est avec un bref coup d'oeil que le géneur inoffensif est regardé. avec l'index de la main gauche, le réprouvé indique son côté gauche à l'entrant qui dérange, puis tapote au sol pour lui indiquer de s'asseoir. Les gestes sont faits amicalement, sans mépris ou nervosité.

Dans le même temps, l'attention est resté sur l'ancien qui vient de toussotter, dans l'attente de la suite.

Le Mashra inconnu hausse un sourcil d'étonnement après avoir observé les gestes de Grage. Puis il souffle du fond de la gorge vers le bas, comme par dépit. Il se stoppe donc avant la porte de toile donnant sur le compartiment, et attend.

Shalaamnrirr reste finalement silencieux pendant ces quelques instants, puis il indique de sa voix calme parfois un peu lasse :

"Votre professeur est arrivé, Grage Niark. Il serait très impoli de votre part de le faire attendre."

En regardant son interlocuteur, le sauveur répond du tac au tac, n'ppréciant guère que le récit se stoppe en cet instant.

" Mon professeur est en retard, Shalaamnrirr. "

Sur ces dernières paroles, le Léodra se lève d'un bond, fait face à l'arrivant et le salut façon brève et martiale. A son attitude, il est évident que le jeune Léodra prend sur lui de ne pas gronder son agacement.

" Salutations. Grage Niark. Et toi ? "

Le sauveur se fait observateur du nouvel arrivant.

Shalaamnrirr répond sans se presser, son interlocuteur finit donc son bond quand il commence à parler.

"Certes non, Grage Niark. Ce n'est pas l'élève qui décide de l'heure du cours, mais le professeur."

Le Mashra inconnu écarquille les yeux devant la scène qui se déroule devant lui. Il interroge ensuite du regard les trois anciens en s'inclinant vers eux.

Mrrâm'narshk intervient alors, en s'adressant au nouveau venu.

"Ne prenez pas garde aux manques de manières de votre futur élève, Mm'Shalltar. Comme vous le savez, il s'agit d'un Réprouvé. Vous serez donc confronté à de multiples manquements. Néanmoins si votre élève vous manque de respect, vous pourrez mettre fin à son apprentissage selon votre gré."

Le guerrier sans armes aurait reçu un coup au plexus que la réaction aurait été la même. Estomacqué de béatitude les yeux s'écarquillent et la bouche s'entrouvre. Lentement, le prédateur fait pivoter sa masse musculaire pour faire face au parleur baigné d'incompréhension. La colère est contenue avec les bras le long du corps, les poings qui se serrent, tout comme la machoires. Au lieu d'une colère éclatante, c'est un rire contenu qui s'échappe des dents serrées, avant un grondement dans une négation de la tête :

" C'est pas possible... Y a un truc la... C'est juste incroyable.... "

Le sauveur se calme, prenant de grandes respirations, fixant le dernier parleur.

" C'est toi ! Mrrâm'narshk ! qui a fixé l'heure de la rencontre ! Conditions auxquelles je me suis excécuté !  "

Les négations de la tête de la part du réprouvé ne cessent, le narguilet est regardé presque comme coupable et le grondement reprend sans laisser le temps d'une réponse. Le regard reste sur le narguilet pour ne défier aucun ancien d'un regard foudroyant de colère et de mépris.

" Y a d'la drogue la d'dans. C'est pas possible autrement.

Vous vous rendez compte de c'que vous m'dites. C't'à moi d'caler mon emploi du temps alors que quand j'vais r'venir, se s'ra à nouveau pour sauver la cité !  Mais vous êtes décalés des réalités... "

La suite est reprise d'un ton plus doux, à la façon de quelqu'un qui se calme parce qu'il vient de comprendre quelque chose. C'est avec cette compréhension nouvelle que les anciens sont regardés

" Oui, c'est ça... vous êtes décalés. Et je dois vous aider à ouvrir les yeux. Le confort de la puissance des dieux vous manque. ".

Et c'est de façon dignement interrogative que le jeune s'adresse maintenant aux anciens, avec un sérieux et un respect sans équivoque :

" Mais comment puis-je faire pour vous aider à ouvrir les yeux ? Dites moi ? "

Et le réprouvé est maintenant dans l'attente d'une réponse