Faisant tonner son pas [ Suite Parécos / Femelles Bis ]

Le massif assis conserve sa posture, son plaisir de jouer avec les doigts de la jeunotte tout en répondant.

" Heureux. Je lui suis et je savoure ce plaisir. D'ailleurs, je crois que j'ai du mal à m'en cacher tellement vous êtes délicieuse toutes les deux. Et votre façon de ronronner... m'a... Bref, passons...

J'apprécie comment tu défends l'honneur de tes sœurs. J'ai besoin d'une femelle forte en favorite. Le sens de la famille est une valeur importante pour moi qui n'en ai jamais eu. Tu dois porter cette valeur comme il se doit, même contre moi, car je le veux.

J'aimerais que tu viennes me faire une tresse aussi, en mélangeant des brins de ton pelage aux miens. Et... j'ai envie que vous le fassiez ensemble, toutes les deux. Une tresse chacune avec l'accroche qu'il vous plaira, avant mon départ. Je ne vais pas pouvoir m'éterniser ici. "

Charina prend alors une attitude plus détendue et plus gracieuse, plus naturelle. Elle s'approche et s'agenouille au côté de sa sœur cadette pour venir tresser.

Chacune des Léodranis se choisit une touffe de poils là où ils sont fournis : l'épaule pour Sadriska et le bout de la queue pour Charina. Elles tressent ensuite avec soin et font chacune un nœud pour maintenir leur tresse ornée d'une touche de leur pelage.

Charina demande alors :

"Aurais-tu de quoi les faire tenir plus durablement, Grage ?"

Amusé par le endroits choisis, le massif poilu se dit que cela doit avoir une signification pour les femelles.

" J'ai celles qui étaient accrochées et d'autres dans mon sac. Je n'ai pas encore d'élastiques. J'en prendrais pour mon retour. Mais vous pouvez y mettre des petites choses à vous. "

Le tressé attend patiemment que le labeur de ses élues soient terminé avant de regarder l'aphone d'un air taquin.

" Tu as trouvé le dernier objet que j'ai déplacé ce matin avant de partir, ou j'ai gagné ? "

Tandis que Charina maintient les deux tresses déjà nouées, Sadriska s'en va chercher une petite boite dans des sacoches de cuir. Elle revient avec des perles qu'elle présente dans sa paume droite à sa soeur ainée. Chacune des Léodranis choisit sa perle et coince sa tresse en la passant dedans.

A la demande de Grage, la femme-lionne sombre souffle aussitôt du nez d'une manière faussement méprisante. Puis elle indique d'un index griffu l'objet déplacé qui a été remis à sa place initiale.

" Je te promet de faire mieux la prochaine fois. "

gronde le noiraud avec franc sourire avant d'aller, à la vitesse de l'éclair, voler un baiser fugace à sa favorite. Peut-être un second plus fougueux si elle le souhaite.

A nouveau, le guerrier s'étire dans un puissant ronron, exprimant son bien être de l'instant une dernière fois, annonçant silencieusement que le temps des préparatifs avant son départ est venu.

Si rien ne l'en empêche, le massif tressé commencera à enfiler ses affaires. L'inspection se fait naturellement et rien dans ces affaires ne doit manquer à l'appel.

Chadrina ne se prive pas d'avoir un second baiser plus fougueux.

Rien ne vient troubler les préparatifs de départ du massif homme-lion. Toutes ses affaires sont présentes, Grage en a la certitude. En fait, il y en a même en trop. Un peu de linge pour s'essuyer, un petit carré gris de fourrure douce, une brosse, une éponge et quelques rations de viande séchée.

Intérieurement amusé par le surplus de matériel, le noiraud pose les différents éléments un par un à côté de son sac en grondant à la façon d'un rustre adepte de la survie :

" Superflu... Superflu ... Ext... "

Sans prêter attention aux réactions des femelles, une fois que tout ce qui ne lui appartient pas est posé de côté, le noiraud gronde de nouveau

" Mais je suis tellement satisfait par vos attentions que je les utiliserais avant mon retour. "

Et tout est soigneusement rangé dans un ricanement de joie. Puis la direction de la sortie est prise avec dignité, le sérieux du guerrier reprenant ses droits. A l'orée du couloir, le porteur de l'épée légendaire pivote et se pose dignement. Un regard fier et franc se rive dans les yeux des élues, la favorite en premier :

" J'ai maintenant une motivation supplémentaire pour réussir et revenir. Vous ! "

Le jeunot ne tarde pas. Sitôt après son annonce, il s’emboîte dans le couloir de la grotte menant à l'extérieur.
, en évitant les pièges. Avant d'arriver dehors, les sens du voyageur se remettent à l'ouvrage.

L'empressement de l'ex solitaire à partir traduit clairement qu'il a du mal à quitter les deux léodranis présentes.

Les deux Léodranis saluent le départ de leur mâle d'un simple hochement de tête, lent et digne. Aucun geste superflu. Aucune parole. Elles le regardent ensuite partir sans bouger.

Une fois le couloir et les pièges passés, Grage constate vite qu'il fait encore nuit à l'extérieur.

Le solitaire est surpris de constater qu'il fait encore nuit. Maintenant qu'il est dehors, autant poursuivre son chemin. Essayant d'estimer l'heure qu'il est, le guerrier va se diriger vers un poste de garde.

Chemin faisant, les alentours sont sondés car le Léodra n'a pas l'habitude de circuler dans le Fort Braise extérieur, surtout de nuit. A quelle genre d'activité se livre les habitants ? Le chemin emprunté pour aller au poste de garde n'est pas le plus court, les sens sont en alertes, emplis de curiosité.

Le massif homme-lion est bien en peine de déterminer l'avancée de la nuit : la voûte nuageuse permanente empêche de distinguer tout repère temporel céleste.

Les activités nocturnes du marché extérieur sont aisées à définir : elles sont absentes. Grage en déduit que la nuit doit être bien avancée. Sinon les tavernes seraient encore bruyantes et des allées et venues se feraient entre les fournisseurs de boissons et les hostelleries. Là, les habitants et les visiteurs dorment.

Le plus proche poste de garde est constitué des deux tours de guet encadrant les portes ouest. Elles sont aisées à repérer grâce aux braseros placés sur les plateformes dont profitent les gardes de faction.

Les déplacements du puissant et néanmoins agile Léodra finissent par attirer l'attention de nombreux chiens de garde qui commencent à grogner. Heureusement, Grage reste éloigné des bâtiments endormis.

Il finit par arriver au pied des tours de guet, et peut rester plus éloigné, camouflé dans l'obscurité s'il le souhaite.

A cette heure ci, peu de chance qu'un gradé genre capitaine soit disponible. L'idée de s'approcher du poste de garde n'est peut-être pas la meilleure. Cependant, le guerrier spirituel n'a pas à se cacher chez lui. Au contraire, s'afficher et se faire reconnaître en appliquant les consignes de sécurité nocturnes, c'est le choix que fait le promeneur de la nuit.

Grage apostrophe donc les gardes avant d'entrer dans le cercle de lumière généré par les braseros surélevés.

"Hein ? Ah, c'est toi, Grage" est la réaction qu'il provoque.

Les gardes des deux tours s'approchent donc du rebord de leur plateforme le plus proche du massif Shaloar. Manifestement emplis de curiosité.

" Salut "

lance le noiraud d'un ton amical.

" Tout se passe bien ? Y a un gradé de réveillé pas loin ?"

Le guerrier en profite pour estimer la hauteur de la palissade.

Le plus prompt à répondre déclare :

"Ouais. Tout est tranquille. Comme souvent, après la pluie..."

Un autre renchérit :

"Y a l' sergent Golfric qui tourne. Avec cinq recrues. Y va sans doute r'passer..."

D'un simple coup d'oeil, Grage estime que la palissade fait ses bons dix mètres de haut. Et au final, il est plus simple d'escalader les parois abruptes du val pour passer de l'autre côté. Ou de sauter par dessus avec les pouvoirs du Dragon.

" Je vais sortir côté paroi du val, ne soyez pas surpris. Si je croise Golfric, je prendrais le temps de discuter avec lui. Bonne garde !"

Sur ces dernières paroles, le massif poilu s'en va, sens éveillés. L'objectif est de sortir du village sans faire appel aux pouvoirs du dragon pour rentrer dans le sanctuaire par la niche aux ptéros. Le poilu avance avec assurance de son pas rapide et reconnaissable.

Sans croiser âme qui vive, Grage s'en va escalader les parois montagneuses jusqu'à atteindre le volcan et rejoindre les niches des reptiles ailés.

Suite dans le Sanctuaire