Observateur [ Suite Parécos / sortie du borgne ]

Le jeunot démasqué ronronne d'un rire franc qu'il ré freine aussitôt pour ne pas que cela se voit physiquement. Puis, il reprend d'un ton copin copine

" Rrrr... T'es chiante. Pour une fois que je parle bien avec quelqu'un.

Donc je vais t'le dire autrement. Si moi, presque aussi jeune que toi, j'ai compris qu'il fallait que je la ferme au sujet des Kirittis, tu l'as compris aussi.

Et d'abord, à quoi tu le vois que je suis jeune ? Tu t'y connais en Léodra ? "

Kajira rit de nouveau. Puis elle répond, toujours amusée :

"J'y connais rien en Léodra, moi ! Avant, je croyais même qu'ils mangeaient les gens...

J'ai juste demandé à tes femelles."

Le noiraud sourit mentalement sous l'évidence de la réponse

" Ah... Même les Léodranis sont des bavardes. J'aurais du m'en douter. Elles aussi elles présument souvent.

Maintenant tu sais qu'il se porte bien, tu sais que nous partons pour Tradisgantia. Essaye de ne pas trop t'éloigner de la pierre. en cas d'incident, je te préviendrais directement.

Raconte moi si tu as appris de nouvelles choses depuis la dernière ? Après, je coupe et je trace. Un encouragement spécifique pour ton père ? "

Avec enthousiasme, Kajira répond :

"Je continue à apprendre à mélanger ! Ce n'est pas la peine que je te raconte, tu ne peux pas comprendre si tu ne peux pas communier avec la Terre-Mère."

Et elle change aussitôt de sujet.

"Dis à Papa que je vais bien. Et que je suis désolée d'avoir perdu la flûte."

" Faut aussi que je lui fasse un bisou à papa ? "

Le noiraud ronronne amicalement de rire, à nouveau, mais seulement mentalement

" Et si tu peux me raconter. Pour deux raisons :

La première me permettra de te donner des conseils pratiques dans tes demandes à la mère de tout. N'oublie pas que je suis un voyageur soitaire qui a appris à survivre seul, malgré mon jeune age, un peu partout dans les terres plus ou moins connues, et jamais dans le confort d'un convoi. La survie, je connais. Aussi qu'j'ai déjà vu à l'oeuvre d'autres prophètes comme un minautore par exemple.

Ensuite, ben pour satisfaire ma curiosité, entendre comment tu réfléchis, découvrir comment tu grandis et... Bref, tu m'as compris. Te connaitre. "

La jeune femme répond d'un ton mental dédaigneux :

"Pfff... N'importe quoi. Ce n'est pas en sachant ce que j'apprends que tu vas me connaître.

Ou alors, tout ce qui t'intéresse c'est pas moi mais mes pouvoirs."

L'effet de la réponse intensifie le ronron amusé

" Tu me rappeles moi quand je voulais entendre uniquement ce qui m'interressait."

Puis le guerrier reprend plus posément.

" Quand je te dis que j'ai cotoyé et que je peux toujours cotoyer d'autres prophètes. Pourquoi c'est toi que je cuisinerais pour en savoir plus sur des pouvoirs dont je connais déjà en partie ?"

Puis le champion s'exprime sur un ton franc et direct

" Alors oui, je vais te l'avouer. Tu m'interesses parce que tu as quelques chose que les autres n'ont pas, quelque chose qui fait de toi une personne d'exception, probablement unique et qui deviendra certainement plus légendaire que le guerrier que je suis.

Et moi, simple badaud d'guerrier poilu, je suis convaincu que la porteuse d'un don est une femme d'exception, aussi jeune et chiante soit'elle. Et oui, je suis curieux de la découvrir, en entier tout comme je suis entier avec elle ! "

Le massif guerrier s'emballe en tension dans ces propos et le ton monte crescendo et termine en se reprenant, mécontent de s'être dévoilé, et quelque part, vexé.

" Désolé je n'ai pas de raisons de m'emporter. Je ne te permet pas de douter de moi. Je te respecte, tu as le droit de me dire non quand tu ne veux pas répondre. Bon apprentissage et à bientôt.

Et verbalement, de façon assez tendue

Jérémieh, on bouge."

L'emporté met un terme à la conversation, visiblement tendu, les poings presque serrés et balaye de ses sens tout ce qui lui fait face, prêt à sortir de la grotte.

"Je n'ai pas terminé...", répond le borgne, la bouche pleine.

Son tranchoir est bien entamé et sera évidemment maintenant peu pratique à transporter. Les brochettes, elles, ont déjà été dévorées.

Le noiraud tourne la tête et regarde le travesti manger. Le spectacle détend le noiraud qui se remet à observer les extérieurs de la grotte en silence.

" Prend le temps, j'ai juste la bougeotte. Rester trop longtemps sans rien me fait blanchir le poil. "

Puis, d'un pas décidé, le massif poilu rentre plus profondément dans la cavité naturelle, de façon à avoir vu sur le mangeur et les extérieurs. Le guerrier pose ses grandes épées de façon stratégique au cas ou, pose son sac et s'assied en position de méditation pour se détendre, sans mots dire.

Jérémiah incline la tête pour remercier silencieusement le massif Léodra et il continue à se sustenter.

Un moment plus tard, il se suce les doigts pour les dégraisser puis annonce jovialement vers son guide velu :

"Cette fois, je suis prêt !"

Grage ne fait que s'offre un moment de décontraction complète pendant que le mangeur termine son repas.

Une fois que le suceur de doigts s'est exprimé, le poilu se contente d'afficher un sourire carnassier avant de se lever façon dynamique. Sacs et grandes épées sont enfilés et réajustés avant d'aller se poster à la lisière de la sortie. De la, le champion laisse ses sens reprendre leur service et guette, attendant que Jérémiah soit, lui aussi, bien prêt à décamper.

Tandis que le borgne se réajuste sacs et besace, Grage contemple à nouveau l'activité bruyante et habituelle de la place du marché. Personne ne s'intéresse à la caverne choisie par le duo. Tout est sans danger et le temps semble se maintenir au légèrement venteux.

Le noiraud adresse un léger signe de tête à l'humain avant de sortir de la grotte. Les sens à l’affût, le noiraud se force à respecter l'allure de son compagnon de route. Le chemin emprunté permet d'atteindre la sortie en évitant les amas de badauds.

Comme à l'accoutumé, si des saluts lui sont adressés, le massif champion les rendra de façon brèves et martiales. Le guerrier profite de ce détour pour chercher du regard si un convoi est en cours de préparation de façon visible.

Pour éviter la foule, il suffit à Grage de suivre les flancs de montagne bordant la vallée encaissée. Ces mêmes flancs qui sont irrégulièrement percées de cavernes. Le jeune Shaloar passera donc devant la grotte de ses femelles. Ce périple lui permet d'éviter quasiment toutes les rencontres. Il n'aura à saluer qu'un badaud qui retourne vers son logement troglodyte.

Comme le zénith est passé depuis belle lurette, le puissant Léodra noir ne repère aucun convoi en train de se former. Il faut dire que, d'ordinaire, tous les convois sont en partance en cours de matinée. Ne partent plus tard que les étrangers qui est estiment que les espaces sauvages leur seront moins dangereux que l'enceinte du Marché Extérieur. Et les personnes répondant à ce critère ont tendance à être très peu nombreuses...

Jérémiah a emboité le pas de Grage avec énergie et sans faire de difficultés.

Le noiraud poursuit sa progression vigilant. Satisfait de ne croiser qu'un badaud pour le moment, la direction prise est la sortie, prêt à saluer les gardes au passage,

Une fois la palissade passée, le chemin emprunté ne sera visiblement pas celui de la grande citée.

Comme d'ordinaire, les grands vantaux de bois de la sortie donnant sur les terres sauvages sont fermés. Ces derniers ne s'ouvrent que le temps de laisser le passage à un convoi, dans un sens ou dans l'autre. Nul n'est assez fou pour laisser sans raison des portes grandes ouvertes sur un extérieur aussi dangereux.

Grage sait donc qu'il va devoir passer par la poterne, qui prend bien moins de temps à ouvrir et à fermer.

Les gardes des tours de guet l'observent approcher, le regard peu amène.

Le noiraud, observateur, fais un panoramique avant pendant son approche pour tenter de percevoir un détail qui pourrait rendre les gardes de mauvais poils.

Si rien de particulier n'est perçu, la vitesse d'approche du binôme reste celle d'un humain. Une fois à portée de voix, le massif poilu s'adresse aux gardes, à moins qu'un gradé ne soit présent.

" Salut, des soucis de l'autre côté ? "

Le gros chat se montre sévèrement intrigué.

"Non. Tout va bien...", maugrée le plus prompt des gardes.

Grage ne repère rien d'inhabituel que ce soit avec son ouïe affutée ou son instinct surdéveloppé. Par contre, son aisance sociale lui permet de tout de suite détecter qu'il est lui-même la source du mécontentement des gardes.

Et oui ! Grage a tout de même 12 de passif en psychologie...

Le massif psychologue poilu termine son approche et fixe dignement son interlocuteur

" Alors pourquoi vous faites ces têtes ? "

Suite à sa question, le guerrier observe les réactions es différents gardes présents.

Les gardes restent figés un instant devant le manque de tact du Shaloar. Puis celui qui a pris le premier la parole prend une profonde inspiration puis déclare d'un ton réprobateur :

"Il paraîtrait qu'un certain sauveur d'une cité extérieure regarde maint'nant de haut les simp' mortels sans totems qui dédient leur vie à la défense d'ici.

Mais d' là où  j' suis, j' peux pas vraiment vérifier si les chevilles d' ce sauveur ont enflé."

" Ah "

Répond le noiraud guère étonné.

" J'ai discuté de cette méprise avec le sergent Drasgott. Le sujet est clos. Mais les nouvelles vont plus vite dans un sens que dans l'autre visiblement. D'autres points que tu voudrais aborder ?"

Le carnassier reste calme, verbalement martial.

Après la réponse du massif Léodra noir, plusieurs des gardes ont alors une mine soulagée. L'interlocuteur allait sans doute proférer une nouvelle saillie venimeuse puis semble réaliser le sens des mots du Shaloar. Il hésite, bredouille et adopte une mine embarrassée avant de répondre, maugréant :

"Ah bon... si c'est réglé, alors..."

Puis plus ferme, avec un hochement de menton décidé :

"J'irai d'mander au sergent Drasgott !"

" Tout est dit. "

Réponds le noiraud d'un ton martial assuré

" Nous sortons."

Le massif poilu adresse un signe de tête à Jérémiah et se dirige vers la poterne, prêt à se plier aux règles de sécurité.

L'un des autres gardes descend prestement de sa tour de guet, en empruntant l'échelle donnant sur l'intérieur des rustiques fortifications de pierre et de bois. Il va ensuite tirer les trois barres de fer servant de verrous à la poterne avant de l'ouvrir avec une grosse clé. Il tire ensuite la porte et la maintient ouverte : l'angle de la porte fait qu'elle se fermerait toute seule en claquant si elle n'était pas retenue.

Puis avec un sourire un peu honteux :

"Bonne chasse, Grage !"

Avant que la porte s'ouvre, le noiraud se positionne en mode prêt à réagir si quelqu'un ou quelque chose entrait rapidement. Les sens du massif poilu observe l'ouverture et la sortie ne se fera que si tout va bien.

Un salut de la tête, bref et martial est adressé au garde qui ouvre le passage conservant son attitude martial. Le champion s'assure que son acolyte le suit.

Une fois à l'extérieur, le chemin emprunté ne mène pas directement à la grande cité mais plutôt vers un probable lieu de chasse à gibier. Marchant à l'allure de l'humain, le Shaloar observe les environs, et la météo et, par moment, l'attitude des gardes de la cité sur les murailles.