Quand Grage arrive dans la rue de la Taverne du Vieux Bourricot,

Quand l'homme-lion passe la porte, il constate immédiatement qu'il est loin d'être le seul à favoriser les places avec le dos au mur. Les tables de coin sont déjà toutes occupées par une ou deux personnes. Il ne reste de disponible qu'une table en face de la porte d'entrée, où il est possible de s'asseoir contre le mur du fond. Toutes les tables les plus proches de l'issue sont encore inoccupées.

Parmi la dizaine de clients - tous du genre masculin - présents, les humains sont en majorité, sans surprise. Mais il y a également un Goshrok, deux Kosruuzis et un Kerleksès. Tous ont des tenues de voyage en cuir avec cape de fourrure ou cape-manteau. Les armes sont nombreuses, variées et apparentes. La présence d'armes de lancer ou à distance confirme l'habitude de voyager.

L'intérieur de la pièce est rustique et assez spartiate. Même s'ils semble nettoyés régulièrement, le sol et les murs gardent les traces de projections de sang ainsi que de coupures, d'éclats et de perforations. L'odeur omniprésente d'eau savonneuse a tendance à couvrir les effluves d'alcool et les remugles de sueur de ceux qui ne se lavent pas de façon assez fréquente.

Grage sent que le danger est bien plus important à l'intérieur de cette taverne que dans la rue. Et il est suffisant pour gommer la présence de son poursuivant. Le massif homme-lion note que le tavernier dégage autant d'impression de menace que ses clients. Le tenancier est un homme large d'épaules, très musclé et très grand pour un humain car il atteint presque la taille moyenne d'un Léodra. Doté d'une barbe grisonnante fournie alors que son crâne se dégarnit, son visage est marqué de multiples cicatrices tout comme ses avant-bras et sa main gauche est remplacée par une sorte de tenaille en métal. Un tablier écru marqué par quelques tâches recouvre un pull de laine gris aux manches retroussées. L'homme a un bref regard surpris en voyant entrer le massif Léodra noir. Puis il s'exclame, jovial :

"Hola ! Qu'est-ce que j' sers au Sauveur d' la Cité ?"

Après avoir fait son panoramique d'inspection, le noiraud affiche un sourire de prédateur quand il entend le musculeux tavernier le saluer. Le pas décidé, le noiraud se dirige vers la table libre qui convient à ses critères. Chemin faisant, le grondement de réponse se fait entendre avec une amicale assurance :

" Salut. Si t'as un breuvage maison à la convenance d'un carnassier, je prends. "

Le shaloar fait vite pour s'installer et braquer son champ visuel en direction de la porte. Par contre, une fois cela fait, le temps est pris pour s'installer façon pratique. Pendant qu'il prend son temps, le massif Léodra ne manque pas de jeter quelque d’œil sur la tenaille en métal qui remplace la main.

"Jamais vu un carnivore cracher su' d' la gnôle !", rétorque le tavernier barbu sur un ton rigolard.

"Mais son excellence va d'voir bouger son cul poilu jusqu'au comptoir pour en avoir !"

Tandis que Grage fixe la porte close, il n'y décèle aucun mouvement. De sa vision périphérique, le jeune Léodra peut remarquer que tous les clients le fixent. La sensation de danger qui en émane a augmenté. Certains restent immobiles et vigilants, d'autres continuent de se désaltérer sans quitter l'homme-lion de leurs yeux méfiants.

La tenaille du tavernier est fixée à une coupole métallique ajustée au bout de l'avant-bras. Sans doute sur le moignon. Sur le bord de la coupole, un cercle de métal semble pouvoir tourner sur un pas de vis.

" Pffff ..."

Souffle le noiraud le regard qui se veut blasé, alors que le shaloar est amusé par la remarque.

" Moi qui v'nait ici pour le poser tranquille. "

Pendant qu'il se dirige vers le comptoir, l'homme lion cherche comment se positionner pour avoir la porte d'entrée dans son champ de vision. Jusqu’à sa nouvelle destination, le massif velu est attentif.

Une fois arrivé au comptoir, l'ex lieutenant regarde, le temps qu'il s'exprime, la main ferrailleuse de serveur avec un intérêt certain.

" Astucieux ton truc en bout d'main. Qui t'la fabriqué ? "

Le temps que l’Éclaireur-Dragon arrive au comptoir, la porte d'entrée est restée obstinément close. Grage doit aller se placer en bout de comptoir, non loin du mur du fond, pour pouvoir avoir une orientation qui lui permet d'avoir la porte dans son champ de vision sans tourner le dos au tavernier.

Le tavernier répond avec une emphase joyeuse, tout en allant chercher une amphore pour ensuite remplir un gobelet de terre cuite sur le comptoir devant l'homme-lion :

"C'est Vassilius le forgeron qui m' l'a fabriqué. Ça a beau êt' un mutant, il connait son affaire ! Sa forge s' trouve dans la Rue des Rats Lubriques, si son boulot t'intéresse."

Puis il avance le gobelet vers Grage :

"C'est 2 Besants, Sauveur !"

Le noiraud opine du chef légèrement tout en faisant une moue exprimant une sérieuse approbation. Le regard du guerrier oscille souvent vers la porte tandis que, silencieusement, il s'empare de sa petite bourse pour en sortir 2 besants. Faisant glisser les pièces sur le comptoir, l'ex lieutenant répond :

" Merci pour l'info."

Puis, se rappelant des consignes de la taverne du bourricot, Grage ne s'attarde pas à proximité du comptoir et va tranquillement s'installer à sa table. La porte reste dans le champ de vision du solitaire et, tout guerrier aguerrit peut deviner que le shaloar est prompt à se lever pour l'action une fois son cul posé sur la chaise.

Une fois le Shaloar assis, plusieurs sabliers s'écoulent...

Tandis que Grage surveille la porte, il sent que les autres clients le surveillent, lui. Puis l'homme-lion finit par sentir une source de menace située à l'extérieur, dans la rue. Devenue plus importante que l'ambiance continue de danger provenant des consommateurs à l'intérieur de la taverne. Cette nouvelle source est à une trentaine de mètres sur la gauche, sans doute de l'autre côté de la rue. Immobile, elle reste présente moins d'un demi-sablier avant de disparaitre subitement, sans s'être déplacée.

Sans toucher à sa boisson, le noiraud reste focalisé sur son sens du danger. La disparition subite de la source de danger extérieure à la taverne fait grimacer le noiraud tandis que les muscles se crispent. La promptitude à la réaction est poignante.Le calme reviendra chez le non buveur de boisson si rien de plus ne se fait sentir.

Patient, le prédateur reste à l’affût.

A nouveau, plusieurs sabliers s'écoulent...  

Grage est toujours surveillé par l'ensemble des autres clients.  Puis la source de menace située à l'extérieur, dans la rue, réapparaît à exactement la même position. Devenue plus importante que l'ambiance continue de danger provenant des consommateurs à l'intérieur de la taverne. Toujours immobile, le danger extérieur reste présent moins d'un demi-sablier avant de disparaître subitement, sans s'être déplacé.

Grage prend pour acquis le fait qu'il puisse être perçu au travers des murs par la chose qui le traque, et même à distance.

Dès que la sensation de danger disparaît, le noiraud se lève et file très rapidement en direction de la porte. Si rien ne l'en empêche, la porte sera ouverte et refermée le plus vite possible. En chemin, le noiraud active ses pouvoirs totémiques.

Augmentation PE FO RA AD VO

Tandis que la porte sera maintenue fermée de l'extérieur, les sens sur-aiguisés de l'homme félin sont en quête de cette créature au quatre bras capable de voler dans les airs.

En un tournemain, à une vitesse phénoménale qui laisse les autres clients bouche bée, Grage sort de la taverne et referme la porte derrière lui. La claquant et la maintenant fermée.

Il peut contempler la rue et remarque très vite qu'elle est totalement vide. Il n'y a personne à l'endroit d'où émanait la menace qui a maintenant disparu. Ses sens exacerbés confirment qu'il n'y a là aucune trace d'une quelconque présence.

Après son inspection et sans perdre de temps, le noiraud fonce à toute allure en direction de la maison close 'Au Doux Soupir', située dans la rue des Chiens Gris, près de la Fontaine des Deux Taureaux.

Le très rapide homme lion fonce, évitant tout obstacle et, si possible, de se faire remarquer, surtout par un troupeau de milicien de la garde. Si les toits sont le meilleur moyens d'arriver à destination rapidement et sans attirer l'attention, alors le Shaloar ne se prive pas.

Passer par les toits est à la fois plus sûr et plus discret, alors Grage bondit et poursuit sur le sommet des bâtiments en prenant bien garde à prendre appui sur les charpentes.

Pendant sa course, l'homme-lion a senti une menace apparaître derrière lui dans la rue de départ. Celle-ci a commencé par suivre le Léodra sur les toits - apparemment sans peine - et s'est faite rapidement distancer.

Le massif Shaloar rejoint rapidement les toits de maisons bordant une petite place ornée d'une fontaine décorée d'une statue érodée de deux taureaux en train de lutter, cornes emmêlées. La lanterne rouge, éteinte à cette heure matinale, d'une maison close est aisée à remarquer dans une rue attenante.

Les badauds sont rares dans les environs et ils s'éloignent d'un pas pressé, rejoignant sans doute leur lieu de travail.

Quand la présence menaçante se fait sentir, le Shaloar gronde de mauvaiseté. Puis, massif félin tente de mesurer le temps approximatif dont il peut disposer par avance grâce a sa vitesse de progression surléodresque et l'écart qui s'est creusé avec son poursuivant.

L'homme lion prend pour acquis le fait que son poursuivant va le rattraper tôt ou tard sans savoir par quel moyen.. Seul le temps qui le sépare est maintenant important pour les actions qui vont suivre avant d'arriver à destination.

Grage estime d'après la vitesse de déplacement du poursuivant ressenti, en supposant que ce dernier prenne le chemin le plus court pour retrouver le Léodra noir, qu'il ne dispose que d'un ou deux sabliers de délai.

Le noiraud sait qu'il n'aura pas le temps d'entrer dans le lieux souhaité que son poursuivant sera sur ses poils. Cependant, le potentiel de Jérémiah n'est pas sous estimé.

A l'approche de la maison close et quelques rues avant la destination, les toits sont abandonnés et les rues seront le chemin d'accès. Le solitaire observe en quête d'une silhouette bedonnante, celle du crotal. Le guerrier ne fait pas le tour de la maison close, ce qui serait un indice trop précieux pour le poursuivant. C'est juste plus lentement que la recherche par les sens se fait en passant par la devanture.

Les sens sur aiguisés sont à l’affût.

Le jeune Léodra sent qu'il a déjà tiré sur la corde en faisant tout le trajet sous l'effet de la puissance de Dragon. Il repère aisément la silhouette du Crotale plus loin dans la rue, qui attend le dos appuyé contre le mur d'une demeure anonyme.

Le noiraud fait ses derniers mètres le plus rapidement et discrètement possible. Pendant l'approche finale, les capacités surléodresque sont utilisées pour sortir rapidement le chiffon contenant la mèche de cheveux et la tenir prête. Une dernière vérification est faite avec les sens surboostés pour vérifier qu'il s'agit bien de Jérémiah Parécos travesti.

C'est une fois arrivé à côté du Crotal que le noiraud coupe ses pouvoirs mais reste sous tension et enchaîne sans perdre de temps en tendant le bout de tissu sans obliger Jérémiah à le prendre.

" cheveux dedans - j'suis suivi, j'sais pas par quoi - Nicolo en pince pour Yasmina, aventurière aux traits Hirzaoui sans lien avec c'te famille - Pas gagné avec Kryss qui t'veut. "

Puis le noiraud reste très vigilant, prêt à réactiver une dernière fois ces capacités s'il le faut.

Grage identifie rapidement Jérémiah à son odeur; aux traces de maquillage et à la pilosité factice. Le déguisement ne fait guère illusion à courte portée. Dès que l’Éclaireur-Dragon cesse ses pouvoirs, il subit un rude coup de bambou par l'épuisement soudain.

Grage subit un -3 de pénalité de Fatigue. Avec son niveau 2 d'Endurci, il ne tient compte que d'une pénalité de -1

A peine tendu, le morceau de tissu est saisi vivement par le grimé, qui conserve une expression désintéressée, vaguement blasée. Puis le borgne prend une posture sur ses gardes, l'expression suspicieuse envers le Léodra, légèrement ramassé sur lui-même comme s'il était prêt à se battre, ou peut-être à fuir.

Il murmure :

"Compris."

" J'vais dormir au Havre ronronnant, fais vite, soit discret. Y m'pistais avant qu'j'ai la mèche, mais peut p'etre traquer les cheveux, j'sais pas. Ecris moi si besoin. "

Si le borgne n'a rien a ajouter de particulier, le noiraud n'attendra pas la fin du sablier pour repartir en activant à nouveau ses capacités.

Augmentation PE FO RA AD VO

Grage va revenir très rapidement (sprint) sur ses pas, un peu avant la descente des toits. Après quoi, le solitaire va trouver une position pour faire le guet et va attendre quelques instants que la source de danger se fasse à nouveau sentir. Source de danger qui doit arriver normalement par derrière.

Après observation des lieux, si le poursuivant n'arrive pas, le noiraud descend dans la rue pour mettre un terme à ses capacités spéciales avant un fort surcroît de fatigue.

Grage descend du toit quand il sent devoir lutter pour maintenir les pouvoirs de Dragon. Pendant son attente au-dessus des maisons, il n'a repéré aucune source de danger se démarquer du niveau ambiant de la cité.

Grage subit maintenant un -4 de pénalité de Fatigue. Avec son niveau 2 d'Endurci, il ne tient compte que d'une pénalité de -2.

Le noiraud patiente un peu, comme on attend quelqu'un, se déplaçant un peu de temps à autre, laissant le temps filer.

Puis si vraiment rien n'est perçu au bout de quelques sabliers, le solitaire s'en va en direction de l'hostellerie du Havre ronronnant. Les sens à l’affût, le solitaire se montre prudent et toujours à l'écoute de son sens du danger.

En ce début de matinée, le fier Léodra noir ne croisera que de rares badauds flâneurs et quelques retardataires pressés. Certains le salueront au passage, mais tous veilleront à ne pas passer à moins de cinq mètres de lui, quitte à devoir entrer dans une ruelle pour l'éviter.

Suite dans le Quartier des Arènes