Et Grage émerge dans les latrines du Mâtin Difficile...

Le noiraud répond du tac o tac

" J'prendrais qu'les derniers en date qu'on m'a dit. Envoyer un cadeau empoisonné à un roi, vouloir éliminer des témoins qui n'sont en rien gênants. Sans beaucoup d'discrétion. Tout est fait pour r"monter jusqu'à lui, en passant par toi.

Et comme j'te sais prudent et capable, ben j'pense pas qu'tout ça vienne de toi. "

Le noiraud est toujours prompt à l'activation de ses pouvoirs

Kryss soupire, la mine excédée. Il n'en perd néanmoins pas sa vigilance et sa posture. Puis il répond d'une voix autoritaire et sévère :

"Quel cadeau ? Quel roi ? Quels témoins ?

Apprends vite à fournir les détails sinon tu vas vite découvrir les limites de ma patience."

Le noiraud se montre dubitatif suite à la réaction et regarde son interlocuteur l'air de pas comprendre.

" attend, attend attend... Qu'ta patience aie des limites, c't'une chose. Mais qu'si tu t'calmes pas, ça va pas aider.

Tu veux m'faire croire qu'on t'envoi capturer des gens et qu'tu sais pas pourquoi ? Moi par exemple, tu sais pas pourquoi t'a envoyé les oubliés à mes trousses ? "

Le noiraud fixe avec attention le sorcier, toujours prêt à activer ses pouvoirs.

La dandy violet a alors subitement un sourire triomphant :

"Ha ! Nous y voilà ! Un intérêt personnel. C'est déjà beaucoup plus crédible."

Puis il retrouve aussitôt une mine sévère et un regard menaçant.

"Je ne sais pas quel genre de rumeurs tu as récolté dans les sombres venelles, ex-lieutenant. Mais ce que tu me chantes là n'a aucun sens.

Je ne sais pas de quels oubliés, tu parles, à moins que ce soit une dénomination incongrue pour la troupe de maraudeurs qui a été engagée pour te traquer. Et il n'y a aucun rapport avec un présent ou une tête couronnée.

Le fin mot de l'histoire est simple : un maître de caravane a abandonné son convoi et a reparu sans remords dans notre cité. La famille ne peut pas laisser cela impuni. Il semble simplement que tu te sois trouvé au mauvais endroit au mauvais moment.

Alors écourtons les palabres inutiles. Dis moi donc où se trouve Jérémiah Parécos."

" Quoi ? "

Le noiraud reste, une fois de plus, dubitatif avant de se ressaisir.

" Les oubliés du crépuscule sont les p'tites frappes de ta famille, qu'c'est toi qui les as envoyé à mes trousses en bougonnant. Et tu m'dis pas les connaitre ?

Et dans l'convoi du caravanier qu'tu m'nommes, y avait un présent pour le roi du Karma...nazad, avec un gaz mortel. M'dit pas qu'tu l'savais pas ? "

Le noiraud guette les réactions de son interlocuteur, toujours prêt à activer ses dons.

Kryss semble tout d'abord interloqué. Puis il fixe Grage avec attention, comme s'il essayait de le disséquer du regard. Après un moment de silence, il finit par répondre, d'un ton doucereux.

"Au risque de te décevoir, et bien non, je ne connais pas ces oubliés du crépuscule, comme tu dis. Et je ne connaissais rien du chargement du convoi vu qu'il n'a jamais été sous ma responsabilité.

Et pourquoi, selon toi, devrais-je détenir ces informations ?"

Le noiraud conserve un regard direct, observateur lui aussi de son interlocuteur pendant sa dissection. Puis, il reprend sur le ton de l'évidence.

" Ben d'mon côté, mets toi d'mon côté un peu, c'est pire qu'une crinière à démêler.

T'utilises les moyens d'la famille contre moi... moi et les autres... pour faire taire des témoins gênants, impliqués dans une affaire qui aurait pour nuire à la famille... et p'être à la ville, mais la, j'vais vite en besogne... Bref... La seule chose qui m'fait des nœuds dans les poils, c'est qu'si t'avait vraiment voulu ma peau, je s'rait pas la à t'causer car j'm'en s'rait même pas rendu compte.

Et v'la t'm'dis qu'tu sais pas...

Donc qu'est-ce qui pousse le Nicolo à agir d'la sorte ? Il pense aussi bien qu'une lame ébréchée ? "

Kryss se frotte un bref instant le menton. Grage ressent le danger émanant de lui diminuer. Son agressivité semble l'avoir quitté, mais pas sa vigilance martiale. Puis il répond, philosophe :

"Nicolo ne pense pas si mal, vu qu'il pense à compartimenter l'information. Sans doute par méfiance envers mon ambition.

Mais ce qui est surprenant est justement qu'il se montre suffisamment avisé pour cela. Son orgueil démesuré suffit généralement à l'aveugler.

A moins que..."

Et avec un sourire cordial, il demande joyeusement au massif guerrier velu :

"Aurais-tu entendu parler de la dernière concubine de Nicolo, ex-lieutenant ?"

Le guerrier poilu écoute attentivement son interlocuteur. Suite à la question posée, les yeux de l'homme félin se plisse et la réponse ne se fait pas attendre.

" Pas encore. J'n'ai pas voulu fouiner dans les affaires d'la famille sans t'consulter. J'te demand'rais bien si c'est lui qu'est avisé ou si l'est conseillé ?

Je t'écoute ."

Le shaloar reste attentif à la suite, toujours prompt à utiliser ses pouvoirs si besoin.

Le dandy violet prend une posture faussement décontractée et répond sur un ton enjoué un peu théâtral :

"Cette charmante courtisane a fait son apparition il y a un peu plus de deux mois. Elle se fait nommer Yasmina et serait originaire du Karnazad, comme l'indiquent aussi ses traits et son teint de peau. Elle apprécie les belles choses, donc de prix, et picore à peine pendant les repas, craignant sans doute de perdre sa sublime sveltesse.

Nicolo est fou d'elle et dépense sans compter pour conserver ses faveurs. Mais hélas, je n'ai rien de plus croustillant à son sujet. Il faut bien admettre que je ne lui ai jusqu'à présent accordé que peu d'attention."

" Gné "

Lache le noiraud en fixant son interlocuteur l'air absent quelques instants, avant de se renfrogner en grimaçant de sa truffe :

" Qu'tu veux faire croire que toi, Kryss, chargé d'la protection de Nicolo, qu't'a pas prêté attention à une étrangère qui partage sa cuisse avec ton employeur ?. Qu't'a un drôle de sens de d'l'humour. "

L'air renfrogné disparaît pour laisser place à une curiosité naturelle

"Est-elle arrivée en même temps qu'les danseuses de sabre dont l'plus gros en armure a été champion d'l'arène pendant que'ques temps ? "

Le dandy à besicles a un bref sourire cruel avant de se montrer à nouveau affable.

"La bête a finalement un cerveau ? C'est encourageant. Et cela a le mérite de me changer de l'ordinaire."

Il enchaine sans laisser le temps au massif Léodra noir de répliquer.

"Yasmina a passé les portes de Tradisgantia au sein d'une caravane Sarzano, de retour des Terres Brisées. Elle a simplement payé sa place pour être protégée lors de son trajet entre la Citadelle de la Griffe et notre glorieuse cité."

Puis avec une mine faussement ingénue :

"Par contre, ex-lieutenant, je n'ai jamais ouï de danseuses de sabre, de danseurs de lames certes... mais pas de danseuses de sabre. Je ne pourrais donc guère répondre à votre intéressante question.

Ce que je sais par contre est que Yasmina est inconnue au sein de la famille Hirzaoui. Et qu'elle ne fait pas partie non plus des diverses organisations criminelles qui sévissent dans les ombres de notre palpitante cité.

Ceci la dépeint donc comme une simple aventurière attirée par le luxe et le raffinement. Comme il y en a tant."

Et avec un sourire obséquieux, dont la franchise est démentie par la cruauté de son regard :

"Mais je serai ravi que vous me détrompiez, ex-lieutenant."

La tête du grand poilu descend de quelques centimètres en direction de l'humain dès que le vouvoiement reprend. Ce mouvement de tête, qui n'a rien d'agressif pour le shaloar, est accompagné d'une grimace interrogative. Cependant, les oreilles ne perde pas un mot du discours.

" Ah non, Ils portent un nom plus compliqué qu'ca, les guerriers du Kharma... nazad. C'est qu'ma façon d'les distinguer. Un p'tit nom amical quoi. Bah oui, avec tous leurs rubans bariolés, ils font un peu... danseuses. Tu piges."

Le 'tu piges' est accompagné d'un mouvement de tête qui se veut amical en direction du sorcier.

" Mais faut qu'j'leur en trouve un autre, de nom, parce qui sont pas manchots au combat. Donc l'respect s'impose. "

Puis, le grand solitaire fait à nouveau bouger sa truffe, réflexif

" Pour l'étrangère qu'à la cuisse légère, à t'entendre, j'la voyais plus comme une r'négat du Kharnazad qui voulais s'venger. Mais v'la tu'm'parles des r'zaoui. Qu'tu dois avoir une idée en tête pour les nommer ? "

Le noiraud s'affiche curieusement intéressé, dans l'attente du retour de son interlocuteur.

Kryss soupire. Puis avec une mine blasée et hautaine, il répond :

"J'ose espérer que tu n'ignores pas, ex-lieutenant, que la famille Hirzaoui est originaire du Karnazad. Et vu que Yasmina a les traits de leur peuple, j'avais envisagé qu'elle puisse être connue des ressortissants karnazadim de notre ville. Ce qui n'est manifestement pas le cas.

Et pour enfin te répondre, Yasmina est arrivée à Tradisgantia plus d'un mois avant les guerriers karnazadims porteurs de rubans."

Le grand poilu semble intrigué et enchaine son propos.

" La rencontre entre Nicolo et Yasmina s'est faite comment ? Qui l'aurait complotée ? Parce que faut et'e stupide pour fricoter avec la famille ennemi, ou ou s'qui y r'ssemble ?. Il a une dent contre l'patriarche l'gamin ? ou y veut juste s'faire remarquer.

Puis qu'est ce qu'ai f'sait l'aventurière avant ? Elle était avec qui ? Y a du beau gratin à la citadelle d'la griffe ?

Et toi, tu r'ssens quoi quand tu la vois ? Elle t'attire malgré toi ou c'est aut'e chose. "

A nouveau, l'invité guette les réactions.

Avec une attitude distante et blasée, le sorcier répond avec un flegme dédaigneux :

"Je gage qu'elle a été rencontrée dans un quelconque lupanar ou débit de boissons. Nicolo a toujours montré un goût certain pour les plaisirs de la chair et de l'ébriété.

Pour ce qui est de l'origine du complot, je n'en ai aucune idée. Somme toute, c'est toi, ex-lieutenant, qui a émis l'hypothèse de son existence. A toi de savoir l'étayer.

Ensuite, Nicolo n'a jamais brillé par sa perspicacité ou son bon sens.

Enfin, pour ce qui est de la Citadelle de la Griffe, je n'y ai jamais mis les pieds et elle n'a jamais suscité mon intérêt. Voyez donc avec un autre interlocuteur, ex-lieutenant."

Puis il soupire, et il retrouve une expression cruelle en fixant le musculeux Shaloar quand il déclare, visiblement prêt au combat :

"Cette conversation commence à me lasser. Pourrais-tu me rappeler pourquoi je devrais te laisser aller plutôt que te livrer à celui qui m'a demandé ta capture ?"

Le noiraud opine du chef de façon positive à la dernière réplique du gladiateur. Après avoir fait de nouveau osciller sa moustache de droite à gauche, le grondement reprend.

" Bon, me v'la donc avec un nouveau début d'piste nommé Yamina. Inconnue chez les Hirzaoui, et parmi les diverses organisations criminelles qui sévissent dans les ombres d'la cité. Une aventurière qui vient d'la citadelle d'la griffe après un voyage au sein d'une caravane Sarzano.

Quand à Nicolo, il a toujours montré un goût certain pour les plaisirs de la chair et d'l'ébriété et s'montre capable de compartimenter ses informations. C'est presque surprenant venant d'sa part.

Rien de plus à mettre sous la dent."

Le massif poilu fait quelques mouvements du bout de ses lèvres, avec de légers bruits, sortant de sa réflexion.

" Pour s'qui est d'ma capture, j'te laisse seul juge. A quoi bon chercher à te dissuader vu qu'tu calcules mieux qu'moi. Tu t'f'ras bien voir d'un nigaud d'dandy, au risque d'subir l'éclat de ses futurs ambitions qui risquent d'ternir sa propre famille. A toi de voir. "

Sur ses dernières paroles, le noiraud attrape lentement son casque pour le remettre sur la tête avec des gestes suffisamment lent pour rester prompt à l'utilisation de ses capacités si besoin.

Kryss a à nouveau un bref sourire cruel avant de répondre sur un ton mielleux, sans quitter sa posture prête à l'offensive :

"Mais mon calcul sera clairement influencé par tes intentions vis-à-vis de cette affaire. Alors je te le demande : quelles sont-elles ?"

Le massif poilu se stoppe dans son mouvement de remise de casque sur la tête répondant instinctivement sur le ton de l'évidence, ne s'attendant pas à la dernière question

" Bah, trouver pourquoi Nicolo place sa famille dans l'embarras d'cette façon, et d'faire en sorte que c'la cesse."

Puis, reprenant son mouvement lent de remise de casque

" Si ta famille perd d'son crédit trop rapidement, les forces d'la ville s'ront en déséquilibre. Et c'est pas le moment. Si tu le souhaites, j'peux tenir informer de mes avancées. Y a pas qu'ma peau en jeu, sinon, j' s'rais pas la."

La dernière phrase est prononcée comme une évidence indiscutable. Puis, une fois que le casque est enfilé :

" D'ailleurs, tu peux m'faciliiter la tâche si tu l'souhaites. Suffit d'me faire parvenir des cheveux, ou une possession porté par Nicolo, sans trop l'tripatouiller . "

Le sorcier éclate aussitôt d'un rire moqueur. Puis il se reprend rapidement, laissant néanmoins quelques instants d'ouverture où il a perdu de sa vigilance...

Le massif poilu reste dubitatif, avant de laisser paraître sa sérieuse incompréhension face à la réaction du gladiateur sans pour autant se défaire de sa promptitude à activer ses pouvoirs en cas de danger.

Ayant retrouvé son sérieux, Kryss commente avec un sourire cruel :

"Décidément, les Familles ont bien choisi leur sauveur..."

Et il ajoute ensuite :

"Soit. Où pourrais-je te faire parvenir cette mèche de cheveux...", et il insiste ironiquement sur le dernier mot, "... sauveur ?"

Le majestueux sauveur répond rapidement :

" Au zénith, entrée principale de l'arène de duel ou, juste avant l'aube, un renfoncement à une centaine de pas à droite en sortant de la taverne du vieux bourricot.. "

Puis, sans ajouter quoi que ce soit, le guerrier spirituel se tient prêt à partir, toujours prêt à activer ses capacités hors norme.

Kryss reprend son chapeau et répond tout en l'ajustant sur sa tête :

"Soit, sauveur. Ce sera certainement le rendez-vous avant l'aube qui sera honoré."

Et il ajoute avec un sourire cruel.

"Mon convoyeur de mèche sera... inhabituel."

Puis il ouvre la porte derrière lui en restant de côté pour garder un œil sur le massif Shaloar.

La massif guerrier ajuste son casque avant de prendre la direction de la sortie. En sortant, le shaloar gronde à hauteur de l'ex gladiateur :

" Salut "

Puis, d'un pas assuré qui lui vaudrait la mort à coup sur si elle venait le frapper juste derrière lui après la petite courtoisie, le noiraud prend la direction de la cité. Ce n'est qu'une fois dans le rue que les sens reprennent le travail de vigilance.