En ce milieu de matinée, Grage arrive devant l'Hostellerie du Havre Ronronnant.

La rue de l'hôtel est parcourue par quelques badauds visiblement peu pressés, surtout ceux qui sont accompagnés par quelques gardes du corps en armes. Tout semble calme. L'impression de danger est ici moins forte encore que dans les autres rues que Grage vient de traverser, même si elle est toute aussi malodorante.

Le noiraud marche de son assuré en direction de l’hostellerie. Si rien ne vient entraver sa route, l'ex lieutenant frappe avec franchise de trois coups secs, puis patiente, prêt à se montrer si besoin, ainsi que sa bourse.

C'est à nouveau le Semi-Géant qui répond en se baissant pour ouvrir le judas. Grage va devoir se montrer lui-même ainsi que son argent, en ouvrant sa bourse.

Ensuite seulement la porte est déverrouillée et tirée vers l'intérieur. Le Léodra noir peut alors entrer dans l'établissement s'il le souhaite.

Le rituel passé, une fois entré, le massif noiraud salut le semi géant d'un hochement de tête mécanique. Ce geste est fait sans s’arrêter et la direction prise est celle du comptoir.

La massif poilu est plus vigilant qu'à l’accoutumé, même une fois à l'intérieur et quand la porte est fermée.

Remarquant l'expression du massif Léodra noir, la ravissante Mashra toujours située derrière son comptoir commence par un regard interrogatif. Puis d'une voix aimable et conciliante, elle déclare :

"Mes salutations, Sauveur de la Cité.

Votre retour en notre établissement est bien rapide. Nos services vous auraient-ils déplu ?"

Le regard du Léodra qui oscillait vers la porte s'oriente vers la sublime féline au pelage noir. Les yeux plissés , le regard sérieux affiche une incompréhension et le jeunot reprend d'un ton interrogatif :

" Quels services ??? je viens ici pour dormir, c'est tout. Et ici, rien n'est plus plaisant que ton accueil. "

Le compliment, sorti spontanément, n'est visiblement pas une tentative de drague. Sans attendre de retour, la bourse est attrapée mécaniquement. Le massif guerrier scrute autour de lui pendant ce temps. La bourse est posée sur le comptoir et l'homme lion se contente de dire

" Prend ce qu'il faut je te prie."

Sans faire le moindre mouvement vers la bourse posée sur le comptoir, la belle Mashra répond sur un ton calme et légèrement dédaigneux :

"Si c'est dormir l'important, seigneur, autant dormir au fond d'une ruelle.

Il me semblait donc évident que nos services étaient le confort et la sécurité.

Ensuite, il est plutôt malséant de se servir dans la bourse d'autrui. Et enfin, comment puis-je deviner ce que vous devez, seigneur, vu que vous n'avez pas indiqué ce que vous désiriez présentement en notre établissement."

Enfin, un vrai sourire amusé peut se lire sur le visage du carnassier qui reprend sans temps mort.

" Si je dormais dans les ruelles comme dans les terres sauvages, cette ville perdrait la moitié de ses malfrats avant que l’œil du gardien ne reparaisse. Sans compter une bonne indigestion pour le mangeur de foie."

Une fois son amusement calmé, le sauveur reprend en faisant tourner sa musculature des épaules et de la nuque

" Tu possèdes un véritable don pour me détendre. Si le confort et la sécurité sont des services, alors je suis d'accord. Ma chambre habituelle."

Puis, ayant bien perçu le regard de la féline, et sans faire de chichi, l'ex lieutenant, attrape sa bourse et se prête à son petit rituel, plus lentement que les autres foie. Le regard du compteur de pièces est agréablement souriant pendant son exercice, conservant une légère attention sur son environnement, sans regarder la belle mashrani.

Pendant son lent décompte des pièces, Grage peut observer le passage d'un couple de jeunes gens richement habillés, accompagné de quatre gardes du corps en haubert de mailles surmonté de cape de laine teinte, armés d'épée, lance et rondache. Visiblement des clients qui descendent l'escalier et se dirigent ensuite vers la sortie pour rejoindre la rue.

Le jeune Shaloar ne sent aucune menace se préciser. Quand il a sorti le vingtième besant de sa bourse, la superbe Mashrani ramasse la somme d'un geste lent et élégant. Puis elle tend la clé de la chambre du lion rugissant d'une façon à la fois discrète et sophistiquée.

Après avoir rangé son bardas, le jeunot prend la clé en adressant un sourire agréable malgré sa fatigue, et un léger signe de tête en remerciement silencieux.

Puis, d'un pas assuré, les escaliers seront montés rapidement pour aller dans sa chambre. Si rien ne vient perturber son ascension et son entrée dans la chambre, tout se fait simplement et rapidement. La chambre sera observée avant le moment de la détente méritée.

Le même jeune Mashra attend dans le couloir et salue le puissant Léodra noir en s'inclinant. Il suit ensuite le client velu d'un pas svelte et discret, se tenant à sa disposition silencieuse.

Grage entre dans la chambre qui est dans l'exact même état que lors de son départ en fin de nuit. Le lit a juste été refait.

Une fois dans ce qu'il estime être sa chambre, le massif noiraud inspecte, comme d'habitude, place ses armes de façon stratégique et, procède à la détente de sa personne avant le dodo.

Pour une fois l'armure sera retirée, le poil peigné partout ou s'est possible avant un repos bien mérité.

Grage pourra se délasser sans être dérangé, prenant un agréable et lent plaisir à ordonner son pelage noir.

Il pourra ensuite s'allonger et le sommeil ne se fera pas attendre.

L'homme-lion finira par s'éveiller, frais et dispos. Au même endroit. Dans sa chambre vide à part lui-même, dénuée de menaces.

Le noiraud s'étire, se lève, inspecte son matériel. Si tout va bien, alors l'armure est enfilée et le poil visible en dehors de l'armure brossé et prenant soin de la tresse.

Après ces brefs préparatifs, l'ex lieutenant va manger quelques morceaux de viande en pot. Penser à ses femelles va aider à faire passer le gout de la barbaque morte. Après ce léger déjeuner, le massif poilu va utiliser la pierre pour contacter son maître Afriz en vue de faire son rapport.

Grage n'est pas dérangé pendant ses activités après son réveil.

Quand l'homme-lion essaie de contacter son maître, ce dernier répond presque aussitôt de sa voix mentale :

"Oui, Grage ?"

" Salut Afriz "

enchaîne mentalement le noiraud tout en se récurrent les dents.à l'aide de ses griffes.

" Je pense avoir réussi à semer mon poursuivant en utilisant mes capacités. J'ai filé la mèche de cheveux que je suis ... Grrr... Attends, je reprends dans l'ordre.

Tu as rompu le contact avant mon repas. Je suis allé cherché la mèche de cheveux toujours avec mon poursuivant sur l'poil. Même en utilisant les sens du dragon, je ne voyais ni n'entendais, ni ne reniflait rien le concernant. Juste cette sensation de danger.

La mèche de cheveux m'a été apportée par une espèce de saloperie brumeuse, rampante, capable de prendre très vulgairement la forme d'un humain. Je suis reparti toujours suivi par cette sensation de danger intermittente.

Je me suis installé dans une taverne. Je me suis aperçu que mon poursuivant disparaissait par intermittence à mes sens. Alors, à un moment ou il disparu, j'ai foncé en utilisant mes capacités. A peine je suis sorti de la taverne que j'ai senti sa présence à nouveau. J'ai tracé en sprint. Les obstacles n'avaient pas l'air de le gêner, mais avec ma vitesse, je l'ai distancé, mon poursuivant, bien sur.

Je suis allé sur le point de rendez-vous ou Jérémiah m'attendais. Je lui ai donné la mèche. Je suis revenu sur mes pas. Plus de poursuivant. J'ai attendu, je suis allé me couché sans être poursuivi. Et la, je me réveille sans savoir à quel moment de la journée nous sommes. Tu peux me le dire ? "

Afriz repond tranquillement :

"Nous sommes en fin d'après-midi. Bien joué pour avoir semé ton ou tes poursuivants.

Et quelles dispositions avez-vous prises pour que Jérémiah te communique les infos qu'il pourrait obtenir ?"

" Courrier, il sait ou je dors, je vais patienter encore un peu. Sur ce, connaissant ses capacités, il a tout les moyens de me contacter autrement et, peut-être, plus discrètement. Il est vieux et malin, je suis jeune et apprenant. "

Reprend le Shaloar poursuivant son curage de dent tandis qu'il échange mentalement avec son ami.

" Quand à savoir si je l'ai semé, je ne présumé pas des capacités de mon poursuivant, et de l'esprit retord de Kryss, si il est à l'origine de cette poursuite. Je préfère faire confiance en les capacités d'un maître des routes tout autant, voir plus motivé que moi dans le sauvetage de sa fille, ou de sa propre existence d'ailleurs. Je suis facile à duper.

Pour la suite, faut que tu me dises oui, même si tu le fais pas après. C'est juste en cas de capture, de bluff ou autre par Kryss. Faut je sois convaincu que je te l'ai demandé, et que tu vas le faire.  

Voila, si je me fais capturer, ou si il tient Jérémiah en otage et veux me faire chanter, ou un autre truc de fourbe, faut que le patriarche soit prévenu d'une façon assez subtile pour que l'implication de Kryss soit indiscutable. Maintenant, il est informé. S'il ne fait rien pour sauver Nicolo et laisser la famille dans la merde, c'est son choix, sa responsabilité. Je dois résoudre cette mission avec un délai court, sans savoir combien au juste.

Je sais que tu en es capable. Ça me servira à être plus convaincant, en cas de besoin. "

Afriz répond avec assurance, sans hésiter :

"Soit. J'accède à ta requête, Grage.

Néanmoins, n'oublie pas que tu dois faire en sorte le mieux possible que ton appartenance parmi les Éclaireurs-Dragons reste secrète. Et que les interventions de notre Ordre à Tradisgantia ne doivent pas se savoir."

Le noiraud se stoppe dans son curage de dent, un temps mort passe quelques secondes dans son esprit avant que la pensée ne revienne.

" Mouais, c'est pour ça que je parle de capture et d'une éventuelle torture. Kryss lâchera pas facilement si j'ai pas de quoi le convaincre. Sur ce, si c'est un de ses sbires qui m'a suivi et que j'ai réellement réussi à le semer, je me demande comment il va réagir...

T'as une idée ? parce que la, je t'avoue que je sèche."

Afriz répond après un court temps de réflexion :

"Et bien... il semble que jusqu'à présent les actions de Kryss ont cherché à éviter d'attirer l'attention au sein de Tradisgantia. J'imagine que tant que tu ne lui donneras pas de raisons de changer de tactique, il va rester prudent pour pouvoir agir avec opportunisme.

Mais il est inutile d'essayer d'anticiper la stratégie d'un adversaire quand on a trop peu d'informations sur lui. Il vaut mieux rester prêt à tout et se préparer face à toute réaction possible. Sinon c'est comme un pari sur le résultat d'un jet de dés."

" Bah oui, rester discret. C'est bien ça l'soucis. Il va chercher à l'éliminer ce qu'il gène.  

Fin d'après midi. Pas le temps de méditer. Je vais aller traîner mes poils dehors, avant qu'il me facture une seconde nuit. Tu as des questions ?"

Le noiraud termine de se curer les dents en attendant la réponse.

Afriz répond mentalement :

"Je n'ai pas de questions pour l'instant."

Et avec une pointe d'amusement : "A moins que tu ne m'aies pas tout dit."

Puis redevenu sérieux : "Reste prudent, Grage."

" Attends  !!! "

Pense fortement le noiraud en arrêtant son curage de crocs.

" Tu m' mets l'doute. Tiens, v'la les images et impressions que je ne t'ai pas montrées. "

Le noiraud envoi l'image mentale de la forme brumeuse qui lui a donné la mèche de cheveux, montre la mèche de cheveux, les impressions mentales de la source diffuse danger, surtout dans la taverne, montre la bras mécanique du tavernier accompagné d'un

" Astucieux son truc pour combler son handicap. Un truc comme ça peut être utile pour le nouveau commis de l'ordre."

La suite au moment de la course folle de Grage pour semer son poursuivant. Les retrouvailles avec le crotal, le retour en arrière, l'attente, puis le retour à l'hostellerie.

" Tu vois bien que je t'ai dit le principal. Et oui, les gens sont prudents quand ils me croisent, ils s'écartent. "

Afriz commente ensuite, mentalement :

"Ton porteur de mèche m'a tout l'air d'être un démon. Mais il faudrait l'avis d'un sorcier pour s'en assurer.

En ce qui concerne ton fileur, la progression régulière de la menace est intrigante. Et le niveau ambiant de danger du à la cité empêche de savoir s'il était à tout moment présent.

Je suis par contre impressionné par l'attention continue que tu portes à ton instinct. Néanmoins, ce dernier peut lui aussi être leurré. Ne te laisse pas abuser par une trop grande confiance en ta capacité à sentir le danger."