En ce début de matinée, Grage atteint l'Hostellerie du Havre Ronronnant.

Pendant tout son trajet, incluant la traversée du fleuve par un pont, le jeune Shaloar n'a croisé qu'un nombre réduit de passants. Un nombre habituel pour une traversée de la ville dans la première moitié du matin. Le massif Léodra n'a pour l'instant repéré aucune filature au cours de ses pérégrinations.

D'une contenue entre la dignité d'une réussite et la méfiance envers son environnement, le massif Léodra termine sa route devant l'entrée de l’hostellerie du Havre Ronronnant.

Après avoir frappé à la porte, le sauveur se prépare à montrer sa bourse.

C'est après avoir frappé à la porte que le massif Shaloar repère subitement, brièvement et tour à tour trois silhouettes humaines dissimulées en partie par le décor. Deux se trouvent dans des ruelles proches, le dernier se trouve allongé sur un toit, tous situés en diagonale de l'autre côté de la rue.

Manifestement non coordonnés, les trois individus ont visiblement cherché à avoir un point de vue direct sur l'entrée de l'hôtel, avant de se dissimuler de nouveau. Après le bref instant où ils ont été repérés, ils sont de nouveau dissimulés hors de vue.

Le massif frappeur de porte ne fait que sourire intérieurement suite à ses perceptions. Et pour cause, maintenant qu'il a frappé, la blague de disparaître serait de mauvais goût pour le semi géant qui, normalement, ne devrait pas tarder.

Et, en effet, le Semi-Géant ne tarde pas. Après avoir interrogé le digne Shaloar sur ses finances, le colosse en haubert de mailles ouvre la porte et laisse entrer. Refermant rapidement la porte derrière le nouvel invité.

Le vestibule est manifestement calme. Nul ne se trouve à l'intérieur de cette pièce à part le Semi-Géant et la belle Mashrani.

Le porteur d'un plastron des anciens temps s'approche du comptoir souriant dès que la beauté au noir pelage est dans son champ de vision.

Ne sachant comment remercier la réceptionniste pour le cadeau dont il a pris conscience un peu tard, 20 euro de ristourne sur le prix d'une nuitée, la queue du mâle effectue de très légers mouvements tel un chat qui hésite à sauter sur sa proie sans se faire remarquer. Cela même si tout le reste de l'imposante stature montre assurance et dignité lors de son approche du comptoir.

" Sa... Bonjour.

Me laver me semble nécessaire. C'est possible je crois. C'est combien ? "

Les yeux du jeunot n'ont pu s’empêcher d'apprécier les charmes de la belle Mashrani sans se montrer insistant pour finir rivés dans les yeux de son interlocutrice, des yeux masculins désireux de ne plus déraper.

Conservant son port droit, la belle Mashrani noire répond de sa douce voix, un rien distante et guindée :

"C'est possible, bien entendu messire, mais à condition de prendre une chambre..."

Le Léodra ne pouvant qu'apprécier l'humour et sa forme, reste souriant et se décontracte sous l'effet de ce qu'il vit comme une plaisanterie

" Ah...

Pourtant, hier au soir,  ton frère m'a encaissé quand j'ai demandé la réservation de ma chambre habituelle pour cette journée à venir. "

Toujours aussi droite, la Mashrani noire se permet un mince sourire.

"Bien sûr, messire, je vous signale simplement qu'un bain nécessite d'être pris au sein d'une chambre.

Il vous en coûtera 5 Besants."

Le jeunot, sourire aux lèvres agrandit à l'idée de se nettoyer en prenant son temps, reprend de façon plus décontractée tout en retirant ses gantelets et son casque.

" Je suis dans l'embarras d'une situation peu habituelle. Une ... joliesse, aussi raffinée que discrète, m'a honoré d'une faveur dont je me suis aperçu tardivement. A mon grand grand étonnement, le désir de m'acquitter m'habite avant mon prochain départ. Me montrer discret je ne puis en cette cité ou nombreux curieux se plaisent à me suivre. Sans compter que je ne désire nullement mettre cette personne dans l'embarras.

Puis-je bénéficier d'un conseil ? "

Tandis qu'il s'exprime avec circonspection et avec une posture adéquat, le jeunot sort sa bourse et place un beusant à l'extrémité des doigts d'une ses mains.

La ravissante Mashrani conserve son attitude lointaine et répond de sa voix toujours aussi douce :

"Bien entendu, s'il concerne les services de cet hôtel..."

" Je crains que non. "

Réponds le solitaire brièvement sans se démunir de son sourire, ainsi que d'une attitude agréable.

" Ais-je reçu un message ?"

Toujours pareille à elle-même, la belle Mashrani répond :

"Hélas non.

Souhaitez-vous être prévenu de l'arrivée d'un message au cours de votre présence en chambre, messire ?"

" Si il y a, oui. Merci "

Répond le Léodra faisant glisser les 5 beusants en direction de la charmante joueuse, avant d'attendre les clefs de sa chambre.

La Mashrani noire prend délicatement les cinq Besants et les range sous le comptoir. Elle saisit également sous le comptoir un objet, et dévoile la clé ornée d'une tête de lion qu'elle dépose devant elle sur le meuble.

"Je vous souhaite un agréable séjour, messire."

Visiblement plein d'entrain amusé, le jeunot se saisit des clefs avant qu'elles ne touchent le comptoir. Le temps est à peine laisser à la délicieuse hôtesse pour tirer sur le cordon d'appel. De son pas rapide et assuré, le sauveur se dirige vers l'escalier pour en monter les marches deux par deux. Tout ça en lachant un

" Merci "

La vivacité d'action est celle d'un humain pressé, mais pas d'un Léodra qui court. Avec un regard en coin, les réactions du joyau de féminité sont observées.

La belle Mashrani laisse le jeune Léodra se saisir de la clé, puis elle le suit du regard quand il s'en va monter l'escalier. Elle ne fait que le saluer d'une légère inclinaison.

Quand Grage arrive à l'étage, il distingue au milieu du couloir un solide Mashra au pelage ocre tâcheté, revêtu d'une armure matelassée. Ce dernier salue le Léodra pressé d'un simple signe de tête appuyé, marquant le respect.

Le sauveur contient un clin d’œil envers la belle Mashrani.

Comme à chaque fois qu'il est salué, le jeunot souriant prend le temps de rendre le salut respectueux au Mashra au pelage ocre tacheté.

Ensuite, la direction de la chambre du lion rugissant est prise avec assurance et un rythme normal.

Et le jeune Léodra précédemment pressé arrive devant sa porte.

Porte qu'il ouvre tranquillement, un peu surpris de ne pas avoir été rattrapé par un jeune Mashra. Une fois entrée, la porte est fermée, mais pas à clef, comme d'habitude.

Après une profonde expiration, le sauveur cherche les biens qu'il avait laissé précédemment, à savoir, son sac et son épée légendaire. Ensuite, la chambre est rapidement inspectée.

Si tout est présent et complet, et que l'inspection ne donne rien de particulier, le guerrier commence a retirer son armure et ses armes. armes qui sont judicieusement placées en mode prêt à l'emploi. Puis, en attendant l'arrivée du bain, c'est une série d'assouplissements qui sont effectués.

Le jeune Shaloar a le temps de vérifier la présence manifeste de son équipement - là où il l'avait laissé - et que rien n'a changé depuis son dernier passage.

Il a à peine commencé ses assouplissements que retentissent quelques coups légers sur sa porte.

Satisfait que la confiance placé en cet établissement soit honoré, le Léodra sans armure, mais avec une arme à proximité se place proche de la porte avant d'annoncer :

" C'est ouvert "

Puis attend la réponse, prompt à la réaction.

Aussitôt, la porte s'ouvre. Et le jeune Léodra voit entrer deux enfants Mashras portant mutuellement une bassine en bois faisant un bon mètre vingt de diamètre, obligés de lui faire passer la porte en diagonale. Un mâle et une femelle. Tous deux simplement vêtus de pagnes sobrement décoré. A vue de nez, Grage estime que les deux jeunes doivent avoir atteint la dizaine d'années.

Ils déposent leur conteneur devant le lit, s'inclinent vers le massif Shaloar et s'en vont à pas pressés et discrets.

Le massif Léodra laisse faire les deux enfants, sans mot dire. Cependant, juste avant leur départ de la chambre, le massif guerrier sans armure prend la parole :

" Merci.

Me serait-il d'avoir un grand drap, ou couverture afin de ne pas salir plus que de raison le sol de ma chambre ? "

Observateur, la réaction des deux Mashras est guettée.

La jeune Mashra répond rapidement, tout en s'éloignant :

"Veuillez patienter, messire. Là n'est pas tout."

Et les deux jeunes sortent de la chambre sans attendre, refermant la porte derrière eux. Grage peut constater que la bassine haute de soixante centimètres est vide.