En fin d'après-midi, Grage sort de la cité par la porte Nord.

Les quelques passants vont en sens inverse, pressés de rentrer en ville. A perte de vue s'étendent les plaines des Terres Brisées. Devant Grage, une route de pierre lisse à la couleur argentée s'enfonce en droite ligne vers l'Est-Nord-Est. Elle ne porte aucune trace d'usure.

Le guerrier spirituel estime qu'il lui faudra un quart d'heure de marche soutenue pour atteindre l'entrée du tunnel.

Le solitaire progresse en direction du Nord, de son pas rapide. Les passants sont simplement ignorés.

Le paysage est lui aussi sondé avec attention. Tout les détails sont important car l'environnement sauvage peut apporter des informations complémentaires sur le poursuivant invisible. A commencer par le sens du vent une fois que la citadelle est plus d'une centaine de mètre, puis le sol aux abords de la route.

L'endroit étant une plaine, difficile de pourvoir tendre une embuscade à un poursuivant invisible. Cependant, un passage hors route peut éventuellement faciliter le repérage de traces, ou des hautes herbes peuvent permettre de situer physique la chose invisible. Après un bon milliers de pas, le noiraud quitte la route par le flanc permettant le meilleur pistage. Puis, si la sensation de danger est toujours présente, Grage décrit une grande boucle pour revenir sur ses pas et commencer le pistage.

Grage peut contempler l'étendue uniforme des plaines des Terres Brisées. Ce sont des terres désolées au sol craquelé et parsemé de touffes de graminées caoutchouteuses, résistantes à l'acide. La surface du sol hors des routes est souvent boueuse, sauf s'il n'a pas plu pendant plusieurs jours. Ici et là, rarement, la monotonie du paysage est rompue par la forme arrondie d'un buisson d'épineux, qui ne dépasse jamais le demi-mètre de haut, ni les deux mètres de large. Les Terres Brisées sont le paradis des archers et arbalétriers...

Comme la plupart du temps, le vent souffle par intermittence depuis l'est vers l'ouest.

Dès que l'homme-lion s'est écarté suffisamment de la ville, la sensation de menace ambiante diminue. Il peut donc encore plus clairement repérer l'invisible menace croissante qui le suit et le laisse prendre progressivement de l'avance. Bientôt, cette source de danger est en limite de portée d'intuition à l'arrière... si le Léodra et le poursuivant conservent leurs mêmes vitesses, la menace va sortir de la portée de repérage.

Le solitaire s’arrête et observe les nuages, se plaisant à sentir si la menace le rattrape ou se stoppe.

Dans le même temps, habitué au monde extérieur, une prévision météorologique est faite dans la mesure du possible. Une mesure temporelle aussi, combien de temps avant le crépuscule, celui de la nuit.

Grage constate donc que la menace invisible n'avance plus juste après qu'il se soit arrêté. Elle se trouve donc juste à la limite du sens du danger de l'homme-lion.

En observant le ciel, le jeune Léodra noir contemple des nuages gris clair et brun clair. Le faible vent est sec et intermittent. Tout semble indiquer que la météo sera clémente jusqu'au crépuscule et pour une bonne partie de la nuit.

D'après la position de l'Œil du Gardien, ce dernier mettra encore plus d'une bonne heure pour se coucher.

Peu surpris par l'arrêt de son poursuivant invisible, l'ex champion pose son sac à terre pour disposer les litres d'huile inflammable à portée rapide de mains : deux sont accrochés à la ceinture, les autres en position de prise rapide dans le sac.

Tout est fait de façon à se que le poursuivant ne puisse voir les faits et gestes du Léodra. Pendant cette préparation, et jusqu'à repositionnement du sac et de la cape, le sauveur continu de sentir la présence au cas ou elle se déplacerait pendant ces préparatifs.

Pendant cette manœuvre, le guerriers est prêt à activer ses dons si besoin.

Pendant les préparatifs du jeune Shaloar, la menace invisible ne s'est pas déplacée.

Le noiraud finit par reprendre sa marche, en direction du nord - est, quittant la route pour se faire. au début, le pas est un peu lent, pour plusieurs raisons :
La menace invisible va t'elle quitter le route ?
Le sol est-il boueux ou sec ?
Comment réagissent les graminées ?
Quels sont les éventuels dangers, exceptions des archers, dans les environs ?

Dès que Grage se remet en marche, la menace invisible commence à le suivre avec une vitesse encore plus lente. Elle quitte la route à une centaine de mètres derrière le Shaloar, se laissant à nouveau distancer. Et bientôt, le jeune Léodra noir ne perçoit plus cette source de danger, qui se retrouve hors de portée.

Le sol des environs est boueux. Les graminées ne sont agitées que par les sautes de vent épisodiques.

Grage ne ressent plus aucun danger dans les environs, juste une ambiance de fond légèrement menaçante propre aux espaces sauvages. Une ambiance bien plus supportable que celle étouffante de la cité.

Le gros chat commence alors une grande boucle qui , petit à petit, revient vers la citée, puis vers la route du nord, puis à l'endroit ou la route à été quittée. Au fur et à mesure que la boucle se fait, l'ex lieutenant accélère son pas pour finir sur une marche très, très rapide.

A cet endroit, quitte à mettre la truffe au sol, le solitaire commence son pistage et une recherche d'indices sur son poursuivant invisible.

Le noiraud est toujours prêt à activer ses pouvoirs si besoin.

L'Éclaireur-Dragon peut donc faire son périple en boucle sans ressentir la moindre présence menaçante.

Et à nouveau, comme lors de toutes ses tentatives au sein de la cité, sa recherche d'indices se solde par un échec cuisant. Pas d'empreintes, pas d'odeurs autres que celles de Grage ou de la boue, pas de végétation foulée ou déplacée...

Le noiraud pestouille intérieurement sans pouvoir contenir une grimace de d'insatisfaction. Cependant, cet état émotionnel est très bref. La route vers le nord est empruntée en petite foulée, le shaloar conservant à l'esprit le temps qu'il mettra pour aller au point de rendez-vous au moment opportun, c'est à dire, une fois le crépuscule passé. Le vitesse de progression, même rapide, reste cependant mesurée.

Grage utilise la pierre pour faire un petit compte rendu avant la tombée de la nuit, histoire que son ami ne soit pas parti au dodo.

Grage parvient à contacter mentalement Afriz et a lui faire son compte-rendu. Le maître ne s'attarde pas plus et autorise son élève à contacter Faris.

Poursuivant le trot imposé, le marathonien poilu tente de contacter son taxi favori, Faris, juste pour savoir s'il peut se tenir prêt au décollage au cas ou le rendez-vous prévu après le crépuscule ne serait autre qu'un piège à Shaoar et qu'un échappatoire serait le bienvenu.

Le jeune Initié répond mentalement avec entrain :

"T'as du bol ! Les environs du volcan sont plutôt calmes en ce moment. Alors je vais décoller au plus tôt avec un dragon. C'est que les préparatifs peuvent prendre du temps. T'as bien fait de pas prévenir au dernier moment, genre comme ce que tu fais d'habitude..."

Avec sourire mental, le coureur de fond reprend

" Du bol... Pouaf !!! Tu parles. J'ai un truc invisible, sans odeur, qui laisse pas de trace au sol dans la cité comme en dehors, et qui m'file le poil. Quand j'le sème, il me retrouve à la sortie du lit. J'sais que j'suis beau, mais j'préfère encore mes femelles.

T'es toujours avec celle qu'a l'sang chaud ? Ou elle t'a offert le tatouage de sa lame en guise d'adieux ?

Plus sérieusement, on s'ra p'être deux et si fuite il y a , je saute sur ta monture en plein vol. Se s'ra proche du lieu ou tu nous as déposé, avec l'humain. "

.

Aussitôt, Faris s'exclame mentalement, en réponse :

"Hein !?! Tu vas sauter sur la monture en plein vol ? C'est ça ! Dans tes rêves, gros chat ! Non seulement, c'est aussi dangereux pour toi que pour moi ou la monture si tu t' foires dans tes estimations de nos vitesses respectives, mais tu risques surtout de faire paniquer le dragon s'il sent subitement un surcharge imprévue. Il va juste croire à une attaque et riposter. Enfin, tu escomptes t'agripper à quoi pour ne pas basculer dans le vide si jamais tu réussis ton saut, gros malin ?"

" Tu peux pas prévenir ta monture que j'arrive en saut, ou la calmer une fois que je s'rais agrippé dessus  ? Un vol bien à plat, le temps que j'm'arnarche ? Ah....

Un peu surpris par la réponse de son taxi, le shaloar qui ne doute pas de ses capacités respecte les craintes du pilote.

" Bon, j'te sens pas chaud à la manœuvre, alors on f'ra comme tu l'sens. J' te f'rais signe d'atterrir que si j'suis sur de pas être suivi. Si y a besoin que tu viennes, et ça fait beaucoup de si.

Savoir que tu es prêt me suffit pour l'instant. Sans contact de ma part avant le milieu de la nuit, ben, tu peux considérer que j'me fais tanner le poil. "

Faris soupire puis répond mentalement :

"Bon. Ecoute Grage... si tu as besoin d'une échappatoire rapide, j'ai une autre solution : au lieu d'essayer de sauter sur le dos du dragon, tu sautes le plus haut possible et tu laisses le dragon t'attraper au vol. Lui au moins, il est entraîné à faire ce genre d'acrobaties.

Et je vais tout de suite aller préparer la monture. Un dragon rapide et agile. Donc plus petit que celui de l'aller.

Pense aussi à me prévenir aussitôt si jamais tu sais que tu n'as plus besoin d'un transport."

" Quoi ! "

Réponds spontanément le solitaire en trottant.

" Me faire attraper comme une proie ... Mmmffff.. Pas besoin d'entrainement... Je suis un Léodra ! Un élu de Dragon ! Un .. "

Le noiraud maugréé mentalement encore quelques instants son vomitif d'orgueil. Cependant, aucune insulte ou humiliation n'est proférée à l'encontre du chauffeur ou de la monture.

" C'est bien parce que c'est toi qui dragonne. Et oui, je te tiens informé au plus vite. Si t'a pas de nouvelles avant le milieu de la nuit, c'est que t'en aura plus. A toute, faut que j'accélère un peu. Quoi qu'il advienne, j'ai été content de croiser un humain comme toi. "

Le coureur coupe la conversation. L'esprit maintenant focalisé sur sa course, la distance à parcourir avant le crépuscule doit être suffisante pour ne pas être vu de la cité, même pour un goshrock de garde. Vigilant pendant son trot, même le ciel est observé régulièrement.

Une attention particulière est portée à tout ce qui pourrait aider des archers à se fondre dans le décor.

L'environnement est désespérément plat à perte de vue autour de Grage. Le jeune Shaloar ne remarque rien de particulier dans le ciel, mais il sait qu'il suffirait à un Goshrok de se placer juste en-dessous du plafond nuageux pour ne pas être remarqué. Le Léodra noir sait également que certains écorcheurs utilisent des couvertures de camouflage aux couleurs du sol pour se dissimuler et lancer des attaques surprise ; ceux-là aussi sont très difficiles à repérer à distance.

Néanmoins, l'homme-lion court en solitaire à travers la plaine craquelée sans ressentir de menaces. Juste la faible ambiance de danger qui lui rappelle qu'il est au sein de terres sauvages. 

Grage finit par distinguer au loin sur la gauche de la route des affleurements rocheux. Il reconnait sans peine la configuration des aspérités qui entouraient le passage secret. L'Œil du Gardien a descendu dans le ciel mais il mettra encore au moins une demie-heure à se coucher.

Tout aussi vigilant, le joggeur poursuit sa progression en trot modéré. La tenue est ajustée en mode petit à petit, de quoi camoufler ce qui pourrait briller quand l’œil du gardien sera absent.

Dans le même temps, le solitaire en profite pour vérifier, tant que faire ce peut, qu'il n'y a pas d'agitation autour de l'entrée du tunnel des contrebandiers.

La distance que va parcourir le Léodra ainsi, avant la quasi disparition de l’œil du gardien, sans quitter la route, doit pouvoir lui permettre, en mode course rapide, d'arriver proche de l'entrée du tunnel peu de temps après la disparition totale de l’œil du gardien.

L'obscurité s' intensifiant, les sens traquent d'éventuels poursuivants devant prendre des risques pour ne pas perdre de vue le voyageur.

Si rien ne vient perturber son trot, l'homme félin se prépare à quitter la route au moment opportun pour s'approcher, en course rapide, de ce qu'il estime être le lieu de rendez-vous.

Grage dépasse donc l'ensemble de rochers émergents sur sa gauche et poursuit son trot jusqu'au crépuscule. Une fois la nuit tombée, il fait demi-tour en accélérant et en quittant la route qui s'est mise à scintiller d'un éclat argenté. Il revient après une longue course au groupe de rochers, nullement gêné par l'obscurité grâce ses yeux félins.

A aucun moment du périple, le jeune Shaloar n'a perçu l'apparition d'un danger. Aux abords du relief rocailleux, il peut constater que le site est désert et silencieux. Tout est calme. Seule l'ambiance faiblement menaçante des terres sauvages persiste.

A 500 pas de Léodra approximativement, le noiraud ralenti son pas et se fait plus discret, surtout aux niveaux des vibrations.

A 100 pas de Léodra, le sauveur active ses pouvoirs, surtout pour améliorer ses perceptions dans un premiers temps

Activation PE + FO + AD + RA + VO

Ensuite, et très furtivement, l'ex lieutenant se dirige vers la trappe, sur ses gardes.

Et à pas de velours, Grage s'approche de la trappe sans repérer la moindre présence. Une fois à l'intérieur du cercle de rochers protégeant l'entrée du tunnel. Il entend quelques pas lents avancer dans le couloir souterrain en direction de l'échelle menant à l'issue vers l'extérieur. En prêtant l'oreille, il repère également les battements de cœur un peu rapides et une respiration essoufflée mais maitrisée provenant de la même source bipède.

Aucune autre présence n'est décelable dans les alentours. Et le niveau de menace n'a pas augmenté.