En fin d'après-midi, Grage sort de la cité par la porte Nord.

" Quoi ...??.. "

Un grand vide mental saisi le shaloar avant de reprendre.

" C'est pas à lui qu'il faut que je donne une image. C'est à ses laquais qui vont me barrer la route pour le rencontrer. Ou j'ai rien compris.

Mon attitude sera martiale. C'est la seule façon dont je sache me comporter qui ne me fera pas défaut. Ensuite, j'ai rien à obtenir. Je viens l'informer et lui offrir la possibilité de mener une chasse contre les comploteurs à la façon dont il le souhaite. Ce privilège lui reviens de droit vue qu'un membre de la famille est manipulé. Et moi, je ne veux pas me mêler  des affaires d'une grande famille. Donc ma chasse à moi s’arrête à sa rencontre.

A si. Je désire obtenir la tranquillité pour Kajira,son père, moi même. Mais d'une certaine façon, je prends le risque d'avouer que j'ai déjà subit quelques désagréments de la part de Nicolo. Et parait qu'il vaut mieux éviter. Si le patriarche se renseigne, il n'appréciera guère que les oubliés du crépuscule soient connus de ma personne. Je suis donc à la merci d'une reconnaissance de sa part.

Mais s'il faut que je laisse mes armes à l'entrée, je sais pas ou je vais mettre Hommage à Gark Hasn. En tout cas, je vais pas leur laisser à eux.

Me reste l'option Kryss. Lui offrir la possibilité de se fait bien voir dans la famille. Mais rien ne l’empêchera de m'éliminer par la suite pour effacer toute les traces. "

Afriz répond mentalement avec son calme habituel :

"Passer les laquais n'est qu'une étape dans ton plan. Même si cette étape est importante, elle n'est qu'un point de passage. J'ose espérer que tu as une perception claire de cet interlude. Car un mauvais comportement lors de cette étape peut signifier ton trépas.

Ensuite tu n'as pas rien à obtenir. Sinon tu n'aurais pas besoin d'aller le rencontrer. Mais tu sembles avoir compris ta première erreur.

Pour ce qui est des Oubliés du Crépuscule, il s'agit d'une rumeur persistante au sein de Tradisgantia. Il ne serait donc pas étonnant que tu en connaisses l'existence. C'est le fait qu'ils soient rattachés à la famille Sarzano qui est secret. Je te conseille de ne pas utiliser leur nom auprès du Patriarche Sarzano. Par contre, rien ne t'empêche d'être moins précis et de parler d'une troupe de sicaires. Le tout est de te montrer uniquement descriptif sans laisser l'impression que tu les as identifiés. La meilleure solution est de rester rapide et vague à leur sujet.

Et pour ton arme nommée, une solution est de la laisser à des personnes en qui tu as une certaine confiance, le temps de ta visite au Patriarche.

Enfin, pour ce qui est de Kryss Caranos, je te conseille de ne faire appel à lui que lorsque tu n'as pas d'autres solutions."

Soufflant en son fort intérieur, ce que le maitre peut percevoir, le noiraud répond :

" Même si je me trompe, les laquais seront l'étape la plus difficile. Ils vont user de mots pour me faire parler et je sais pas me battre avec les mots. Et être reçu par un des sbires de Nicolo est un risque élevé.

Ensuite, si je rencontre le patriarche, il y a la question du comment j'ai su alors que ses gardes n'ont rien vu, et comment je peux lui apporter la preuve de ce que j'avance, même si je peux lui proposer un coup d'éclat en ville. La aussi, c'est pas gagné. Et je ne sais si il est homme à entendre que la façon dont je même mes chasses me regarde. "

Afriz répond alors mentalement :

"En ce qui concerne les laquais, il te suffit de déclarer simplement vouloir rencontrer le Patriarche pour une affaire qui le concerne urgemment. S'ils se montrent insistants, tu peux ajouter que le sujet touche un membre de sa famille, sans être plus précis, sans même présenter le sujet de l'affaire.

Ainsi même si des serviteurs de Nicolo intercepte tes paroles, plus nombreux seront les serviteurs du Patriarche. Et ces derniers auront pour intérêt d'apprendre ce que tu sais. Si tu parviens à tenir ta langue, tu seras présenté au Patriarche lui-même. Et là, seule ta présence d'esprit saura te sauver.

Je ne peux t'apporter une description de la personnalité du Patriarche, car ce dernier sait jouer de nombreux rôles. Il est très difficile de savoir ses vraies pensées et ses vraies sensations. Assume simplement que tu auras affaire au pouvoir décideur de la famille Sarzano, une des personnes ayant le plus de pouvoir à Tradisgantia. Une des personnes totalement au fait de son pouvoir et de ce qu'il représente.

Le mieux est toujours d'en dévoiler le moins possible. Uniquement ce qui semble nécessaire. Et si l'une de ses questions te semble trop indiscrète, décline la possibilité de répondre en conservant ta politesse. Le principe d'une discussion avec le Patriarche est de lui donner l'impression qu'il obtient au moins de nouvelles informations.

Et ensuite arrivent tes demandes."

" Bien, je ferais de mon mieux.

Mon silence... C'est faisable. Reste que pour le moment, je ne sais comment formuler cette demande. J'improviserais avec tes conseils, le ton et les formes que je connais, si j'arrive jusque la."  

Le noiraud souffle mentalement avant d’enchaîner:

" Pourquoi tout est compliqué à ce point quand les solutions peuvent être simple et efficace. Mais ce n'est pas le sujet. Autre chose avant cette rencontre ?

Ah, j'allais oublier. Mes informations sur l'aventurière, je les tiens de Jérémiah qui a reçu la touffe de cheveux envoyée par Kryss. Il a déduit que l'aventurière est une morte momifiée avec une mèche de cheveux de Nicolo.

Je lui ai donné également une de mes touffes de poils avant notre première séparation. Donc certaines de ses capacités fonctionnent avec une possession corporelle de la cible.

Quand nous nous sommes retrouvés, ce soir, je lui ai demandé d'aller porter une lettre au patriarche. Il était prêt à le faire, mais paraissait inquiet. En creusant le sujet, c'est lui qui m'a convaincu que j'étais le meilleur porteur de message auprès du patriarche. "

Afriz hoche la tête, en pleine réflexion. Il finit par répondre, son attention à nouveau portée sur le jeune Shaloar :

"Cela semble le plus avisé.

Le Patriarche sera dans une situation moins familière, si tu vas le rencontrer. Il vaut mieux ne pas lui donner tous les avantages. Par contre, le problème reste manifestement ton manque de familiarité avec la haute société.

Alors ? Te sens-tu capable d'aller rencontrer le Patriarche ?"

L'orgueil du shaloar fait répondre de sérieusement

" Capable !?! "

L'orgueil fait rapidement place à une motivation que le noiraud s'impose pour balayer le doute.

" Indirectement, je dois trouver solution pour Dragon, pour la mère de tout. Bonne soirée Afriz."

Le solitaire ne coupe pas la conversation, continuant sa progression rapide et se préparant à être le plus discret possible, sans perdre de sa vigilance.

Le maitre ponctue d'un simple :

"Pense à me résumer ton entrevue sitôt que tu n'es plus en présence de la famille Sarzano.

Bonne soirée, Grage."

Et il met fin à la communication.

Le temps de ses communications mentales, Grage a pu traverser plusieurs rues désertes contenant principalement de longs bâtiments. Ensuite, il doit prendre garde à ne pas mettre le pied dans des rues plus commerçantes, aisément repérables à l'agitation qui y règne : beuveries, danses ou simplement congrégations de buveurs se vidant la vessie. Progresser en suivant les rues inusitées reste une tâche aisée, une fois la nuit tombée.

Grage procède ainsi, progressant à un pas si rapide qu'un humain devrait courir à ses côtés pour le suivre, dans rues inusitées en direction de l'hostellerie du Havre ronronnant pour y déposer sac et son arme légendaire.

Le solitaire est à cheval entre discrétion, pour éviter le repérage par des badauds, et la rapidité pour éviter d'être rattraper par son poursuivant invisible trop rapidement.

Le périple nocturne du jeune Léodra se fait sans grand danger du quartier des indépendants au Quartier des Arènes. Pour peu que le Shaloar prête l'oreille pour éviter les rues où se rassemblent les malandrins...

Suite dans le Quartier des Arènes