En fin de matinée, Grage sort du volcan...

La réponse de Charina est entendue, sans plus car l'inspection prédomine. Quand les félines griffes approchent du visage, les crocs sont montrés façon amicalement menaçantes, sans plus.

Le Léodra regarde faire la vorace jeunotte avec un regard faussement hautain, sans manquer de la mettre en difficulté avec un jeu de posture qui complique les actions d'une façon innocente. Intérieurement, le joueur savoure ce moment de plaisir et ne manque pas de laisser paraître son plaisir la plupart du temps.

Pendant qu'il se fait dévêtir, de nouvelles questions sont adressées à la cuisinière.

" Et toi, Charina, peux-tu répondre à mes questions avant que je ne t'inspecte. "

Le plaisir n’empêche pas l'amnésique de faire attention aux réactions des Léodranis pour mieux les comprendre.

Revenue à sa table de travail avec la perdrix qu'elle commence à vider, Charina répond d'un grondement au même volume que sa première réponse :

"Je te répondrai quand tu me poseras des questions sensées, Grage Niark."

Et elle poursuit son oeuvre de préparation de cuisine.

Dans le même temps, Sadriska lutte pour dévêtir le massif Léodra qui lui fait face, mi-grognant mi-ronronnant à faible volume.

Le Léodra, continue son jeu avec la déshabilleuse. Plus les pièces d'armures sont retirées, plus la difficulté à retirer les suivantes sera grande. Le guerrier va même jusqu'à se servir de sa queue préhensile pour boucher les narines de Sadriska, ou lui bloquer un membre, toujours de façon innocente et avec une moue faussement dédaigneuse. Cependant, le blagueur veille à ne pas trop agacer sa partenaire. Les difficultés même corsées ne sont pas insurmontables.

Dans le même temps, Charina reçoit une réponse d'une sincère curiosité :

" Quelles serait les questions censées que tu aimeraient entendre en cet instant ? "

Sitôt après la question du jeune Léodra, Charina repose violemment la perdrix, avant d'expirer lentement et posément. Puis elle regarde Grage intensément et grogne sur le même volume que précédemment :

"Déjà pas des questions sur le manque de respect ou la qualité de notre chasse. Faire ainsi est mettre en doute les capacités des Léodranis quand c'est fait par un Léodra.

Si nous avons des problèmes de respect ou de chasse, nous saurons venir te demander d'intervenir. Ce qui signifiera que cela dépasse nos compétences.

Alors, s'il te plait, évite ce genre de questions pour faire la conversation."

Sadriska a cessé de jouer peu de temps après le début des paroles de Charina. Sans bruit, se faisant discrète et vaguement honteuse, elle rejoint la table pour aider à préparer les lapins.

Charina à l'art de casser la bonne ambiance et de briser la complicité du jeu. La seule chose qu'arrive à provoquer la plus ancienne, c'est un sourire étonné avec un haussement de sourcil suspicieux. Le guerrier veut comprendre ce qui peut motiver un tel saut d'humeur, quitte à provoquer une vrai colère à laquelle il s'attend.

Sans perdre de son aplomb décontracté, le guerrier poursuit de retirer son armure seul. Et comme il n'est plus accompagné de façon agréable, une petite moue de regret passagère est visible dans les premiers mouvements. A ne point s'y méprendre, le shaloar est dans l'observation des réactions, même si le regard est volontairement indirect.

La voix est calme, mais à ne point s'y tromper, la fermeté d'un maître des lieux est bien présent.

"   Tu as le droit de penser à mal, ce n'est pas mon cas. Moi aussi je pourrais me sentir offensé que tu préfères t'occuper du gibier alors que je suis de retour.

Sur ce, mes propos ne sont pas la source de ton grognement. Alors peux-tu être franche et directe je te prie.

Quelle est la réelle cause de ton agacement ?! "

Charina relève la tête, de la surprise et de l'interrogation dans le regard. Sadriska a la même réaction, mais baisse aussitôt la tête.

Charina soupire ensuite, et secoue mollement la tête. Elle fixe ensuite à nouveau le jeune Léodra quelques instants avant de reprendre fièrement la parole :

"Le fait que tu ne saches visiblement pas comment doit se comporter un Léodra.

Et que tu espères pouvoir t'arroger des droits malgré ton ignorance.

Alors soit tu changes d'attitude, soit tu seras maître uniquement de toi-même."

Le jeune plisse ses yeux façon carnassière et les plantent dans ceux de sa favorite, le regard sévère avec les poings qui se serrent, la queue fouettant l'air nerveusement. D'une profonde inspiration, l'impulsivité nerveuse est contenue. Le mépris passager qui suit est provoquée par une amère déception auquel le mâle se prépare à faire face.

Tandis qu'il prépare sa réponse, les dernières pièces d'armure sont retirées dans des gestes secs et précis. L'anneau qui pendouille autour du cou est enfilé à un doigt, la pierre de contact et placée dans une des poches du caleçon, le bracelet de cuir est laissé sur l'avant bras. Le regard incisif n'a pas quitté la Fauve féline ne serait-ce qu'un instant.

Cherchant une posture digne et ferme, le jeune s'approche de Charina d'un pas lent et assuré. Par moment, des muscles se contractent façon nerveuse. La voix gronde façon rauque et déterminée pendant son approche, et prompt à l'action ou la réaction.

" Tu as fait le choix d'être dévoué au Réprouvé ! Tu savais, tu as vu et tu vois ce qu'il en est !

Si par des paroles, si par son comportement, ma favorite remets en cause la réussite de ma mère dans l'accomplissement de son devoir avec une insistance outrancière, je serais contrains de me montrer digne de sa réussite ! "

L'amnésique vient se placer sa truffe sur celle de son interlocutrice, les dents serrés, le regard planté dans ses yeux avec une attente bien visible, baisser le regard de façon sincère.

Et pour les deux félines présentes, c'est la première fois que le terme Réprouvé est utilisé par Grage.

Charina laisse échapper un grommellement, contenu rapidement. Son regard reste planté dans celui de Grage pendant quelques secondes, puis il se baisse tandis qu'elle se courbe et baisse les épaules en même temps que le regard.

Elle reste ainsi, courbée. Et silencieuse.

Grage a pu remarquer que Sadriska a pris la même attitude que Charina.

Le Léodra prend deux à trois respirations, autant pour apaiser sa tension nerveuse que pour monter et se montrer à lui-même que sa domination est assumée et assurée.

Sans mot dire, juste par un soufflement sec des nasaux, le mâle tente de faire comprendre que le sujet est clos.

Ensuite, le jeune se retire pour ranger ses pièces d'armures correctement, en mode prêt à l'habillage rapide en cas de besoin. Pendant ce temps, il gronde posément dos aux femelles.

" Sadriska, sais-tu ce que le Réprouvé est ? Et as-tu accepté d'être dans ma cours en connaissance de ce statut ? "

La féline devra faire un effort de voix pour faire entendre sa réponse. L'attitude ne se veut pas méprisante. Juste et sur l'instant, le jeune estime que sa Léodrani doit faire un effort.

Grage entend donc peu après la voix de Sadriska, forte mais cassée et désagréable à entendre.

"Oui. Et-ou-i." Et elle se met à tousser rauquement quelque fois, avant de redevenir silencieuse.

Le jeune Léodra peut également entendre que Charina a repris la préparation des proies pour la cuisine.

Le Léodra opine du chef lentement terminant son rangement.

Après, à moins qu'il ne soit dérangé, c'est une phase de décontraction pour l'homme lion qui s'assied en tailleur, s'adossant à une paroi, et laisse passer le temps. Le silence ne dérange pas le guerrier qui observe autant qu'il semble réfléchir, presque méditant.

Mentalement, c'est le déroulé de ces actions à venir qui défile. L'ordre de priorité est dépendant de la météo.
Chasse pour les gardes, le conseil du volcan pour la grotte, intégrer la garde pour l'hiver, terminer ses recherches sur les simiesques...

Sadriska attend quelques instants, puis va aider Charina dans la préparation du gibier, qui est bientôt mis à cuire.

Par instants, pendant leur labeur, Grage peut entendre des murmures soufflés par Charina auxquels Sadriska répond par des gestes brefs et discrets.

Le shaloar se plait à croire qu'une sauce va accompagner la viande cuite, comme à l’hostellerie du Havre ronronnant. sans en être persuadé.

Ne rien faire d'autre qu'observer, c'est parfois compliqué. Jouer aux osselets ici, ça peut faire passer le temps. Puis les paroles de Jonsk font écho dans la tête du guerrier. Aussi, une lame courte des Léodrani est attrapée (un simple couteau peu suffire) , étudiée, sous pesée, une cible de fortune est préparée et des tests de lancé sans grande puissance sont réalisés.

Tant qu'il n'est pas dérangé, et jusqu'à ce qu'il le soit, Grage se projette mentalement dans le choix d'une nouvelle arme : Arbalète de poing ou arme de lancée.

Une fois les trois lièvres et la perdrix cuites, ils sont disposés dans des plats. Ensuite Charina et Sadriska apportent les dits plats au centre de la pièce, à même le sol. Elles s'asseyent à côté et attendent, sans mot dire.

Quand il réalise que les Léodranis attendent, le lanceur effectue un sourire de reconnaissance et s'approche des plats. Ils vient s'asseoir et, faisant taire ses manières, patiente et observe.

Quand Grage vient s'asseoir, il constate qu'un plat a été dédié au recueil des viscères fraîches et autres organes des différents gibiers. Les lièvres et la perdrix ont été préparées avec quelques herbes, mais aucune sauce n'est apparente à part le jus de cuisson.

Les deux Léodranis restent respectueusement silencieuses, observant leur mâle. Elles ne bougent pas, restant assises.

Le Léodra est un habitué de l'observation et de la reproduction des gestes pour paraître un tant soi peu respectueux quand il est invité. Mais la, il est évident que la gente féminine est dans l'attente, mais de quoi.

Après un bon round d'observation ou le mâle se montre un peu intrigué en fronçant les sourcils, la décision est prise d'entamer le repas. Le jeune met de côté sa préférence pour les viscères et commence par un bout de viande de lièvre préparé, espérant ainsi mettre à l'honneur les préparations de ses femelles.

Trois lièvres pour trois affamés, un est pris pour être mangé. Pendant qu'il savoure son gibier, les réactions des Léodranis sont observées.

Les deux Léodranis restent muettes et sans mouvements. Grage commence son repas et il constate qu'elles n'amorcent aucun geste ni aucune parole, conservant une attitude respectueuse. Elles se contentent de l'observer, mais elles semblent attendre quelque chose...

La première bouchée s'effectue avec un appétit poignant, la seconde aussi d'ailleurs. Mais à la troisième, la mastication dure plus longtemps, se faisant de plus en plus lente, regardant les immobiles félines à nouveau avec un froncement de sourcil inquisiteur.

Grage commence par s'inspecter au cas ou une maladresse aurait provoqué une tache sur son noir pelage. Après avoir terminé sa bouchée, l'expression se fait d'un naturel sincère, curieux et surpris :

" Vous n'avez pas faim ? "

Les réactions sont guettées tandis qu'un nouvelle bouchée est prise.

Charina et Sadriska ont une expression surprise. Puis la Léodrani fauve réagit la première par un grognement blasé. Elle s'exprime alors avec un ton d'excuse :

"Nous attendions que tu nous donnes la permission de nous servir dans ton repas."

Sadriska hoche la tête pour confirmer, la mine penaude.

Le Léodra écarquille les yeux étonné et un peu suspicieux. Ce qu'il vient d'entendre est bien différent de son vécu, que se soit en tant qu'invité ou dans les cantines. Mais la confiance est accordée aux Léodranis, la méfiance s'estompe au profit d'une curiosité intriguée qui va s'exprimer quand la bouchée sera terminée :

" Entendu.

Quelle forme cette autorisation doit-elle prendre ?
Puis-je vous autoriser à manger avant moi ?
Puis-je accorder cette permission à l'une et pas à l'autre ?
Deux Léodras peuvent-ils manger à la même table ?

Soit précise Charina. Kentarrak ne m'a rien dit à ce sujet. "

attendant la réponse, Grage prend une nouvelle bouchée avec voracité, tandis qu'un regard inquisiteur et direct est adressé à la favorite en attendant la réponse.

Charina hoche la tête puis déclare tranquillement :

"Cette autorisation peut prendre la forme que tu désires, mais elle doit être affirmée clairement et ne pas prêter à interprétation. Il est préférable de ne pas y mêler une forme d'humour quelconque, à moins de vouloir déconsidérer ses femelles.

Tu peux tout à fait nous autoriser à manger avant toi, mais c'est alors montrer que la nourriture proposée n'est pas à ton goût et que tu n'en mangeras pas.

Tu peux accorder cette permission à qui tu veux, et même l'accorder selon un ordre de priorité. De même, ces permissions particulières doivent être annoncées clairement, sinon le mâle perdra la confiance de ses femelles. Il vaut mieux que les raisons d'un pareil traitement de choix soient claires pour les femelles, même si elles ne sont pas annoncées.

Deux Léodras peuvent manger au même endroit. Soit l'un d'eux est l'invité de l'autre, soit ils sont dans le domaine d'aucun des deux. Dans le premier cas, l'invité doit attendre l'autorisation de participer au repas. Dans ce cas, il est de bon ton que l'invité Léodra soit autorisé avant les Léodranis."

Puis elle pose un regard interrogateur sur Grage.

Le Léodra écoute avec attention les propos de sa favorite, tout en mastiquant. Quand elle en a terminé, le jeune se montre satisfait, se donne le temps de terminer sa bouchée avant de reprendre avec calme et sérieux :

"  Bien, je vais donc, pour la première fois, répondre à cette découverte.

Sadriska, tu m'as accueilli dans la franchise et la spontanéité de tes sentiments que tu assumes. Tu as su faire preuve de respect et d'un soutient discret envers ma favorite. Tu peux manger.

Charina, tu mangeras quand j'en aurai terminé de mes questions. "

Le jeune ne quitte plus le regard de la Fauve. Regard toujours direct et inquisiteur, cherchant de le même comment ne pas offenser son interlocutrice.

" Je n'ai pas encore percé le mystère des Kosruuzis. Je ne suis donc pas encore capable de lire dans les pensées.

Par contre, je sais faire preuve de détermination quand j'ai la conviction que le devoir m'y oblige. Alors, peux-tu me dire l'origine exacte de ton saut d'humeur de tout à l'heure, et ce qui l'a amplifié ?

Je ne veux pas me méprendre sur ce que je crois avoir compris. "

Le mâle reprend une bouchée de sa viande, croquant dedans avec une voracité qui ne trompe pas. Tout en cherchant à se montrer digne et respectueux, la détermination dans le regard est aussi affûtée que les crocs qui se plantent à nouveau dans le gibier.

Sadriska s'incline profondément puis saisit un morceau de lapin qu'elle commence à dévorer.

Charina hoche la tête puis l'incline en signe d'allégeance et la maintient baissée pendant ses paroles :

"Je crains que ton absence de plusieurs jours m'ait fait oublier la profondeur de ton ignorance de nos usages. Et j'ai été courroucée par tes apparents manques de courtoisie envers notre fonction de Léodranis. Dans les faits, tu n'as commis aucune faute nécessitant des représailles de notre part.

Dois-je me préparer à t'enseigner les règles de vie habituellement constatées dans une cour Léodra ?"

Le Léodra écoute avec attention autant qu'il observe les faits et gestes de sa favorite. Le silence qui suit peut être bercé par les bruits fait par Sadriska, car le jeune reste figé dans son observation jusqu'à l'arrêt de sa mastication en cours.

Un sentiment nouveau envahit le lionceau. Une forme d'admiration mélangée à une excitation est provoquée par cette soumission. Cet instant est savouré, pendant un bon sablier, pendant lequel le mangeur est face à une dualité : l'envie d’attraper sa favorite avec ferveur pour l'honorer avant le repas ou, la laisser manger avant un premier ébat.

Cependant, le jeune est un habitué de la chasse et se contient aisément en regardant Charina telle une proie désirée pendant qu'elle a la tête courbée. Calme et patient, le massif mangeur se contient avec naturel, restant à l’affût du comportement de ses belles et reprenant un attitude normale.

D'un grondement assurée et mesuré, la réponse finit par se faire entendre.

" Tu vas avoir tout l'hiver pour m'enseigner. Tu peux manger. "

Message modifié avec l'accord de la narration suite à une mauvaise interprétation des qualités du personnage