Grage s'éveille accompagné de légères douleurs.

Il comprend vite qu'elles sont dues aux contacts peu agréables et conjoints de la roche sous lui et de son armure. Le jeune Léodra réalise également qu'à nouveau ses mouvements sont restreints par des entraves un peu molles. Il ne lui faut que peu de temps pour repérer les souffles réguliers et endormis de deux personnes proches de lui, allongées contre lui.

Le Léodra éveillé pousse ses femelles mollement, histoire de se libérer

Dans le noir complet, le guerrier se place de coté pour retirer son armure et en faire un tas. Dans le même temps, le jeune réalise que ses femelles sont certainement allongées à même le sol, comme lui. Le phare portatif est utilisé pour générer une bien faible lueur.

Si elles sont allongées à même le sol, et qu'elles ne se lèvent pas, alors c'est le mâle qui va préparer la couche pour porter ses belles dessus et se recoucher. Tout est fait sans grand entrain, et si les Léodranis n'ont pas trop réagies, elles serviront de couverture chaude pour le mâle qui veut se rendormir.

Les Léodranis grognent, le temps de se réveiller. Entre-temps, Grage s'est libéré et a activé son phare portatif.

Il peut donc constater que chacune des femelles repose sur une couche de fourrures. Charina et Sadriska baillent et ouvrent les yeux. Leurs traits fatigués montrent aisément qu'elles n'ont pas leur content de sommeil.

Une fois dévêtu de son armure et après ses constats visuels, le Léodra va se chercher de quoi améliorer sa couche à lui, puis va se blottir entre les deux femelles pour une suite de sommeil dans dans un meilleur confort. Une fois allongé et installé, la lumière est éteinte .

Alors qu'il va tenter de trouver un nouveau sommeil, les doigts de chaque mains du mâle, une main par Léodranis, grattouillent très légèrement et délicatement les crinières des femelles pour les inviter au sommeil tandis qu'il fait le vide dans ses pensées.

Une fois rallongé, les deux femelles se recollent à lui et se rendorment rapidement.

Grage, par contre, reste un bon moment à attendre le sommeil. Et il ne vient pas. Le jeune Léodra est déjà parfaitement reposé, même si son corps est toujours parcouru de nombreuses douleurs.

Grage ne subit plus de malus dû à la fatigue.
Par contre, il conserve le malus physique de -1 dû aux courbatures.

Le Léodra laisse tomber sa quete de sommeil. Dans une économie de mouvement complète, le jeune met de l'odre dans ses pensées en attendant l'ouverture de l'oeil du gardien, ou le réveil de ses compagnes.

Mi-réfléchissant, mi-somnolent, Grage ne prête pas attention au temps qui s'écoule. Deux ou trois heures passent...

Puis, peu à peu, les deux femelles commencent à bouger, à bailler et à se lever, tout en prenant garde à ne pas faire de mouvements brusques. Le jeune Léodra est toujours dans l'obscurité la plus totale.

Le massif allongé ne réagit pas, laissant les félines faire ce qu'elles souhaitent.

Comme le matin dernier, si une bougie est allumée, le shaloar reste dans la même position, laissant cours à ses pensées, ses observations, l'esprit préoccupé.

De temps à autres, un coup d’œil vers l'entrée de la grotte en quête d'une lueur, celle de l’œil du gardien. Mais le guerrier n'y croit pas de trop en ces temps nuageux.

Ça fait déjà bien longtemps que le courbaturé est allongé à ne rien faire. L'oisiveté n'étant pas le point fort de l'homme lion, il finira par se lever et débuter sa journée par un dérouillage grimaçant de sa musculature par quelques exercices d'échauffement et d'étirements. Dans le même temps, les activités des Léodranis sont observées.

Charina va allumer une bougie comme la veille. Et les deux Léodranis commencent à faire un rangement rapide, en veillant à faire le moins de bruit possible. Précaution que les deux femelles cessent quand elles remarquent le lever du jeune mâle. Elles finissent alors leur labeur au plus vite en s'occupant d'aller secouer les peaux de bête ayant servi au sommeil dans le couloir d'accès. Elles reviennent ensuite les replier et les ranger.

Ceci fait, elles contemplent à leur tour Grage.

Dans son état physique et morale, être un objet de contemplation provoque une suspicion chez le jeune qui effectue ses étirements. Que vont-elles me demander après....

Alors le jeune, qui grimace sans exagération et sans pudeur sous l'effet de ses exercices, décide de les inviter pour voir leur réactions et tenter de joindre l'utile à l'agréable. La demande d'assistance aux Léodranis est faite façon sauvageon qui provoque amicalement, le grondement est rauque avec un timbre de mauvaiseté à cause des douleurs ressenties :

" V'nez m'aider, si vous en avez assez dans les bras.

Vous êtes déjà allez dans fort Braise ? "

Grage ne présume de l'approche de ses belles, qu'elles viennent se joindre ou pas, les exercices sont poursuivis.

Les deux Léodranis s'approchent aussitôt, restant à l'écoute, prêtes à assister Grage.

Charina répond doucement :

"Non. L'accès à Fort-Braise n'est ouvert qu'aux résidents."

La bouche de Grage forme un trait bien droit le regard sérieux quand les Léodranis s'approchent, s'interdisant de montrer sa méfiance comme son étonnement.

Ne pouvant plus se soustraire à la demande d'assistance, le massif courbaturé se sert des femelles comme point d'appui fixe, comme poids ou comme force supplémentaire pour bien tirer sur ses muscles dans toutes les positions utiles. Les réactions féminines sont observées pour cause de suspicion.

Entre deux grondements sourds et ténus de douleur mesurée, le mâle continu de s'exprimer de la même façon.

" J'vais aller voir les membres du conseil volcanique aujourd'hui .Hors de question qu'vous passiez l'hiver dehors. "

Les deux femelles ont une réaction de surprise. Elles restent toutes deux quelques instants immobiles et incrédules.

Le jeune courbaturé remarque le changement d'attitude et se fige lui aussi, ne comprenant pas le manque d'entrain dans le soutien aux exercices. Un grondement s'en suit pour tenter de raviver les énergies.

" Qu'est-ce qui vous arrive ? Vous m'aidez ou pas ? "

Charina est la première à réagir. Elle pousse un début de grondement qu'elle calme aussitôt. Elle reprend contenance et répond d'une voix calme :

"Qu'est-ce que tu veux dire par 'aller voir les membres du conseil volcanique', Grage Niark ?"

Sadriska regarde tour à tour le mâle noir et la femelle blanche, silencieuse.

Comprenant que ses femelles ont des incompréhensions, et que Charina prend sur elle de rester calme, le jeune fait preuve de respect en arrêtant ses exercices et en s'installant pour une conversation posée.

L'homme lion s'assied en tailleur et un signe de main est adressé à chacune de ses femelles pour en faire de même de façon à former un triangle au sol.

Le temps ainsi gagné est mit à profit pour réfléchir à une réponse qui se fera entendre quand les Léodranis seront installées. Le grondement est calme et le guerrier fait de son mieux pour trouver les bons mots.

" Avant de répondre à ta question, je vais prendre le temps de remettre un élément important en contexte.

Je ne suis pas comme mes Frères Léodras. Je ne suis pas un sédentaire. Les terres plus ou moins connues sont mon territoire. Partout dans les terres plus ou moins connues, je suis chez moi. Enfin, c'est comme ça que je raisonnais avant notre rencontre.

Du plus loin que remonte mes souvenirs, et avant de vous rencontrer, je n'ai jamais eu besoin de grande tanière. Je dormais là ou j'étais sans jamais me soucier de quoi que soit, si ce n'est de ma survie et celles de mes partenaires et alliés. Mes possessions sont celles que je peux porter, chasses et trouvailles me suffisaient pour vivre et faire ce que je dois faire. "

Ce petit laïus hors sujet n'est la que pour faire prendre conscience aux deux Léodranis que le shaloar n'a pas de domicile fixe. L'expression est posée, mesurée, avec un aplomb invitant au calme. Les deux interlocutrice sont regardées tour à tour pour afficher une respectueuse sincérité de propos, ainsi que pour percevoir les réactions.

" Le Conseil Volcanique de Fort Braise s'occupe des affaires politiques, marchandes, des relations avec les Ordres et.. des notables aussi... mais je sais pas trop ce que c'est. Les affaires politique non plus d'ailleurs.

C'est au conseil que je dois m'adresser pour obtenir un habitat dans l'enceinte de Fort Braise. "

Le Léodra n'en dit pas plus, préférant mesurer les réactions et attendre d'éventuelles questions.

Les Léodranis se sont assises en tailleur et écoutent sagement les paroles de Grage. Elles restent ensuite un moment silencieuses. Puis Sadriska commencent à regarder Charina et le Léodra noir, tour à tour. La Léodrani blanche se décide à prendre la parole :

"Je comprends.

Il n'y a donc aucun territoire de Léodra ici, et à Fort-Braise.
Maintenant que tu disposes d'un début de cour, comptes-tu établir ton territoire, Grage Niark ?"

Le mâle est dans une économie de mouvement pour éviter la douleur des crampes. Seule sa tête pivote pour regarder, tout à tour, ses interlocutrices. La réponse ne tarde pas.

" Je ne peux pas répondre à ta question, Charina. Pas tant que j'ignore ce qu'est un territoire Léodra. "

La formulation sans question est volontaire. C'est le seul moyen qu'a trouvé le réprouvé pour tenter de faire entendre que la Fauve n'est pas obligé de répondre et, qu'une seule version ne suffira pas à l'engagement d'une réponse immédiate.

Charina hoche la tête lentement, et elle répond calmement :

"Je vois.

Nous t'assisterons avec ou sans territoire. Nous sommes tes compagnes."

Sadriska hoche vigoureusement et positivement la tête. La lionne blanche a alors un petit sourire bref en direction de la jeune lionne noire. Puis elle ramène son attention sur Grage Niark pour lui annoncer :

"Nous pouvons également te masser avec un relaxant. Ce sera plus efficace pour faire passer tes douleurs."

Le Léodra est d'abord satisfait par la réaction de ces deux interlocutrices.

Par contre le petit sourire en coin, suivi de la proposition, inquiète le lionceau qui reste sérieux pour tenter de masquer sa méfiance. Cette méfiance n'est pas due qu'au petit sourire, mais aussi au fait que deux femelles veulent s'occuper de son excellence velue pour son bien en apparence, ce à quoi n'est pas habitué le guerrier qui s'attend à une embrouille.

Intérieurement, même si les services proposées sont un piège de Léodranis pour des raisons inconnues, cela ne pourra pas être pire que la tempête d'hier.

En silence le jeune marque son accord par un mouvement de tête positif. Toujours dans l'observation des réactions, l'homme lion gronde :

" D'accord...

Mais pendant que vous vous occupez de moi, je veux entendre comment je peux m'occuper de vous. Je veux que chacune me fasse part de ses attentes de Léodranis. "



Et le jeune est prêt à se laisser mener par les félines qu'il observe.

Charina se lève et va rejoindre un sac posé contre une paroi rocheuse. Elle cherche à l'intérieur puis en sort un bocal de terre cuite scellé par une cordelette entourant un tissu. Elle revient ensuite avec son pot et en retire le capuchon. Puis Sadriska et elle s'enduisent les doigts de la pâte prélevée à l'intérieur.

Et les deux Léodranis commencent à masser Grage sur tout le corps.

Charina commente, tout en prodiguant de savants massages relaxants :

"Nous, Léodranis, ne venons trouver notre Léodra que pour qu'il règle les problèmes face auxquels nous nous révélons impuissantes.

Mais cela ne fait pas tout. Toute Léodrani s'attend à recevoir un habitat suffisamment confortable et sûr pour y élever ses enfants. Et cette grotte ne satisfait pas cette attente."

Tout en massant son mâle, Sadriska hoche discrètement la tête aux paroles de son aînée.

Il faut un certain temps avant que le jeune se détente musculairement et se laisse faire de façon pleinement décontractée. Des grondements sourds se font entendre aux niveaux de endroits douloureux qui sont nombreux. Si les Léodranis sont douées en massage, elles peuvent provoquer de doux ronrons entrecoupés de grondements sourds aux endroits sensibles.

La réponse est entendue, le signe de tête de Sadriska est vue, il faut un certain temps à son excellence courbaturée avant de répondre de façon posée :

" Bien. Cela est tout ? "

Tout en poursuivant son massage expert, Charina observe un bref silence avant de répondre calmement :

"Cela est tout en ce qui concerne nos attentes, mis à part notre protection et celle de nos futurs enfants.

Néanmoins, nous avons été formées depuis notre enfance à certains codes de comportements privés face aux mâles, principalement notre père bien évidemment. Bien sûr, tu sembles les ignorer ou ne répond pas par la gestuelle ou les grondements appropriées. Il va nous falloir du temps pour nous habituer à ce qui ressemble pour nous à des marques d'irrespect."

Sadriska poursuit ses massages tant bien que mal, visiblement moins douée que son aînée.

Le Léodra tarde à répondre et pour causes. Les soins reçus ont l'air de faire un effet que le jeune ne cache pas et réfléchir aux propos dans une telle situation nécessite plus de temps.Toujours dans ce ronronnement entremêlé de grondements sourds, une réponse se fait entendre :

" Le temps et du dialogue, Charina. Si tu veux que ce que tu vis comme des marques d'irrespect disparaissent.

du dialogue... "

Dans un soupir ronronnant, le jeune fait silence savourant la situation.

Sans arrêter ses agréables mouvements de massage, Charina répond aussitôt :

"Bien sûr, Grage Niark."

Puis après quelques mouvements apaisants :

"Souhaites-tu savoir autre chose ?"

Sadriska observe attentivement, tout en essayant d'imiter silencieusement les mouvements de son aînée.