Grage s'approche de l'Hostellerie du Havre Ronronnant en début d'après-midi.

Le massif Léodra entre avec assurance dans la boutique. Les gestes assurés sont bien visible, surtout les bras. Après un aller direct au comptoir, et ayant aperçu la mine sombre du tenancier, le guerrier s'exprime interrogatif.

" Salut,

Que me vaut le déplaisir d'une mine aussi peu accueillante ? "

Le Léodra reste observateur des réactions.

L'armurier fixe le fier Léodra avec de grands yeux ébahis et s'exprime pauvrement sous l'effet de la colère :

"Ha !...", il bredouille ensuite en bouffant ses mots, gesticule avec de grands gestes exprimant son impatience et finit par réussir à dire, le visage rouge :

"Ha ! Te voilà, toi ! Enfin ! C'est pas trop tôt ! Monsieur se fait reconnaître comme le sauveur de la cité et disparait aussitôt ! Et qui passe pour un bouffon ?!? HEIN ?"

Le Shaloar croise les bras sur le torse dignement et laisse le marchand exprimer sa colère. La bouche droite comme un trait, le sauveur ne sourcille pas pendant ce temps. Une fois que le marchand bredouillant de colère, appuyé par son aplomb naturel, le Léodra déploie lentement ses bras et vient poser poings sur le comptoir, penche légèrement le buste et fixe son interlocuteur dans les yeux.

" Et qui traque les démons en dehors de la cité !? Hein !? D'après toi, combien de braves m'ont suivi au delà des murailles !? "

Prenant une profonde inspiration, le guerrier spirituel se redresse et croise à nouveau les bras sur le torse.

" Comme la majorité des citoyens, tu te penses en sécurité derrière ces remparts. Je te laisse à tes croyances pendant que je risque ma peau.

Explique moi donc plus calmement, et avec sincérité, pourquoi ta boutique est vide en cette heure ci ? "

Toujours en colère, le marchand soutient sans peine le regard du massif Shaloar. Et il rétorque en postillonnant et en bouffant ses mots :

"Et ç'ui qui va traquer les démons peut pas prévenir ? Laisser un p'tit mot d'explication ?

Ha ! Là, il aurait l'air moins con en étant absent l' jour où y r'çoit une récompense des Grandes Familles !"

Et là, l'armurier craque. Il s'effondre sur son comptoir et se met à pleurer.

"Qu'il traque donc des démons dehors... si ça lui chante. Qu'il laisse les marchands qui brandissaient son nom vivre dans l’opprobre..."

Tout n'est pas compris par l'auditeur. Mais comme le marchand conserve son attitude sévère jusqu'à l'effondrement, cela permet au shaloar de rester digne, bras croisé sur le torse jusqu'à l'arrivée des larmes.

A ce moment, le jeunot laisse paraître son incompréhension avant de pivoter son regard vers le vigile posté à l'entrée. Laissant le marchand effondré à son comptoir, le sauveur s'approche du trentenaire portant une broigne et, tout en approchant, fait une moue d'incompréhension avant d'adresser la parole de façon amicale, d'homme d'arme à homme d'arme.

" Tu peux m'expliquer d'façon plus claire. J'comprends pas tout c'qui dit. "

Bien que plus petit que le Shaloar, le vigile humain garde les bras croisés et le toise avec un air peu impressionné. Il finit par rétorquer d'une voix sans doute devenue rauque suite à un mauvais coup :

"C'est pourtant simp'. Les guerriers en ville t'ont pas à la bonne, l' crotteux."

Sans changer d'attitude, le Léodra ne se formalise pas pour l'insulte reçu et poursuit dans la foulée :

" La majorité des guerriers qui m'saluent dans les rues ? Pourquoi tu dis ça ? Ca n'a pas de sens. "

De sa voix cassée, le trentenaire balafré en tout sens grommelle à voix basse :

"Les faux-culs..."

Et il reprend aussitôt à voix haute :

"T'es pas l' bienv'nu ici. Alors tu dégages !"

La voix est suffisamment forte pour que le marchand entende

" Des faux culs... Pfff... Et dire que j'venais ici pour faire une proposition à ton employeur dont il aurait pu tirer un bon profit. "

Avec un signe de négation de la tête avec une moue dépitée, le noiraud continu en toisant son interlocuteur façon méprisante.

" Viven Triple Etreinte, champion de l'arène de duel vient de m'offrir un verre; des officiers des grandes famille m’accueillent, me guident, et me trouve le logis pour la nuit; des miliciens qui m'ouvrent des portes... C'est ça qu't'appele des faux culs !   Pfuuu..."

Après la fin du dépit, c'est avec un regard méprisant, reculant la tête de quelques centimètres que la réponse se poursuit

" T'as l'sens de l'humour particulier, petit. Tu f'rais mieux d'apprendre à t'raser ! ... ou à t'taire. "

La dernière phrase est accompagnée d'un regard appuyé sur la gorge du vigile. Sans attendre de réponse, le Léodra quitte l'établissement avec assurance et dignité. Sans se laisser aveugler par le mépris reçue, l'homme lion reste vigilant.

Grage sort sans autre déconvenue, à part la porte qui claque derrière lui. A l'extérieur, la rue est toujours aussi bondée. Mais les passants prennent bien garde à ne pas passer à moins de deux mètres du fier Léodra noir.

De son pas vif et assuré, le solitaire s'en retourne dignement à l'hostellerie. Les sens sont à l'affût. Les éventuels saluts sont rendus brièvement.

Les ennuis sont évités au mieux, en faisant quelques détours, ce qui va servir, à nouveau, d'entrainement pour les poursuivants.

Les déplacements rapides du jeune Shaloar lui permettent de rapidement repérer ses suiveurs, dont celui qui ne cherche pas à se dissimuler. Les quatre fileurs poursuivent Grage avec acharnement, malgré la foule parfois handicapante.

Le fier Léodra va devoir faire quelques détours pour éviter un groupe de fiers à bras, lourdement équipés et tonitruants.

Et c'est sans autre encombre que l'homme-lion atteint la devanture de l'Hostellerie du Havre Ronronnant.

Après un dernier panoramique, le solitaire frappe à la porte, et se prépare à montrer sa bourse, même si la chambre est déjà réservée.

Intérieurement interrogatif, le sauveur a bien l'intention de contacter son maître une fois au repos.

Le judas s'ouvre comme toujours rapidement après la frappe. Le jeune Shaloar reconnait les gros yeux du Semi-Géant derrière le vantail. Le colosse ouvre la porte dès qu'il aperçoit le Léodra noir et referme rapidement après le passage de l'homme-lion. Grage n'a pas eu besoin de montrer sa bourse.

L'homme-lion peut avancer sur le parquet recouvert de tapis épais et bleutés. Comme toujours, la ravissante Mashrani noire attend au fond, derrière son comptoir. Le hall sent toujours la lavande et aucune bonne odeur ne provient de derrière le rideau de perles, à gauche.

Le passage de la porte se fait rapidement et un signe de tête en guise de salut est adressé au semi au semi géant. L'approche du comptoir se fait sans écart de direction, d'un pas décontracté.

" Salutation "

avec une légère inclinaison de tête respectueuse à la ravissante hôtesse d'accueil. Le shaloar ne rajoute rien, se contentant de regarder dignement son interlocutrice de charme dans les yeux.

Toujours aussi stylée, la Mashrani salue le jeune Léodra d'une inclinaison du buste.

"Mes salutations, messire."

Et après s'être redressée avec élégance, elle ajoute :

"Un messager a apporté une missive pour vous. Désirez-vous que je vous la remette ?"

Un peu surpris par la question, le jeunot hausse un sourcil, légèrement intrigué, avant de se rappeler que cet établissement est du standing des grands de ce monde. Le sourcil redescend presque aussi vite qu'il est monté et la réponse ne se fait pas tarder :

" Oui. Avec mes clefs de chambre je vous prie. "

Le sauveur, digne et respectueux, avec une expression de visage courtoise et avenante, se prête à la réponse soutenue mais sans faire de manières.

"Bien entendu, messire."

Et la belle Mashrani dépose avec courtoisie une enveloppe et la clé à tête de lion sur le comptoir. Elle se tient ensuite droite et dans l'attente des désirs de son client.

Se saisissant du pli, puis de la clé, se servant de ses deux mains avec délicatesse, le sauveur ne lâche pas des yeux le regard de sa délicieuse interlocutrice, s'exprimant en conservant son aplomb courtois et avenant :

" Au regret de ne connaitre votre nom, que votre somptuosité soit regraciée. "

Après un digne levé de menton pour saluer son interlocutrice, le solitaire prend congé en direction des escalier. Le noble salut et la mesure des geste laisse la possibilité d'une réponse à la mashrani.

La somptueuse Mashrani se contente de s'incliner lentement devant le jeune Léodra, n'offrant aucune réponse vocale.

Rien ne vient interrompre Grage dans son déplacement vers l'escalier.

Jeune Léodra qui monte les marches pour se diriger vers sa chambre qu'il connait et dont, comme à l'habitude, la porte sera fermée, mais pas à clé. Et si rien ne le dérange, une brève inspection du lieu se fera.

Si tout va bien, alors le jeunot commence à retirer son sac, gantelets et casque pour commencer, les armes suivront disposées en mode prêt à l'action au cas ou, et, enfin, la première phase de détente après les événements de la journée.

Assis par terre dos à un mur, le courrier est attrapé pour être curieusement observé avant d'être ouvert et lu.

Rien ne vient déranger le jeune Léodra qui, en allant à sa chambre, a aperçu un Mashra en protections de cuir au fond du couloir.

Après ses préparatifs au sein de la pièce, Grage inspecte l'enveloppe. Qui se révèle faite d'un papier de faible qualité, grisâtre. L'enveloppe ne porte aucune décoration, ni inscription. Son odeur ne porte que celle de la colle ayant servi à la fermer.

Finalement, le massif Shaloar l'ouvre et en sort un simple feuillet portant en son sommet un petit cercle traversé en haut à droite d'un petit trait. Il est ensuite écrit :

"A l'Estaminet de la Discrète
Après le crépuscule."

L'écriture semble être la même que celle du message précédent.

Le petit cercle traversé en haut à droite d'un petit trait est plutôt de bonne augure. Quand à l'Estaminet de la discrète.... Un jeu de mot, à ' l'Est minet ' du point de rendez-vous dessiné sur le feuillet, et ' soit discret '... Mais jamais Jérémiah n'a appelé le sauveur de cette façon.

L'ex lieutenant cherche dans sa mémoire si cela peut être un lieu connu dans la cité, à tout hasard.

Jet de Mémoire + Esprit méthodique + sagesse populaire + 1d20 = 8 +0 -5 +4 = 7...
La difficulté est de 20.

Grage cherche longuement... et ne trouve rien à se mettre sous la dent à propos de cet Estaminet de la Discrète.

Rien que le nom lui semble étrange. 'Estaminet' est un mot peu utilisé, à sa connaissance. C'est sans doute la première fois qu'il est mentionné au jeune Shaloar dans un nom de lieu...

Content de cette possible aubaine, le shaloar tente de contacter son maître avec l'aide de la pierre tout en faisant quelques étirements, histoire de se détendre sa puissante musculature.

Avant de contacter son ami Afriz, par esprit de curiosité et sans trop y croire, le jeunot tente de contacter Jérémiah via la pierre..