En fin de matinée, Grage revient dans le Quartier des Arènes.

Une fois entré et après son panoramique, le premier réflexe du massif entrant est de se secouer le mieux qu'il peut en évitant d'en mettre partout. C'est d'ailleurs pour cela que l'opération se fait à l'entrée. Dans le même temps, la réponse du shaloar se fait entendre :

" C'est peu que d'le dire l'ami. Ca vous rince plus qu'une piquette. "

Une fois la première couche de flotte acide coulée, l'ex lieutenant poursuit tout en s'approchant du comptoir

" Une bonne bière, c'est possible ? "

Le tavernier s'empresse de répondre :

"Oui, bien sûr ! Ce sera 3 Besants."

Et il adresse un grand sourire commercial au massif Shaloar. Il apparait à Grage que le trentenaire n'était déjà pas à son aise avant son arrivée et qu'il essaie de lui faire une bonne impression.

Le shaloar s'approche du comptoir et place lentement trois beusants, prenant le temps de les compter. Une fois cela fait,  avant que l'aubergiste s'en saississe, le sauveur gronde de façon ténue avec un sourire carnassier en regardant son interlocuteur dans les yeux :

" Avec le bière, tu peux offrir au sauveur un peu de tripes bien fraiches au lieu de les jeter. Dans un gros bol.

Et, à tout hasard, tu as de la graisse pour enduire ma cape. C'est pas un temps à mettre un chat dehors s'il est pas couvert. Même un gros. "

Et tout en rigolant de sa blague d'une façon qui se veut complice, le solitaire rajoute deux beusants au trois présents.

Le tavernier repousse les deux Besants en trop, répondant avec une mine contrite :

"Désolé, Sauveur, c'est une taverne ici. Je ne fournis que des boissons."

Il range ensuite les trois Besants d'origine dans la poche de son tablier. Puis il remplit une chope de bière depuis un tonneau derrière lui. Quand le trentenaire la dépose devant Grage, il annonce :

"C'est un sale temps. Et il faut s'attendre à avoir ça quasiment tous les jours à partir de maintenant..."

Le solitaire range les deux beusants de trop en écoutant les dire de l'aubergiste, ce qui lui permet d'entendre les propos sur la météo qui s'annonce. Ce à quoi, un grondement de réponse arrive de façon presque détachée :

" Mouais. C'est frisquet.

Je n'ai pas encore passé d'hiver dans la cité. Les arènes sont fermées alors, comment s'occupe les gens ? "

Le tavernier ouvre de grands yeux surpris. Puis il s'esclaffe :

"L'hiver ? On n'y est pas ! Ce n'est que le début de l'automne, là ! Au cours de l'hiver, on a droit aux tempêtes de neige !"

Ensuite il reprend son sérieux et répond calmement, toujours souriant :

"Et bah... les gens restent chez eux. Ils sont habitués, ils ont droit à ça la moitié de l'année. De l'automne au printemps ! Mais dès que la météo se calme, la vie reprend dans les rues. Ça n'a pas que des bons côtés !"

Et le trentenaire éclate de rire à nouveau.

Buvant une gorgée de sa boisson, il faut un certain temps au massif buveur pour comprendre le point de vue du patron. C'est donc avec un certain décalage que le solitaire sourit grandement en guise de rire, mais toujours avec cette lueure d'incompréhension dans le regard.

" Ils restent chez eux... Mais alors, comment ils font pour gagner leur vie ?

Et les arènes, elles sont tout le temps fermées en hiver ? Donc les mercenaires, ils font quoi ? "

Une fois la dernière question posé, un regard est lancé aux autres personnes présentes pour voir ce qu'ils font au cas ou.

Les trois autres clients ont l'air de s'ennuyer grave. Le plus frêle est proche d'une fenêtre en parchemin huilé et essaie régulièrement de fixer l'extérieur - donc le peu qu'il en distingue -. Les deux guerriers ont la mine boudeuse des hommes d'armes forcés au désœuvrement. Le plus proche, le mutant, prête vaguement une oreille aux propos tenus au comptoir.

Amusé, le tavernier répond aussitôt, conservant son large sourire :

"Ah mais ! C'était façon d' dire ! Bien entendu, les petites gens sortent de chez eux et doivent rejoindre leur lieu de travail. Mais les travaux en extérieur vont battre de l'aile. Alors... forcément, un certain nombre vont être jetés dans les bas-quartiers par notre vigilante Garde. Mais ça ne concerne que des fraichement arrivés. Ou des fainéants qui n'ont pas su se trouver un véritable emploi et une véritable demeure.

D'ailleurs, d'ici quelques jours, la Garde devrait embaucher quelques mercenaires sachant faire trotter les mécréants. Au cours du premier mois de mauvais temps, il faut épurer la ville !"

" Pour sur qu'il faut épurer la ville ! "

Le grondement sourd du sauveur appui la volonté de ses propos, même si la cible pensée n'est pas la même que l'aubergiste. Levant sa bière en direction de l'aubergiste, le shaloar reprends

" Comment font les marchands, et les hostellerie. Doit y avoir peu de visiteurs fortunés avec ce temps. "

Le tavernier remarque l'intention de lever la bière et fait signe à Grage d'attendre un instant. Le trentenaire va se remplir un verre de liqueur orangée à un petit tonnelet puis revient toquer la plus imposante chope de l'homme-lion.

Ensuite il vide le verre d'un coup et laisse échapper un "Aaaah..." de satisfaction.

Il repose son verre sur le comptoir et fixe le Léodra noir en souriant.

"Bah... il est vrai que beaucoup de marchands vont fermer boutique pendant cette période peu propice au commerce. Moi-même, je vais avoir beaucoup moins d'affluence. Par contre, les hôtels vont être presque tous pleins pendant toute la mauvaise saison : bon nombre de nos visiteurs ne pourront plus passer la nuit dehors !"

Le shaloar patiente pour boire sa gorgée avec le trentenaire, affichant un grand sourire qui se veut amical en cet instant. Les propos entendus laissent perplexe le massif buveur qui, pendant sa réflexion, jette son petit coup d'oeil de vigilance avant de revenir dans la conversation.

" Alors la, faut qu'tu m'expliques mieux l'ami. J'suis qu'un porteur d'armes et j'ai du mal à comprendre comment c'que tu dis est possible.

Si y a pas de visiteur, pourquoi les hostelleries sont pleine en hiver ? Quand il fait beau, les citadins dorment pas dehors. Je l'es auraient vus. J'chasse aussi la nuit. Ou alors ils s'cachent bien. Vraiment bien. Sans compter sur les p'tites frappes, l'bouffeur de foie et tout l'reste.... T'es sur qu'ils dorment dehors la nuit ???

Pis pourquoi ils viendraient plus chez toi ? Y m'semble que t'as une bonne réputation, et qu'si les gens viennent manger l'midi ici, ils vont pas mourir de faim à cause du froid ? "

L'homme lion commence à s'interresser à la discussion avec un intérêt grandissant. L'attitude envers l'aubergiste est plus naturel et seul de petits regards sont lancés sur les autres occupants de la pièce, au cas ou.

Le tavernier s'esclaffe puis agite la main en signe de négation et de calme.

"Ne mélange pas tout !

Tout d'abord, il existe beaucoup d'immeubles abandonnés, surtout dans le quartier des indépendants. Alors ils se font fréquemment squatter pendant les beaux jours. Ensuite, il y a les fêtards, qui restent actifs une bonne partie de la nuit, pendant la moitié de l'année propice. Sans compter les p'tites frappes, comme tu dis... toujours prêtes à saisir la bonne occasion.

Pendant toute la belle période, du milieu du printemps au début des intempéries d'automne, la Garde laisse faire. Il faut dire que la cité a besoin de la main d’œuvre apportée.

Quand le mauvais temps finit par arriver, ceux qui ont réussi au cours des beaux jours se trouvent une place dans un hôtel ou une auberge pour passer l'hiver. Les autres se font alpaguer par la Garde et rejeter dans les Bas-Quartiers."

Le trentenaire fixe Grage pour vérifier qu'il a bien saisi. Puis il ajoute, toujours jovial :

"Il y a moins de clients pendant la mauvaise moitié de l'année, parce qu'ils sont moins enclins à se déplacer. Et comme je n'offre pas de service de couchage, personne ne campe ici."

Le massif auditeur se montre attentif, et va même jusqu'à opiner du chef quand le trentenaire en a terminé.

" Maintenant qu'tu m'le dis, ca m'revient. J'en ai délogé des scouateurs. C'était dans un vieille baraque en ruine, de nuit, en bout rue, avant les grandes portes de l'Est.... Mouais...  J'men souvenais plus d'celle la. "

Le sauveur, se montrant satisfait des explications reçues, boit une petite gorgée avant de reprendre.

" J'suis d'accord avec toi pour les p'tits hotels. Mais j'ai un ami qui s'est fait remercier du Havre Ronronnant sous prétexte que c'était plein. T'y crois toi ? Parce que la, c'est l'gratin qui y va. "

Les réactions de l'aubergiste sont observées attentivement.

Le tavernier hausse les épaules, tout en conservant son large sourire :

"Bah oui !...

Il faut dire que les mercenaires, les guides, les gardes du corps... qui se font bien payer !... ils se retrouvent maintenant en morte saison. Il y a bien un dernier convoi qui va partir dans le mois, mais ce n'est pas forcément attrayant que d'accompagner des marchands sous la pluie.

Et l'Hostellerie du Havre Ronronnant, comme elle accepte tous les clients qui peuvent payer, elle a la côte parmi les saisonniers. Enfin, ceux qui peuvent payer. Parce que c'est pas donné, là-bas..."

Et le moustachu siffle sourdement pour marquer son argument.

"En plus..."

Là, le trentenaire se stoppe, écarquillant les yeux en fixant le massif Léodra. Puis il détourne le regard, en cherchant ses mots :

"Hem... enfin voilà. Cette hostellerie, ce n'est pas le genre où on se rend pour profiter d'une jolie gaillarde."

" Mouais. "

gronde le Léodra façon ténue d'un air faussement détaché, regardant le contenu de son gobelet.

" Tu connais d'bonnes adresses toi ? Avec des femelles comme moi ? "

A nouveau, le trentenaire est observé, mais du coin de l'oeil tandis qu'une petite gorgée est avalée lentement.

Le tavernier reste aussitôt un moment figé de surprise, puis il ne semble pas savoir comment réagir, pour finalement retrouver un grand sourire un peu gêné tout en se grattant l'arrière de la tête de la main droite :

"Haha ! C'est que je suis marié depuis quelques années... je ne sais pas si les bons endroits d'il y a une dizaine d'années existent toujours..."

Puis il repose sa main sur le comptoir et s'approche du massif Shaloar en se penchant, pour lui murmurer :

"Hem... je n'ai jamais vu de femelle Léodra en tant que fille de joie. Ni d'ailleurs une autre sorte de Shaloar... je ne sais même pas si ça existe..."

Le jeune Léodra termine sa gorgée regardant son verre jusqu'à ce que le temps de la surprise passe.

Avant que le patron ne s'éloigne, reprend la massif buveur, intérieurement satisfait de la réponse, reprend sur le même ton.

" Moi non plus, jamais vu. "

Puis, d'un grondement à volume normal, interressé par le sujet sans trop le montrer

" J'suis pas marié moi. Et j'connais que les lanternes rouges. Mais bon, y a p'être mieux. C'est quoi tes anciennes adresses ? "

Toujours embarrassé, le tavernier met un peu de temps à répondre, avec un sourire forcé :

"Et bien... des ruelles dans le quartier des indépendants. Je ne me souviens plus du chemin...

Je n'avais pas les moyens à l'époque, mais je pense que les lanternes rouges sont plus sûres ! On n'y risque pas de se faire égorger en étant là au mauvais moment..."

" Mouais."

Fais le guerrier sans masquer sa déception.

" J'suis pas doué pour les non dits, l'ami. J'te l'ai dit. J'suis qu'un porteur d'arme. Mais j'sais une chose. Un aubergiste de ta trempe sais tout ce qu'y a d'bon a savoir dans son quartier. Et c'est toi qu'a amener l'sujet. Donc, faut qu'tu laches. "

Le massif buveur regarde son interlocuteur dans les yeux, sans pour autant chercher paraître imposant.

Le tavernier écarquille les yeux, puis se met à bredouiller avant de réussir à former ses phrases :

"Hein ?... Mais... Heu non !...

Je discutais juste pour faire la conversation ! Désolé de vous avoir induit en erreur !..."

Et le trentenaire s'écarte précipitamment pour s'éloigner, tournant le dos au massif Shaloar...

Avant que l'humain s'éloigne, le sauveur reprend de façon amicale

" Attends. J'commençais à apprécier ta compagnie. Suffit d'changer de sujet. C'est quand les ou le derniers convois ? tu connais la destination ? "

Le regard du Shaloar se fait moins insistant pour ne pas impressioner.

Le tavernier se retourne vers Grage, et le fixe d'un air soupçonneux pendant quelques brefs instants. Il soupire pour se calmer, puis revient devant le massif Shaloar.

Un bref ricanement se fait entendre, en provenance du mutant assis non loin. Ce dernier reprend vite son attitude morne, semblant ne pas prêter attention au comptoir.

Le tavernier vérifie un instant en direction du client assis à une table proche. Puis rassuré, il finit par répondre à Grage.

"Le dernier convoi Sarzano devrait partir dans le mois. Je ne sais pas quelle destination il va choisir. Ce qui est sûr est qu'il ne va pas visiter l'ensemble des cités comme les convois du printemps ou de l'été. En toute logique, ce convoi-là est un convoi de chasse. Il va essayer de capturer ou de tuer un certain nombre de bêtes.

Après tout, il y aura peut-être d'autres convois... organisés par des marchands indépendants. Mais je n'y crois pas trop. Et ce qui est sûr est que les autres Grandes Maisons n'enverront pas de nouveau convoi avant les beaux jours.

Sauveur, tu cherches encore un emploi à cette période de l'année ?"

Dès le début du bref ricanement, sans se retourner, les muscles du massif buveur se sont crispés un bref instant, sans aucune autre forme de réactions.

Après l'écoute du tavernier, le guerrier spirituel pose ses deux mains sur le comptoir, regarde l'intérieur de sa chope et expire en fermant les yeux.

Utilisation capacité spéciales : sens des totems

Après sa perception, quelqu'en soit le résultat, la tête de l'homme lion se redresse avec une main qui vient gratter virilement le menton comme pour chercher ses mots :

" Mouais...

J'ai deux options. Soit j'trace de la cité, soit j'y reste pour passer l'hiver. Mais si j'y reste, faut que j'puisse remplir ma bourse, c'est clair. T'a des pistes pour moi, l'ami ? "

Grage sent aussitôt une présence totémique. Dragon. Au sein de lui-même. Et c'est tout.
Le jeune Léodra peut également ressentir une faible présence de danger ambiant, provenant des trois autres clients. Plutôt moindre que dans la rue, à cause du mauvais temps...

Le tavernier a un bref sourire moqueur, vite corrigé par un sourire cordial quand il répond :

"Il est souvent un peu tard pour se faire de l'argent quand le temps commence à se gâter. Je ne vois que deux sources de finances à cette période : la Garde d'ici une semaine ou deux. Ou les offres officieuses des Klogauer pour ceux qui sont prêts à se salir les mains.

Pour la Garde, des annonces seront faites par des crieurs dans toutes les auberges. Pour les offres des Klogauer, j'imagine qu'il faut se renseigner dans leur quartier."

L'auditeur laisse passer le sourire moqueur, préférant obtenir quelques informations plutot que de faire valoir son orgueil. Un sourire se dessine sur le visage du carnassier quand le nom des Klogaeur est cité. Après une petite gorgée de boisson, le shaloar opine légèrement de la tête avant de répondre :

" Ca m'surprend quand même qu'les familles se risquent à des sorties en c'te prériode. Rien qu'les tempètes peuvent balayer une caravane. Tu sais c'qu'ils chassent comme bètes les Sarzano ? Les animaux, c'est plutôt les Tekelitt ? "