En fin de matinée, Grage revient dans le Quartier des Arènes.

Le tavernier regarde Grage la mine surprise. Puis, il le fixe un instant avec une mine méfiante :

"Tu écoutes vraiment ce que je dis ?"

Et il retrouve un grand sourire commercial.

"Je viens de te dire que seuls les Sarzano allaient envoyer une caravane. Et que ce serait une caravane de chasse. Elle sera adaptée au mauvais temps, puisqu'elle part au beau milieu.

Et qu'est-ce que tu racontes ? Tout le monde sait que ce sont les Sarzano qui vendent des animaux rares. Les Tékélitt, eux, ils donnent dans la forge !"

" Oui j'técoute ! "

Répond le massif guerrier avec une fermeté indiscutable

" Mais j'sais c'que c'est des vents forts. Ils peuvent presque me décoller du sol. Alors de la à imaginer des caravanes pouvant résister aux rafales, j'ai du mal.

Pis les familles, il m'arrive encore de les mélanger.

Sinon, les Klogauer, ils portent tous des masquent sur la tronche ? "

Le tavernier fixe le massif Shaloar avec surprise lors de son commentaire sur les caravanes. Puis il semble ne pas en faire grand cas. Et retrouvant son grand sourire commercial, il répond :

"Non, pas particulièrement. Les seuls Klogauer qui portent des masques sont simplement ceux qui ne souhaitent pas être reconnus au premier coup d’œil."

" Mouais . "

Reprend le solitaire façon détaché, avec ses petits coups d'oeil régulier dans la salle.

" Tu f'sais quoi avant d'être ici ?

Et c'est à toi tout ça ? "

La dernière question se fait avec un geste de la main qui montre l'auberge dans laquelle il est.

Le tavernier retrouve son aise et répond sans retard :

"Et bien, j'ai commencé en tant que garçon de course. J'ai continué, un peu plus vieux et un peu plus costaud, en tant que livreur. Enfin j'ai réussi à être pris en tant qu'assistant vendeur. Et donc j'ai eu quelques années de vendeur avant d'avoir assez d'argent pour pouvoir devenir tavernier."

Il a un petit rire avant de poursuivre :

"Non non, tout n'est pas à moi ici. Entre autres, le bâtiment. Comme la grande majorité des demeures du quartier, il appartient à la famille Tékélitt. Sinon l'ameublement m'appartient. Tout comme les réserves de boissons."

Avec une moue appréciatrice, le Shaloar reprend

" Pas mal ta vie. On peut dire que tu as réussi. "

Le massif guerrier ponctue sa phrase avec une petite gorgée de sa boisson.

" Et le manque d'action, ca te manque pas ?

Tu m'diras, avec les clients, ca doit pas être de tout repos tout les jours, non ? C'est quoi le p'ire des emmerdes pour toi ? "

Le tavernier se recule et agite négativement la main devant lui, la mine légèrement embarassée :

"Non non, ça ne me manque pas !"

Et il reprend sa position initiale, face à Grage, pour poursuivre sa réponse.

"J'ai un travail plutôt calme. Sauf quand certains clients décident de mettre le bazar. Le pire est quand certains sortent les armes et se trucident à l'intérieur. Heureusement, la Garde est vigilante dans ce quartier. Elle intervient rapidement. Hem... sauf par mauvais temps", finit-il par dire en tournant le regard vers l'extérieur, où d'épisodiques violentes rafales de vent se font entendre au milieu de la pluie continue.

" Tu m'étonnes. "

re^rend le Léodra en regardant en même temps que son interlocuteur en direction des fenêtres.

" Tu m'étonnes. "

Mais, au fait, je m'suis jamais posé la question quand j'étais lieutenant. La garde fait ses rondes, soit. Comment tu fais pour les prévenir quand y a un souci ?

Et quand les ennuis sont la. Y a des citadins qui t'aident ? "

Le tavernier recule la tête de surprise, puis il s'exclame :

"Des citadins qui m'aident ? Bien sûr que non !"

Sa voix redevient plus calme dès la phrase suivante :

"Qu'est-ce qu'ils auraient à y gagner ? Ils ne vont pas prendre le risque de subir un mauvais coup dans mon intérêt propre. Surtout que je ne les paierai pas.

Quand ça tourne au grabuge, j'ai tout intérêt à me rendre sur ma devanture et appeler la Garde à l'aide."

Subitement, la mine du trentenaire se fait méfiante et il demande, circonspect :

"Pourquoi tu me demandes ça, au fait ?"

Aussitôt, un gros rire gras émane du mutant installé non loin à sa table. Il se lève d'ailleurs de sa chaise et annonce d'une voix tranquille, une fois debout :

"Sans doute parce que c'est pas l' Sauveur d' la Cité. T'as vu comme il est à la ramasse avec ses questions d' novice ? Alors, l' visiteur ? C'est quoi ton astuce ? Un pouvoir mutant ou une illusion de sorcier ?"

L'intervention coupe le Léodra dans son élan de réponse à l'aubergiste. Ca fait deux fois que le mutant ricane et le guerrier spirituel ne lui laissera pas le temps de finir son parler, et ce, pour deux raisons. Si le mutant provoque, c'est que certainement que le terrain lui est favorable et seul l'effet de surprise peut contrer l'utilisation de capacités inconnues. En plus, le provocateur a eu le temps d'estimer et de préparer plusieurs scénarios, ce qui ne joue pas en la faveur du massif buveur. Les pouvoirs sont immédiatement activés dès le bébut de la provocation verbale :

Activation Pouvoirs : Augmentation Perception + Volonté + Force + Rapidité + Adresse

C'est juste après le mot novice que l'homme lion agit. La chope est immédiatement lancée à très grande vitesse et force en direction du mutant, peut importe l'endroit du moment qu'il est touché.

Dans la foulée, accompagnant le mouvement de lancé et sans attendre, l'ex-lieutenant fonce sur sa cible en sprint au maximum de sa vitesse. Le prédateur compte sur ses capacités surléodresques pour éviter les obstacles en ligne droite vers l'ennemi, comme s'il suivait la trajectoire de la chope.

Deux épées (pas les claymores) sont dégainées l'une après l'autre. La première est utilisée de son plat pour frapper le ricanneur en pleine face avec une force capable de terrasser un semi géant en un coup.

La seconde arme est prévu pour réagir face à l'utilisation d'un pouvoir inconnu ou, un éventuel loupé de la première attaque. Le bras qui tient la seconde arme est celui avec la relique au poignet qui peut projeter du feu.

Sachant que le provocateur a pu se préparer à loisir au préalabe, un grondement à la puissance d'un kentarrak énervé accompagne l'assaut. Bref, tout est fait pour que le sauveur de la cité surprenne au mieux le mutant.

Grage se tourne à toute vitesse et amorce son geste de lancer dans le même temps. Mais avant qu'il ne lâche sa chope, il sent que son corps ne lui répond plus. Et il s'affale de tout son long sur le sol, lâchant alors sa chope.

Le mutant ricane.

Le massif Shaloar écroulé, s'étant retourné, peut voir au fond de la pièce l'humain en armure se lever vivement, ayant posé la main sur une masse d'armes, et se tenir ensuite en garde. L'humain plus frêle ramène son visage vers l'intérieur de la pièce et regarde la scène, surpris.

"Et bah... tu m'as l'air sacrément rapide, l'imposteur...", ricane le mutant de sa voix grave.

"T'as l'air d'avoir des trucs à cacher pour réagir aussi agressivement, hein ?"

Grage constate que tout le temps des paroles il ne parvient pas à bouger un seul muscle. Même s'il le désire, il ne parvient pas à parler. Néanmoins, son cœur continue à battre...

Une fois écroulé comme une masse molle, les pensées défilent à grande vitesse. Le coeur bat et malgré la volonté du Dragon, le corps ne réponds pas. Plutot que de mourir éttoufé ou de céder à une panique, le shaloar préfère agir sans se soucier de ce que le mutant sur de lui peut raconter :

Activation Pouvoirs : Régénération

Si la régénration fonctionne et que Grage peut bouger, à nouveau le guerrier spirituel utilisent les autres capacités

Activation Pouvoirs : Augmentation Perception + Volonté + Force + Rapidité + Adresse

Et cherchera à atteindre son ennemi au plus rapide avec n'importe quoi en mode rapidité et Force. Le bracelet de feu sera la main de lancée pour que le bracelet tombe dans la direction du mutant.
Si, à nouveau, dans cette nouvelle action, le Léodra retombe, le bracelet de feu braqué dans la direction du mutant sera activé.


Si la régénration NE fonctionne PAS , peu importe dans quelle direction est orienté le bracelet, il sera activé. Le guerrier spirituel préférant griller comme une saucisse que de succomber à l'ennemi présent.

Grage en appelle à son pouvoir de régénération. Qui répond aussitôt. Le jeune Léodra sent son pouvoir apaisant inonder son corps... et ne rien guérir.

Grage subit une pénalité de -1 de fatigue en Etat Général (qui est ressentie mais peut être ignorée grâce à Endurci)

Le massif Shaloar reste paralysé au sol, incapable de se mouvoir malgré sa puissance surféline. Sa paume étant posée contre le sol, un jet de flamme ne ferait que rebondir et lui brûler la main...

Les capacités spéciales étant inopérantes, elles sont arrétées.

Fin utilisation capacités spéciales

Le guerrier spirituel se trouve à la merci de n'importe qui. Une situation nouvelle et le massif allongé focalise son esprit sur les sens qui fonctionnent encore en fermant les yeux, comme un chasseur pourrait le faire. Seul l'ouie va être utlisée pour la suite. Les paroles du mutant n'ont que peu d'importance et sont même écartées si ceux sont les propos d'un psychopathe. Seule la perception physique de l'ennemi est importante.

Le prédateur dispose encore d'un atout et n'a absolument pas le désir d'abdiquer. attendre que son ennemi se rapproche un peu pour appeler mentalement le dragon qu'il a libéré par le passé.

Grage subit une pénalité de -1 de fatigue en Etat Général (qui est ressentie mais peut être ignorée grâce à Endurci)

Le jeune Léodra ferme les yeux. Il entend à nouveau le mutant s'exprimer, manifestement resté immobile, debout à sa place.

"Bon...

Vous autres ! Z'avez bien vu qu'il a tenté d' m'attaquer, c' rascal fauss'ment poilu ?"

Une voix grave inconnue répond depuis le fond de la pièce : "Ouais !...", d'un ton placide vaguement blasé.

La voix du tavernier se fait entendre à son tour, un peu déboussolée : "Heu... oui... qu'est-ce qu'il lui a pris ?"

Une voix masculine plus aigüe et plus posée vient du côté proche des fenêtres du fond.

"Non, désolé. J'ai manifestement raté quelque chose de distrayant. Alors que l'extérieur est d'un manque d'intérêt flagrant..."

Pour l'instant, le vautré au sol ne pouvant pas agir reste dans la perception physique de son ennemi, attendant qu'il se rapproche pour agir mentalement.

Grage entend alors un bruit de tabouret qu'on replace avec un poids conséquent. La voix du mutant retentit à nouveau mais de plus bas qu'auparavant :

"Bien.

On va attendre la fin de l'orage qu' les patrouilles r'passent dans l' coin. C'est leur boulot d' s'occuper des malotrus qui cherchent la bagarre.

Z'inquiétez pas, y boug'ra pas."

La voix grave inconnue répond un simple : "Mouais."

Et un silence pesant commence à s'installer... uniquement troublé par les quelques sautes de vent violents et le crépitement des gouttes de pluie sur les murs.

Tant que personne ne s'approche du Léodra, tout va bien. Le massif vautré n'a pas le choix et ne fais rien pour l'instant.

Et le temps s'écoule lentement...

De temps à autres, Grage entend des tapotements rythmiques se faire sur une table proche, parfois accompagnés de sifflotements disgracieux.

Ce sont les seuls bruits différents de ceux de la tempête. Quand celle-ci forcit, le Léodra impuissant entend le tavernier se déplacer pour fermer les volets, en grommelant à voix basse contre la violence des intempéries.

Et le temps s'écoule lentement...

Le massif allongé profite du temps libre pour tenter de comprendre, ou de trouver une solution.

Tout commence par la mémoire : qu'est ce qui s'est passé quand le Leodra a voulu lancer la chope de bière. Les sens du guerrier spirituel étaient aiguisés en cet instant, un détail lui a échappé et c'est ce détail qui est recherché.

Grage se souvient alors d'avoir senti ses muscles perdre toute tonicité. Il s'est affalé sans résistance sur le sol. Et depuis, il ne parvient pas à en tendre un seul. Seuls les muscles agissant par un réflexe passif semblent continuer à fonctionner, comme pour la respiration ou les battements cardiaques. Dès que l'homme-lion essaie de provoquer une réaction musculaire, rien ne se produit. Même respirer plus vite ou plus lentement est impossible...

Le solitaire allongé cherche maintenant ce qui à pu provoquer cette perte de tonicité. L'adversaire n'est pas un guerrier spirituel, n'est pas un korusii et rien n'a été perçu comme le lancé d'un maléfice de sorcier.

Les odeurs, les sons, le toucher, la scène est repassée à nouveau pour tenter de trouver l'origine de cette perte de moyens.

Le jeune Léodra a beau essayer de se repasser ses souvenirs de la scène, il ne trouve rien qui explique ou annonce son brusque moment de faiblesse persistant. Aucune odeur particulière, aucun son particulier, rien n'est venu le toucher. Juste cette impression de perte de tonicité au moment où il est tombé... et qui perdure.

Faible par son incapacité physique du moment et de ses non trouvailles, le jeune Léodra se rappel ces instants de cachots. Ce qu'il y a de pire, c'est qu'il est prisonnier de son propre corps.

Plutot que de céder à une panique, le shaloar tente de rester maitre de son esprit, s'aidant de la méditation pour cela. L'objectif étant de se mettre au repos comme peut le faire un félin, avec simplement la vigilance d'active au cas.

Le temps s'écoule... et finit par échapper à la vigilance de l'homme-lion en pleine méditation.

A un moment donné, Grage note évasivement qu'il n'entend plus le bruit de la pluie sur la devanture de la taverne. Juste quelques sautes de vent.