Et Grage émerge dans les latrines du Mâtin Difficile...

Après avoir lu le texte avec difficulté, le noiraud lâche un grondement amusé, puis deux, puis une série de grondements amusés, même si le rire est un peu nerveux.

" Quel farceur... "

Puis le guerrier fixe le coursier.avec un franc sourire carnassier.

" Kryss était seul quand tu lui as remis le message ?"

Le messager continue de courir de long en large et répond en même temps :

"Désolé ! C'est pas mon boulot de répondre à des questions !"

" Les messages que tu portes peuvent être verbaux ? "

reprend du tac au tac l'homme lion, respectant les paroles du joggeur

Tout en courant, le gamin secoue la tête et lève le regard au ciel comme s'il ne croyait pas ce qu'il entend.

"Vous avez pas de mémoire, ma parole ! Je vous ai déjà dit qu'on porte que les messages écrits !"

" Ok, t'emballe pas. Tu n'as qu'a m'attendre le temps de le rédiger. Cours dans le coin, je te fais signe."

Le noiraud met un terme à ses capacités spéciales, puis se dirige à nouveau, vigilant, vers la boutique de l'encrier. Ouvrant la porte avec assurance, le massif poilu s'annonce

" Maître de la plume, j'ai de nouveau besoin de vos services. C'est possible ?"

Puis le grand chat observe l'intérieur de la boutique voir s'il y a du monde dedans.

Grage ressent donc le contrecoup des pouvoirs du Dragon. Fort heureusement, il n'a pas fait durer ceux-ci trop longtemps.

Grage subit une pénalité de -1 en Fatigue

Le messager acquiesce et s'en va courir dans les environs.

Quand le Shaloar entre dans la boutique du scribe, il le découvre en pleine conversation avec un homme d'âge plus que mûr : un vieillard aux cheveux totalement blancs. Ce genre de spécimens est rare chez les humains de Tradisgantia. Ils font aussitôt silence et le commerçant arbore un grand sourire pour répondre :

"Bien entendu, Sauveur ! Vous connaissez déjà les tarifs !

Et puisque vous êtes un bon client, je vous fais grâce du prix du cachet."

" Ah...Désolé d'avoir tranché nette une conversation engagée. Le messager attend après un écrit et la course est déjà réglée. Mais il peut patienter, tout comme moi d'ailleurs. "

Le massif poilu est autant sincère dans son propos, que d'en savoir plus sur le spécimen humain. Aussi, le noiraud profite de cet instant pour observer de ses sens le vénérable grisonnant. Un humain aussi vieux est un chanceux ou un puissant, aussi, le guerrier reste vigilant.

Le Sens des Totems ne révèle rien. Le vieillard est entièrement couvert d'atours simples de laine blanche ou grise. La seule arme visible est une dague dans son fourreau de ceinture, que Grage a pu distinguer uniquement parce que la cape-manteau grise est ouverte et rabattue dans le dos. Même s'il est propre et dégage une odeur de savon en plus de sa signature corporelle, il ne fait montre d'aucun signe de richesse ostentatoire : pas de bijoux, ni rubans, ni dentelles. Ses longs cheveux blancs sont attachés en catogan par une simple ficelle nouée.

Dès que le massif Léodra prend la parole, le vieil homme s'écarte de côté le long du comptoir, le torse voûté et le regard dirigé vers le sol. Silencieux. Grage comprend vite que l'inconnu est doué pour ne pas se faire remarquer.

Le commerçant répond aussitôt, accueillant, tout en sortant son nécessaire d'écriture de sous le comptoir :

"Je suis tout à votre disposition, Sauveur !

A moins que vous ne préfériez me dicter votre message en privé ?"

" Vous êtes chez vous, Maître de la plume. "

Répond le noiraud fort de ses observations qui ne font que se poursuivre.

" J'apprécie autant le passe droit que vous me faites que je n'apprécierais pas que l'on me prenne ma place au nom d'un quelconque privilège. Cette personne était la avant moi. Terminez donc. "

Le massif solitaire, après avoir vu les mouvements du grisonnant porteur de cape, cherche à déterminer sa vivacité apparente.

Les mouvements du vieil homme ont été sûrs mais pas particulièrement vifs, bien au contraire : suffisamment lents pour ne pas attirer l'attention. Et il ne bouge désormais plus.

Le commerçant renchérit :

"Ce n'est qu'un vieil ami qui me divertissait de sa conversation. Vous ne prenez donc pas la place de quiconque, Sauveur. Il serait au contraire malséant que je donne la priorité au loisir vis-à-vis de mon travail."

Il lève sa plume, prêt à écrire après avoir déroulé une partie du rouleau de parchemin.

"Quel message voulez-vous transmettre ?"

" Dans ce cas la, je ne peux refuser."

Le vieil homme vient de rentrer dans la catégorie des malins et puissants pour Grage. Le noiraud avance d'un pas s'approchant du comptoir, toujours à l’affût des réactions du soit disant ami, à la recherche d'une véritable odeur corporelle et non d'un savon, d'un rythme cardiaque, d'une respiration avec, peut-être une haleine plus ou moins fraîche.

"  Pourriez-vous me laisser la place que je puisse m’exercer à la plume. Je crois que mon correspondant ne soit un peu tatillon sur certaines formalités. D'ailleurs, il a envoyé un émissaire pour s'assurer qu'il s'agisse bien de moi. Il n'est pas du genre à aimer les mystères. "

Grage a déjà perçu l'odeur corporelle du vieillard, qui n'a rien d'anormale. Les sens naturels du Léodra ne sont pas assez affutés pour réussir à percevoir des battements de cœur chez autrui sans contact. L'haleine, même distante, révèle des dents cariées et des gencives modérément infectées. Le vieillard n'a rien mangé récemment, et s'il a bu, ce devait être de l'eau.

A peine le pussant Shaloar approche du comptoir que le tenancier retourne le parchemin et lui tend la plume.

"Je vous en prie."

Le vieil homme n'a pas bougé d'un pouce, se fondant dans le décor telle une statue, regard toujours baissé. Pendant son avancée, Grage n'a ressenti aucune augmentation de danger. Voire, la sensation a diminué par rapport à la rue.

Le noiraud amusé se place de biais, de façon à avoir vu sur les deux hommes pendant qu'il écrit.

" Je vous sais capable de lire à l'envers, et mon écriture n'est en rien admirable. "

Dit le guerrier en pointant la plume de façon amicale vers le nez de son ex-scribe jusqu'à ce qu'il tourne la tête. Une fois cela fait, le jeunot fait semblant de réfléchir, amusé de contempler les deux humains en silence un court instant.

" Vous pouvez continuer de converser, cela ne me dérange pas. Parliez-vous de celui que l'on surnomme le mangeur de foie ? "

L'homme lion scrute les réactions des deux mâles présents. Malgré son apparente décontraction, le teneur n'en rest pas moins vigilant.

Le scribe détourne le regard pour le ramener vers le museau de l'homme-lion dès la fin de ses paroles. Les yeux écarquillés, sans comprendre :

"Pardon ?"

Puis ayant repris contenance :

"Quel étrange sobriquet..."

" Ah !?! "

gronde le noiraud tout en écrivant de la main droite et conservant sa main gauche de disponible au cas ou, sans oublier de conserver les deux humains dans son champ de vision.

" Vous le surnommez comment vous ? "

dit d'une voie intéressée

Malgré toutes ses bonnes volontés, Grage constate vite qu'il ne peut pas regarder ce qu'il écrit en même temps qu'il surveille les deux hommes... Son regard doit obligatoirement alterner entre les deux points de vue.

Le ton du vendeur d'encre reste indécis :

"Mais de qui parlez-vous, Sauveur ?"

" Ben, du mangeur de foie. "

reprend Grage sur le ton de l'évidence.

" Vous venez de me dire que c'était un drôle de sobriquet tandis que je venais de le nommer. Et avec un frère dans la milice locale, vous ne pouvez pas ignorer les ragots des rues. "

Le grand shoaloar, bien que le regard soit orienté sur son écriture, conserve les deux humains dans son champ de vision, de façon à ce que toute disparition spontanée ou mouvement brusque soit perçu. La qualité de l'écriture fera donc défaut.

Le guerrier n'a que deux lettres à faire, un G et un N

C'est donc assez maladroitement que le puissant Shaloar inscrit ses deux lettres, surveillant du coin des yeux les deux humains sans le laisser paraitre.

Le marchand se frotte le menton, perplexe. Il fronce les sourcils et répond, mi-figue mi-raisin :

"J'ai beau ressasser les dernières nouvelles, je ne retrouve pas de mention à spécifiquement un mangeur de foie...

Pourriez-vous m'éclairer plus avant, Sauveur ?"

Le vieil homme n'a toujours pas bougé de sa place, parfaitement silencieux à part le léger souffle de sa respiration.

" Pas vraiment non. "

dis le noiraud tournant le papier face au scribe.

" C'est une rumeur. Des gens meurt, parait qu'ils sont assassinés, la nuit, et certaines victimes sont retrouvées sans leur foie. Je n'en sais pas plus."

Puis, tendant la plume en affichant un franc sourire carnassier

" C'est à vous maintenant que j'ai signé, vous êtes prêt ? "

Grage reste observateur des deux humains, même si l'attention principale est orientée vers le scribe.

Le vieillard continue d'essayer de se faire oublier.

Le scribe répond en souriant, intrigué :

"Ah oui ! Ces meurtres étranges ! Mais pourquoi avez-vous parlé de mangeur de foie ?"

Et sa fibre commerciale reprend le dessus. Le marchand saisit la plume, tourne le parchemin et se prépare à écrire, toujours souriant.

" Il manque le foie des victimes. Donc il les mange, les foies ? C'est tellement b... Enfin Qu'en ferait-il sinon ?
Mais vous avez peut-être une autre version, d'ou ma première question, comment appelez-vous l'auteur de ces crimes étranges ? "

Puis le noiraud se racle la gorge avant la dictée

" Du crépuscule ou ils étaient cachés, à l'aube ils sont sortis.
Le fauve solitaire les a observé, restant gardien du logis.  "

Curieux d'entendre la version du scribe au sujet des meurtres bizarre, le noiraud n'en reste pas moins vigilant.

Le scribe griffonne à toute vitesse à chaque fois qu'il a entendu une phrase complète. C'est une fois son ouvrage terminé, et l'encre séchée, qu'il redresse la tête vers Grage.

"Et bien... le foie est souvent utilisé comme vecteur pour des préparations alchimiques, il me semble."

Et avec une mine écœurée, il ajoute dans la continuité de ses propos :

"Et qui mangerait des foies humanoïdes ? Il faut être un cannibale pour ça..."

" Vecteur pour les préparations alchimiques..."

reprend le guerrier interloqué.

" Je ne savais pas.

Et le terme cannibale sous entend que le mangeur, si mangeur il y a, soit de la même espèce que la victime. Selon vous, l'assassin est un humain ? "  

toujours méfiant, le sourire du carnassier s'agrandit d'un vif intérêt adressé à son interlocuteur et attend visiblement quelque chose.

Le scribe proteste :

"Ah non, pas du tout ! Ici à Tradisgantia, cannibale signifie qu'un humanoïde mange d'autres humanoïdes. Ce qui est considéré comme un crime odieux !"

Puis il se tait subitement, se consacrant désormais totalement au découpage, pliage et cachetage du message. Une fois, la cire chaude versée, il ose s'adresser à nouveau au grand Shaloar :

"Le tampon aux épées entrecroisées ?"

" Oui "

Répond le massif écrivain satisfait de la question. Puis, dans un mouvement aussi rapide qu'imprévisible, le noiraud se baisse et pose son sac à terre avec bruyamment. La nouvelle position doit permettre de percevoir l'homme aux cheveux blanc d'une vision basse en étant prompt à la réaction.

Après un regard attentif et soutenu pour mesurer les réactions de l'inconnu, si le poilu ne se sent pas ou ne perçoit pas de danger, alors la bourse sera sortie du sac pour comptage de 7 Beusants sur le bout des doigts. Ensuite, le tout sera rangé et la monnaie sera donnée au marchand.

" Le compte est bon ? "

demande le solitaire