Dès qu'il commence à sprinter,

" Regarde moi ça. Ou est le morceau de viande qu'elle m'a annoncé...

Ces femelles sont toujours prêtes à tous pour vous donner envie."

C'est la réflexion du Leodra après une contemplation de plat, plus déçu par le fait qu'il se soit fait abuser par une personne en lui faisant confiance que par l'absence de viande.

Puis, se préparant à manger, la suite est d'un ton plus amicale

" oui mes jambes. Enfin, façon de parler. Mes jambières. Pour avoir une armure unie.

Et pour les grandes familles c'est la règle. Il ne faut pas se mêler de leur affaires. Tu risques plus que ta peau en voulant le faire.

Sans compter que si je dois séjourner plus que de raison, je vais devoir demander l'accord à Kentarrak. Tradisgantia, c'est son territoire."

"Ha ?", réagit Jérémiah au terme des paroles de Grage. Puis il répond sur un ton amusé :

"Je ne suis pas certain que les Grandes Familles partagent cette opinion.

Mais je comprends que Tradisgantia n'est pas ton lieu de vie. Comme je te l'ai dit, ce n'est pas à moi de décider de tes prochains actes."

Le Maître des Routes se lève alors pour rejoindre les plats et s'assoir à même le sol.

" Mouais "

Souffle le jeunot en regardant les plat une fois que Jérémiah est assis et cherchant visiblement par quoi commencer.

" Et cette décision se fera en fonction de tes retours d'informations que tu voudras bien me communiquer.

Pendant ce temps, je vais moi aussi fureter en quête d'informations. J'ai encore de quoi tenir deux nuits sans combattre. Je dormirais ici avant notre prochain échange.

Je te laisse décider du lieu ou nous pourrons nous entretenir, tant que ce n'est pas chez des Kosruuzis. "

Termine le Léodra sur une pointe d'amusement amicale. Et laissant la parole à son invité, l'homme lion commence à manger avec ses griffes, comme il sait le faire quand il est invité chez des humains : habilement propre même malgré la sauce, évitant d'en mettre partout et mastiquant la bouche fermée.

Jérémiah, une fois installé au sol, saisit une assiette et une fourchette. Il commence par goûter la viande, puis hoche la tête pour lui-même, souriant. Il se décide enfin à prêter son attention au jeune Léodra. Il répond :

"Soit.

Je peux te proposer de venir me rencontrer chez moi. Ma situation vis-à-vis des Sarzano est éclaircie, la logique voudrait que je reprenne mes fonctions au sein de mon ordre. Aussi nul besoin que je cache toujours ma présence. Dès demain, bien entendu."

Et il continue à piocher de la fourchette dans son assiette, prenant son temps.

Le massif assis observe sans insistance la façon dont l'humain ritualise le commencement de son repas. La prise de parole se fait une fois la bouche vide, le manger se faisant à la même vitesse que le maître des routes.

"  Me dit pas que tu habites aux lanternes rouges. "

Amusé par cette éventualité, la réponse est dite spontanément, accompagné d'un grand sourire sans montrer les crocs.

" C'est quoi les règles à respecter chez toi ? Autant que je les connaisse si je dois venir. De mon côté, je dors avec mes armes, non négociable. Un tapis propre, ou un parterre comme ici, ça me suffit. "

Le Léodra désigne le sol de l'hostellerie.

" J'ai pas trouvé votre comptoir à vous, Maître des routes. Je peux savoir ou il est ? "

Puis, comme par mimétisme comportemental naturel, le jeunot s'attaque au lapin comme l'a fait Jérémiah avant lui, sans fourchette, cherchant à comprendre pourquoi il a hoché la tête après avoir croqué le morceau.

Grage constate vite que la sauce accompagnant le lapin rehausse drastiquement le goût de la viande.

Après la consommation de quelques morceaux, Jérémiah marque une pause dans son repas pour répondre avec un sourire :

"Non non, je n'habite pas aux lanternes rouges. Mais au sein d'une demeure peu éloignée de notre comptoir. Elle se trouve d'ailleurs dans la même rue, quasiment en face.

Notre comptoir se trouve au sud de la Grand Place des Départs. Peu éloignée. C'est un bâtiment repérable car isolé des autres constructions des rues environnantes.

Mon invitation concerne ma demeure, car je n'ai pas le rang suffisant pour t'inviter au sein de notre comptoir. En fait, il faudrait que je sois le Grand Maître...

Par contre, ma demeure ne fait suivre que les règles de l'hospitalité. Tu pourras garder toutes tes armes avec toi si cela te chante."

Le shaloar surpris par l'effet de la sauce, effectue instinctivement le même mouvement de tête que son interlocuteur. Peut-être même sans s'en rendre compte et assurément sans moquerie.

Puis, pour découvrir les différentes vertus de cette sauce, le doigt est trempé sciemment dedans pour la goûter de façon isolé. ensuite, toujours sciemment, c'est au tour d'un morceau de patate chaude d'être trempé pour être goûté avec la sauce.

Découvertes gustative faites, le Léodra répond posément :

" J'l'ai pas vu votre comptoir quand j'suis allé sur cette place. Je dois être bigleux comme un ver des sables.

Tiens, d'ailleurs, en parlant de ver. Après la tempête, j'en ai vu un qui faisait plus que deux claymores de diamètre près du fleuve, avant de venir te chercher à Fort Braise. Tu en as déjà vu d'aussi gros ?

Tout gros qu'il était, il m'a pas piqué mon marcassin. J'avais faim moi aussi. "

La dernière phrase est dites de façon amusée, avec le mouvement de torse du victorieux.

Jérémiah se montre amusé par la référence au gros ver des sables, tandis qu'il mange. Il cesse un instant son repas pour répondre ensuite :

"Une fois, il y a de cela quelques années. Ce ver a attaqué un des bœufs tirant un chariot. Il l'a tranché en deux, avant de disparaître à nouveau sous le sol. Et, je dois dire, c'est une chance de ne l'avoir croisé qu'une fois. Il a sans doute un territoire de chasse gigantesque."

Il a un sourire bref, puis il reprend la parole :

"Pour en revenir au sujet de notre comptoir, il est séparé de la Grand Place des Départs par quelques ruelles peu engageantes. Si le marcheur ne souhaite pas les emprunter, le trajet est beaucoup plus long en passant beaucoup plus au sud. Cela nous assure une certaine discrétion.

Il existe bon nombre d'enclaves de ce type au sein du quartier des indépendants. Elles sont dues aux bâtiments reconstruits depuis le Cataclysme, par des petites communautés souhaitant s'isoler de la violence urbaine."

" Pourquoi dis-tu ce Ver ? Tu es sur qu'il n'y en a qu'un ? "

Demande l'homme lion faisant une pause après ces mastications

" Il doit bien avoir une tanière avec une ou des femelles, et des petits."

Le remarque est appuyée par le regard de l'évidence, avant de passer à toute autre chose.

" Tradisgantia est étrange quand même. Un ville en surface, ville qui se prolonge dans les entrailles de la mère de tout.

Une ville cosmopolite dans l’âme, composée de quartiers, eux même composés de communautés avec des aménagements, toute cette population ayant plus peur de son voisin que des félons qui sont aux portes de la cité. Étrange non ?

Est-ce pareil dans les autres citées que tu as visitées ? "

Jérémiah a poursuivi quelques instant son repas. Il prend garde à bien terminer sa bouchée avant de répondre.

"Et bien... il existe bon nombre de récits sur des vers des roches au moins deux fois plus petits, qui attaquent des voyageurs isolés. D'ordinaire, un convoi n'a pas à s'en préoccuper. Et vu le faible nombre d'attaques de spécimens aussi imposants, j'en ai conclu sans doute trop rapidement qu'il n'y en avait qu'un seul.

Je confesse mon incurie sur le mode de vie de ces créatures. Je ne me suis concerné que par les dangers que ce genre d'êtres peuvent faire courir."

Il se sert une coupe d'eau fraiche à partir du cruchon de son plateau. Il gobe un morceau de pain trempé dans la sauce. Puis il poursuit :

"Je dois admettre que Tradisgantia est unique en son genre.

Du côté des citadelles des Terres Brisées, toutes sont dirigées par une personne ou une famille unique. Même si certaines contiennent des quartiers ou des édifices réservés à des sous-groupes vivant dans la citadelle. Du côté de l'Empire Kosruuzi, les voyageurs ne peuvent fréquenter que le quartier des étrangers de chaque cité. Il semble que le reste de leurs cités soit dédié à leur peuple. Dans les cités du Karnazad et de la Plaine des Cendres, certains quartiers sont interdits aux visiteurs. Sinon l'ensemble de leurs villes semblent dirigées par des seigneurs et leurs familles.

Il n'y a qu'ici que le pouvoir sur la cité est partagé par différentes familles."

Toujours par mimétisme comportemental, sans moquerie, le shaloar fait lui aussi tremper un bout de pain dans sa sauce pour le manger, viendra ensuite une coupe d'eau.

Un haussement d'épaule précède la réponse

" Un ou plusieurs, on ne sait pas. C'est peut-être le plus fort des vers. Ils ont peut-être une hiérarchie dans leur meute, si meute il y a. Un jour, il me servira de monture. "

Un rire amical accompagne la dernière réplique.

" Et les autres cités , celles du Sud et du Nord, ont-elles connues de grande bataille, comme Tradisgantia ? "

Jérémiah éclate de rire lors de la mention de monture pour Grage. Il se reprend rapidement et écoute la suite sans intervenir, poursuivant son repas.

Après quelques bouchées, il daigne enfin répondre à la question posée :

"Tout ce que j'en sais est que Karnazad, la capitale, a été attaquée par ce qui semble être des démons volants. A priori peu nombreux, une dizaine ou une douzaine tout au plus. Dotés de pouvoirs surprenants... comme de cracher la mort. Ils ont causé de nombreux dégâts mais ils ont été vaincus. Certains font un parallèle avec l'attaque qu'a subi Tradisgantia. D'autres affirment que les assaillants n'avaient aucun rapport, tant par la nature que par la méthode.

Cette attaque inexpliquée a eu lieu peu de temps avant mon voyage qui a été interrompu. Le calme était alors revenu en Karnazad avant mon départ.

Et pour ce qui est de la Plaine des Cendres, aucune nouvelle de ce genre n'est venue jusqu'à moi."

" Quoi ?!? "

Dis le shaloar interloqué mettant un terme aux peu de bonnes manières dont il faisait preuve jusqu'à maintenant, laissant paraitre le contenu de sa bouche tandis qu'il s'exprime :

" Des craches la mort volant ?  Mais c'est quoi qu'ils crachent au juste ? Du feu ? de l'acide ? Et ils ressemblent à quoi ? "

Après ce flot de questions, l'homme lion retrouve son aplomb agréable petit a petit, tout comme son paraître. Un petit verre d'eau pour terminer la bouchée en cours, et la suite des paroles reprennent :

" Faut que tu m'en dises plus sur ces bestioles volantes : apparence, capacités...

Et ca explique aussi pourquoi le semi géant, multiple champion de l'arène, et les autres karnazadrims sont partis. Ils ont du être rappelés. Un peu tard, mais rappelés quand même. "

Jérémiah pose ses couverts, lève les mains paumes vers le haut et fixe un court instant le plafond. Et il regarde à nouveau Grage, joignant les mains.

"Désolé, je n'en sais hélas pas plus. A l'époque, ce genre de nouvelles ne m'importaient guère. A part pour les risques potentiels pour la caravane.

Mes connaissances sur le sujet ne sont que le résultat de conversations avec d'autres voyageurs. Et comme bien souvent, il ne s'agit sans doute que d'une version déformée de la vérité."

" Ah..."

Le noiraud déçu se refait une séance de mastication complète avant de reprendre à nouveau amusé

" Si ça s'trouve, ce ne sont que des goshrock déguisé en blond qui se sont perdus."

Avant de reprendre plus sérieusement

" Tu pourras aussi te renseigner sur cette attaque ? Ça m'intéresse."

Jérémiah a repris ses couverts et continué à manger. Il acquiesce tout en mastiquant et termine sa bouchée. Il déclare alors :

"Oui, je vais essayer d'en savoir plus. Mais hélas, il y a peu de témoins directs..."

Il fronce subitement les sourcils, et demande :

"Pourquoi 'déguisés en blond' ?"

Le shaloar affiche un grand sourire amusé en regardant les cheveux de son interlocuteur, puis hausse les épaules comme si de rien était en guise de réponse.

Une nouvelle bouchée est prise et terminée avant que la parole soit prise.

" La sauce à au moins le mérite de relever le goût de la viande. Dommage que cette viande soit cuite. J'aurais bien essayé avec un morceau de viande crue.

Elle a du caractère cette panthère de l'accueil. Comme la sauce."

Puis souriant, le jeune poursuit son repas

Jérémiah observe le jeune Léodra avec une mine incrédule, puis il secoue lentement la tête avec une mine blasée et poursuit son repas après un soupir.

Le Léodra fait de même, poursuivant le repas proprement, en savourant la viande avec la sauce.

Jérémiah termine son repas, en sauçant son assiette et en ne buvant que de l'eau. Puis il soupire d'aise. A la suite de quoi, il reprend la parole tout en se relevant de sa position assise au sol :

"Sur ce, Sauveur de la Cité, je me permets de retourner au sein de ma cache. Je reprendrai mon identité réelle uniquement demain."

Amusé par la forme de la remarque, le shaloar sourit agréablement et se lève à son tour avant de répondre.

" Ce fut un réel plaisir. Une promenade digestive ne serait pas pour me déplaire.

A défaut d'une escorte, sortons ensemble. Je serais curieux de constater qui de mes poursuivants choisirons quand nous nous séparerons. "

Jérémiah finit de se préparer, recoiffe rapidement sa perruque et se montre souriant :

"Et bien... allons-y !"

Le panoplie est enfilée sans traîner, les armes sont ajustées et une fois prêt, le guerrier ouvre la marche avec assurance, prenant les clefs de chambre avec lui.

Dans l'escalier, le garde sera salué façon martiale. Dans sa descente pour arriver au pied de l'escalier, le léodra se fait observateur avant toute action.

Grage est suivi par le Joachim blond dans l'escalier. Ce dernier se stoppe quelques pas à l'arrière du Léodra noir.

Quelques voix joyeuses ou en pleine discussion se font entendre, étouffées et moins nombreuses que lors du dernier passage, derrière le rideau de perles de l'arche en face. Au fond de la pièce à droite, la même jeune Mashrani attend derrière son comptoir. Et le même Mashra musclé et tacheté, revêtu d'une armure de cuir, se tient près la porte de sortie.

Le Léodra affiche une digne satisfaction à la mashrani avec un regard direct tout en déposant délicatement les clefs sur le comptoir.

Si rien ne le retient, la direction suivante sera la sortie avec un hochement de tête respectueux adressé au portier. Les sens sont à l’affût avant l'ouverture et dès le premier dehors, les sens font leur travail de perception.