Grage arrive en fin d'après-midi...

Bras croisé sur le torse, le shaloar fait un mouvement de négation de la tête, la bouche fermé.

" Non. Je ne peux pas être plus précis. Je ne suis pas alchimiste.

Je sais simplement que cette pierre possède des vertus hors norme, qu'elle est rare et que c'est un bien précieux qu'il faut préserver de nos vies. Je sais aussi que, grâce à cette pierre, un alchimiste à pu donner la vie. Cet alchimiste était un change forme qui a vécu a Tradisgantia, je ne sais sous quel apparence ou quel nom. Le comble, c'est que sa folie de vouloir donner la vie l'a conduit à des exactions qui l'ont conduit à la mort. "

Puis le Léodra décroise les bras pour reposer ses mains sur ses cuisses avant de reprendre posément

" Les prophètes savent utiliser cette Pierre. "

A la fin de sa phrase, le guerrier regarde, tour à tour, les deux autres personnes présentent dans la pièce pour en évaluer les réactions.

Grage constate donc que ses paroles n'ont fait que provoquer la perplexité chez ses deux auditeurs. Les deux interlocuteurs gardent le silence, conservant leur regard fixé sur le massif Shaloar.

Il semble que le jeune Léodra en ait soit trop dit, soit pas assez...

Le shaloar regarde tour à tour ses deux interlocuteurs, lentement, à l’affût de réactions ou de prise de parole.

Après un bon sablier à ne rien entendre, le Léodra finit par reprendre en regardant l’insectoïde.

" D'autres questions ? "

Après avoir cligné plusieurs fois des yeux, Ssklekalac reprend la parole de sa voix aigüe avec un rythme lent.

"Certainement. Il va sans dire.

Auriez-vous l'impression que vos paroles se suffisent à elles-mêmes ? Ou vous contentez-vous de jouer avec notre attention ?

Mais là ne sont pas les questions que j'aurai à poser sur vos déclarations. Celles-ci viendront ensuite."

Un peu dubitatif, puis ennuyé de ne pas saisir, je jeune reprend après quelques instant.

" Pour moi, oui. Mais pour vous, comme il faut des preuves et que j'en ai pas, ca va être compliqué.

Cependant, allez-y, posez vos questions, je répondrais volontiers à celle que je pourrais. "

Le shaloar se tient à l'écoute.

Redevenu parfaitement immobile, l'insectoïde reprend ensuite la parole de sa voix aigüe :

"Avant de poursuivre sur le sujet, j'aimerai avoir confirmation de la pertinence des détails que vous venez d'ajouter à la conversation. Car j'ai l'étrange impression qu'ils ne servent qu'à nous noyer dans des informations de peu d'intérêt.

Donc pouvez-vous nous indiquer pourquoi avoir fait mention de cette pierre ?"

Le Leodra se prête volontier à l'exercice et se contente de répondre simplement à la question, avec sincérité :

" Parce que vous m'avez dit que vous êtes alchimiste. J'ai voulu savoir si vous connaissiez la pierre blanche.

Vous me dite que non. Je vous crois."

Desireux de savoir où en venir l'insectoide, le Shaloar attend la suite.

Le Kerleksèss se contente de hocher la tête, puis il retrouve son immobilisme tandis qu'il répond :

"Soit.

Pourriez-vous revenir au premier sujet, qui concernait les 'chevaliers de l'entropie' ?

J'apprécierai en apprendre plus. Par exemple, que leur reprochez vous exactement ?"

Le Léodra prend juste le temps d'une respiration avant de répondre posément

" Je ne prendrais qu'un seul exemple de ce que je peux leur repprocher, concernant un de ces félons en armure noir. Cet exemple peut-être confirmé par Jérémiah. A défaut de preuve, je souhaite que sa parole puisse faire foi.

J'ai vu, avant la belle saison, sur une frontière entre le territoire Kosruuzi et la forêt des Hommes loup. J’ai vu un homme loup réduire à néant un fortin Kosruusi à lui tout seul. Etonné, je suis resté caché et j’ai été surpris de voir que des rares survivants avaient le droit de fuir en toute impunité alors que la suprématie et l’ardeur au massacre de l’attaquant étaient indiscutable. Aussi, je suis resté caché et, c’est après que j’ai compris.

J’ai suivi l’homme loup qui ne m’a pas repéré, qui n’avait pas de loup avec lui, ce qui ne faisait qu’augmenter mes interrogations. Ma filature se fait et l’homme loup d’apparence s’est transformé en chevalier noir avec des lames aux poignets que j'ai entendu ricaner.

La manœuvre n’avait d’autre but que de pousser les Korsuuris à se venger des hommes loup, sous les ricanements de nos vrais ennemis.

Un de leur jeux de cours consistent à nous entretuer, à semer la zizanie entre nos peuples pour nous affaiblir sans que des hommes avisés, au besoin rationnel de preuve, ne puissent soupçonner leurs actions.

Ah... Je rajoute qu'un de leur sbire en armure nous a rattrappé alors que Kajira n'était pas encore en lieu sur. En venir à bout m'a été difficile. Je ne peux, en aucun cas, vous affirmer qui était la proie de ce soldat. Si c'était moi le gibier, vue le temps que je passe à sillonner les terres plus ou moins connues, je pense que j'en aurais croisé plus d'un à ce jour.  "

Toujours désireux de ne répondre qu'aux quesions posées, le shaloar fait silence et observe.

Ssklekalac tourne le visage vers Jérémiah, qui se contente d’acquiescer, puis d'ajouter :

"Je l'ai vu dans le passé."

Le Kerlèksèss revient aussitôt fixer Grage quelques courts instants, avant de parler.

"Pensez-vous qu'ils soient capables de vous localiser hors des cités afin de vous croiser, pour que vous soyez certain de ces rencontres s'ils vous cherchaient ?"

Sérieux et posé que le shaloar répond :

" Je ne connais pas toutes la capacités de ces cfélons. Je ne peux donc que présumer qu'ils peuvent, sous certaines conditions, faciliter la traque de leur gibier par de la sorcellerie. "

A nouveau immobile et silencieux, l'insectoïde reste à observer le massif Shaloar quelques instants. Ssklekalac finit par déclarer :

"Si ce ne sont que des suppositions, alors en fait vous ne savez rien.

Connaissez-vous réellement les causes de vos conflits avec eux ?"

Le jeune Léodra fronce les sourcils avant de reprendre avec un aplomb qui appui la force de ses convictions

" Ce qui n'est pas une supposition, c'est que ces félons oeuvres pour semer la zizanie et nous forcer à nous combattre les uns les autres ! Et pour avoir entendu un de leur ricanement, ils jouissent de ses situations !

Quand les concours de circonstances sont présents, ce que vous appelez suppositions sont pour moi des coincidences facheuses qui sont ne sont pas dues au hasard ! Surtout quand il en va de la vie de mes protégés ! "

Après avoir affirmer son point de vue de façon franche et respectueuse, le jeune reprend plus posément, bien le ton de voix soit plus appuyé que précédemment :

" Si vous me parliez d'alchimie..., si vous présumiez certaines réalisations sont possibile par instinct, ou expérience..., alors..., en tant que parrain de Kajira et ami de Jérémiah, je vous aiderais comme je le peux pour que vos recherches aboutissent.

Présentement, j'ai l'impression que vous ne cherchez qu'à rendre vain mes assertions pour vous légitimer dans votre zone de confort. Auriez-vous l'aimabilité de m'expliquez la véritable raison de votre questionnement ? "

Ssklekalac reste immobile et sans réaction visible. Après un instant de silence à observer le massif Shaloar, il répond d'une voix tranquille :

"Je vous questionne car Jérémiah et Kajira sont des personnes qui me sont chères. Et pour l'instant, ce que vous avez déclaré ne constitue aucunement des faits. Mon souhait est donc de leur éviter de s'embourber dans les convictions sans preuves d'un inconnu.

Vos paroles semblent convaincues, aussi vous ne feriez qu'entrainer mes amis dans vos errements sans véritables volontés de nuire. Mais je n'estime pas que devenir les adversaires des 'chevaliers de l'entropie' sans réelles raisons soit anodin.

Présentement, vous me citez le cas d'un individu. Aussi pouvez-vous m'indiquer quelles étaient les motivations de ce chevalier noir ? Savez-vous réellement pourquoi il a agi de cette façon ? Savez-vous réellement s'il agissait de son propre chef ou pour le compte d'une organisation ? Et dans ce dernier cas, savez-vous réellement quelle organisation ? Vous êtes-vous simplement posé ces questions ?"

Le Shaloar est visiblement satisfait par la pemière partie des propos, et reste dans cet état de satisfaction visible.

Cependant, le temps de réponse est anormalement long pour plusieurs raisons qui sont silencieuses. Le jeune sait que certains pouvoirs fatiguent, donc, si un espion écoute, plus c'est long, plus ca fatigue. Ensuite, plusieurs possibilitées traversent l'esprit du jeune sans que celui ci n'arrive à trouver le bon choix. Ce temps de silence est aussi mis à profit pour que les sens du prédateurs écoutent, sentent et ou ressentent quelque chose d'anormale.

Conclusion, le temps passe et, quand l'un des deux interlocuteurs décidera de prendre la parole, le shaloar tournera la tête vers Jérémiah en prenant une profonde inspiration. Un geste suffisemment amples et fort pour couper l'élan de parole.

Les mains du guerrier étant posées sur les cuisses, les deux index se mettent à pianoter trois fois sur les cuisses puis, le guerrier spirituel ferment les yeux et effectue un sens des totems. Si les index pianotent, c'est la seule façon discrète que Grage à trouver pour signifier au maitre des routes un signe d'impatience qui pointe car la conversation risque de devenir stérile.

Les sens du jeune Léodra ne lui signalent aucune anomalie environnante.

Le temps passe dans le silence. Et le Kerlèksèss le rompt par une interrogation, accompagnée de son immobilité :

"Et bien ?"

Grage tourne la tête vers Jérémiah avec une profonde inspiration, pianote sur ses cuisses sans provoquer la moindre réaction chez le Maître des Routes. Le massif Léodra peut simplement constater que cela fait maintenant un moment que l'humain l'observe.

Le sens des totems ne révèle que la présence habituelle de Dragon au sein du Léodra noir.

Apres son sens des totems, le Léodra se retourne à nouveau vers l'insectoîde, sans perdre son apparente satisfaction.

" Je crainds que nous ne tournions en rond si nous poursuivons cette conversation. Bien que vos dernières questions pourraient me froisser, elles sont juste le reflet de votre opinion concernant les porteurs d'armes, surtout quand il s'agit d'un shaloar, ce que je peux comprendre.

Pour ma part, je garde à l'esprit que vous n'êtes pas Kerlèksèss a baisser la garde aisément, et cela me convient parfaitement. "

Le massif assis incline légèrement la tête respectueusement. Un geste sincère qui vient accompagner la fin de la dernière phrase. Un fin psychologue peut deviner que tout n'est pas dit et ne sera pas dit. Cependant, le privilège de donner le ton pour la suite de l'échange verbal est laissé au maitre des lieux.

Le Kerlèksèss reste immobile et silencieux quelques courts instants, puis il répond :

"Vos paroles ne sont qu'une tentative d'échapper à devoir répondre à mes interrogations. Et si vous tenez à vous taire, je ne peux que vous inviter à sortir et à ne pas revenir en ma demeure.

Par contre, si vous participez de plein gré à un véritable échange d'opinions, je pourrai sans doute établir mon appréciation de votre personne. Car contrairement à ce qu'induisent vos paroles, mon jugement à votre sujet n'est pas encore défini.

Donc... quel est votre choix ?"

Le Léodra hausse un sourcil d'étonnement, attend patiemment lfin des propos avant de répondre respectueusement et fermement.

" Je n'ai aucun devoir envers vous, Ssklekalac. "

Le jeune se permet d'appuyer son propos avec un regard martial et direct, avec une courte pause, avant de reprendre une position avenante et décontractée.

" Je suis venu de mon plein faire votre connaissance, et vous m'en voyez ravi. Comme je n'apprécie guère menaces et chantages, je fais le choix de partir. A regret, car votre personne est enrichissante, mais je pars.

Soyez assuré que je reviendrais frapper à votre porte. Je ne vous tiendrais nullement rigueur de m'y laisser. Si vous le faite, vous marquerez votre choix définitf de vous passer de ma modeste personne.

Je vous laisse entre amis et vous souhaite une bonne soirée. "

Lent et décidée, le guerrier se lève aujste sa panoplie avant le son départ, ce qui laisse aux autres personnes présentes la possibilité de réagir.

L'insectoïde reste immobile, observe le massif Shaloar quelques secondes et répond :

"N'inversez pas les rôles, je vous prie. C'est vous qui refusez le débat.

Et si vous quittez cette pièce, c'est de votre initiative. Mais aucune autre chance ne vous sera donnée de converser dans ma demeure après la présente occasion."

Le borgne intervient alors subitement, après être resté sans réaction pendant tout le reste des échanges.

"Allons, allons...

Grage, il n'est aucune raison de se sentir offusqué. Mon ami s'interroge et ses manières peuvent te paraitre froides, telles sont ses habitudes de conversation.

Je te prie donc de participer, mon intérêt est également éveillé."

Les deux parleurs ont été écouté avec attention et respect. L'homme lion debout a orienté son regard à chaque prise de parole. Debout, il est évident que, pendant son silence et son absence de mouvement, le Léodra cherche ses mots. Posément, sans chercher à convaincre, les deux interlocuteurs sont regardés tour à tour au moment opportun du discours.

"   Soyez assurés que je ne refuse pas le débat sans raison. Je me demande simplement si l'instant est bien choisi et je vais prendre le temps de d'expliquer ce qui m’apparaît présentement comme une évidence. "

Pour montrer que le débat n'est pas refusé, l'homme lion reprend position sur son fauteuil et porte son regard sur le maître des routes.

" Jérémiah. Tu as la chance d'avoir un ami à la vision neutre, qui fait preuve d'une richesse de curiosité que je ne possède pas encore.Je sais et je mesure l'importance d'une de mes présomptions dites. Elle est volontaire et je ne dispose pas, à ce jour, de certitude absolue. Quand bien même je répondrais à toutes les questions, le doute serait toujours présent dans vos esprits.

Mon sous entendu a pour mérite d'éveiller vos esprits sur ce que peu de personnes sont capable de discerner, dans cette cité et en dehors. Je ne suis pas seul à voir ces félons comme de véritables ennemis.  "

Puis le regard du prédateur se pose sur l’insectoïde

" Vous êtes indépendant, avec un regard neutre. Je ne veux que la protéger. Je peux être dupé, je peux m'égarer sur une mauvaise piste... Je ne suis qu'un Léodra, pas un dieux.

J'ai besoin de personnes comme vous, indépendantes et neutre, vierge sur le sujet. C'est pour cela que je ne veux en dire plus pour le moment. Jérémiah m'a fixé un délai d'un mois. Vous avez donc un mois pour regarder les événements autrement. J'ai foi en votre perspicacité.

De mon côté, je vais continuer à chercher des réponses et revenir pour échanger si besoin. Vous aurez loisir de refuser.

Quelque soit votre choix, Jérémiah est plus qu'impliqué. Je compte sur vous, Ssklekalac, pour l'aider à prendre du recul dans ces recherches. Je vais donc reformuler les engagements que j'ai pris concernant Kajira, avec les précisions que vous devez entendre.

Si son maître l'estime capable d'utiliser ses capacités dans la mesure de ses moyens sans sombrer dans une folie, alors je consulterais Kajira pour sa sortie. Seule Kajira décidera de son destin. Elle sera, en premier lieu, avisée des volontés de son père qui souhaite la revoir, je m'y engage !

Suite à quoi, Jérémiah sera lui aussi avisé des volontés de sa fille. je m'y engage ! "

Le regard se pose à nouveau sur le borgne

" Ta fille et moi avons plusieurs points communs.

Elle apprend vite et bien. La ou des humains échouent après de nombreuses années, j'ai réussi au bout de quelques mois. Elle possède aussi une vision décalée des événements qui l'entourent.

Son point faible est un manque certain de maturité. J'ai cru discerner une force en elle, qui ne peut-être que le fruit d'un héritage dont elle sera reconnaissante à sa façon, quelque soit ses choix.   "

Le guerrier spirituel attend en observant les réactions.

Ssklekalac reste tout d'abord immobile puis il hoche la tête vers Grage, avant de prendre la parole de sa voix fluette et marquée de faibles cliquètements :

"Très bien.

Vos paroles semblent indiquer un véritable désir d'assistance envers mon ami et sa progéniture. Je vous en sais gré.

Je tâcherai pour ma part d'en apprendre plus au sujet de ces chevaliers. Et j'ose espérer que nous pourrons confronter nos points de vue. Vous êtes parvenu à me faire mentir : vous ne parlerez pas plus avant de ce sujet mais ma porte ne vous sera pas fermée à l'avenir.

Existe-t'il d'autres sujets que vous souhaitiez aborder ? Même d'un caractère moins grave ?"

Le Maitre des Routes soupire de soulagement et se renfonce confortablement dans son siège. Il conserve ensuite un léger sourire d'aise.

Un regard amical et confiant est adressé au Maître des routes avant que le jeune Léodra ne porte son attention sur l’insectoïde en s'exprimant de façon reconnaissante :

" Très bien. Ce sujet sera abordé en votre demeure uniquement avec votre aval. "

Puis le ton redevient avenant, avec un petit silence, avant de reprendre.

" Je n'ai plus d'autres sujets pour le moment. "

Le shaloar contient de nombreuses curiosités qui lui viennent à l'esprit, des sujets qu'il aimerait aborder. Mais suite à ce qui vient de se passer, et pour une fois, le guerrier se force au mutisme, par respect, ouvert à toutes éventualités d'ordre sociale.