Grage arrive en fin d'après-midi...

Le massif à peine assis s'attendais à un verbe moin soutenu pour une conversation entre ami. Les sourcils se froncent d'étonnement. au fur et à mesure que le borgne parle, le guerrier, qui s'apprétait à se décontracter, se dresse pour se poser droitement sur sa chaise, les mains posées sur les cuisses, l'attitude sérieuse.

Ssklekalac reste immobile et silencieux, tournant lentement la tête de Jérémiah à Grage et inversement.

Puis il émet une brève stridulation qui pourrait passer pour un soupir. Et il s'exprime :

"Soit.

Pour quelle raison êtes-vous venus me rencontrer ?"

Et le Kerlèksès tourne son visage droit vers le massif Shaloar.

Le shaloar se laisse un instant de réflexion ne sachant pas trop comment formuler ce qui doit être dit. La bouche dodeline de droite à gauche pendant que les mots sont cherchés. Puis, fixant le le parfumuer à hauteur du regard, le jeune prend une profonde inspiration pour se donner de la consistance

" Oui, je ne suis pas un adepte des bonnes manières, pas seulement dans cette cité. Certaines de ces manières m'ont été expliquées et font sens pour la plupart.

Cependant, ce qui est vrai chez l'un dans un contexte donné, n'est pas forcément vrai chez l'autre, sachant que des subtilités de contexte peuvent m'échapper. Il m'apparait parfois plus complexe de répondre à des exigences sociales, que de venir à bout de mes ennemis en combat. Et croyez moi, les félons que j'affronte sont bien plus costaud et vicieux que Jjromsk.

Prenons exemple de ma position verticale après mon éntrée derrière ce siège, j'attendais à minima votre invitation avant de m'assoir. Cette parfumerie est votre territoire. Il vous revient de décider. Ma décontraction était peut-être malvenue. Pourtant, elle est rare et pour moi, elle atteste de motivations pacifiques et sincères.

Mon verbe peut aussi manquer de précision. Bien que je m'améliore avec le temps, il me faut encore l'aide de mes doigts pour compter plus que j'en ai... de doigts, bien sur. Je ne suis pas à l'abri d'une maladresse verbale qui ne pourrait être qu'involontaire.

Soyez également assuré que je ne suis au service d'aucune grande famille. Je ne vois d'alleurs pas avec quoi ces grandes familles pourraient m'acheter tant mes ambitions ne sont pas vénales.

Bien que les propo de Jér...  Maitre Parécos me fassent honneur, je ne souhaite pas m'imposer à votre personne plus que de raison. Si pour une quelconque raison, ma présence vous importune, alors je préfère vous entendre me demander de sortir, ce que je ferais dans le respect.

Avec votre accord, je propose de commencer par vous exposer des généralités sur ma venue, en apportant les précisions que vous semble nécessaire. A moins que vous n'ayez des questions, des remarques ou exigeances à me faire connaitre au préalable. "

Bien qu'observateur des réactions de son interlocuteur, une fois qu'il en a terminé, le prédateur baisse le regard à hauteur de ce qui pourrait être un menton chez l'insectoîde.

L'insectoïde est resté totalement immobile pendant les paroles du jeune Shaloar, ses deux paires de mains jointes les unes au-dessus des autres, posées sur le bureau. Il se contente de hocher positivement la tête avec lenteur à la fin de l'élocution.

Ensuite il prend la parole de sa voix fluette, répondant au Léodra noir en le fixant :

"Veuillez pardonner mon attitude trop peu cordiale, mais il vous faut comprendre que mes rapports avec les membres des peuples Shaloars sont rarement au beau fixe. Aussi je vous sais gré de faire preuve de courtoisie en ma demeure.

Je tâcherai donc de ne pas commettre d'offense envers votre personne. Et si mes paroles vous paraissent désagréables, n'hésitez pas à m'en faire part. Je tâcherai de ne pas renouveler l'erreur.

Ceci étant dit, je vous prie de poursuivre."

" Entendu "

Reprend le shaloar rapidement, prenant ensuite le temps de la réflexion, reportant le regard à hauteur des yeux de son interlocuteur pour s'exprimer. Le ton est posé, parfois martial, parfois amical, le jeune hésitant sur la posture vocale à adopter.

" Tout a commencé de façon fortuite, par le sauvetage d'une fillette, Kajira, puis de son père, Maître Parécos. Impliqué dans cette histoire, il va sans dire que j'ai également agit afin de retrouver une certaine tranquilité.

Pour faire court, les moyens de la famille Sarzanno ont été utilisé à l'insue des volontés du Patriarche. Un colis piégé a été expédié au roi du Kharnazad et Maitre Parécos a déjoué cet attentat qui n'a pas eu lieu. Les commanditaires du convoi ont voulu réduire un Maître des rouotes au silence, souhaitant capturer sa fille pour la prendre comme otage. J'ai aussi subi une légère déconvenue avec une bonne dizaine de maladrins dont les restes trempent dans ce fleuve qui traverse la cité, fleuve dont je ne connais le nom, mais je m'égare.

Grâce aux compétences de Maître Parécos, le mystère a été levé. Le Patriarche Sarzanno informé souhaite maintenant regler cette affaire et, pour l'instant, nous sommes tout trois en vie, Kajira, Jérémiah et moi même.

Nous voila donc présentement devant vous pour savoir si l'infiltration et l'utilisation des moyens de la famille Sarzanno est un cas isolé dans cette cité, ou pas. Souhaitant que votre perspicaté soit source de clairvoyance dans cette histoire, avez-vous des interrogations ? "

Le jeune, qui allait s'arréter pour répondre à d'éventuelles questions, ne peut s'empécher de reprendre plus fermement :

" Pour ma part, la priorité dans cette histoire, c'est la tranquilité de Kajira ! et donc, de son père ! Les affaires de la cité sont de second ordre. "

A nouveau immobile pendant le discours du jeune Léodra, Ssklekalac intervient à la suite après s'être assuré qu'il en avait terminé.

"Certainement. Et ma première interrogation est : si le Patriarche Sarzano souhaite régler par lui-même cette affaire, ne vous aurait-il pas demandé de faire le silence sur celle-ci ?"

Le Léodra fronce les sourcils, se remémorrant l'entrevue avec le vieil homme assis sur son trône avant de reprendre.

" Non.

Il m'a demandé si j'étais satisfait par la sentence appliquée. A cela, j'ai répondu : pleinement. Aussi a t'il validé  en concluant que nous étions tous deux pleinement satisfait par l'issue de cette épineuse affaire. Ce sont ces termes.

Quand j'ai répondu pleinement, j'ai ajouté que je souhaitais que, de son côté, le patriarche ait pu en apprendre d'avantage sur les auteurs de cette perfidie, sans poser la question directement. Il n'a pas relevé ma curiosité.

Le seul engagement est de ne pas se méler des affaires de sa famille. Cet engagement concerne Jérémiah, Kajira et moi même. "

Toujours immobile, l'insectoïde répond calmement :

"Intéressant.

Le Patriarche semble s'attendre à ce que vous n'en restiez pas là. Vous êtes vous senti surveillé ?"

Le questionné répond aussitot, l'air sérieux

" Non, au contraire. "

Puis, se tournant vers le maître des routes, le récit se poursuit, oubliant le protocole verbale

" Tu t'souviens. Les filatures ont même cessé au même moment qu'tu es apparu en ma compagnie, ouvertement, après notre repas. En sortant de l'hostellerie du Havre ronronnant, je m'attendais au pire parce que j'avais pris l'habitude d'être suivi par quatre personnes. "

Le regard revient vers l'insectoîde

" Pour être précis, le lendemain de ma rencontre avec le patriarche Sarzanno, un de mes quatre poursuivants habituels ne prenait plus la peine de se cacher. Il portait une insigne en or qui représente un phénix, un Sarzanno.

Et après être allé chercher Jérémiah à l'Estaminet de la discrète, juste après notre repas, plus de poursuivant. J'ai cherché en vain, je n'ai pas trouvé leur cadavre.

Si je suis suivi, c'est par des moyens hors norme ou occulte que je ne peux sentir ou ressentir.

Quelles seraient, selon vous, les intentions probable du patriarche Sarzanno à mon égard ?  "

Le guerrier ne masque pas sa méfiance naissante dont la source ne sont pas les personnes présentes.

Au terme des paroles de Grage, l'insectoïde se tient le menton de sa main supérieure droite. Puis il la repose et la joint à sa main supérieure droite, retrouvant sa position initiale.

Sa voix fluette se fait entendre, accompagnée de faible cliquètements :

"Et bien...

La cause du départ de la surveillance... d'ailleurs, ces quatre poursuivants agissaient-ils de concert ? Ou semblaient-ils avoir des intérêts divergents ?

Vous êtes un Léodra. Il vous serait aisé de distancer des fileurs humains à la course. Donc vous laissiez vous suivre à tout moment ? Ou vous débarrassiez-vous de cette filature aux moments idoines ?

Je vois déjà trois raisons potentielles à l'abandon de votre surveillance : votre facilité d'y échapper, l'arrivée des conditions climatiques de l'automne ou le manque d'informations utiles qu'elle pouvait procurer.

Et enfin, vous avez tout à fait raison de parler de moyens occultes pour vous faire surveiller. Les Grandes Maisons ne manquent pas de subalternes doués de capacités étranges."

Une petite grimace d'incompréhension se dessine au moment du mot idoine. Mais le jeune se cache bien de son incompréhension et reprend avec entrain :

" Bien sur que je les semais quand je voulais. Même le truc invisible qui suivais pendant un moment, j'l'ai semé.

Et ces quatres humains n'agissaient pas de concert. C'était amusant de les voir me filer le train. Il restaient bien à l'écart l'un de l'autre et ne manquait pas de s'observe les uns les autres.

Vous en savez plus sur ces moyens occultes ? Ils peuvent me voir, m'entendre à distance, me repérer quand il veulent même dans une obscurité totale ? Sont-ils en train de m'espionner sur l'instant ? "

Le Kerlèksès reste immobile, et répond de sa voix fluette :

"Je n'ai hélas que des suppositions. Il existe tant de pouvoirs, de sorcelleries et de capacités mutantes qu'il n'est guère possible de s'immuniser à tout et au moment souhaité. Et il en existe sans doute qui ont la capacité de rester indécelables tant que leur faiblesse ne peut être découverte.

C'est entre autres la raison pour laquelle je ne m'oppose pas directement aux Grandes Maisons.

Vous avez parlé d'un... 'truc invisible qui suivait'... je ne vous demanderai donc pas comment vous l'avez repéré. Mais ce n'est sans doute qu'un seul des moyens à leur disposition.

Mais tout moyen de surveillance a des conditions d'utilisation, plus ou moins coûteuses. Il faut donc tâcher de ne pas devenir trop intéressant à surveiller.

Tout ceci pour vous indiquer que si vous souhaitez en apprendre plus sur les secrets des Grandes Maisons, vous vous adressez à la mauvaise personne."

" En apprendre plus... Pourquoi pas.   "

Répond le shaloar plissant les yeux d'un intérêt certain et marquant une pause avant de reprendre.

" Mais seulement d'un point de vue historique, si vos connaissances vous le permette. Et je suis au regret de vous contredire. Je suis convaincu que je m'adresse à une bonne personne. Pour cause, vous êtes indépendant et capable de vous arrêter quand il le faut afin de ne pas me mettre en danger plus que de raison.

Sur ce, l'histoire peut attendre, Ssklekalac. Je reviens sur les deux sujets qui m’intéressent présentement.

Pensez-vous que l'infiltration et le détournement des moyens de la  famille Sarzanno soit un cas isolé dans la cité ?
Et
Pensez-vous que Jérémiah ainsi que Kajira ne seront plus ennuyés par cette affaire ? Que se soit par un Sarzanno, famille ou homme de main, ou part les auteurs de ce complot ? "

Le jeune, qui allait se taire pour écouter le retour de son interlocuteur, reprend aussitôt la parole pour ne pas oublier ce qu'il va demander

" Ah. Quel titre précède votre nom ? Et aussi, à qui aurait profité le plus la chasse que Jérémiah et moi avant interrompue ? "

Le Kerlèksèss reste un moment immobile et silencieux. Enfin il lève la main droite supérieure en un signe de faible importance avant de la reposer à sa position initiale. Et il répond de sa voix aigüe mêlée de faibles cliquètements :

"Votre question est fort mal posée. Peut-être est-ce due à votre ignorance des milieux de notre cité ?

L'infiltration ou le détournement des moyens de la famille Sarzano n'est pas un cas isolé. Toutes les familles subissent des infiltrations et des détournements. Chacune lutte activement contre ces méfaits à l'encontre de sa légitimité. Ce genre d'exaction peut voir son origine émaner de l'extérieur ou de l'intérieur même d'une des Grandes Maisons. Parfois l'une d'elle se nuit à elle-même. Comme par exemple dans le cas d'un conflit de succession.

L'apparition de conspirations est donc sans fin. Et personnellement, bien qu'une personne bien au fait des activités de la cité, je n'ai conscience que de bien peu de ces conspirations. Ce qui n'a rien de surprenant, le but d'une conspiration est de rester voilée.

En ce qui concerne l'affaire touchant Jérémiah et sa fille Kajira, je crains qu'il faille s'attendre à d'autres remous qui en découleront. Dont l'origine pourra aussi bien provenir de la famille Sarzano, d'une autre famille ou de l'extérieur. Et pas nécessairement des auteurs actuels de ce complot."

Ssklekalac se tait un bref instant, puis reprend :

"Aucun titre formel ne précède mon nom. Néanmoins certains me donnent le titre de 'maitre alchimiste' ou de 'maitre des potions'.

Enfin, je ne peux hélas répondre à une question dont je ne comprends guère le sens...
De quelle chasse parlez vous ?"

" Alors vous aussi vous êtes alchimiste. Ça doit être dans la nature des Kerlèksèss. "

Reprend spontanément le Léodra, avant de passer ne mode presque amical. En tout cas, le Léodra se sent à l'aise et la discussion lui plait.

" Je vais faire comme pour Jérémiah. Je vous dirais maître en public.

Remplacez le mot 'chasse' par 'complot'. A qui peut profiter le plus ce complot dont nous parlons ?

La réputation des Maîtres des routes est entachées, les Sarzano ont été infiltrés avec leur moyens détournés, la cible était le roi du Kharnazad, et, en guise de provocation ultime, l'infiltrée avait les traits d'une Hirzaoui. "

Le shaloar fait silence dans l'attente visible d'un retour

Même si son expression faciale ne varie pas et qu'il reste immobile, Ssklekalac répond d'une voix amusée :

"Ah ? Et quels sont ces Kerlèksèss que vous connaissez ?"

Son ton redevient aussitôt sérieux alors qu'il poursuit :

"La réponse la plus évidente est la famille Hirzaoui.

Les Maitres des Routes et les Sarzano sont leurs plus grands rivaux, certes sur des sujets différents. Une attaque sur le roi du Karnazad légitimerait des représailles sur ces deux rivaux.

Pour ce qui est de l'infiltrée, son appartenance à la famille Hirzaoui était-elle prouvée ? Si ce n'est pas le cas, une accusation des Hirzaoui ne ferait que renforcer la justification de leurs représailles.

Mais bien entendu, provoquer une querelle de grande ampleur entre les Sarzano et les Hirzaoui serait également du pain béni pour chacune des autres Grandes Maisons.

Enfin, certains membres de la famille Sarzano pourrait vouloir provoquer ce genre d'incident pour amener au conflit alors que leur Patriarche préfère se restreindre à une lutte commerciale.

Comme vous pouvez le constater, il faudrait de plus amples informations pour tirer le fin mot de cette affaire."

" Mouais. "

Reprend la shaloar un peu embêtée

" On va pas chasser à la billebaude pour finir en gibier. Et, arrétez moi si je me trompe, mais poursuivre des investigations sur ce complot revient à se mêler des affaires de la famille Sarzano. Donc, je ne dois pas continuer. "

Le sujet semble clos pour le Léodra quand il poursuit de façon plus amicale

" J'ai connu un Kerlèksèss dont le nom complexe m'échappe. Un alchimiste frileux qui fabriquait des flitounettes, ou un truc du genre. Cela lui servait de bouillotte. C'était bizarre de voir ça en belle saison.

J'en ai vu un autre chez les Sarzano. Un membre de la garde personnelle du patriarche, bardé d'épée et très rapide. Sur ce, plusieurs bras, c'est toujours pratique et... "

Puis le massif blagueur se stoppe subitement dans son récit et se tourne vivement vers le maître des routes comme pour le réveiller, ou, tout du moins, tenter de le surprendre.

" Hé, réveil toi un peu. Tu ne dis rien. T'as bien des interrogations plus avisées que les miennes. C'est toi qui pensais que cette histoire avec la morte momifiée n'était pas un cas isolé. Racontes nous ce qui a pu te mener à cette réflexion ? "

Si le Léodra est victorieux dans sa tentative de surprendre, alors, un sourire amicalement exagéré est adressé au borgne. Sinon, le sourire est amical.

Nullement surpris, le borgne tourne tranquillement la tête vers le jeune Léodra dès que ce dernier le fixe. Il sourit en coin au commentaire de Grage, puis pousse un faible soupir et prend la parole :

"Tu dis vrai, Grage.

Mais je n'ai aucun élément concret qui me soutient dans mon hypothèse. Tout comme mon ami Ssklekalac, j'aurai de prime abord tendance à considérer cette affaire comme un des nombreux complots usuels de la cité. Cependant, ton aplomb m'a poussé à prendre ton point de vue envers l'entropie en considération.

Hélas, pour l'heure, rien n'est venu corroborer cette hypothèse."

" Oui, c'est certain que ces félons de l'entropie se félicitent de chaque zizanie semée. Je ne sais s'ils apprécient autant quand ils n'en sont pas les auteurs. "

reprend le shaloar convaincu de ses propos

" Bon, bah tache de gagner ton galon rapidement ! Un peu de sang neuf ne pourra faire que du bien à ton ordre. Tu peux compter sur moi si tu as besoin. "

Et, comme si la directive amicale annoncée ne pouvait souffrir d'un refus, le sauveur se tourne vers l'insectoîde

" Ssklekalac, si vous n'avez pas d'autres questions, moi, j'ai une demande à formuler. "

Mais avant de poursuivre, le guerrier préfère attendre l'aval de son interlocuteur.

Jérémiah hausse un sourcil interrogateur.

Puis, comme Grage a tourné son attention vers le Kerlèksèss, il se contente d'observer et d'écouter.

Ssklekalac est resté immobile pendant les échanges entre Grage et Jérémiah. Il le reste quand le massif Shaloar lui adresse la parole. Le Kerlèksèss se contente alors de répondre de sa voix aigüe :

"Fort bien. J'ai justement une question à poser.

Puis-je savoir précisément ce que vous désignez tous deux par 'entropie' et 'félons de l'entropie' ?"

L'étonnement de Jérémiah n'est pas relevé pour deux raisons. Ce que l'homme lion a dit est dit et il ne reviendra pas dessus sans arguments contraire, et, la question posé attire l'attention du répondant.

" Félons, c'est pour rester correct. "

Les dents un peu serrés sur un ton méprisant et teinté de haine.

" Ceux sont les acheteurs d'esclaves en armure noir. Ceux qui s'donnent des noms d'cailloux. Chevaliers d'Obsidienne, Seigneurs de Jais... Pff... Mon poil à tondre qu'ils sont à l'origine de cette pluie acide. Ils sont bien pire qu'une tique accrochée sur l'dos d'un chien.

Et les grandes familles les laissent faire sans comprendre que le but de ces félons de l'entropie n'est que d'asservir avant de détruire. "

La main supérieure droite vient frotter le bas du visage de l'insectoïde pendant quelques brefs instants. Le Kerlèksèss la repose à sa place première ensuite. Et il dit :

"Hmmm... J'avoue que je n'apprécie guère ceux que la populace nomme 'chevaliers de l'entropie'. Mais cela ne reste qu'un jugement personnel lié à leur façon de se comporter. Vos griefs à leur encontre semblent plus profonds...

Hélas, vous ne trouverez aucune preuve tangible de leur mésactions à l'encontre de Tradisgantia. Je ne peux guère dans ces conditions me fier à des sentences de félonie à leur encontre."

Et il ne dit rien de plus, attendant les réactions.

Les propos entendus sont générateur du amère déception chez les massif auditeur. Le tête se redresse avec une expression sérieuse, presque hautaine, tandis que les bras du prédateur viennent se croiser sur le torse. Le grondement porte l'état d'âme du shaloar :

" Mouais.

Tout le monde n'a pas les yeux ouverts au de la des murailles, ni l'ouverture d'esprit pour accepter ce qu'ils sont. Les jeux de cours qu'ils pratiquent sont d'un niveau bien supérieur à ceux des grandes familles.

Je leur reconnais une chose, à ces félons. Ils ont compris qu'il était bien plus simple de soudoyer les humains, au lieu de chercher à les cantonner comme les dieux ont pu le faire jadis.

Cependant, en tant qu'alchimiste, vous devez connaitre la pierre blanche, ou pulsante ? Parce que eux la détruise à petit feu. Ça fait partie de leur jeu. "

Le grondement peut paraître étrangement mature chez le jeune guerrier, et un aplomb naturel accompagne le poids des convictions.

Le Kerlèksèss immobile a subitement une sorte de clignement des yeux. Puis après un instant de parfaite immobilité, il demande :

"Je suis bien alchimiste, mais je crains de ne pas saisir ce à quoi vous faites référence...

Une pierre blanche peut désigner bien des roches. Par contre, je ne connais aucune pierre pulsante.

Pourriez-vous donc vous montrer plus précis ou détaillé ?"