Grage arrive à petites foulées épuisées dans l'enceinte.

Sadriska poursuit sa lutte défavorisée avec entrain, laissant par instants des ronronnements fuser.

"Non", répond tranquillement Charina.

"Les grottes sont froides, mais dans les profondeurs elles conservent leur faible température quand à l'extérieur le gel devient mortel."

Après avoir entendu les propos de Charina. Le mâle augmente le niveau des chatouilles, prenant un ton faussement sévère

" Dis nous ou sont les papiers ! "

Puis, diminuant peu de temps après cette intensité, le mâle gronde de façon suave et ronronnante de désir, en mordillant l'oreille de la jeune féline

" Tu as de la chance que je sois en armure, ravissante féline. "

Le mâle prend toujours soin de ne pas faire mal à la joueuse.

Sadriska prend faussement la mine de la ronchonneuse et s'écarte rapidement de Grage. Elle cherche un court instant, et va chercher les documents posés sur la table.

Elle les ramène ensuite, avec une mine exagérément souriante.

Charina reste tranquillement assise, silencieuse et légèrement souriante.

Sous son effet répulsif, le jeune gronde d'un franc ronron, regardant Sadriska faire son aller retour. Le jeune fixe celle qui tend les papiers, se lève avec sourire amusé et vient délicatement frotter sa truffe contre celle de la belle qui lui fait face.

" Il me faudrait bien plus qu'un joli sourire pour que je les remplisse à votre place. "

gronde le jeune amusé. Et sans rien ajouté de plus, le chemin de la sortie est pris pour vérifier si l’œil du gardien va bientôt s'ouvrir.

Et une fois arrivé sur le seuil de la grotte, Grage peut donc constater que l'extérieur est toujours aussi sombre que l'intérieur... l'Œil du Gardien ne s'est manifestement pas encore montré.

Un peu déçu par le manque de vigueur du Gardien, le jeune s'en retourne dans sa grotte. Puis, silencieux, adossé contre le mur d'une paroi les bras croisé sur le torse, il observe les Léodranis laissant le temps s'écouler.

Charina et Sadriska semble affairées à commenter à voix basse et par signes discrets les documents. Le Léodra noir peut néanmoins entendre un éclat d'humeur de la part la Léodrani fauve :

"C'est du parchemin trop fin... on ne peut pas écrire dessus à la griffe !"

Une fois que Grage s'est adossé à un mur, Charina se tourne vers lui et demande d'une voix douce :

"Grage Niark, aurais-tu du fusain ou de l'encre et une plume ?"

Le shaloar pivote sa tête en direction de sa favorite avant de lui adressé un signe de négation de la tête. Puis un grondement posé se fait en retour :

" Je dois pouvoir trouver ça au marché extérieur. Je t'en ramène quand je reviens avec Miloz. "

Puis les réactions sont observées.

Charina hoche la tête en souriant :

"Très bien !

Et sinon... sais-tu ce qui est attendu avec ce questionnaire ?"

A la façon dont il plisse les yeux, le jeune ne comprends le sens de la question. C'est sur le ton de l'étonnement que le début de la réponse se fait entendre, et la suite sur le ton de l'évidence.

" Ce qui est attendu ?!? .. Il est attendu que vous le remplissiez et que je le rapporte. Pourquoi cette question ?

Je n'ai même pas pris le temps de regarder ce qui est demandé d'ailleurs.   "

Sur ce, le jeune se doute que son retour n'est pas ce qui est attendu par sa favorite. Le jeune s'approche donc pour prendre le temps de lire le contenu du document et approfondir le sujet.

Grage rejoint donc la table où se sont placées les deux Léodranis et vient jeter un coup d’œil aux documents. Cela lui demande une intense concentration pour réussir à déchiffrer l'ensemble du texte.

La partie haute contient des portions attendant le nom, le peuple et le sexe du rédacteur. Viennent ensuite sa situation familiale et la description de ses enfants. Puis une question demande de citer les noms de proches déjà résidents à Fort-Braise, avec leurs liens familiaux.

Ensuite arrivent les questions d'ordre personnel :

"Qu'est-ce qui vous a amené à solliciter un logement à Fort-Braise ?"

"Avez-vous déjà tué des êtres intelligents ou civilisés ? Pour quelles raisons ?"

"Que pensez-vous pouvoir apporter à la population de Fort-Braise ?"

"Avez-vous des maux ou des travers à faire soigner ?"

"Quels sont vos biens et vos possessions ?"

Le Léodra fait glisser son index sur chaque ligne deux fois. Une fois pour décortiquer ce qui est écris, une fois pour comprendre le sens de la phrase. Le formulaire administratif ne plait pas au Léodra et les commentaires se font entendre près la lecture.

" C'est moi qui sollicite un logement à Fort-Braise, pas vous.

Tuer des êtres intelligents, non. S'ils étaient intelligents, ils ne se seraient pas mis sur votre route. "

Le jeune adresse un sourire amusé et fière aux Léodranis avant de poursuivre.

" Oui, vous avez tué pour votre survie, pour défendre vos biens, vos proches et votre territoire. Attention, si c'est pour la défense de votre honneur, qui n'est qu'une perception de l'orgueil, il y a une garde à Fort Braise. Il ne faut pas vous substituer à la garde.

Vous pouvez apporter de bonnes chasses, c'est une évidence. Une culture différente, donc un enrichissement car vous êtes les premières Léodranis de Fort Braise. Vos compétences martiales pour défendre votre nouvelle tanière en cas de besoin quand vous serez citoyenne.

Avez-vous des maux ou des travers à faire soigner ? Non. "

Répond le mâle avec assurance sans même consulter ses félines pour cette réponses sur les maux.

" Pour les biens et les possessions, bah, marquer ce que vous posséder dans les grandes lignes. "

Le papier est reposé sur la table.

" Ils vont se renseigner sur vos faits et gestes. Peut-être auront-ils l'audace de vous tester en vous provoquant.

Je vous invite à bien retenir ou recopier ce que vous avez écris. Si ils vont jusqu'à vous interroger avec un délai plus ou moins long, vous devrez resté en cohérence avec vos première réponses. Les gens cultivés qui savent lire et écrire sont capable de finasser. Ils vont peut-être s'en assurer.

Voila pour ce que j'en perçois.  Et toi Charina ?"

Le Léodra regarde curieux sa favorite dans l'attente de son retour.

Lorsque Grage signale que les Léodranis n'ont pas de maux à faire soigner, Sadriska pointe sa gorge de l'index et pousse divers grognements étouffés rauques, la mine vexée.

Charina affiche une mine blasée lors du commentaire sur les êtres intelligents.

Au terme des paroles de Grage, la Léodrani fauve soupire. Puis elle répond d'une voix calme empreinte de lassitude :

"C'est la première fois qu'on me demande de remplir un questionnaire pareil. C'est même la première fois qu'on me demande de remplir un questionnaire tout court.

Manifestement tu découvres autant que nous."

Le Léodra regarde Sadriska sérieusement surpris par sa réaction. Le temps est pris de répondre posément à la favorite d'un

" Oui. "

Puis d’enchaîner de façon interrogative

" Ta gorge, Sadriska, c'est le fruit d'une blessure qui est maintenant guérie ?  ou vous ne m'avez pas tout dit ? "

Le jeune regarde tour à tour, les deux félines.

Sadriska baisse la tête et les épaules, attristée...

Charina tourne la tête vers Sadriska, et affiche un court instant une mine peinée. Elle regarde de nouveau Grage et déclare à voix modérée :

"Sa blessure est guérie depuis bien des années, mais elle s'est accompagnée d'un handicap qui perdure.

J'imagine que Sadriska a imaginé que Fort-Braise pourrait peut-être faire quelque chose pour lui rendre la voix."

Grage opine lentement du chef de la tête pour marquer sa compréhension, sans se démunir de son sérieux. Le Léodra ayant accepté l'aphone en connaissance de cause, n'éprouve aucune compassion pour la blessure et le handicap. Par contre, la tristesse de sa féline affecte quelque peu le mâle qui se garde au mieux de le montrer. Restant posé et sérieux, le jeune reprend

" Tu n'as donc rien à soigner concernant le formulaire. La question est posée pour des risques de contagion, ou de crise de démence, ce qui n'est pas ton cas Sadriska."

Puis, le shaloar tente de bousculer verbalement et modérément la féline au pelage nuit. Le ton devient un peu froid, avec un soupçon de déception.

" Alors comme ça, tu baisses les épaules...  As-tu déjà visité Fort Braise ? T'es tu renseignée ?
Avez-vous demandé aux Amazones ce qu'il était possible de faire quand vous êtes passées sur leur territoire ? "

L'inquisiteur, qui vient de placer les bras sur son torse, observe les réactions de Sadriska.

Sadriska commence par fixer Grage les yeux ronds, emplis d'étonnement. Puis rapidement, elle gronde quasi-silencieusement dans sa direction, ne produisant que de faibles sons chuintants... bien ridicules en regard de la colère qu'ils expriment. Et elle se détourne rapidement pour détaler vers la sortie.

Charina contemple la scène sans réagir.

Puis elle demande d'une voix calme au jeune Léodra :

"Demander aux Amazones ? Avant ou après qu'elles nous aient rouées de coups et attachées à des poteaux ?

Et ton comportement est-il volontaire pour causer sa perte de confiance en toi ?"

Le jeune hausse un sourcil d'étonnement, un peu déçu, quand il voit la féline vexée prendre la direction de la sortie. Elle reviendra quand elle aura froid, aussi, le prédateur tourne sa tête vers sa favorite avec un air sérieux :

" Ainsi, les amazones vous ont rouées de coup... Vous aviez pourtant l'air à l'aise quand vous nous avez retrouvé, toi et tes trois sœurs, quand j'étais avec Loup et que nous vous attendions. Enfin... C'est dommage que les amazones se comportent de cette façon. "

La suite est dites avec un intérêt plus grand

" La perte de confiance ! Faut pas tout mélanger non plus. Que le sujet soit sensible, je comprends. Mais qu'une conversation franche et ouverte provoque une perte de confiance, la, faut que tu m'expliques. Je ne comprends pas. "

Charina observe l'attitude de Grage sans mot dire puis elle répond calmement :

"Quand tu nous as rencontré, ce n'était pas la première fois que nous étions en territoire amazone. T'es tu jamais posé la question de ce que nous y faisions ?"

Et elle ajoute ensuite, toujours aussi calme, après avoir marqué une courte pause.

"Ce n'est pas le sujet de la conversation qui pose problème, mais le ton que tu lui donnes. Même Sadriska est légèrement plus âgée que toi, alors il va falloir que tu choisisses entre ton attitude de compagnon de jeu et celle de pseudo-mentor qui en fait ne se souvient de rien.

Si tu changes sans cesse ton rapport vis à vis de tes interlocuteurs, ne t'étonne pas de t'en faire des ennemis."

Le Léodra écoute avec attention avant de reprendre posément, avec un léger sourire plus amer qu'amusé

" En gros, moi, je vous accepte tel que vous étés, avec vos sauts d'humeur et vos changements de réactions. Par contre, moi, il faut que je change. "

Puis, le sourire disparaît au profit d'un regard intéressé

" Non, je ne vous ai pas demandé ce que vous y faisiez. L'inverse est tout aussi vrai.

Alors, que faisiez vous en territoire amazon ? "