Grage arrive à petites foulées épuisées dans l'enceinte.

Charina hausse un sourcil et répond tranquillement :

"Parce que nous, nous n'avons pas consenti à certains changements de notre mode de vie, sans doute..."

Elle ajoute ensuite :

"En territoire amazone, nous nous vengions."

" Le changement viendra avec le temps, si vous avez envie. "

Répond le jeune sans vraiment comprendre que lui-même est déjà en train de changer. L'intérêt de la conversation réside dans la seconde partie dont les questions sont formulées posément.

" Vous vengez de qui , Pourquoi ? Comment ? "

Charina répond avec le même calme :

"Des Amazones, bien entendu.

Nous avions quitté Tradisgantia par le sud pour marcher de l'autre côté de la rivière, la rive sans route. Nous espérions faire moins de rencontres désagréables. Mais nous avons été capturées par une bande d'Amazones. Des écorcheurs sont intervenus le lendemain. Ils ont eu le dessus mais non sans pertes. Ils nous ont récupérées pour nous garder comme esclaves. Jusqu'à ce que nous soyons suffisamment remises pour nous échapper. Nous avons éliminé ces écorcheurs jusqu'au dernier et après nous avons commencé notre chasse des Amazones."

La Léodrani balafrée se tait un court instant puis demande :

"Comptes-tu aller rechercher Sadriska ou dois-je le faire moi-même ?"

Assidu sur la première partie, le Léodra fronce les yeux de surprise quand il entend la question finale.

" Quoi ?!?  Aller la chercher ? Mais si elle est partie, c'est qu'elle veut être tranquille un instant. Si elle en a besoin, faut respecter, non ? "

Le jeune inexpérimenté en matière féminine est sincère dans sa première réponse. Quand soudain, les yeux du mâle se mettent à briller d'une éventualité :

" Tu crois qu'elle va s'mettre en danger pour un saut d'humeur ? "

Sur cette dernière parole, le mâle court vers la sortie de la grotte en quête de sa féline au pelage nuit. Les sens du prédateur sont aux aguets avant même d'être dehors.

Tout d'abord, Charina ne répond rien, médusée, et Grage s'éloigne rapidement. La Léodrani fauve se plaque alors une main sur le front, avant de secouer lentement la tête en signe de négation.

Le shaloar se stoppe pour observer la fugueuse. Elle ne s'est pas cachée, elle n'est pas allée bien loin... Des détails qui laisse dubitatif le chercheur. Quelques sabliers se passe pendant que le jeune s'interroge sur les réelles volontés de la félines. La seule chose qui est sure, c'est que la position atteste d'une envie d'être trouvée.

Fort de ce constat, le marcheur débute son approche par son pas habituellement assuré. Mais une nouvelle question fait surface : Pourquoi voulait-elle être trouvée si elle voulait être seule ?

Une fois au pied de sa belle, plutôt que de la héler pour la faire descendre, le shaloar escalade pour aller s’asseoir à son côté, et regarder dans la même direction.

La jeune féline sursaute quand Grage s'assied à côté d'elle, le regardant vivement, le regard empli d'incompréhension. L'instant suivant, elle détourne son regard et baisse la tête vers ses pieds, tout comme ses épaules. Elle reste ainsi, l'attitude soumise, sans doute vaguement honteuse...

Voyant que la fugueuse ne fuit plus, le mâle passe délicatement un bras autour des épaules de sa belle. Un geste à la fois lent et assuré, pour inviter la Léodrani au réconfort. Dans le même temps, à grondement doux et un peu hésitant, presque sur le ton d'une douce confidence, le mâle gronde :

" La grotte est fade sans tes ronrons et ton sourire. Je... j'en ai besoin maintenant. Reviens quand tu veux, mais reviens. "

Le shaloar, peut habitué à ce genre de déclaration, se sent un peu penaud et se contente de regarder toujours dans la même direction que sa belle, au loin.

La jeune Léodrani sursaute lorsque le bras de Grage l'entoure et elle se recroqueville d'autant plus.

Après les paroles du massif Shaloar, elle tourne la tête en la reculant pour observer le visage de Grage, visiblement surprise. Elle retrouve subitement de l'assurance et vient frotter délicatement son côté de mâchoire contre celui du jeune mâle, en ronronnant.

Le contact avec la féline est accueilli par un ronron ténu. La guerrier est intérieurement satisfait et ne bouge plus pour savourer le plaisir de cet instant; cherchant à offrir le meilleur réconfort possible à sa belle.

Un moment de douceur qui sera interrompu que par Sadriska si elle le souhaite, un intrus ou danger car la guerrier veille pour sécuriser le réconfort de l'ex fugueuse, voir l''ouverture de l'Oeil du Gardien qui annonce l'approche du rendez-vous.

Après s'être frottée doucement, Sadriska se love contre le poitrail armuré et loge sa tête contre le cou du jeune Léodra, se laissant enlacer.

Le temps passe...

Tout semble calme. A part les quelques sautes de vent brusques, rien ne vient déranger le couple. Et au final, la lumière du jour commence à percer à l'est.

Après avoir offert le meilleur réconfort possible à sa belle pendant un temps indéfini, c'est presque à regret que le guerrier constate la timide ouverture de l’œil du Gardien. Le Léodra vient de vivre un instant qu'il n'avait connu auparavant, et c'est chargé de cette émotion nouvelle qu'il se décide à agir.

La belle féline est alors portée avec une infinie délicatesse jusqu'à l'intérieur de la grotte. Ceci avec un seul objectif, conserver ce délicieux contact le plus longtemps possible. Sadriska peut se libérer si elle le souhaite à tout moment. Si elle ne le fait pas,  c'est à l'intérieur qu'elle sera déposée à terre dans un tendre baiser.

Un dernier regard, l'esquisse d'un d'un sourire tant sincère que timide, puis, la direction du corridor est prise d'un pas obligé et rapide pour aller à la rencontre de Miloz.

C'est à peine si le massif porteur fait état des préparatifs vus sur la table.

Après son dernier regard à l'attention de Sadriska, après l'esquisse d'un sourire tant sincère que timide, la direction de la sortie est prise d'un pas assuré et rapide pour ne pas manquer le rendez-vous avec Miloz.

Un signe de tête visible et amical est adressé aux humains de la garde quand ils sont vus.

De son pas rapide, le Shaloar observe les individus sortant précipitamment des tavernes les bras chargés. Le curieux bifurque légèrement de son trajet vers le corridor, pour voir ce que transporte les personnes chargées.

Une fois la curiosité satisfaite, le lieu de rendez-vous prévu avec Miloz est la destination finale.

Dès que les personnes chargées sont identifiées comme des camelots, la trajectoire se fait directe vers le point de rendez vous avec Miloz. Si en cours de trajet, des saluts de la garde sont reçus, ils sont rendus façon brève et martiale.

C'est en s'adossant contre une paroi d'une habitation qui donne une bonne vue sur l'extrémité du tunnel entre Fort Braise et le Marché Extérieur que le défilés des sortants est observés. Ceci pour ne pas faire directement face à la foule de gens sortant.

Quand l'aubergiste est perçu avec son compagnon de route, une poussée des épaules détache le massif guerrier de son adossement et va se placer de façon à être vue en restant toujours à l'écart des personnes qui sortent. Une fois que le barbu à vu le shaloar, un signe de tête entendu désigne la direction dans laquelle le guerrier s'engage sans perdre de temps à vitesse humaine. La direction choisie permet de longer la place centrale et les camelots pour se diriger vers la grotte. Sur ce, Grage n'oublie pas qu'il doit faire une course pour ses compagnes.

La vitesse de déplacement du guerrier est mesurée pour être facilement rattrapée par le duo si le choix est fait par le duo de suivre le prédateur.

Le Léodra, un peu suspicieux de constater que les deux humains suivent, décide de faire un halte une fois éloigné des autres passants qui se dispersent selon leurs intérêts.

C'est donc avec un sourire mitigé que le prédateur attend que les deux humains se stoppent pour entamer le dialogue. Le guerrier spirituel est sur la réserve, conservant un attitude neutre en regardant le barbu :

" Salut Miloz. C'est qui lui ? "

Un léger signe de tête désigne le plus jeune sans arme apparente.

Le barbu se stoppe à deux mètres du massif Shaloar et affiche un bref instant une mine étonnée. Il se reprend et sourit pour répondre en pointant le jeune homme du pouce :

"Salut ! C'est Ernst, un de mes employés."

Le jeune Ernst s'incline aussitôt, avec un sourire un peu forcé.

" Ah "

C'est sans masquer son embarras que le prédateur répond, tout en regardant le pointé du doigt de la tête au pied .

" Il n'était pas prévu, il entre pas dans ma tanière. C'est TOI que j'ai invité à rencontrer MES Léodranis. Lui, il reste dehors ! "

Avec une rigueur martiale qui marque un manque de tact social évident, le jeune ne manque pas d'appuyer de son aplomb naturel, par la voix et la posture, la faveur octroyée à Miloz. Une faveur dont il ne faut pas abuser. Après quoi, le barbu est regardé dans l'attente de sa réponse.

Le barbu regarde Grage, clairement surpris. Puis, il se reprend et répond platement :

"Ah ? Bon alors, bonne journée."

Et il se détourne en faisant signe au jeune Ernst de le suivre.

"Viens... on a des emplettes à faire."

Le Léodra est autant surpris qu'étonné. Le prédateur ne s'est jamais permis un tel comportement dans l'auberge et s'est toujours montré prêt à suivre les règles imposées par le barbu dans son antre.

Voir que Miloz se permet d'inviter des gens avec lui sans prévenir est surprenant. Constater que Miloz refuse la règle demandée est mal vécu. Mais voir que Miloz méprise l'invitation de l'homme lion a venir dans sa tanière pour une présentation à sa cours est vécu comme le refus d'une marque de confiance. Miloz vient de fermer une porte qui lui sera très difficile à ouvrir de nouveau.

L'attitude du guerrier spirituel passe à un froid martial. Il faut peut de temps pour prendre la direction des étales et aller chercher de quoi écrire pour remplir les formulaires. Miloz et son binôme deviennent de simples éléments de décor, comme les autres personnes, et ne viendront plus perturbé le shaloar sont les sens sont à l'affût.