Grage arrive de nuit par une venelle aux abords du Quartier Sarzano.

Il constate alors que l'ensemble des rues menant vers l'intérieur du quartier est bloqué par des troupes de gardes. Ces derniers font les plantons et bloquent l'accès vers l'intérieur du domaine des Sarzano. Au moins dix par rue...

Grage peut détecter sans trop de peine des groupes de trois à cinq arbalétriers sur chaque toit entre les groupes de gardes bloquant les rues d'accès au Quartier Sarzano. En prêtant attention aux rues perpendiculaires à l'arrière du blocus, le massif Léodra peut remarquer le passage d'une troupe d'une demie-douzaine hétéroclite de guerriers. Leurs tenues sont variées, au contraire des vigiles immobiles placés en avant.

Malgré l'approche inoffensive du Shaloar, la dizaine d'hommes d'armes pointe ses lances vers lui dès son approche et l'un d'eux ordonne en vociférant :

"STOP !"

Grage est encore de l'autre côté de la rue de séparation avec le Quartier Sarzano. Plus de quatre mètres le sépare de la menace des lances. D'un simple coup d'oeil, le jeune Léodra a remarqué que les sept arbalétriers les plus proches, sur les toits, l'ont mis en joue.

Le garde qui a pris la parole l'ouvre à nouveau. Grage a d'ailleurs pu constater que le garde concerné possède une distinction dans sa panoplie par rapport aux autres gardes : un morceau de tissu doré sur l'épaule gauche.

"Que veux-tu, Shaloar ?"

Le Shaloar incriminé peut constater que chacun des hommes armés proches - lanciers comme arbalétriers - sont sur le qui-vive. Prêts à attaquer. En ordre. Sans panique. Grage note qu'il y a bien un jeune garde qui semble stressé, mais les autres ont l'air de maîtriser la manœuvre.

Dans le même temps, l'homme-félin fait appel à sa mémoire. Mais celle-ci ne lui transmet que peu de choses. De vagues souvenirs de sa période en tant que lieutenant de la garde. Il lui semble que ce genre de déferlement sur les frontières de chaque famille est chose commune à toutes les familles lors de chacune des nuits.

Le garde au tissu doré rétorque alors, agitant légèrement sa lance :

"Et bien, tu as donc un laisser-passer, Shaloar ! Qu'attends-tu pour nous le montrer ?"

Le garde au tissu doré ne perd pas beaucoup de temps pour répondre, autoritaire et peu amical :

"Et qui t'envoie, Shaloar ?"

Les autres gardes montrent un instant de surprise, tandis que celui qui parle se rembrunit. Quelques secondes s'écoulent avant que le garde au tissu doré reprenne la parole, le regard méfiant :

"Et Grage Niark, c'est toi. Tu crois me tromper, ex-lieutenant ?"

La majorité des gardes fixent le massif homme-lion les yeux ronds, perdant clairement du temps de réaction. Le restant devient stressé et menace d'autant plus fermement le Shaloar.

Le sous-officier reste un bref instant interdit. Puis il reprend rapidement et vivement la parole :

"Oui, tu es reconnu ! Alors ! Que veux-tu ?"

Le sous-officier se ragaillardit, menaçant toujours à distance avec sa lance, et répond avec un ton à la fois ferme et amusé :

"Moi ? Je t'empêche de passer. Et tu viendras une fois le jour levé.

Passe ton chemin, Léodra !"

Le sous-officier reste un instant coi, avant de répondre à la va-vite :

"Hé ! Attends, Léodra ! Si tu y tiens, tu peux toujours parler aux officiers..."

Le sous-officier toussote avant de reprendre de sa superbe. Et il déclare, la mine fière et autoritaire :

"Grage Niark ! Je t'invite à passer notre barrage et à rencontrer les officiers qui attendent sans doute non loin !"

Le Shaloar voit les quelques gardes qui semblent dépassés par les événements durant peu de secondes. Ces derniers reprennent rapidement une posture de faction, redressant leurs armes de façon à ce qu'elles ne soient elles non plus ouvertement agressives. Les autres gardes ont repris avant ces derniers leur faction, les lances levées, faisant comme leur sous-officier.

Ce dernier répond à Grage après une courte réflexion :

"Sergent Liverio !", et il se frappe le torse au niveau du coeur, avec le bras droit.

Puis il s'écarte et d'un geste du bras, il fait s'ouvrir la barrière de gardes en son centre.