Grage arrive de nuit par une venelle aux abords du Quartier Sarzano.

Le Shaloar à un instant d'hésitation suite à la demande entendue. Visiblement, la parole du Patriarche importe plus que le nombre de garde, et la menace est secondaire. Mais cette demande coûte à celui qui finit par retirer son casque avec regret pour l'accrocher à sa ceinture dans des gestes lents.

Une fois le casque retiré, l'invité se demande vraiment comment la preuve d'une influence peut-être faite par le biais d'une confrontation. Deux paroles contre une laisse peu de chance.

Petit à petit, dans le silence, le Léodra se résigne à la confiance ne pouvant comprendre le haut Patriarche qui doit avoir plus d'un tour sous ses apparats, et dont la majorité des gestes ne peuvent être interprétés correctement par manque de connaissance. L'ex lieutenant se satisfait que d'une d'une seule chose, les faits liés à l'attentat sont apportés, alors il ne faut plus discuter les volontés de celui qui doit mener la chasse comme bon lui semble.

Le vieux marchand hoche la tête faiblement en direction du jeune Shaloar, arborant un mince sourire, une fois que ce dernier a retiré son casque.

Alors commence une attente lente et sans animation.

Au fur et à mesure que le temps passe, le messager se calme, dévisage sans se montrer outrageant, le Haut Patriarche et la façon dont celui ci fait passer le temps. C'est d'abord le fil des échanges qui est décortiqué sans conclusions autres que, dans des conditions différentes, l'invité aurait pu apprécier de servir celui qui trône.

Ensuite, en y réfléchissant bien, le Shaloar cherche des similitudes avec le vieil homme croisé chez le maître de la plume. Celui qui sentait le savon et qui se promenait sans armes. Qui y a t'il de meilleure distraction que la rue pour rompre avec la monotonie du pouvoir. Et à cette idée, le Léodra ne peut contenir l'esquisse d'un très léger sourire amusé et appréciateur face à cette possibilité saugrenue.

Au bout d'un quart d'heure de silence, le vieillard se recroqueville progressivement de manière inconsciente sur son fauteuil, accusant son grand âge. Sa tête se baisse et son regard semble au final orienté vers ses pieds. En observant attentivement le vieux marchand, le jeune Shaloar peut remarquer qu'épisodiquement il tapote les accoudoirs discrètement de ses doigts. S'agit-il d'un mouvement involontaire ou décidé ? Si ce n'est cette agitation occasionnelle de doigts, il serait aisé de croire le vieil homme endormi.

Au bout d'un temps incertain, ayant sans doute dépassé la demie-heure, des pas rapides se font entendre depuis l'autre côté de la double porte d'entrée.

Dès que la porte commence à s'ouvrir, le Patriarche retrouve instantanément sa posture fière et dominante.

L'invité ne profite nullement de l'état de la somnolence de celui qui trône.

Par contre, quand la porte s'ouvre, l'invité ne se retourne pas. Restant face au patriarche, les bras du guerrier sans arme viennent se croiser sur le torse, poing serrés sous les bras. La stature du Léodra est bien droite, le regard du carnassier se veut sans expression pour masquer son envie de détruire cette infamie.

Si le shaloar n'est pas sur ces gardes physiquement. Mais il est très attentif à son état émotionnel et mental. Si la sensation de subir une influence se fait sentir, alors les pouvoirs seront activés.

Le nombre de pas qui passent la porte est beaucoup plus réduit que ceux qui se sont approchés jusqu'au devant de la salle. Deux personnes. De masse assez légère. L'une d'elles semble trébucher à peine entrée.

Bientôt les pas se rapprochent et le jeune Léodra voit passer le long de la colonne à sa droite, essayant de prendre le chemin le plus éloigné de l'homme-lion tout en restant entre le défilé de colonnes, un jeune homme emmitouflé dans une lourde cape de bandes de fourrures blanches et grises. Il est aussitôt suivi d'une ravissante jeune femme arabe au visage paré de nombreux bijoux, également emmitouflée dans une fourrure brune claire, à la tête baissée et se faisant discrète.

Le jeune homme blond semble hésiter par la suite, ne souhaitant visiblement pas tourner le dos au Shaloar. Il reste donc au niveau de la dernière colonne à droite, lui tournant le dos pour avoir Grage de côté en même temps que le vieil homme. La jeune femme se fige alors à son côté, évitant de le coller.

Le bellâtre prend aussitôt la parole : "Mon oncle..."

Et se fait aussitôt interrompre par le Patriarche, conservant son air hautain :

"Shaloar, exprime donc ce que tu as à dire."

Grage ne ressent aucune pression inexplicable depuis l'arrivée des nouveaux venus.

Le Léodra est resté figé telle une statue jusqu'à ce que celui qui trône lui demande de s'exprimer. Le guerrier spirituel reste attentif à ses ressentis et se tient toujours prêt à activer ses capacités en cas d'influence.

" Haut Patriarche "

Avec une déférence indiscutable, la tête du massif guerrier s'incline et se redresse tandis que les bras se dénoue pour venir le long du corps. L'aplomb martial et la voix tonnante du shaloar tranche le silence tel un coup d'épée fatal.

" J'affirme que l'aventurière dénommée Yasmina, morte momifiée de son état, a utilisé son influence sur votre neveu prénommé Nicolo, afin de faire expédier sous forme de présent au roi du Karnazad un colis piégé contenant un gaz mortel. "

Puis, dans un claquement de talon et un mouvement de buste martial, le parleur montre avec respect qu'il en a terminé.

Suite à l'intervention du jeune Shaloar, le Patriarche pointe son regard hautain vers Nicolo, théâtralement interrogateur, les mains posées sur le bout de ses accoudoirs.

L'interrogé hésite quelques instants, est pris de courts tremblements et se jette subitement à genoux devant les marches menant au trône. Il s'exprime à la va-vite, pris d'urgence, fixant son oncle :

"Mon oncle !... J'ai... j'ai été dupé ! Par cette étrangère... j'ai cédé à la panique..."

Le vieil homme coupe l'intervention de son neveu, posant une question de sa voix âgée rendant sa question peut-être moins intimidante que désiré :

"Est-ce la panique qui t'a poussé à user des moyens de frappe de notre famille sans en référer devant mon illustre personne ?"

Le jeune dandy répond presque aussitôt, baissant le regard vers le sol devant les marches.

"Oui... oui. J'ai cru que cela couvrirait ma bévue... incité à l'action par Yasmina..."

La réaction du neveu n'attendri pas le guerrier sans arme. Au contraire, le linge sale se lave en famille et le guerrier sans arme préfère porter son attention sur la morte tout en continuant de s'écouter pour ne pas être victime d'influence.

Le guerrier spirituel active ses capacités car il estime que c'est à ce moment que la morte momifiée risque d'agir.

Activation Pouvoirs : Augmentation Perception + Volonté + Force + Rapidité + Adresse 

Un homme d'arme peut deviner, s'il est attentif car tout est fait pour ne pas le montrer, que l'invité est maintenant prompt à la réaction physique, avec un regard en coin orienté en direction de la morte. Par ordre de priorité, sauver sa peau, celle du patriarche, éventuellement le neveu si cela ne nuit pas aux précédentes conditions. L'homme lion ne cherche pas le combat dans un premier temps, juste la protection, désireux de respecter les volontés de l'homme de pouvoir.

Tandis que Grage fait appel aux pouvoirs issus du Dragon, prêt à réagir, la belle arabe prend rapidement la parole :

"Ô Messire, je..."

Au sein du temps de parole de la seule femme présente, le Patriarche fait un vif geste complexe de sa main droite dont le mouvement le plus marquant est un tracé en diagonale vers le bas.

Les yeux de Yasmina s'écarquille d'incompréhension. Et l'instant d'après, elle titube, hébétée, le regard vide.

Le jeune Shaloar est prêt à esquiver toute menace visible provenant de la morte déguisée. Et il peut aisément remarquer le vif mouvement du Kerlèksèss se trouvant derrière celle-ci : il plonge deux lames de katana au travers du cœur et deux lames de katana au travers du visage féminin. Puis il écarte vivement ses quatre bras, faisant jaillir les lames de chaque côté du torse et de la tête de sa victime.

Tout en tombant lourdement, le corps de la jeune femme change subitement. Ses vêtements et ses bijoux restent les mêmes, bien que son aspect deviennent celui d'une maigre morte ayant bien peu de chevelure. Elle chute au sol, et tombe immédiatement en poussière. Quant à eux, ses vêtements et ses bijoux conservent leur premier aspect.

Les sept autres combattants ont leurs armes en main, sans s'être déplacés. Prêts à intervenir.

Le massif Léodra affiche un léger sourire de satisfaction, au timbre dédaigneux en voyant le corps se décomposer. Les bras du guerrier viennent à nouveau se croiser sur le torse avec toujours un once de méfiance envers les restes de la morte momifiée.

La suite est, bien entendue, laissée à l'initiative du vieil homme que l'invité fini par regarder avec respect, attendant la suite.

Nicolo contemple la scène rapide en écarquillant les yeux, les genoux toujours au sol. La surprise et l'effroi inonde son regard quand il aperçoit brièvement la véritable apparence de sa compagne jusque là. Peu après qu'elle soit tombée en cendres, Nicolo a un hoquet, puis il vomit sans classe sur le sol devant lui.

Après avoir brièvement froncé les sourcils, le Patriarche se désintéresse alors du membre de sa famille et fixe le jeune Shaloar. Après un bref moment de silence, il finit par s'exprimer de sa voix âgée :

"Alors, Shaloar, la sentence vous satisfait-elle ?"

Le questionné incline la tête, et le buste, avec une déférence martiale tout profitant de cet instant pur couper l'activation de ses dons et en masquer le contre coup.

Fin de l'activation des pouvoirs totémiques

Après s'être redressé, le guerrier sans armes finit par s'exprimer.

" Pleinement. Je souhaite que vous ayez pu, de votre côté, en apprendre plus sur ceux qui sont à l'origine de cette perfidie. C'était, la aussi, un des objectifs de ma venue. "

Le regard de l'invité continu d'observer le vieil homme qui trône.

Grage subit une pénalité totale de -2 physique, ignorée grâce à son niveau d'Endurci

Le Patriarche hoche alors la tête, avant de répondre de sa voix parfois tremblotante :

"C'est parfait. Nous sommes tous deux pleinement satisfait par l'issue de cette épineuse affaire..."

Le vieil homme reprend alors pleinement sa respiration, avant d'ajouter :

"Y avait-il un autre sujet que vous souhaiteriez aborder, Shaloar ?"

Le Kerlèksèss a essuyé ses armes sur les vêtements tombés au sein de la poussière, puis a repris sa position initiale en rengainant ses katanas. Pendant ce temps, les sept autres combattants restent vigilants, mais immobiles.

Nicolo finit par tousser et s'essuyer la bouche avec sa manche gauche, rattrapant l'observation de la conversation en cours. Il est toujours sur ses genoux, sans la moindre grâce, le visage contrit.

Avec le port digne et le respect porté par un aplomb martial, le Shaloar enchaîne avec un léger temps de latence :

" Cette affaire étant close, puis-je en conclure que mes compagnons, Jérémiah Parécos et sa fille, Kajira Parécos, ainsi que ma personne ne subiront plus l'espionnage ou la déconvenue par le biais des moyens directs ou indirects de votre famille ? "

Pour la première fois, le massif guerrier porte son regard sur l'ex vomissant afin de faire comprendre que la question ne s'adresse pas directement au Patriarche, mais que le droit de valider ou d'invalider la demande lui revient.

Manifestement, le jeune homme agenouillé ne compte pas répondre. Et le vieux Patriarche reprend la parole peu après, ne lui laissant pas l'opportunité de s'exprimer.

"Soyez en assuré, Shaloar, tant qu'aucune de ces personnes ne vient se mêler des affaires de ma famille. Bien entendu."

Et le vieil homme fixe le Shaloar de son regard impérieux, le jaugeant.

Dans le même temps, Nicolo reste au sol et observe tour à tour les deux personnes détenant la parole. Les huit gardes restent sur le qui-vive.

Le regard de l'homme lion pivote sur l'orateur dès qu'il s'exprime. Avec un aplomb martial et déférent, l'homme lion s'exprime :

" Tel sera le cas,  Haut Patriarche. "

Le claquement de talon et le mouvement de buste bien droit et digne marque de façon martiale la bonne entente de la consigne, ainsi que son entière acceptation. Restant à disposition du Patriarche, le shaloar attend la suite.

Le Patriarche hoche alors la tête, en réponse au digne Léodra. Puis il répond de sa voix fatiguée par les années :

"Bien. Alors votre présence n'est plus requise en ces lieux."

Ni les gardes, ni Nicolo ne se font remarquer, observant l'immobilisme et le silence.

Avec une déférence martiale accentuée, le Shaloar s'incline à nouveau devant le Haut Patriarche marquant le salut du départ, comme si on saluait un officier supérieur.

Ensuite, le massif guerrier fait demi tour avec droiture, et s'en retourne d'un pas assuré.

Grage quitte la grande salle sous les regards de tous les personnes encore présentes. Quand il ouvre la porte d'entrée, il entend le déplacement des quatre gardes présents dans le couloir, laissant le passage. Les murmures d'autres hommes plus éloignés cessent.

Le Shaloar sort comme il est entré, ouvrant le même battant de porte.

Si, personne ne vient pour lui montrer le chemin, le sauveur reprend le même qu'à l'aller en sens inverse avec une démarche assuré, direction les meurtrières, puis l'escalier.

Au fil des pas, les sens du guerrier sans armes reprennent leur fonction.

Dans le couloir, en plus des quatre gardes de la porte d'entrée, le Shaloar découvre l'homme maquillé et à l'imposante tenue extravagante. Ce dernier se tient à plus de trois mètres sur la gauche, dans une posture d'attente digne. Derrière lui se trouvent dix hommes d'armes à la vêture très proche de celle des autres gardes croisées au sein des Demeures Luminescentes, portant lances, boucliers et épées au côté. Ceux-ci se montrent désormais droits et silencieux. Selon les sens de l'homme-lion, les voix murmurées venaient sans doute de cette troupe.

L'homme maquillé réagit rapidement après avoir maintenu un court instant sa position immobile : il fait un geste compliqué du bras droit invitant Grage à le suivre. Puis il se déporte le long du mur de façon à remonter le couloir sur le côté de la dizaine de soldats immobiles.

Percevant le guide à l'imposante tenue extravagante, le massif sortant lui adresse d'un geste de la tête un bref signe de reconnaissance martial respectueux. Le pas lui est ensuite emboîté, respectant le rythme et une distance de respect pendant le trajet.

Le guerrier spirituel ne fait pas état des murmures perçu. La démarche dignement assurée, l'état de vigilance a repris ses droits car bien que l'issue de l'entretien se soit montré favorable de paroles, les consignes du Haut Patriarches peuvent mettre un certain temps avant d'être transmises. Et une fourberie de la morte poussiéreuse chuchotée aux oreilles d'un Nicolo pourrait bien encore sévir.

Cependant, le fait de ne pas enfiler ses gantelets et son casque dès la porte franchie est un signe, pour des des soldats, que l'homme lion se sent en confiance.

Grage fait donc le chemin inverse de l'aller du matin, à la suite de l'homme maquillé et silencieux. Il quitte le grand bâtiment central et traverse la vaste cour intérieure. Le guide à l'imposante tenue se stoppe proche de la vingtaine de gardes et fait quelques signes rapides. Aussitôt, la porte est ouverte. Puis le guide fait un geste lent d'invitation au digne Shaloar, et il reprend la tête de la progression en entrant dans le bâtiment pour s'arrêter proche de la porte du préposé à l'armement et l'indiquer au grand Léodra.

Tout au long du trajet, le rythme de progression est maintenue, ainsi que la distance de respect. La dignité est aussi de mise.

Est-il bon signe que se soit le guide à l'imposante tenue extravagante qui désigne la porte de l'armement, et non l'officier comme à l'aller ? Grage se plait à le croire. Quand le signe d'invitation lui est fait, il va frapper sur la même porte que l'officier avait martelée, celle de droite lors de son arrivée, de la même façon, avec une force similaire.

Ensuite, un pas de recul est fait et l'attente commence.