Grage arrive de nuit par une venelle aux abords du Quartier Sarzano.

Pendant toute la durée de son entrée, et même après, l'ex lieutenant conserve les mains et bras visible, ainsi qu'une attitude digne et pacifique. L'observation de la pièce intérieure est faite par simple coup d’œil rapide pendant sa pénétration.

Quand la voix se fait entendre, avec des gestes mesurables pour tout guerriers, l'invité pivote pour faire face à son interlocuteur.

" Bonsoir, je viens porter un message pour le patriarche. Suffisamment important pour que moi, Grage Niark, ex-lieutenant de Trandisgantia et sauveur de la cité, vienne le porter pour une remise en personne, en cette heure tardive, sans laisser passer. "

Puis, silencieusement, le Léodra attentif patiente.

Les vingt troupiers restent immobiles pendant les paroles du Shaloar. Même si leurs regards tendus, dirigés vers l'homme-lion, expriment au fur et à mesure l'inquiétude qu'ils ressentent.

Le barbu à cimier répond aussitôt, avec un sourcil froncé indiquant une certaine réflexion :

"Bien...

Et qui t'envoie, Grage Niark ?"

Avec un regard sérieux et un aplomb d'une digne gravité, un seul mot se fait entendre en réponse :

" Moi. "

Puis, silencieusement, à nouveau l'homme lion attentif patiente

Les yeux du barbu à cimier s'agrandissent de surprise un court instant. Puis ils s'étrécissent quand il prend un court temps de réflexion. Enfin, il lâche un soupir et déclare :

"Et bien... attends-moi ici, Grage Niark. Je vais vérifier si notre seigneur daigne te recevoir."

Le barbu fait alors le tour de ses hommes en passant proche du mur du fond et sort par la porte à droite. Au fur et mesure de la progression de leur supérieur dans la pièce, les hommes en rang expriment tour à tour dans son dos l'augmentation de leur inquiétude par leurs traits silencieux.

Une fois l'homme barbu sorti, chacun continue de maintenir le silence en restant immobile. Les regards tendus fixent le Shaloar.

Le massif invité incline la tête courtoisement envers l'homme au cimier, puis se prépare à patienter. Pendant l'attente, le Léodra observe les hommes d'armes, leur comportement. L'attitude toujours pacifique, bras et mains visibles.

Si le temps dure, l'homme lion se remémore la fresque avec les Léodra, imaginant la scène de combat, la vie d'avant le cataclysme.

Rapidement le massif Léodra se perd dans les scènes de son imagination, jusqu'à en être tiré après un temps certain par le bruit de pas après une ouverture de porte à droite.

Le barbu à cimier est de retour. Il marche jusqu'à se trouver contre le mur du fond, ce qui lui permet de dépasser la rangée double de gardes à la droite de l'homme-lion. Une fois au centre des deux groupes d'hommes en armes et toujours le long de la paroi, il tourne le dos au mur du fond et fait face au Shaloar. Il se stoppe et s'exprime alors d'une voix forte :

"Grage Niark, le Haut Patriarche daigne te recevoir. Sache faire preuve de la reconnaissance face à tant d'égards."

Le chef des gardes reste alors immobile, s'attendant sans doute à une réponse.

Sorti de ses pensées par les bruits de portes, l'invité observe la théâtralisation de l'annonce par l'homme au cimier tout en restant sérieux. D'ailleurs, la mention du terme "haut" avant le titre de patriarche n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd, même si ce n'est pas le moment des questions.

Quand le barbu a terminé de s'exprimer, le noiraud reste sérieux et silencieux quelques instants, observant son interlocuteur de sa haute taille. La chose parait trop simple sur l'instant si ce n'est le comment faire preuve de reconnaissance face à tant d'égard. Présentement, l'homme lion n'en sait rien.

Cependant, sans perdre de sa superbe, avec des gestes lents et mesurables par tout guerriers, les armes sont détachées par les lanières, et tendues sans être sorties de leur fourreau. Une fois que toutes les armes, de la plus grosse aux plus petites, sont retirées, Grage hôte sa cape, et pivote lentement sur lui même jusqu'à faire un tour complet.

Ensuite, Casque et gantelets sont retirés pour être accrochés à la ceinture.

Le barbu à cimier hausse un sourcil tandis que son visage exprime l'étonnement. Il se reprend rapidement et déclare en levant le plat de sa main droite vers Grage :

"Conserve tes effets, Grage Niark, tu pourras les déposer en temps utile.

Suis-moi."

Et il se tourne de flanc pour retourner à la porte de droite en passant le long du mur pour éviter la troupe de dix hommes d'armes.

Une brève inclinaison de tête respectueuse est adressée à l'homme au cimier, montrant que la consigne est enregistrée. Les effets personnels sont ré ajustés comme il se doit, toujours avec cette même lenteur mesurable.

Ensuite, le Léodra suit dignement le barbu dans le sillon emprunté par celui ci, en silence. Les bras et mains de l'invité sont toujours visible.

Grage passe la haute et large porte à la suite de l'officier. Derrière la porte, dix autres hommes d'armes sont en attente contre le mur, portant mêmes armes et même tenue que ceux de la première pièce. L'officier fait signe de la main à quatre d'entre eux, tout en passant. Les quatre soldats encadrent donc le massif Shaloar, tandis que les six autres ne bougent pas, droits comme des I.

La troupe avance dans un large couloir sobrement décoré et éclairé par des torches, juchées en haut des murs. Elle tourne rapidement à gauche à un croisement. Et à nouveau à gauche au croisement suivant. Et à droite, puis encore à droite et enfin à gauche. A chaque croisement, de nouveaux passages s'offraient. Diverses portes fermées de taille suffisamment haute pour laisser passer l'homme-lion sans se baisser ornaient l'ensemble des couloirs. Là, Grage peut distinguer à nouveau une haute et large double porte à la fin du couloir.

Le barbu à cimier se décale et frappe à la porte de droite se situant juste avant la sortie. La porte s'ouvre sur un soldat ne portant pas de lance, mais disposant de la même tenue, de la même épée et du même bouclier. Vraisemblablement surpris, le soldat se reprend vite et salue militairement l'officier qui lui fait face. Le barbu ordonne en indiquant Grage du doigt :

"Prends ses armes et range les !"

A la façon dont il est promené dans les couloirs, l'homme lion pense que le chemin le plus court n'a par été emprunté, et que le chemin peut varier en fonction de l'ouverture ou de la fermeture des portes. Astucieux, mais le visiteur ne focalise pas son attention sur ce mode de protection. Les sens sont à l'affût de fresques, de détails architecturaux pouvant paraître comme à l'origine des temps anciens, tant que le silence est bercé par le bruits des pas du groupe.

Quand Le barbu à cimier fait entendre sa voix, le regard du Léodra se fait sévère et le soldat n'a pas besoin de prendre ce qui lui est tendu. Les armes sont retirées par les lanières, sans être sortie de leur fourreau, de la plus grosse à la plus petite pour être tendues par la garde. Toutes, sans exceptions. Casque et gantelets sont retirés pour être accrochés à la ceinture. Puis le noiraud retire sa cape pour la poser sur son avant bras comme un drap et fait un tour sur lui même, ce qui n'a pas pu être fait précédemment. Les gestes sont normaux et mesurables par tous guerriers.

Après quoi, le solitaire se tient martialement et dignement à disposition du barbu à cimier.

Le soldat d'une vingtaine d'années s'incline légèrement sans quitter des yeux le barbu puis attend que le barbu s'écarte. L'officier se détourne et s'avance de quelque pas vers la porte du fond. Alors il se retourne complètement et contemple la suite.

Le soldat s'avance jusqu'au Léodra pour prendre les armes au fourreau au fur et à mesure qu'elles lui sont tendues. Une fois qu'il les a toutes, il se retourne et rentre dans la pièce d'où il vient. L'officier parle aussitôt vers Grage :

"Allons-y."

Et il se retourne de nouveau pour aller jusqu'à la double-porte. Là, il soulève l'anneau à hauteur d'homme et frappe quatre fois. Divers bruits indiquent que des grosses barres sont retirées. Puis un des panneaux s'ouvre légèrement. L'officier passe par l'ouverture ainsi créée, devant se faufiler.

Une fois la consigne reçue, l'ex lieutenant fait voler sa cape en même temps qu'il avance de façon à ce que le retombée sur les épaules se fasse au mieux. Ensuite, elle sera fixer et replacer de façon à former un drap presque rectangulaire dans le dos du Léodra.

Toujours dans le sillon de l'homme barbu, et au même rythme, l'avancée se fait d'un aplomb plus mesuré.

Quand l'officier se faufile, Grage observe la conduite des autres gardes de la troupe. Si l'un d'entre eux commence à suivre l'homme au cimier, alors l'invité en fera de même quand son tour viendra. Sinon, c'est une attente de consignes.

Au cours de ses pérégrinations, l'homme-lion n'a pas constaté d'autres illustrations guerrières. Les murs sont nus ainsi que le sol et le plafond.

Les deux gardes qui précèdent le Shaloar se faufilent tour à tour dans l'ouverture entrebâillée. Puis c'est le tour du massif Léodra. Avant les deux derniers gardes.

Grage peut constater que de l'autre côté de la porte attendent une vingtaine de gardes répartie de chaque côté de l'issue. Ils se tiennent en double ligne, de chaque côté des arrivants, et droits, en attente. L'homme-lion peut constater qu'il n'a pas fait le cinquième du chemin une fois qu'il a dépassé cette haie d'honneur. Au-delà des gardes en rang, il doit parcourir encore une cinquantaine de mètres à la suite de l'officier et des deux hommes d'armes. Il peut contempler une vaste cour où des groupes d'une vingtaine de gardes surveillent chacune des issues des demeures du pourtour. Le jeune Shaloar remarque également deux serviteurs en train de courir, mais ne se dirigeant pas vers lui puisqu'ils lui tournent le dos.

L'officier se dirige vers l'épais et haut bâtiment central. Le Léodra veille à ne pas hausser le regard, pour ne pas croiser la puissante lumière venant du sommet du bâtiment vers lequel il se dirige. Le barbu casqué monte les quelques marches menant à l'entrée faisant face aux piétons. Il utilise alors l'un des anneaux disponibles sur chaque battant pour frapper deux fois.

Le marcheur conserve son mode de marche. dignement pacifique dans l'attitude et une vitesse de progression mesurée pour toujours resté à la même des autres membres du groupe.

Avant d'arriver bâtiment centrale, bien que la curiosité titille le visiteur, le décor est regardé sans trop d'insistance sauf si un témoignage des temps anciens est perceptible sans risque d'aveuglement. Quand bien même, l'invité ne ralentirait pas son avancée pour autant.

Quand les soldats s’arrêtent et que le barbu casqué fait toquer les deux gongs, un sur chaque porte, le shaloar ne fait qu'attendre la suite des consignes.

Les deux battants s'ouvrent simultanément, révélant une haute forme massive. Le Semi-Géant en armure complète ouvre la porte sur la largeur de ses deux bras. Et dominant l'officier de sa haute taille, il attend. Le barbu casqué recule d'un pas, retenant sa respiration, contemplant l'entité de trois mètres de haut, recouverte d'une lourde armure de métal et aux mains et avant-bras ornés de lames. Le Shaloar peut contempler rapidement deux autres en armures complètes et dotés des mêmes armes, qui attendent de chaque côté, derrière, contre les murs. La lumière venant d'au-dessus empêche le regard prolongé sur les géants armurés et placés plus haut.

L'officier se reprend et déclare à voix haute, en tendant une main vers le massif Léodra :

"Voici Grage Niark !"

Quand les portes s'ouvrent sur les semi géants, l'invité sans armes se sent un peu diminué sans pour autant le montrer. L'armure est observée, les autres dans la pénombre le seront après.

A l'annonce de son nom, une nouvelle question traverse l'esprit de l'ex-lieutenant : pourquoi son titre de sauveur de la cité n'est pas annoncé ? Cette nouvelle question restera sans réponse, et de nouvelles consignes sont attendues par l'homme lion dignement pacifique dans son attitude.

Les grands yeux à moitié cachés par le heaume se fixent sur le jeune Shaloar. Et une voix puissante mais assourdie par le métal déclare :

"Approche !"

Le Semi-Géant armuré lâche les portes et se décale de façon à laisser le passage sur sa droite. Resté en haut, à l'entrée du bâtiment, il se tourne tout en se décalant pour se présenter de flanc par rapport aux marches.

L'invité observe le passage de relais, l'esprit traversé par quelques questions d'observation et d'écoute. A l'entente de la consigne, toujours dignement pacifique dans son attitude, le shaloar approche comme demandé.

Le pas est lent pour un shaloar, car la consigne d'entrer n'a pas été entendu, même si le géant armuré s'est décalé pour laisser le passage. La lenteur du pas laisse le temps au semi géant de réagir si besoin. La direction prise est donc l'intérieur du bâtiment centrale par les portes ouvertes si aucun contre ordre n'est entendu.

Une fois les portes franchies d'un ou deux pas pour ne pas gêner la fermeture des portes, le solitaire attend des consignes avant d'avancer plus dans le bâtiment.

Pendant l'approche du bâtiment, la montée des marches et l'arrivée au sein de la pièce d'entrée, le digne Léodra est observé attentivement par le Semi-Géant armuré le plus proche. Pendant ce temps, les deux autres mastodontes en armure ne bougent pas et promènent leur regard sur l'ensemble de la pièce.

Quand Grage s'arrête deux pas après la porte, le Semi-Géant le plus proche annonce :

"Avance !"

Le massif Shaloar peut ici distinguer la double-porte de fond, à environ cinq mètres de distance. La seule autre issue de la pièce. Fermée.

Le massif Shaloar poursuit donc sa progression, même si la directivité du gros balourd armuré n'est que peu plaisante. Prenant sur lui, l'homme lion obtempère jusqu'à la prochaine injonction.

Sitôt que le jeune Shaloar est entré plus avant dans la pièce, le Semi-Géant passe dans son dos et ferme lentement la double-porte.

Maintenant placé entre les deux autres colosses en armure, Grage est interrompu par l'ordre prononcé par celui se trouvant à sa gauche :

"Halte !"

Le massif Shaloa, prêt à exécuter chaque consigne des Semi-Géant en armure se stoppe sous l'effet de la nouvelle injonction. Calme et pacifique dans son attitude, le regard de l'invité reste orienté droit devant dans l'attente de la suite.

Le massif Shaloar entend les portes d'entrée se fermer derrière lui. La pièce n'est plus éclairée que par les torches juchées haut le long des murs. Et l'homme-lion n'a guère besoin d'attendre longtemps avant d'entendre des pas arriver derrière la porte close, face à lui.

Les deux Semi-Géants à l'arrière de la pièce, se déplacent lentement et tirent chacun un battant de la porte du fond. Grage peut voir arriver dans le couloir, à peine plus long que la pièce dans laquelle il se trouve, une délégation contenant un homme dans un costume extravagant et illustré d'un maquillage tout aussi hallucinant. Les autres arrivants sont des combattants variés, ayant chacun une allure, une vêture et un armement totalement différents, au nombre de six. L'homme costumé et maquillé, à l'âge indiscernable, conserve une attitude hautaine. Quatre hommes d'armes affichent lors de leur approche un sourire amusé plus ou moins marqué. Les deux derniers observent le grand Léodra avec attention, la mine sévère, prêts à réagir. Les six guerriers portent ouvertement leur âge : la trentaine dépassée.

L'invité reste de marbre, le regard droit devant jusqu'à ce que les portes s'ouvrent. En temps normal, le jeunot aurait certainement souri de façon amusé en voyant l'extravagance du costume. Mais c'est à ce moment que le Shaloar amplifie son attitude martiale, plus digne et respectueuse des personnes qui l'entourent.

Ne sachant trop comment agir, l'ex lieutenant effectue un salut martial silencieux à l'attention du groupe, regardant pour cela dans la direction de l'autorité extravagante, comme s'il saluait un supérieur, puis, l'attente de consignes à nouveau.